Dans les avantages souvent mis en avant par les adeptes d’Android, il y a la présence du lecteur de cartes (micro)SD, qui permet en théorie d’augmenter la capacité de la mémoire de stockage à moindres frais. Mais, avec Android 4.4, ce lecteur de cartes devient de plus en plus inutile, comme l’explique Android Police. En effet, sans même prendre en compte le fait que le lecteur de cartes microSD est de plus en plus rare, Android Kit Kat a modifié la gestion du lecteur, ce qui empêche les applications d’écrire sur une carte microSD.
Le fonctionnement des cartes externes
Le site explique d’abord comment Android gère la mémoire de stockage. Techniquement, il n’y a pas véritablement de différentiation physique entre de la mémoire eMMC intégrée et une carte SD, mais le système gère, de façon logique, les deux zones de façon différente.
Dans les premiers jours d’Android (jusqu’aux versions 2.x), une application pouvait écrire facilement sur une carte SD, en demandant simplement la permission au système d’exploitation. Depuis Android 3.2 (Honeycomb), le fonctionnement est différent : par défaut, seuls les applications préinstallées (globalement les applications Google et les applications du constructeur du smartphone) et le système d’exploitation lui-même peuvent écrire sur une carte SD. En effet, la méthode d’accès a été modifiée et les droits ne peuvent pas être récupérés directement par une application téléchargée sur le Play Store (par exemple).
Ecire et effacer des données ? Interdit.
C’est du moins la théorie. Dans la pratique, les constructeurs comme Samsung modifient l’OS pour donner l’accès aux applications, tout comme les ROMs customs, dont les mécanismes sont modifiés pour que les applications aient un accès aux cartes SD. Concrètement, seuls les appareils vendus par Google (en simplifiant) ont cette limitation, et seule la Motorola Xoom dispose d’un lecteur de cartes et d’un OS assez récent (le Nexus One n’a jamais reçu officiellement Android 3.x ou 4.x).
Android KitKat
Sous Android KitKat, le fonctionnement est différent. Les applications ont maintenant le droit d’écrire sans permissions sur une carte SD, mais uniquement dans un dossier dédié. Plus concrètement, une application de retouche de photos ne peut par exemple pas modifier une image présente sur une carte SD dans un dossier classique (typiquement /DCIM) et peut uniquement stocker l’image modifiée dans son dossier privé. De plus, petite subtilité, ce dossier privé est effacé automatiquement d’une carte SD si l’application est désinstallée. Les applications peuvent par contre lire librement le contenu des dossiers publics d’une carte SD et lire et écrire dans les dossiers publics de la mémoire interne.
Ce qu’il est intéressant de constater, selon Android Police, c’est que si les constructeurs de smartphones et de tablettes supprimaient les limitations de Google dans les versions précédentes d’Android, ce n’est pas le cas avec KitKat : les Galaxy S 4 et LG GPad, deux appareils disponibles en Google Play Edition, ont les mêmes limitations.
Pour les utilisateurs habitués à stocker des données sur une carte SD, c’est un retour en arrière assez sérieux, et c’est un vrai problème pour certaines applications, comme les lecteurs de musique, les applications dédiées à la photo ou tout simplement pour tous ceux qui veulent échanger des données facilement à travers une carte SD.
Vers une disparition de l’organisation en fichiers
La conclusion est assez étonnante : Google serait en fait en train d’essayer de faire « disparaître » un niveau d’abstraction : celui de l’organisation des fichiers. En effet, si l’organisation en arborescence est appréciée d’une partie des utilisateurs, ceux qui utilisent des outils informatiques depuis des années, elle semble archaïque pour les utilisateurs novices, qui découvrent l’informatique avec un smartphone, une tablette ou même un système d’exploitation moderne. iOS (chez Apple) et Windows Phone (chez Microsoft) ont fait le choix de cacher totalement la structure interne aux utilisateurs et de laisser les applications gérées les données, et il semble que Google veut suivre la même voie.
Reste à voir comment les utilisateurs réagiront : les « power users », ceux qui choisissent Android justement pour les possibilités du système et la présence de certains repères, risquent de ne pas apprécier, mais la majorité des utilisateurs, celle qui choisit un smartphone pour son look, son prix ou ses applications, ne devraient pas réellement réagir. Ceci dit, on peut tout de même supposer que les ROMs custom proposeront rapidement une technique pour passer outre les limitations, mais elles n’intéresseront évidemment qu’une frange des utilisateurs.