Les performances de Far Cry 3

Introduction

La franchise Far Cry occupe une place à part dans l’histoire du jeu PC. Début 2004, alors que tout le monde avait les yeux rivés sur les graphismes affichés dans les captures d’écran du futur Doom 3, un jeune studio du nom de Crytek prenait de court John Carmack et la grosse machine d’id Software en publiant ce titre qui allait vite devenir inoubliable, sans tambours ni trompettes et avec cinq mois d’avance sur son concurrent. On peut certes débattre de la supériorité graphique de l’un ou de l’autre, mais il est indéniable que Far Cry est, de loin, un bien meilleur jeu que Doom 3. Jeu de tir en vue subjective à la première personne ouvert de type « bac à sable », il ne définit pas de bonne ni de mauvaise façon de jouer ; l’environnement est totalement ouvert et le choix de la stratégie, qu’il s’agisse d’opter pour la furtivité, l’attaque frontale voire la fuite pure et simple, est entièrement laissé à la libre appréciation du joueur.

Pour Far Cry 2, Crytek a passé la main à l’éditeur du jeu original, Ubisoft. Présenté comme une suite, ce deuxième épisode n’avait en réalité strictement rien à voir avec le premier opus, à l’exception peut-être d’un palmier ici et là. En dépit de critiques généralement positives, Far Cry 2 ne nous a jamais réellement enthousiasmés ; bien peu mémorable, il n’a jamais réussi à nous accrocher.

Au vu de ce deuxième épisode plutôt médiocre, nous n’attendions pas grand-chose de Far Cry 3, autre qu’une énième tentative de rentabiliser une franchise d’apparence moribonde. Et pourtant… Ubisoft a réussi l’exploit de publier un titre vraiment très spécial : un mélange unique combinant avec brio les environnements ouverts et paradisiaques de Far Cry premier du nom, les mécaniques d’exploration et de loot de The Elder Scrolls: Oblivion et celles de capture d’avant-postes de Battlefield, la diversité des véhicules de Just Cause 2 et, en prime, quelques innovations telles qu’un système d’artisanat simple et un arbre de compétences à base de tatouages.

L’introduction interactive, particulièrement longue, pose bien le personnage principal et encourage le joueur à s’identifier à lui. Sans rentrer dans le détail, nous nous contenterons d’un avertissement : Far Cry 3 est un de ces jeux qu’il vaut mieux éviter si l’on manque un tant soit peu de self-contrôle. Si vous n’y prenez pas garde, vous risquez fort d’y laisser une bonne partie de votre temps, de vos nuits, de votre vie sociale. Dire qu’il s’agit d’un bon jeu est un euphémisme.

Et il ne s’agit encore là que de la campagne solo ! Aux fins de cet article, nous avons volontairement laissé de côté le mode multijoueurs, comme souvent peu adapté aux benchmarks de performances. Avant de passer à ceux-ci, il est toutefois temps d’examiner les paramètres graphiques et de détails visuels du jeu.

Qualité visuelle et réglages graphiques

Far Cry 3 repose sur le moteur Dunia 2, une version fortement modifiée du CryEngine de Crytek. Le jeu est visuellement fantastique et rappelle plus que tout le premier Crysis, qui, cinq ans plus tard, demeure une référence incontournable du jeu PC. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il fait mieux que son aîné, dans la mesure où certaines textures et portions du terrain ne semblent pas aussi détaillées, mais il est certain que plusieurs éléments visuels ont été améliorés. Quoi qu’il en soit, le titre d’Ubisoft est magnifique ; le seul reproche que nous pourrions lui adresser porte sur certaines des animations des animaux, parfois abruptes et peu naturelles.

Le moteur gère le rendu différé, un système d’éclairage ambiant global différé, la HDAO accélérée par DirectCompute et l’antialiasing TSAA via Direct3D 11 : bref, tout ce que l’on attend d’un grand FPS moderne. L’un des points forts du jeu est l’antialiasing, en particulier lorsqu’il s’applique au feuillage.

Far Cry 3 dispose de cinq préréglages en matière de qualité visuelle, mais les paramètres sont réglables individuellement. Voici le détail des profils Low, Medium, High, Very High et Ultra :

Les différences entre les différents niveaux de détails sont subtils, mais on note une amélioration progressive de la qualité des ombres, de la géométrie et de l’éclairage.

L’un des points que l’on peine à remarquer sur les captures d’écran ci-dessus est l’évolution du LOD (niveau de détail) selon la distance des objets ; les développeurs ont opté pour un fondu pixellisé entre les différents niveaux plutôt que pour un fondu par transparence (peut-être pour des raisons de performances) et par moment, cela se ressent malheureusement très fort. La capture ci-dessous montre l’effet obtenu en cours de changement :

La bonne nouvelle est que ce problème se remarque nettement moins lorsque l’on choisit un profil de qualité visuelle plus élevé, car les changements s’opèrent plus loin de la caméra, mais les joueurs forcés d’utiliser le profil Low ou Medium vont devoir s’y habituer.

Configuration de test et matériel graphique

Comme à notre habitude, nous nous efforçons de sélectionner du matériel aussi représentatif que possible du parc installé. Pour l’occasion, nous avons choisi des cartes graphiques allant de l’entrée de gamme (Radeon HD 6450, GeForce GT 210) aux configurations CrossFire et SLI (Radeon HD 7870, GeForce GTX 660). Le jeu prenant en charge les configurations à trois écrans, nous avons également noté les résultats obtenus en 5670 x 1080.

Remarques concernant les tests

N’oubliez pas que nous avons ramené toutes les cartes overclockées d’usine à leurs fréquences de référence ; notre objectif est d’obtenir des résultats aussi représentatifs du marché que possible.

Étant donné qu’il n’existe aucune séquence aisément reproductible de l’univers dynamique de Far Cry 3, nous avons procédé à nos benchmarks en parcourant à plusieurs reprises le même chemin (composé d’avant-postes et de jungle) pendant 50 secondes. Les résultats obtenus sont cohérents : 1 image/s d’écart maximum entre chaque itération.

Détails au minimum

1280 x 720

Far Cry 3 est un jeu exigeant : une carte graphique d’entrée de gamme ne suffit pas. Même en 1280 x 720 avec les détails au minimum, la Radeon HD 6450 et la GeForce 210 DDR3 ne parviennent pas à produire un framerate permettant de jouer.

Ceci étant dit, la GeForce GT 630 GDDR5 (une GeForce GTX 440 GDDR5 rebadgée) et la Radeon HD 6670 DDR3 permettent de jouer, même s’il est évident qu’à cette résolution et à ce niveau de détails, nous sommes loin de profiter pleinement du plein potentiel de Far Cry 3. Voyons ce que cela donne en 1920 x 1080.

1920 x 1080

Ici, la Radeon HD 6670 DDR3 et la GeForce GT 630 GDDR5 ne parviennent plus à se maintenir au-dessus de 25 images/s. Pour jouer en 1080p à Far Cry 3, il vous faut au minimum une GeForce GTX 650 ou une Radeon HD 7750.

Détails moyens

Pour les benchmarks qui suivent, nous avons réglé les détails sur « Medium » et ajouté le MSAA 2x. Passons en revue les résultats.

1680 x 1050

En 1680 x 1050, la Radeon HD 7770 permet de jouer avec un minimum de 30 images/s tandis que la GeForce GTX 650 fait un rien mieux.

1920 x 1080

Lorsque la résolution passe à 1920 x 1080, la Radeon HD 7770 descend parfois jusqu’à 26 images/s. Nous recommandons par conséquent aux possesseurs de cette carte de désactiver le MSAA et de réduire légèrement le niveau de détails. La bonne nouvelle est que les GeForce GTX 650 et 660 ainsi que les Radeon HD 7850 et et 7870 n’ont aucun problème pour maintenir la fluidité de l’action.

Détails au maximum

Nous avons, pour finir, testé le jeu avec les détails réglés sur « Ultra » et le MSAA sur 4x. Complètement larguées, les cartes d’entrée de gamme n’ont ici plus voix de cité ; nous nous concentrerons donc sur les modèles milieu et haut de gamme.

1920 x 1080

Au cas où vous en doutiez, voici la preuve que Far Cry 3 a besoin d’une configuration musclée : la Radeon HD 7870 affiche des creux à 25 images/s et ne passe que rarement la barre des 30 images/s. La GeForce GTX 660 Ti et la Radeon HD 7970 Boost Edition, quant à elles, tournent aux alentours de 30 images/s lorsque les choses se corsent. Même les cartes les plus puissantes du lot, à savoir la Radeon HD 7970 et la GeForce GTX 670, ne font pas les fières : à peine plus de 35 images/s en moyenne ; seules les Radeon HD 7870 en CrossFire et les GeForce GTX 660 en SLI parviennent à faire grimper ce chiffre au-delà de 45 images/s. Tant que nous en sommes à parler des configurations multi-cartes, notons que les Radeon affichent un framerate moyen plus élevé mais des creux plus marqués. Comme on peut le voir sur le deuxième graphique ci-dessus, les GeForce en SLI donnent au final un résultat plus cohérent et fluide que les Radeon en CrossFire, qui se montrent parfois plus capricieuses et engendrent à l’occasion des saccades.

5760 x 1080

Si vous espériez jouer à Far Cry 3 sur trois écrans en 5760 x 1080 avec les détails au maximum, vous pouvez passer votre chemin : à ce jour, aucun carte graphique ou combinaison de cartes graphiques n’est en mesure de donner un résultat satisfaisant.

Certes, les cartes haut de gamme telles que la Radeon HD 7970 et la GeForce GTX 670 permettent de jouer pour peu que l’on réduise le niveau de détails, mais il faudra attendre la prochaine génération de cartes (au moins) pour jouer avec les détails à fond dans une telle configuration.

Notons également que nous avons rencontré des problèmes de textures noires avec les GeForce à cette résolution ; ce n’est pas bien grave dans la mesure où il est de toute façon impossible de jouer dans de bonnes conditions, mais cela vaut néanmoins la peine d’être mentionné.

Influence du processeur

Pour clôturer ce test, nous avons voulu nous faire une idée de l’incidence que pouvaient avoir les différents processeurs Intel et AMD sur les performances du jeu lorsqu’on les couple à une Radeon HD 7970.

Les nouvelles sont bonnes pour les possesseurs de Core i3 et d’AMD FX, les écarts constatés avec un Core i7-3960X (pratiquement le processeur le plus puissant du marché à l’heure actuelle) étant à peine notables.

Si vous avez un Athlon, un Phenom ou un Pentium, par contre, attendez-vous à une légère déception, bien que même le vieux Phenom II X4 955 parvienne à maintenir le framerate au-dessus de 30 images/s (avec une Radeon HD 7970, ne l’oublions pas).

Conclusion

Far Cry 3 n’est peut être pas le plus beau jeu jamais sorti sur PC, mais il se classe très certainement dans le top 5. Plus important encore, il s’agit d’un titre fun, doté d’une campagne solo de grande qualité, aussi prenant qu’un Elder Scrolls, dont le gameplay combine avec aisance environnements ouverts, décors de rêve, véhicules originaux, combats haletants et exploration.

La qualité a toutefois un prix, à savoir la nécessité de disposer d’une bonne carte graphique. N’essayez même pas de lancer Far Cry 3 si vous ne possédez pas une Radeon HD 6670 DDR3 ou une GeForce GT 630 GDDR5… et encore, vous devrez vous contenter de jouer en 1280 x 720 avec les détails graphiques au minimum.

Avec les détails moyens et le MSAA réglé sur 2x, la Radeon HD 7770 et la GeForce GTX 650 Ti peuvent grimper jusqu’en 1680 x 1050, mais passez en 1920 x 1080 et vous aurez besoin d’une GeForce GTX 660 ou d’une Radeon HD 7870 pour ne pas descendre sous les 40 images/s.

Enfin, les plus chanceux d’entre vous pourront jouer avec les détails poussés au maximum et le MSAA 4x, mais vous aurez pour cela besoin d’une GeForce GTX 670 ou une Radeon HD 7970, voire d’une GeForce GTX 660 Ti ou d’une Radeon HD 7970 Boost si vous êtes particulièrement intransigeant sur la fluidité.

Enfin, si vous comptiez jouer sur trois écrans en 5760 x 1080, oubliez immédiatement le niveau de détails « Ultra » et le MSAA 4x : il n’y a probablement pas encore une seule configuration matérielle au monde capable de générer dans ce cas de figure un framerate suffisamment élevé pour jouer correctement. Non que ce soit réellement un problème, car le niveau de détails « Medium » de Far Cry 3 est déjà magnifique.