Sharp PN-K321 : le 32″ Ultra HD parfait ?

Introduction

Les premiers moniteurs Ultra HD ont fait leur apparition sur le marché il y a à peine plus d’un an. Sharp, puis Asus et Dell ont été les premiers à proposer des modèles basés sur les dalles 32″ IGZO moyennant, comme pour toute technologie d’avant-garde, des prix astronomiques tournant souvent autour des 3200 €. L’automne dernier, nous testions les produits Asus et Dell ; aujourd’hui, après une longue attente, nous avons enfin pu mettre la main sur un Sharp PN-K321.

Nous avons déjà publié de nombreux tests et articles sur les écrans 4K, dans des scénarios de jeu comme de bureautique. Nous savons déjà qu’il est nécessaire de disposer d’une carte graphique sacrément puissante pour afficher huit mégapixels dans un jeu de tir à la première personne, même simple. Nous avons d’ailleurs abordé le sujet dans notre article Gaming At 3840×2160: Is Your PC Ready For A 4K Display? (en anglais).

Maintenant que les cartes graphiques capables de faire tourner les jeux en 4K sont devenues un peu plus abordable, le rêve semble presque à portée de main. Toutefois, les prix des écrans Ultra HD n’ont pas baissé de manière significative, à tout le moins pas en 32 pouces. Nous espérons que la situation évoluera favorablement lorsque les nouveau 28 pouces à dalle TN débarqueront en masse sur le marché : à l’heure actuelle, on commence à en trouver aux alentours de 500 €, ce qui les rend relativement attrayants pour les consommateurs cherchant à obtenir la densité d’affichage la plus élevée possible.

Sharp fait actuellement état de six dalles IGZO dans son catalogue de composants. Toutes possèdent une surface visible de 31,5 pouces, tandis que leur luminosité varie de 350 à 800 cd/m². Il s’agit de dalles 10 bits natives, ce qui signifie qu’elles sont à même de recevoir et de traiter tout signal 10 bits émis par une carte graphique compatible. Cinq d’entre elles, dont celle qui équipe le PN-K321, couvrent le gamut sRGB ; la sixième, que l’on retrouve dans le Dell UP3214Q, couvre le gamut Adobe RGB, plus vaste.

Dell et Asus ont considérablement réduit les tarifs de leurs écran UHD 32 pouces (on en trouve assez facilement à moins de 2000 €), et pourtant Sharp continue à demander près de 3200 € pour son PN-K321. Comme chez ses deux concurrents, celui-ci est doté d’un système de traitement du signal assez unique en son genre : pour obtenir un taux de rafraîchissement de 60 Hz en 3840×2160, il fait appel à deux démultiplicateurs connectés en DisplayPort 1.2 MST ou à l’aide de deux prises HDMI.

La meilleure solution consiste à opter pour l’interface DisplayPort 1.2, car il suffit alors d’activer la prise en charge du MST dans le menu de l’écran pour bénéficier d’un taux de rafraîchissement de 60 Hz en résolution native. Pour obtenir le même résultat en HDMI, il faut une carte graphique équipée de deux sorties à la norme et activer la fonction Dual HDMI.

Avec une GeForce GTX 780 de marque EVGA (un modèle relativement récent, donc), l’entrée DisplayPort MST fonctionne sans problème dès le premier essai. Et si un taux de rafraîchissement de 30 Hz ne vous dérange pas, vous pouvez vous contenter d’une simple connexion HDMI ou DisplayPort. Si vous faites beaucoup de montage vidéo, notez que le PN-K321 accepte également les signaux 24p, ce qui s’avèrera très pratique. Enfin, l’écran est compatible avec la norme DCI 4096×2160 : il met l’image à l’échelle ou rogne les pixels excédentaires en largeur.

Étant donné que c’est Sharp lui-même qui fabrique la dalle équipant le PN-K321, nous sommes très curieux de voir s’il s’en sort mieux que ses concurrents dans nos tests. Nous verrons bien…

Packaging, descriptif, ergonomie et accessoires

Nous avons reçu notre exemplaire de test dans une caisse de transport et non dans son emballage habituel ; nous ne sommes donc pas en mesure de commenter la qualité de son packaging. L’écran est toutefois assez lourd et nous ne pouvons qu’espérer que Sharp le protège suffisamment. Si vous le commandez sur internet, n’oubliez pas de vérifier qu’il n’est pas endommagé avant de l’accepter.

En matière d’accessoires, nous avons droit au minimum syndical, à savoir un câble DisplayPort et un adaptateur permettant de convertir une prise RS-232 à 9 broches (contrôle à distance) en un connecteur de type mini-casque, format qu’utilise le PN-K321. Le moniteur est accompagné d’un CD contenant le manuel et les pilotes, un guide d’installation et un autocollant à apposer sur le cadre afin d’étiqueter les touches de commande. Un transformateur externe vient compléter le tout.

Descriptif

À plus de 76 cm de large et près de 14 kg, le moins que l’on puisse dire est que le PN-K321 est un objet imposant. Sa couche antireflet est toutefois aussi légère que celle des autres écrans Ultra HD que nous avons testés jusqu’à présent. Elle n’a pas d’incidence sur la précision du moniteur : heureusement, car vu la taille des pixels, le résultat aurait été désastreux si elle avait été trop agressive. Nos tests, tant synthétiques que pratiques, n’ont révélé aucune dégradation ni grain ; l’image est nette.

Le bord qui entoure la surface affichable mesure un pouce de large (environ 2,5 cm) et, comme le reste de l’écran, est fait de plastique noir mat qui donne une bonne impression de solidité. Des garnitures argentées en ornent le haut et le bas. La base, quant à elle, est assez étendue : environ 30 cm de côté.

L’objet n’est heureusement pas en reste en termes d’ergonomie : le pied est réglable en hauteur sur 14 cm tandis que l’écran peut s’incliner de 25 degrés et pivoter sur 90 degrés, et dispose d’un mode portrait, bien qu’il faille détacher le moniteur de son support pour en profiter (il ne suffit pas de le faire pivoter).

Le profil latéral est étonnamment fin au vu du poids de la bête : moins de 5 cm. Comme le montre la photo, on y trouve les touches de commande, qui sont invisibles depuis l’avant et s’utilisent donc au jugé ; Sharp fournit toutefois une étiquette autocollante à apposer sur le cadre pour ceux qui se sentent perdu. Celle-ci s’avèrera sans doute utile, car nous avons trouvé les boutons assez durs et, qui plus est, peu intuitifs pour parcourir l’OSD, qui est d’ailleurs plutôt old school.

À l’arrière, on constate avant tout un bel effort en matière de ventilation ainsi que deux panneaux de connexion : celui de gauche sert à brancher le câble d’alimentation et comporte un interrupteur permettant d’éteindre complètement l’écran, tandis que celui de gauche accueille la connectique vidéo, audio et de contrôle à distance. Sharp a la bonne idée de fournir des serre-câbles permettant de mettre un peu d’ordre dans l’ensemble. Autre bon point : les orifices de fixation VESA sont présents à 100 et 200 mm d’écart.

Les connecteurs sont orientés vers le côté, facile à distinguer et à atteindre. De haut en bas, on peut voir un jack RS-232 (l’adaptateur est fourni), deux entrées HDMI, une entrée DisplayPort et une entrée jack stéréo 3,5 mm pour ceux qui souhaitent exploiter les enceintes intégrées (qui n’ont, avec leurs deux petits watts, qu’un son des plus anémiques… comme la plupart des écrans). Notez que le signal audio peut également provenir d’une entrée HDMI ou DisplayPort. Malheureusement, on ne trouve ni sortie casque ni hub USB.

OSD et étalonnage

L’OSD du Sharp PN-K321 est identique à celui de l’Asus PQ321Q, que nous avions passé en revue il y a un moment déjà. Pour l’ouvrir, il faut appuyer sur le deuxième bouton en partant du bas.

OSD

Toutes les options d’étalonnage se trouvent dans le menu Picture. Le réglage de la luminosité est aussi directement accessible à l’aide des deux boutons du dessus. Notez également la présence d’un curseur permettant de régler la profondeur du noir ; ce point est suffisamment rare sur les écrans d’ordinateur pour être mentionné. Avec un signal PC, laissez-le sur 30 : cela vous confèrera un contraste optimal et d’excellents détails dans les zones sombres.

Les options Color et Tint fonctionnent comme on peut s’y attendre mais ne permettent pas de régler les problèmes de saturation que nous avons rencontrés. La netteté est bien réglée par défaut (12) : abaisser cette valeur rend l’image plus floue et l’augmenter provoque des oscillations parasites qui, sur un écran d’une telle résolution, peuvent vraiment nuire au niveau de détail.

Voici ensuite ce que vous trouverez dans le sous-menu Color Adjustment :

Seul le mode de couleur Standard permet de régler la balance des blancs et le gamma. Pour modifier les valeurs RVB, choisissez User dans le champ White Balance. L’option Preset vous permet de changer la température de couleurs en degrés kelvin.

L’un des éléments que les captures d’écran ne montrent pas est le système de gestion des couleurs du PN-K321 : si vous passez par une entrée HDMI et la réglez sur le mode AV, vous obtenez des options de réglage de la teinte, de la saturation et de la luminosité pour chacune des six couleurs. Malheureusement, ce mode taille dans le signal ; il est donc déconseillé de l’utiliser.

Les curseurs RVB sont au nombre de deux par couleurs. Nous en avons modifié les valeurs par défaut et le résultat en vaut la peine.

Par défaut, le gamma est réglé sur Standard, un mode qui donne un résultat assez inhabituel sur lequel nous reviendrons plus tard. Il est conseillé d’opter pour une valeur de 2.2 ou 2.4 pour un résultat optimal.

La plage d’entrée RVB (RGB Input Range) est réglée sur Full pour les signaux PC, ce qui est une bonne chose. Vous pouvez également sélectionner Limited ou Auto si vous avez opté pour le mode d’entrée AV dans le menu Input Select, mais aucun de ces réglages ne règle le problème de rognage du signal qu’engendre ce mode.

Le menu de paramétrage comporte plusieurs options importantes pour assurer un traitement correct des signaux UHD. Il permet également de sélectionner la source audio et son niveau en entrée. Le champ Baud Rate fait quant à lui référence au port RS-232. Pour bénéficier d’un taux de rafraîchissement de 60 Hz en DisplayPort, réglez l’option Stream sur MST.

Le sous-menu Input Select, permet de choisir le mode de fonctionnement des entrées HDMI (PC ou AV) et d’activer ou désactiver l’option Dual HDMI, qui enclenche la gestion du 60 Hz via cette interface. La sélection du mode AV nous a obligé à réduire considérablement le contraste pour bénéficier de l’intégralité de la plage de luminosité ; mieux vaut laisser l’écran en mode PC quelle que soit la source.

Le signal audio peut provenir des entrées HDMI ou DisplayPort ; c’est ici que vous devez paramétrer ce point.

En mode MST, le PN-K321 gère les signaux 3840×2160 à 60 Hz. Si votre carte graphique n’est pas compatible avec le multi-stream, optez pour le mode SST.

Si vous optez pour le mode portrait, vous devez l’indiquer dans l’OSD de l’écran et dans les paramètres de Windows.

Pour accélérer l’allumage de l’écran, laissez l’option Standby Mode sur Standard. Si vous préférez faire des économies d’énergie, optez pour Low Power. Notez toutefois que certaines commandes RS-232 ne fonctionnement pas dans ce mode.

L’option Off If No Operation éteint le PN-K321 après quatre heures d’inactivité.

Si vous souhaitez utiliser l’option Picture-by-Picture, réglez le flux DisplayPort sur SST et branchez deux sources. Vous pouvez prendre deux entrées au choix parmi les trois que propose le moniteur ; elles seront automatiquement affichées côte-à-côte.

La fonction Screen Motion vise à réduire la rétention d’image.

Power Management fait passer le PN-K321 en veille lorsqu’aucun signal n’est détecté.

Size désigne le format de l’image. Les options disponibles sont Wide (plein écran quelle que soit la résolution en entrée), Normal (adapte l’image à l’écran sans modifier son aspect) et Dot by Dot, mode dans lequel chaque pixel reçu en entrée est affiché par un pixel à l’écran ; les images de plus faible résolution sont donc affichées en mode fenêtré (elles n’occupent pas toute la surface d’affichage).

L’option 4096 Display Position permet de faire coulisser latéralement les images conformes à la norme DCI et donc de les afficher entièrement sans redimensionnement.

Enfin, le menu Information affiche une série de statistiques relatives au signal et à l’écran :

La résolution et le taux de rafraîchissement sont indiqués au bas de l’OSD, et on trouve également les réglages de base et le numéro de série du moniteur. Par contre, impossible d’afficher la version du firmware.

Étalonnage

Pour étalonner les niveaux de gris et le gamma, réglez le mode de couleur (Color Mode) sur Standard et la balance des blancs (White Balance) sur User. Nous avons modifié les valeurs RVB hautes et basses afin d’optimiser les niveaux de gris ; n’oubliez pas non plus de sélectionner la présélection 2.2 pour le gamma. L’OSD propose un système de gestion des couleurs pour les signaux AV transmis via HDMI, mais nous ne pouvons que le déconseiller : il dégrade le niveau de détail. De toute façon, le principal problème du PN-K321 en termes de colorimétrie étant un bleu primaire sous-saturé, il n’y a que peu de chance pour que ce système vous soit d’une quelconque aide.

Il est conseillé de diminuer légèrement le contraste pour optimiser la luminosité. La profondeur du noir est bien réglée par défaut (30). La luminosité (puissance du rétroéclairage), par contre, se règle de manière très grossière, par pas de 10 cd/m² environ. Enfin, nous vous recommandons de laisser les paramètres Color, Tint et Sharpness sur leur valeur par défaut.

Luminosité et contraste

Pour de plus amples informations sur la manière dont nous testons les écrans, reportez-vous à notre article Display Testing Explained: How We Test Monitors and TVs.  Les tests de luminosité et de contraste font l’objet d’une explication en page deux.

Non étalonné / Rétroéclairage maximal

Le PN-K321 est le sixième moniteur Ultra HD à passer par notre laboratoire ; nous avons donc une belle palette d’écrans 4K dans notre groupe de comparaison. Les dalles IGZO sont représentées par l’Asus PQ321Q et le Dell UP3214Q. Le panel contient également le Dell UP2414Q, un écran 24 pouces à dalle IPS, ainsi que deux 28 pouces à dalle TN : le Dell P2815Q et l’Asus PB287Q. Si vous vous demandez quel écran 4K acheter pour les fêtes, ce comparatif devrait vous être utile !

Le PN-K321 est l’écran 4K le plus lumineux que nous ayons testé jusqu’à présent : le fabricant annonce 350 cd/m², mais cette valeur est en pratique largement sous-estimée. La surface d’affichage est si grande que même avec la luminosité réglée sur 50 %, le moniteur n’aura aucun mal à éclairer votre bureau. Le PN-K321 est même utilisable à l’extérieur.

Lorsqu’on pousse le rétroéclairage au maximum, la profondeur du noir est un peu plus élevée que chez la plupart des concurrents, mais toujours inférieure à celle de l’Asus PQ321Q, qui contient pourtant une dalle identique.

Le taux de contraste du PN-K321 est malheureusement un peu décevant : 808,5:1. Nous nous attendions à un résultat de l’ordre de 1000 pour 1 ; Dell y parvient bien, avec un taux record de 1004,4 pour 1.

Non étalonné / Rétroéclairage minimal

Au réglage minimum, le Sharp PN-K321 affiche une luminosité pratiquement parfaite de 56,1158 cd/m², ce qui donne une image tout-à-fait utilisable si votre bureau est sombre ; le taux de contraste diminue à peine.

La profondeur minimale du noir reste une fois encore un peu élevée à notre goût, mais elle demeure très correcte : 0,0705 cd/m². Il faut toutefois allumer la lumière pour voir tous les détails dans les zones sombres.

Le taux de contraste minimal est assez proche de sa valeur maximale, ce qui indique une cohérence plus que certaine dans les performances. Nous aurions préféré qu’il soit globalement plus élevé, mais il nous semble que la majorité des utilisateurs sera satisfaite de la qualité d’image offerte par le PN-K321.

Après étalonnage à 200 cd/m²

Même après étalonnage, la profondeur du noir reste en queue de peloton, juste derrière l’Asus PQ321Q, et le réglage du niveau de gris, que nous estimons nécessaire sur le PN-K321, ne fera qu’empirer les choses.

L’étalonnage du niveau de gris diminue également le taux de contraste de près de 15 %, en partie parce que les curseurs RVB démarrent au maximum (à tout le moins pour la plage haute). De manière générale, cet écran se montre moins contrasté que ses concurrents et en particulier que le Dell UP3214Q, avec sa dalle à gamut étendu. Cette dernière étant également fabriquée par Sharp, on ne saurait que conseiller au fabricant de l’utiliser dans sa prochaine génération de produits (sans augmenter ses tarifs…).

Taux de contraste ANSI

Le taux de contraste ANSI est en phase avec les autres résultats. Il ne fait aucun doute que le PN-K321 est un écran de bonne facture.

Niveaux de gris et gamma

Nos tests de niveaux de gris et de gamma font l’objet d’une explication dans cet article.

Par défaut, la balance des blancs du PN-K321 est un peu froide, en particulier lorsqu’on pousse la luminosité au-delà de la barre des cinquante pour cent. En pratique, ce n’est pas extrêmement gênant et il demeure possible d’utiliser l’écran sans étalonnage, pour autant que l’on puisse vivre avec un peu de bleu dans les blancs. Nous avons tenté de régler le problème en passant en mode sRGB, qui verrouille les paramètres de colorimétrie, mais sans grand succès : le résultat est pratiquement identique.

Seul un étalonnage avec instrument est capable de produire le résultat ci-dessus, qui est absolument parfait. Les curseurs RVB de bas de plage nous ont en effet permis de corriger tous les défauts des niveaux de gris ; il serait impossible de faire mieux.

Voici les résultats obtenus par notre panel de comparaison :

Grâce aux excellents résultats qu’il obtient tant que l’on maintient la luminosité sous les 60 %, le PN-K321 termine avec un Delta E moyen de 2,88 avant étalonnage, ce qui est extrêmement correct. Le fait que le vainqueur de ce comparatif, l’Asus PQ321Q, contienne la même dalle démontre bien qu’un écran est bien plus que la simple somme de ses composants : la conception et le soin apporté lors de la fabrication contribuent manifestement de manière essentielle au résultat final.

Après étalonnage, le Delta E en niveau de gris est clairement digne d’un écran professionnel haut de gamme. Il est juste dommage que ni le Sharp ni l’Asus ne soient équipés d’une dalle à gamut étendu : les niveaux de gris sont pratiquement parfaits.

Gamma

Nous avons observé des phénomènes intéressant lors du test de gamma, raison pour laquelle nous vous montrons les résultats des présélections Standard, 2.2 et 2.4.

Le paramètre gamma standard donne un résultat similaire à celui que l’on observerait avec un taux de contraste dynamique : ce mode assombrit les niveaux plus faibles et éclaircit les plus élevés afin d’accroître la profondeur perçue au détriment du niveau de détail.

La présélection gamma 2.2 resserre considérablement la plage de gris : le résultat est identique à celui que l’on obtient lorsqu’on sélectionne le mode de couleurs sRGB, mais sans verrouiller les curseurs RVB. Mis à part les chutes minimes à 10 et 90 pour cent, ce graphique est excellent.

La présélection 2.2 étant un rien trop lumineuse à notre goût, nous avons voulu essayer la 2.4. Celle-ci modifie légèrement l’alignement colorimétrique et assombrit l’ensemble, mais la différence est subtile. Elle rapproche également le gamma des spécifications de la norme BT.1886. Nous aurions tendance à recommander ce mode pour les films et les jeux et le 2.2 pour la bureautique et le travail de graphisme.

Revoici les résultats de notre panel de comparaison :

Aucun des écrans testés aujourd’hui n’affiche de défaut grave en matière de gamma. Tous affichent des transitions extrêmement correctes, entachées de variations si minimes qu’elles sont invisibles sans appareil de mesure précis.

Nous calculons les déviations de gamme selon la différence avec 2.2, exprimée en pourcentage.

Le résultat obtenu en mode 2.2 est légèrement en dessous de la cible 2.11. Ceci dit, mis à part les creux à 10 et 90 %, l’ensemble est pratiquement sur la ligne : aucun des écrans testés ne posera de problème en situation réelle.

Gamut et performances

Pour plus d’informations sur nos tests de gamut et nos calculs de volume colorimétrique, cliquez ici.

Les deux graphiques de colorimétrie ci-dessous sont issus d’écrans étalonnés. Notre objectif est de vous montrer ce qui se passe lorsque le gamma est mal réglé.

Le meilleur exemple de ce que nous tentons de démontrer est probablement le rouge primaire : celui-ci est de plus en plus sursaturé, jusqu’au moment où l’on atteint les 100 % et où il devient soudainement sous-saturé. En situation réelle, cela se traduit par des rouges qui manquent de détails, car les nuances se fondent les unes dans les autres, ce qui entraîne une réduction globale de la profondeur que les utilisateurs expérimentés remarqueront immédiatement.

Voici ce qui se produit lorsqu’on modifie uniquement la présélection du gamma :

Les primaires rouge et bleue sont toute de suite bien plus conformes à la réalité. La saturation maximale des rouges demeure légèrement inférieure à l’optimum, mais les autres niveaux sont parfaits. La teinte du bleu est de bien meilleure qualité : jusqu’à 80 %, les mesures sont presque idéales. Certes, les changements sont minimes du côté cyan/vert/jaune de l’espace colorimétrique, mais la teinte du magenta est elle aussi meilleure.

Comparons ces résultats avec ceux de la concurrence :

Avant de changer la présélection du gamma, le Delta E moyen était de 4,25 ; maintenant, il est à 3,06, un résultat bien plus respectable. La majeure partie du problème provient de la sous-saturation de la couleur primaire bleue et de la secondaire magenta. Globalement, la précision colorimétrique du PN-K321 est toutefois excellente.

Volume colorimétrique : Adobe RGB 1998 et sRGB

La sous-saturation du bleu et du magenta empêche de peu le PN-K321 d’atteindre un volume colorimétrique de 100 % en sRGB. Les photographes lui préfèreront probablement le Dell UP3214Q, en raison de son gamut étendu, mais pour le commun des mortels, le Sharp fait parfaitement l’affaire.

Angles de vision, uniformité, réactivité et retard à l’affichage

Si vous souhaitez savoir comment nous mesurons l’uniformité de l’écran, cliquez ici.

Bien que la qualité visuelle des écrans à base de dalle IGZO soit considérablement meilleure que celle des autres écrans 4K que nous avons testés lorsque le spectateur ne se situe pas dans l’axe sur le plan horizontal, elle n’est pas parfaite pour autant : les couleurs ont légèrement tendance à virer vers le vert et la luminosité à diminuer. Sur l’axe vertical, la luminosité et le gamma sont réduits, ce qui a tendance à détériorer les détails. Ceci étant dit, l’angle de vision est suffisamment large pour que vous ne rencontriez pas de problème au quotidien, ce qui est un plus appréciable pour un écran de cette taille.

Uniformité de l’écran : luminance

L’exemplaire que nous avons reçu en test affiche une uniformité des plus impressionnantes : nous n’avons détecté que des variations minimes entre les neufs zones de mesure, la valeur la plus élevée se trouvant dans le coin supérieur gauche. Au vu de la taille de cet écran, il s’agit d’une véritable performance.

Les résultats du test de fond blanc sont encore meilleurs :

L’écart entre la zone la plus et la moins lumineuse n’est que de 5,8 %, et encore, ce résultat est uniquement dû à quelques portions plus chaudes le long du bas de l’écran, qui sont invisibles à l’œil nu.

Uniformité de l’écran : couleur

L’uniformité des couleurs est en léger retrait par rapport à celle de la luminance : si l’on fait attention, on note que les bords de l’écran affichent une teinte un peu plus rougeâtre que le centre, parfaitement neutre. Ceci dit, cela se remarque dans ce test mais pas en situation réelle.

Réactivité et retard à l’affichage

Cliquez ici pour plus d’information sur nos procédures de test de réactivité et de retard à l’affichage.

La réactivité du PN-K321 est légèrement inférieure à celle des autres moniteurs testés ; à ce jour, les dalles TN demeurent le meilleur choix pour ceux qui recherchent le flou de mouvement le moins marqué possible. L’IGZO est pour ainsi dire identique à l’IPS dans ce domaine.

Jouer en résolution Ultra HD pose son lot de problèmes, mais le retard à l’affichage n’en fait visiblement pas partie, à moins que vous n’optiez pour le Dell P2815Q. On imagine toutefois mal les gamers s’orienter vers cet écran, son taux de rafraîchissement étant limité à 30 Hz. Le PN-K321, à l’inverse, s’acquitte fort bien de sa tâche : seul l’Asus PB287Q se montre plus véloce.

Conclusion

Plus d’un an après la sortie des premiers écrans dignes de ce nom, peut-on dire que l’Ultra HD est en passe de se démocratiser dans nos bureaux ? Pour l’instant, la réponse est clairement non. Quand on sait que l’utilisateur moyen cherche à ne pas dépasser les 400 € pour un écran, même les modèles les moins coûteux dépassent le budget.

Au sommet de la pyramide, on trouve les mêmes concurrents que l’an dernier, à savoir les triplés à dalle IGZO que sont l’Asus, le Dell et le Sharp. La situation n’a absolument pas évolué, raison pour laquelle ce comparatif demeure pertinent à un an d’écart. Leur diagonale de 31,5 pouces est idéale au vu des faibles capacités de Windows en matière de mise à l’échelle des polices et des icônes.

À l’autre extrémité du spectre tarifaire, on trouve des modèles 28 pouces contenant tous la même dalle TN, fabriquée par Chi Mei Optoelectronics. Le prix, de l’ordre de 500 € environ, entraîne certains compromis, notamment en termes de qualité visuelle hors axe et, bien sûr, quatre pouces de diagonale en moins.

Entre les deux naviguent les écrans IPS 24 pouces. Nous avons testé le Dell UP2414Q, tandis qu’un deuxième se trouve actuellement dans notre laboratoire, le NEC EA244UHD. Tous deux sont des modèles à gamut étendu destinés aux professionnels, avec un prix à l’avenant : au moins 1000 €. Si leurs performances sont excellentes, leur diagonale réduite rend leur utilisation problématique sous Windows.

Bref, bien que l’apparition des moniteurs UHD 28 pouces aux alentours de 500 € puisse être considéré comme un progrès, le produit idéal n’existe pas encore. S’il vous faut absolument un écran 4K, vos deux critères de choix principaux doivent être les suivants : diagonale et espace colorimétrique.

Le format 32 pouces est idéal pour les écrans de 8 mégapixels. Et si vous avez besoin d’un gamut étendu, vos recherches débutent et se terminent par le Dell UP3214Q. Si vous pouvez vous satisfaire du sRGB, vous avez le choix entre l’Asus et le Sharp.

Comme l’ont démontré nos tests, ces deux moniteurs sont pratiquement des jumeaux : ils vont jusqu’à partager le même OSD et leurs performances sont presque identiques dans la plupart des tests. On notera juste que le Sharp affiche un taux de contraste légèrement supérieur avant étalonnage et est plus lumineux de dix pour cent, un détail qui pourrait être décisif pour ceux qui doivent positionner l’écran à l’extérieur. À l’inverse, l’Asus est un rien plus performant en termes de retard à l’affichage, ce qui pourrait plaire aux joueurs.

Le dernier point de comparaison, bien entendu, est le prix. Si nos trois écrans IGZO ont tous été lancés aux alentours de 3500-4000 €, l’Asus et le Dell sont depuis lors passés à moins de 2000-2500 €, alors que Sharp insiste pour maintenir son PN-K321 à près de 3200 €. Il s’agit d’un élément que l’on ne peut que difficilement négliger, en particulier quand Dell offre la possibilité de bénéficier d’un écran à gamut étendu.

Pour l’instant, les spéculations vont bon train en ce qui concerne les projets de Sharp et de ses concurrents, qui seraient en train de préparer la prochaine génération d’écrans Ultra HD. Ils savent tous que le marché ne s’ouvrira à leurs produits qu’au moment où leur prix atteindra un niveau acceptable. Avec la baisse des tarifs des cartes graphiques hautes performances, il devient de plus en plus facile de s’offrir suffisamment de puissance pour monter une configuration de milieu de gamme assortie d’un écran huit mégapixels.

Il ne fait aucun doute que nous aimons le PN-K321 : ses performances sont bonnes et sa qualité visuelle époustouflante, sa diagonale permet d’utiliser Windows dans d’excellentes conditions et il ne nous pose aucun problème au quotidien. Notre plus important grief concerne son prix. Nous ne pouvons qu’espérer qu’il descendra ou que son successeur sera proposé à un tarif plus avantageux, mais cela reste bien entendu à voir. Mis à part cela, nous n’avons strictement aucune objection à faire figurer ce Sharp sur la liste des produits que nous recommandons.