Introduction
La semaine dernière, nous nous dépêchions de tester les GeForce GTX 470 et 480 afin de pouvoir vous faire part de nos conclusions sur leurs performances dans les jeux actuels, de ce que nous attendions de ces cartes pour l’avenir et de l’énergie qu’elles allaient consommer d’ici là.
À ce moment-là, nous savions déjà qu’AMD allait lever le voile sur sa Radeon HD 5870 Eyefinity 6 cette semaine. À l’inverse de la GeForce GTX 480, cette carte est l’un des secrets les moins bien gardés de tous les temps : AMD en parlait déjà en septembre, lors de l’annonce de la première Radeon HD 5870. Le mois dernier, la société a envoyé ses représentants aux quatre coins des États-Unis larguer des configurations à six écrans dans les bureaux de presse comme s’il s’agissait de bombes prêtes à exploser. Les photos et les vidéos de ces installations ont bien évidemment fini en ligne et tout le monde a pu voir ce que cela faisait de disposer d’un véritable mur d’écrans.
Seules les données relatives aux performances restaient encore confidentielles. Ces six derniers mois, l’équipe chargée de développer les pilotes AMD a sué sur l’aspect logiciel de l’Eyefinity 6. Leurs efforts ont porté leurs fruits : même s’il reste encore quelques petits détails à régler, il est aujourd’hui beaucoup plus simple d’installer, de configurer et d’utiliser une configuration à six écrans qu’il y a un mois, c’est-à-dire quand nous avons reçu les premières builds des pilotes Catalyst compatibles avec la technologie.
L’Eyefinity 6 dans notre labo
Les représentants d’AMD ont débarqués dans nos labos californiens avec non pas une, mais deux Radeon HD 5870 2 Go Eyefinity 6.
Longue de 11 pouces (28 cm), la carte Eyefinity 6 prend exactement la même place que la Radeon HD 5870 1 Go de référence. Cependant, en raison de son deuxième gigaoctet de mémoire GDDR5, elle nécessite un connecteur auxiliaire à huit broches et un six broches (contre deux connecteurs à six broches pour la carte normale). Selon AMD, sa consommation au repos passe de 27 à 34 watts tandis que sa consommation maximale grimpe de 188 à 228 watts, ce qui représentant tout de même une augmentation assez surprenante de 40 watts.
Pourquoi un framebuffer si important ? Comme vous le savez déjà, la Eyefinity 6 dispose de six sorties Mini DisplayPort pouvant gérer une résolution maximale de 2560 x 1600 chacune. Additionnez le tout et vous obtenez une surface totale de 7680 x 3200 pixels (soit plus de 24,5 millions de pixels), ce qui suffirait amplement à faire plier n’importe quelle carte 1 Go. En fait, il est même probable que les 2 Go de mémoire ne suffisent pas pour jouer dans ces conditions.
Radeon HD 5870 Eyefinity 6 2 Go | Radeon HD 5870 1 Go | |
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GPU, gravure | Cypress, 40 nm | Cypress, 40 nm |
Fréquence GPU | 850 MHz | 850 MHz |
SPU | 1600 | 1600 |
Type de mémoire | GDDR5 | GDDR5 |
Fréq. mémoire / Débit | 1200 MHz / 4800 Mbit/s | 1200 MHz / 4800 Mbit/s |
Capacité mémoire | 2 Go | 1GB |
Bande passante mémoire | 153,6 Go/s | 153.6 Go/s |
Consommation max. | 228 watts | 188 watts |
Consommation au repos | 34 watts | 27 watt |
Notre configuration de test est toutefois composée de six écrans Dell P2210H de 22″ ; à 1920 x 1080 pixels l’unité, cela nous donne une surface totale de 5760 x 2160 pixels, soit 12,5 millions de pixels, ce qui est déjà (un peu) plus réaliste. Pour cet article, nous allons faire subir à cette configuration toute une série d’épreuves afin de découvrir en quoi la Radeon HD 2 Go Eyefinity 6 se différencie de la version de base, de déterminer si 2 Go suffisent pour jouer sur six écrans de 22″ et de voir dans quelle mesure un CrossFire de cartes Eyefinity 6 est utile.
Joli programme, n’est-ce pas ? C’est le moins que l’on puisse dire. Avant d’entamer les festivités, il y a toutefois quelques menus problèmes dont nous devons vous faire part.
Un parcours d’obstacles
Deux sortes d’embûches attendent ceux qui désirent se lancer dans l’aventure de ce que nous appellerons le multi-écran pour passionnés. La première provient du manque de finition du matériel et des quelques excentricités encore présentes sur le plan logiciel. La seconde est liée à l’écosystème matériel, lequel n’est pas encore à la hauteur des ambitions d’AMD. Dans la mesure où elle ne dépend pas directement de ce dernier, c’est probablement la plus problématique.
Avant l’an dernier, nous aurions considéré toute personne disposant de plus de deux écrans sur son bureau comme un « power user », et d’un type assez rare encore bien. Pour bénéficier de la 3D sur trois ou quatre écrans, il fallait dans la plupart des cas posséder deux cartes graphiques. Les professionnels ayant besoin de quatre écrans se dirigeaient quant à eux plutôt vers les cartes 2D telles que la Quadra NVS 450 de Nvidia.
Mais la Radeon HD 5870 est venue changer tout cela avec son trio de sorties maintenant à la portée de tous.
La question du coût
Il n’est pas bien difficile de caser trois écrans 20 ou 22″ sur un bureau moyen, et ceux-ci reviennent nettement moins cher qu’un écran 30″ ou une paire de 24″.
Avec six écrans, par contre, c’est totalement différent. Difficile d’imaginer une disposition en 6×1 ; on se dirige très naturellement vers du 3×2, ce qui veut dire qu’il est nécessaire d’enlever les moniteurs de leurs pieds et de les poser sur quelque chose de plus solide. Pour ses démonstrations, AMD nous a fourni un support Atdec VFS-DV (deux écrans) et un VFS-Q (quatre écrans) : à eux seuls, ces deux pieds ajoutent environ 450 € à l’addition.
Mais le poste le plus important est celui des écrans proprement dits : à 214 € l’unité, cela nous fait 1284 €. Alors certes, c’est toujours moins cher et plus flexible qu’un seul écran 3007WFP de 30″ (sans compter que la surface totale de notre configuration, 5760 x 2160, dézingue les 2560 x 1600 de ce dernier), mais il faut quand même les payer.
Viennent ensuite les cartes graphiques. AMD vise les 490 € par Radeon HD 5870 Eyefinity 6, soit environ 130 euros de plus que la version de base à 1 Go et 10 à 20 € de moins qu’une GeForce GTX 480. Si vous voulez vraiment jouer sur six écrans en 5760 x 2160, il vous en faudra d’ailleurs plus que probablement deux configurées en CrossFire.
Entre les pieds, les écrans et les cartes, nous en sommes déjà à plus de 2700 €. Si vous possédez déjà deux écrans que vous souhaiteriez « recycler » afin de faire baisser l’addition, vous avez la possibilité de les brancher à l’aide d’adaptateurs. AMD en fournit cinq avec sa carte de référence : deux Mini DisplayPort vers DisplayPort, deux Mini DisplayPort vers DVI Single Link passifs et un Mini DisplayPort vers HDMI passif. Quoi qu’il arrive, cela ne suffira pas. Dans le meilleur des cas, c’est-à-dire si vous optez pour six écrans DisplayPort comme ceux qui nous ont été prêtés, vous aurez besoin de quatre adaptateurs ou câbles Mini DisplayPort vers DisplayPort, lesquels coûtent 20 € pièce. Dans le pire des cas, vous devrez brancher six écrans 30″ ne disposant que d’entrées DVI Dual Link et il vous faudra alors autant d’adaptateurs Mini DisplayPort vers DVI actifs à une centaine d’euros l’unité.
Bref, dans tous les cas, six écrans, ça revient cher.
Travailler plus efficacement ?
Ne faites pas l’erreur de penser que, tout comme passer d’un seul écran à deux vous a permis de travailler deux fois plus rapidement, passer de trois à six aura le même effet. La loi des rendements décroissants est à l’œuvre ici : avant de se trouver réellement face à un mur de six écrans représentant une surface totale de 5760 x 2160, on a du mal à s’imaginer à quel point il est difficile de tout regarder en une fois. Même dans les jeux, nous avons à plusieurs reprises eu l’envie de prendre du recul pour éviter d’avoir à regarder constamment à gauche ou à droite.
D’un autre côté, cela n’avait pas l’air d’ennuyer Hugh Jackman, donc peut-être que nous nous faisons tout simplement vieux…
Un parcours d’obstacles (suite)
À la page précédente, nous avons mentionné que le matériel manquait encore de finition. Nous faisions référence aux composants qui permettent de relier les six écrans à votre ordinateur ; AMD tente certes de régler en partie le problème en livrant ses cartes avec une poignée d’adaptateurs, mais vous devrez quoi qu’il arrive en acheter vous-même.
Par ailleurs, lorsque la société a fait sa première démonstration de la Radeon HD 5870 sur le porte-avion/musée USS Hornet, elle était accompagnée de représentants Samsung qui avaient amené des prototypes de MD230, des écrans 22″ à cadre fin montés sur un pied unique qui donnaient réellement envie d’avoir la technologie Eyefinity chez soi : on ne voyait pratiquement que l’image ! À l’époque, on nous avait dit que ces modèles seraient prêts pour les fêtes en 2009. Bien entendu, cela n’a pas été le cas.
La différence entre ce que Samsung nous avait montré et les écrans Dell que nous avons au labo se fait sentir : passer de 2 à 4 cm de cadre entre les images change totalement la donne. Même chose pour le support : nous sommes certes parvenus à aligner nos six moniteurs relativement correctement, mais ils seraient bien plus faciles à lire si ceux de gauche et de droite s’incurvaient vers l’intérieur.
Nous faisons les difficiles, nous nous en rendons bien compte. Mais après avoir vu ce que Samsung pouvait faire et avoir fait l’addition de ce que coûtait la configuration qui nous a été prêtée, nous sommes d’avis qu’il est urgent d’attendre que des solutions plus adaptées soient disponibles. Mauvaise nouvelles : Samsung a annoncé lors du CES que sa petite merveille à six écrans serait commercialisée à 3099 $…
Les bugs
Nous avons abordé les questions du coût et du matériel, reste donc un seul problème : l’aspect logiciel. Croyez-le ou pas, la première démonstration de l’Eyefinity 6 par AMD s’est faite sous Linux. Quand nous avons pu mettre la main sur la technologie et l’examiner dans notre laboratoire, il est clairement apparu qu’il reste encore beaucoup de boulot à abattre du côté de Windows : entre les erreurs de connexion DisplayPort et les blocages périodiques, les pilotes n’étaient pas encore au point.
Il faut toutefois admettre qu’AMD a depuis lors réglé tous les bugs que nous avions identifiés : les Catalyst 10.3a font montre d’une sérieuse évolution par rapport aux premiers pilotes. Nous sommes malheureusement encore tombés sur un problème majeur qui nous a empêché de soumettre la Radeon HD 5870 Eyefinity 6 à l’ensemble de notre batterie de tests : avec un seul écran Dell U2410 24″ connecté en DisplayPort (pour les tests en 1920 x 1200 et 1680 x 1050), la sortie graphique s’éteint périodiquement lors du lancement d’une application 3D ou du démarrage de Windows. Étant donné que ce phénomène se produit plus d’une fois sur deux, il nous a été impossible de procéder aux benchmarks itératifs. Les tests sous S.T.A.L.K.E.R.: Call of Pripyat, Battlefield: Bad Company 2 et la démo de DiRT 2 se sont bien déroulés, mais nous avons ensuite dû jeter l’éponge.
L’Eyefinity 6 en pratique
Les problèmes dénoncés, nous pouvons maintenant en toute bonne conscience nous départir de notre cynisme habituel, nous détendre un bon coup et profiter des bienfaits de l’Eyefinity 6.
C’est peut-être un truc d’amateur de belles mécaniques, mais vous est-il déjà arrivé d’acheter une voiture et de la trouver si belle que vous ne pouviez vous empêcher de vous retourner pour l’admirer à chaque fois que vous vous en éloigniez ? Et bien, avoir six écrans sur son bureau, cela fait un peu le même effet. Cela fait des années que l’un de nos rédacteurs utilise quatre écrans côte à côte. Sans y trouver quoi que ce soit de bien formidable. Pour obtenir ce résultat, il doit utiliser une carte 2D passive et un deuxième ordinateur branché sur l’entrée auxiliaire de l’un des écrans quand il veut lancer un jeu.
En comparaison, l’Eyefinity est une solution extrêmement élégante. Une seule carte lui permet maintenant de bénéficier d’une surface d’affichage qu’il était auparavant impossible d’obtenir et de se débarrasser d’un PC.
La vidéo suivante (en anglais) vous permettra de vous faire un meilleur avis du rendu offert par 6 écrans dans les jeux :
Les benchmarks ne donnent qu’une vision extrêmement partielle de l’expérience visuelle qu’apporte l’AMD Radeon HD 5870 2 Go Eyefinity 6. Les éléments les plus intéressants sont en effet d’ordre qualitatif et ne peuvent être représentés par des chiffres. La meilleure cartouche de l’Eyefinity 6, c’est le jeu, et là, tout dépend du genre de titres que vous appréciez.
Les jeux
Commençons par le commencement : vous pouvez pour ainsi dire oublier les FPS. Le pointeur de la souris étant toujours centré au milieu de l’écran, il devient presque systématiquement impossible de viser lorsque la fonction « compensation du cadre » est activée. Même lorsqu’elle ne l’est pas, la division de l’écran reste extrêmement peu pratique.
Les jeux de tir à la troisième personne s’en tirent mieux dans la mesure où votre avatar occupe généralement le bas de l’écran, mais on perd quand même encore en précision.
Les jeux de stratégie temps réel et les jeux de simulation sont probablement ceux qui profitent le mieux d’une surface d’affichage répartie sur six écrans. Nous avons beaucoup apprécié DiRT 2 et avons eu du mal à décrocher de H.A.W.X. Dès que le centre de gravité visuel ne doit pas nécessairement être au milieu de la surface d’affichage, on apprécie réellement la disposition en 3×2 écrans. Dans les autres cas, il y a de fortes chances pour vous vous tapiez la tête au mur quand vous vous rendrez compte que vous avez dépensé 3000 € pour ne pas pouvoir jouer aux titres récents. Une fois de plus, nous attendons avec impatience les écrans à cadres fins, même s’ils ne régleront pas tous les problèmes.
Ceci étant dit, AMD autorise la création de groupes d’écrans, ce qui permet de jouer sur les trois écrans du bas, par exemple, tout en restant connecté sur Twitter, Facebook, Skype ou toute autre application sur laquelle vous souhaitez garder l’œil pendant votre partie. De quoi vous donner l’impression de travailler pendant que vous jouez sur votre monstre à six écrans…
Configuration de test
Configuration de test | |
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Processeur | Intel Core i7-980X Extreme (Gulftown) 3,33 GHz, 6,4 GT/s, 12 Mo de cache L3, fonctions d’économie d’énergie activées |
Carte-mère | Gigabyte X58A-UD5 (LGA 1366) X58/ICH10, BIOS F5 |
Mémoire | Kingston HyperX T1 Series 6 Go (3 x 2 Go) DDR3-2000 8-8-8-24 @ 1600 MHz |
Disque dur | Intel SSDSA2MH160G2C1 160 Go SATA 3 Gbit/s |
Réseau | Realtek RTC8111D, 1 Gbit/s |
Cartes graphiques | AMD Radeon HD 5870 2 Go |
Nvidia GeForce GTX 480 1,5 Go | |
Nvidia GeForce GTX 470 1,25 Go | |
Nvidia GeForce GTX 295 1,79 Go | |
Nvidia GeForce GTX 285 1 Go | |
ATI Radeon HD 5970 2 Go | |
ATI Radeon HD 5870 1 Go | |
ATI Radeon HD 5850 1 Go | |
ATI Radeon HD 4870 X2 2 Go | |
Alimentation | Cooler Master UCP 1100 watts |
Ventirad CPU | Intel DBX-B |
OS et pilotes | |
OS | Microsoft Windows 7 Édition Intégrale x64 |
DirectX | DirectX 11 |
Pilote carte-mère | Intel INF Chipset Update Utility 9.1.1.1019 |
Pilote graphique | Nvidia GeForce 197.17 (GTX 480/470) |
Nvidia GeForce 197.13 (GTX 295/285) | |
AMD Catalyst 10.3a |
Jeux | |
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Far Cry 2 | Ultra High Quality Settings, No AA / No AF, 8xAA / No AF, vsync off, 6048×2276 / 5760×1080, DirectX 10, version Steam, outil de benchmark, Ranch Medium |
S.T.A.L.K.E.R.: Call of Pripyat | Extreme Quality Settings, No AA / No AF, 4xAA / AF désactivé, vsync désactivé, 1680×1050 / 1920×1200 / 6048×2276 / 5760×1080, DirectX 10, outil de benchmark |
Call of Duty: Modern Warfare 2 | Ultra High Settings, No AA / No AF, 4xAA / No AF, 1680×1050 / 1920×1200 / 6048×2276 / 5760×1080, Second Sun, séquence de 45 secondes, FRAPS |
DiRT 2 | Ultra High Settings, No AA / No AF, 4xAA / No AF, 1680×1050 / 1920×1200 / 6048×2276 / 5760×1080, benchmark intégré (Démo), DirectX 9 forcé |
Left 4 Dead 2 | Highest Quality Settings, No AA / No AF, vsync off, 6048×2276 / 5760×1080, démo personnalisée par Tom’s Hardware, version Steam |
Battlefield: Bad Company 2 | Custom (Highest) Quality Settings, 1xAA / No AF, 8x MSAA / No AF, vsync off, 1680×1050 / 6048×2276 / 5760×1080, cinématique d’introduction, séquence de 145 secondes, FRAPS |
Résultats : S.T.A.L.K.E.R.: Call of Pripyat
1680 x 1050
1920 x 1200
Sur le plan des performances, on ne note que très peu de différences entre la Radeon HD 5870 1 Go de référence et sa version 2 Go Eyefinity 6 en 1680 x 1050 et en 1920 x 1200. Dans les deux cas, la carte à 2 Go de mémoire permet de gagner quelques images par seconde quand l’antialiasing est désactivé. L’effet est encore moindre quand ce dernier est actif : en 1680 x 1050, il y a même une baisse imperceptible du framerate.
Mais quid du 2560 x 1600 ? Pour faire fonctionner notre Dell 3007WFP 30″ dans sa résolution native, nous aurions eu besoin d’un signal DVI Dual Link (cet écran ne possédant pas d’entrée DisplayPort). Pour obtenir un tel signal au départ d’une sortie DisplayPort, il nous aurait fallu un adaptateur DisplayPort vers DVI actif (comme celui-ci, par exemple). Sans cette pièce, qui coûte une centaine d’euros, on obtient un signal Single Link, ce qui limite la résolution maximale, et elle ne nous est malheureusement pas parvenue à temps pour les tests. Nous devrons donc nous contenter des benchmarks en 5760 x 1080 et 5760 x 2160.
Résultats : DiRT 2
1680 x 1050
1920 x 1200
En 1680 x 1050 comme en 1920 x 1200, la carte 2 Go ajoute quelques images par secondes avec et sans antialiasing, mais cela ne justifie sans le moindre doute pas ses 130 € supplémentaires. Évidemment, ce n’est pas non plus pour jouer à ces résolutions que l’on achète une carte Eyefinity 6. Nous n’avons pas pu benchmarker DiRT 2 en 2560 x 1600 pour les raisons déjà exposées dans la page consacrée à S.T.A.L.K.E.R.
Résultats : Battlefield: Bad Company 2
1680 x 1050
1920 x 1200
Le résultat sous Battlefield est identique à celui obtenu dans les deux jeux précédents. La mémoire ne constitue pas un goulot d’étranglement, raison pour laquelle un gigaoctet supplémentaire n’apporte pas grand chose.
Voilà donc pour les tests en résolution « classique ». Mais voyons maintenant ce que la Radeon HD 5870 2 Go Eyefinity 6 a vraiment dans le ventre : place aux tests avec six écrans.
Six écrans (6048 x 2276) une/deux cartes
Six écrans : une carte / deux cartes (images/s)
Six écrans en 1920 x 1080, cela donne normalement 5760 x 2160 pixels au total. Pourquoi, dans ce cas, une résolution de 6048 x 2276 ? Tout simplement parce que la fonction de compensation du cadre augmente en réalité la résolution globale et qu’il faut la spécifier comme telle dans les jeux : sélectionner une résolution de 5760 x 2160 revient en effet à désactiver la compensation.
Dans le graphique ci-dessus, les barres bleues représentent les performances en 6048 x 2276 avec une seule Radeon HD 5870 Eyefinity 6. Left 4 Dead 2 est plus que jouable et DiRT 2 s’en tire très bien, avec plus de 30 images/s. Les autres jeux, par contre, affichent des moyennes plutôt faibles.
L’ajout d’une deuxième carte (les barres rouges) produit des résultats nettement plus satisfaisants et rend totalement jouables DiRT 2, Call of Duty, Left 4 Dead, Far Cry 2 et, dans une plus grande mesure encore, Battlefield: Bad Company 2 et S.T.A.L.K.E.R.
Six écrans : une carte / deux cartes (%)
L’un des éléments dont les représentants de NVIDIA sont les plus fiers quand ils parlent de la GeForce GTX 480 est sa capacité à exceller en SLI. Effectivement, quand on voit que les performances doublent pratiquement dans certains cas, on se dit que la firme californienne maîtrise bien sa technologie de rendu en multi-carte.
Côté ATI, c’est dans les très hautes résolutions telles que celles que nous étudions aujourd’hui que nous nous attendions à voir une véritable hausse des performances. Le CrossFire ne semble pas apporter les mêmes gains que le SLI, mais on note tout de même de gros écarts de performances dans DiRT 2, Bad Company 2, S.T.A.L.K.E.R. et Far Cry 2.
Trois écrans (5760 x 1080) une/deux cartes
Trois écrans : une carte / deux cartes (images/s)
Comme nous l’expliquions précédemment, à moins que votre jeu ne se focalise pas sur le centre de la surface d’affichage, il est extrêmement distrayant d’avoir 4 cm de cadre d’écran là où votre viseur est censé se trouver. Malheureusement, parmi les titres que nous employons pour nos tests, DiRT 2 est probablement le seul à ne pas avoir recours à cette centralisation.
Tant que Samsung n’aura pas lancé ses écrans à cadre fin (et encore), il est bien plus réaliste de jouer sur trois écrans seulement, une possibilité qu’offre AMD grâce à la répartition des écrans en « groupes » via les pilotes Catalyst : il est ainsi envisageable d’assigner les trois écrans du bas à un groupe, qui servira à jouer et les trois du haut à un autre, qui sera par exemple dédié aux applications.
Nous avons donc lancé une autre série de benchmarks, sur trois écrans et en 5760 x 1080 cette fois-là. Dans l’immense majorité des cas, une seule Radeon HD 5870 Eyefinity 6 suffit pour gérer sans le moindre problème cette résolution. Le CrossFire n’apporte d’ailleurs pas grand-chose, si ce n’est dans Bad Company 2 et Far Cry 2.
Trois écrans : une carte / deux cartes (%)
L’évolution enregistrée lors du passage de une à deux cartes est donc un peu moins prononcée ici qu’avec six écrans, mais on note quand même certaines hausses de performances, fort heureusement situées dans les jeux qui en ont le plus besoin.
Mémoire : 1 Go / 2 Go
Une carte : 1 Go / 2 Go
Deux cartes : 1 Go / 2 Go
Si vous vous mettiez en tête d’acheter une Radeon HD 5870 équipée de 2 Go de mémoire dans le but d’y brancher trois écrans, vous voudriez probablement savoir quels avantages le surcroît de mémoire peut bien apporter, surtout au regard de la différence de prix par rapport au modèle 1 Go.
Nous avons donc lancé le même benchmark, avec les mêmes paramètres et en 5760 x 1080 dans les deux cas, et avons découvert que la simple augmentation de la taille de la mémoire n’était pas nécessairement synonyme de performances accrues. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à ce phénomène : les ressources nécessaires pour gérer la mémoire supplémentaire provoquent en effet une légère baisse des performances. Ce n’est pas une surprise en ce qui nous concerne.
À l’inverse, c’est une bonne nouvelle pour les possesseurs de Radeon HD 5870 1 Go, dans la mesure où cela signifie qu’ils ont déjà suffisamment de puissance à leur disposition pour jouer de manière correcte sur trois écrans 1920 x 1080.
Deux cartes : 1 Go / 2 Go (8xAA)
Il y a, cependant, une bonne raison de préférer la version 2 Go à sa petite sœur (outre la possibilité de brancher six écrans, bien entendu) : l’antialiasing. Nous avons pris deux jeux qui fonctionnaient très bien en CrossFire avec trois écrans et avons activé le 8xAA. Comme vous pouvez le voir, avec un seul gigaoctet de GDDR5, les performances se cassent la figure. Passer à 2 Go permet cependant de jouer dans ces conditions tout à fait correctes à Far Cry 2 et transforme le slideshow qu’était Bad Company 2 en un titre tout à fait acceptable. Bien entendu, pour obtenir une différence aussi flagrante, il faut tomber sur des jeux et des paramètres qui mettent à genoux une carte 1 Go sans dépasser les capacités d’une carte 2 Go. Par ailleurs, la puissance de traitement supplémentaire apportée par la deuxième carte en CrossFire fait ici toute la différence.
Consommation
Consommation au repos / en charge
Quand on voit les quantités énormes d’électricité dont ont besoin les GeForce GTX 470 et 480 de NVIDIA pour fonctionner, on se doute immédiatement que la Radeon HD 5870, même en version Eyefinity, ne peut que faire mieux. Et de fait, au repos, la version 2 Go de cette carte consomme à peine plus que le modèle de référence. En charge, bien que l’on mesure un écart de 28 watts avec la version de base, on reste toujours en deçà de la GTX 470.
Ces chiffres, toutefois, ne sont valables qu’avec un seul écran branché. Avec six écrans, la consommation au repos grimpe à 160 watts (soit un peu plus qu’une GTX 480 avec un seul écran, mais toujours moins qu’une GTX 295) et la consommation en charge passe à 359 watts.
L’ajout d’une deuxième Eyefinity 6 en CrossFire fait quant à lui monter la consommation au repos : 180 watts. En charge, l’écart est nettement plus marqué, la consommation faisant des pointes à 581 watts.
Pour être totalement honnêtes, nous sommes revenus sur le test de la GTX 480 (suite aux commentaires de certains lecteurs) ; avec un deuxième écran, celle-ci voit effectivement sa consommation au repos passer de 146 à 210 watts. Nous sommes donc au-delà de la consommation de la Radeon HD 5870 avec 6 écrans.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que la Radeon HD 5870 Eyefinity 6 est un produit de niche destiné aux quelques rares utilisateurs désireux de s’offrir un mur d’écrans. Il faut avouer qu’elle écrase littéralement la concurrence sur ce point, les plus grosses cartes NVIDIA étant limitées à deux sorties graphiques simultanées.
Malgré le fait qu’elle sorte six mois après la Radeon HD 5870 de base et fasse appel à des technologies dont nous parlons (en bien) depuis autant de temps, elle reste à la pointe du marché. Tout n’est cependant pas rose. En soi, l’idée de l’Eyefinity 6 est extrêmement séduisante, mais il faut bien prendre en compte le reste de l’écosystème nécessaire pour pouvoir bénéficier du produit fini, et à cet égard, il y a encore du pain sur la planche.
Le partenariat entre AMD et Samsung, annoncé en septembre dernier, semble absolument fantastique, mais il n’a pas encore porté ses fruits. Quand ce sera le cas, une configuration composée d’une Radeon HD 5870 Eyefinity 6, d’un pied unique et de six écrans Samsung constituera sans le moindre doute le summum de l’esthétique en matière d’affichage. Les écrans promis ne sont cependant pas encore là et il restera encore à voir comment leurs dalles PVA se comportent. À la décharge d’AMD, il faut dire que celui-ci a à plusieurs reprises essayé de nous fournir une date de sortie pour les écrans Samsung ; après plusieurs retards, malheureusement, le fondeur a cessé de se risquer à cet exercice.
En attendant, les écrans Dell P2210H nous ouvrent l’appétit. Nous parvenons presque à les aligner parfaitement, mais pas tout à fait. Les 4 cm de cadre (2 x 2 cm) qui séparent les images nous donnent presque envie de tester les derniers FPS… mais pas tout à fait. Nous voudrions vraiment pouvoir vous dire que ces six écrans sont ce que nous avons jamais eu de plus cool sur notre bureau et que vous devriez foncer vous en acheter dès que possible. Mais nous ne le ferons, du moins pas encore. Sachant tout ce que coûte ce matériel, nous ne pouvons nous empêcher de nous dire qu’il est vraiment dommage que l’on ne dispose pas encore d’écrans et d’un pied aussi élégants que la carte graphique elle-même.
En ce qui concerne l’utilisation de cette installation, nous devons avouer que nous ne parvenons pas à jouer sur ces deux lignes de trois écrans, surtout quand 4 cm de cadre séparent chaque image de sa voisine. Avec les P2210H, on perd trop de surface d’affichage, c’est distrayant ; nous espérons sincèrement que les Samsung et leur cadre aminci apporteront une solution à ce problème.
D’ici là, il est probablement plus réaliste de diviser les six écrans en deux groupes de trois, ceux du haut étant dédiés aux applications et ceux du bas au jeu. Dans une telle configuration, toute l’action est centrée sur l’écran du milieu et le tout devient immédiatement beaucoup plus jouable. Enfin, si vous avez absolument besoin de six écrans pour une utilisation professionnelle avec 3D, l’AMD Radeon HD 5870 2 Go Eyefinity 6 est votre seule et unique option.
Bien entendu, si vous comptez vous contenter de 3×1 écrans, les Radeon HD 5970, 5870 et 5850 constituent des options parfaitement valables. Avec un gigaoctet de mémoire par GPU, vous ne risquez pas de manquer de mémoire, à moins peut-être de pousser sur l’antialiasing. À ce moment-là, un CrossFire d’Eyefinity 6 redevient utile pour conserver un bon framerate.
D’un autre côté, si vous avez une envie irrépressible de voir à quoi ressembleront vos graphiques financiers, vos consoles d’administration et vos applications sur un mur de six écrans, et bien félicitations : la petite nouvelle d’AMD est probablement la première carte 3D haut de gamme que vous aurez pensé à acheter pour une utilisation professionnelle !