Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Sommaire

Présentation des APU

Image 1 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?Ils sont enfin là, les deux nouveaux processeurs Ryzen d’AMD sont aussi les premiers à intégrer un circuit graphique, pour tenter de concurrencer les processeurs Intel et leur IGP, mais surtout pour les surpasser dans les jeux en 3D avec un circuit Vega de dernière génération. Sans oublier que ces APU sont aussi et surtout destinés aux ordinateurs portables dans leur déclinaison basse consommation, les Ryzen 5 2500U et Ryzen 7 2700U. Mais pour aujourd’hui, nous testons les seuls processeurs officiellement disponibles, les deux versions « desktop » Ryzen 3 2200G et Ryzen 5 2400G.

Pour connaître le bundle du processeur, nous avons publié un unboxing complet avec quelques premiers détails intéressants et les photos de notre installation de test.

Voici les Raven Ridge

Les APU Ryzen ont pour nom de code Raven Ridge. Contrairement à ce que leur nom commercial indique, il ne s’agit pas d’une seconde génération de processeur, ils sont toujours gravés en 14nm+ et réutilisent l’architecture Ryzen dans sa première version. On y trouve cependant un circuit graphique, qui manquait dans les premiers Ryzen.

ModèleRyzen 5 2400GRyzen 3 2200GRyzen 5 1400
Coeurs / Threads4 / 8
4 /4
4 /8
Config CCX4+04+02+2
Fréquences CPU3,6-3,9 GHz3,5-3,7 GHz3,2-3,4 GHz
Shaders GPU11 CU = 7048 CU = 512ND
Fréquence GPU1250 MHz1100 MHzND
Cache L2/L32/4 Mo2/4 Mo2/8 Mo
TDP46–65 W46–65 W65 W
Ligne PCIe8x8x16x
Contrôleur mémoireDDR4-2933 Double canalDDR4-2933 Double canalDDR4-2667 Double canal
Transistors4,94 milliards4,94 milliards4,8 milliards
Surface du die209,78 mm²209,78 mm²213 mm²
Prix159 €99 €159 €

La grosse différence ici, c’est que les quatre coeurs des Raven Ridge sont tous regroupés dans le même CCX, alors qu’ils sont partagés dans deux CCX pour les précédents Ryzen quadricoeurs. C’est une bonne nouvelle dans la mesure ou la communication entre ces quatre coeurs sera donc beaucoup plus rapide. Mais dans cette réorganisation, Raven Ridge perd les 4 Mo de mémoire cache L3 du second CCX. AMD tente de compenser cette perte de cache par des fréquences plus élevées pour le CPU et son contrôleur mémoire. On verra si l’échange est profitable ou non dans ce test.

Chez Raven Ridge, on aura aussi deux fois moins de lignes PCIe Gen3 directement gérées par le CPU : seulement 8 au lieu de 16 pour la carte graphique. Cette mesure permettrait de réduire le coût du processeur, et 8 lignes devraient suffire à partir du moment où la présence d’une carte graphique n’est plus nécessaire. Notez que le CPU possède aussi quatre lignes PCIe Gen2 pour le reste de sa connectique intégrée, notamment 4 ports USB 3.2 Gen2, 1 ports USB 3.1 Gen1, un port USB 2.0, et deux ports SATA.

Les CPU ne sont plus soudés !

Toujours dans cette logique de réduire le coût de fabrication du processeur, AMD a décidé de ne plus souder le die à sa capsule de protection (heatspreader), pour utiliser une pâte thermique classique comme chez Intel. Voilà qui risque de faire monter les températures, ce que nous verrons en détail dans nos tests thermiques.

Image 2 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Image 3 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Image 4 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?AMD a mis au point une amélioration de son système de gestion de fréquence avec Precision Boost 2, qui permettrait d’offrir plus de puissance sur plus de coeur, tout en gérant l’impact thermique et énergétique du circuit graphique Vega. C’est aussi grâce à ce système qu’AMD va pouvoir décliner Raven Ridge dans des versions mobiles à partir de 12 W de TDP, tout en offrant la possibilité de régler la version desktop entre 45 et 65 W.

Il est virtuellement possible d’overclocker les Raven Ridge car tous les réglages de fréquence sont débloqués, y compris ceux du circuit graphique. Cela dit, on verra plus tard dans le test qu’il n’y aura pas de miracle possible.

Infinity Fabric pour tout relier

Comment est donc organisé Raven Ridge ? AMD réutilise ici son bus de communication Infinity Fabric, qui fait déjà le lien entre les différents CCX des Ryzen précédents, la mémoire vive et les interfaces d’entrée-sortie. 

Image 5 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Ce lien va relier ici le processeur et le circuit graphique Vega, en espérant que l’ensemble soit performant car l’Infinity Fabric fut un peu décevant dans ce domaine. AMD promet toutefois l’avoir un peu amélioré. N’oubliez pas que ce bus dépend beaucoup de la vitesse de la mémoire vive, il faudra donc privilégier de la DDR4-3200 au moins. Notez aussi que les CPU et l’IGP vont devoir partager ce lien de communication aussi pour taper dans la mémoire vive, ce qui pourrait créer un autre goulot d’étranglement…

Image 6 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?Le die de Raven Ridge : à gauche en noir, les quatre CPU Zen, à droite en bleu, le GPU Vega.

Encodage et affichage vidéo

Le circuit graphique de Raven Ridge gère FreeSync, le HDCP 2.2 pour les vidéo 4K HDR, avec l’arrivée des DRM PlayReady 3.0 dans ses pilotes au troisième trimestre (requis pour regarder Netflix en 4K). Notez que l’affichage sans fil Miracast est aussi géré.

La bonne nouvelle, c’est que ces APU peuvent gérer beaucoup de définitions d’affichage à des fréquences élevées. Contrairement à la GeForce GT 1030 de NVIDIA qui ne gère pas l’encodage vidéo matériel (de manière totalement artificielle), le circuit Vega peut encoder dans des modes très variés.

Système de test et overclocking

Image 9 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?Nous avons testé les deux Raven Ridge sur une carte mère Gigabyte petit format, qui devrait largement suffire à faire tourner les deux processeurs sans aucun problème. Nous avons choisi de lui adjoindre de la mémoire vive rapide, parfaitement stable en DDR4-3200 avec les réglages XMP, malgré un contrôleur certifié uniquement à 2933.

Pour le refroidissement, nous avons décidé d’utiliser le dissipateur livré par AMD dans la boîte du processeur, qui, on le verra, fait plutôt bien le boulot. Pour tirer au clair certains détails, nous avons aussi utilisé un gros refroidisseur réfrigéré Alphacool Eiszeit 2000 Chiller, qui permet de tenir l’eau du circuit à 20°C en presque toutes circonstances.

Overclocking

L’overclocking du CPU avec l’outil Ryzen Master d’AMD est d’une simplicité enfantine. Les CPU ont répondu présents à un OC à 4 GHz, avec une tension de 1,4 V. Nous avons aussi ajusté la tension VDDCR SoC (tension uncore et GPU), à 1,25 V, pour atteindre 1555 MHz avec le circuit graphique Vega 11, le tout avec de la RAM DDR4-3200 en 14-14-14-34.

Pour le 2200G, nous avons pu atteindre de la même manière, et tout aussi facilement, 3,9 GHz pour les CPU et 1400 MHz pour le GPU. Notez que pour ces tests overclockés, les processeurs étaient refroidis par un gros dissipateur Noctua NH-U12S SE-AM4, avec une température maximale de 75°C en test de torture.

Image 10 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?Image 11 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Image 12 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?Image 13 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Image 14 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Configurations comparées

Nous avons comparé les APU Ryzen à des processeurs Intel accompagnés d’une carte graphique GeForce GT 1030. Nous avons aussi testé le circuit graphique UHD Graphics 630 du Core i5-8400, et le précédent processeur AMD A10-9700 Bristol Ridge en 720p. Nous n’avons pas testé ces derniers en 1080p, et vous verrez vite pourquoi.

Coût de la plateforme (dollars)
Ryzen 5 2400G
Ryzen 3 2200G
Core i5-8400
Core i3-8100
Core i3-7100
AMD A10-9700
Prix CPU
169
99
187
119
117
99
Prix GPU


89
89
89

Prix total
169
99
276
208
206
99

Ajouter une GT 1030 aux processeurs Intel permet de les rendre plus compétitifs, mais le prix de la plateforme totale explose. C’est une chose qu’il ne faut pas oublier tout au long des pages suivantes…

Système de test

Image 15 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Système
Etats-Unis (Performances) :
Gigabyte AB350N Gaming WiFi
AMD A10-9700
Ryzen 5 2400G
Ryzen 3 2200G
G.Skill RipJaws V DDR4-3200 (2 x 8Go) @ 2400, 2699, & 3200

Intel LGA 1151 (Z370)
Intel Core i3-8100
Intel Core i5-8400
MSI Z370 Gaming Pro Carbon AC
G.Skill RipJaws V DDR4-3200 (32Go) @ 2400 & 2666

Intel LGA 1151 (Z270)
Intel Core i3-7100
MSI Z270 Gaming M7
G.Skill RipJaws V DDR4-3200 (2 x 8Go) @ 2400

Toutes configs :
EVGA GeForce GTX 1080 FE
Samsung PM863 (960Go)
SilverStone ST1500-TI
Windows 10 Pro 64-bit Creators Update v.1709 (10.0.16299.214)
Corsair H115i

Allemagne (consommation et thermique) :
AMD Ryzen 5 2400G, Ryzen 3 2200G
Gigabyte AB350N GAMING WIFI
2x 8Go G.Skill FlareX DDR4-3200
1x 1050 Go Crucial MX300
Be Quiet Dark Power Pro 11, 850W
Windows 10 Pro à jour
Refroidissement
Alphacool Eiszeit 2000 Chiller
Ventirad AMD Wraith
Thermal Grizzly Kryonaut
Moniteur
Eizo EV3237-BK
Mesures électriques
Point de mesure sans contact sur le slot PCIe, via un riser PCIe
Point de mesure sans contact sur les connecteurs PCIe d’alimentation
Mesure directe au niveau de l’alimentation
4x oscilloscopes Rohde & Schwarz HMO 3054 multicanaux, 500 MHz avec fonction mémoire
4x pinces ampèremétriques Rohde & Schwarz HZO50 (de 1 mA à 30 A, 100 KHz, courant continu)
4x sondes de test Rohde & Schwarz HZ355 (10:1, 500 MHz)
1x multimètre numérique Rohde & Schwarz HMC 8012, avec fonction mémoire
Imagerie thermique
Caméra infrarouge Optris PI640
Logiciel PI Connect
Mesures sonores
Micro NTI Audio M2211 (avec fichier de calibration)
Interface Steinberg UR12 (avec alimentation fantôme pour les microphones)
Creative X7
Logiciel Smaart v.7
Chambre anéchoïque, 3,5 x 1,8 x 2,2 m (LxlxH)
Mesures axiales, à la perpendiculaire du centre de(s) la source(s) sonore(s), distance de 50 cm
Nuisances sonores exprimées en dBA (lent), analyse en temps réel (RTA)
Spectre de fréquence représenté sous forme de graphique


Perf : latence cache, 3DMark

Latence du cache

Malheureusement, nous ne pouvons toujours pas mesurer les latences de l’Infinity Fabric avec nos outils actuels. Nous avons toutefois lancé des tests de latence du cache, qui devraient montrer quelques améliorations de performances, selon AMD.

L1
L2
L3
Mémoire vive
2KB – 32KB
32KB – 512KB
512KB – 8MB
8MB – 1GB

Raven Ridge affiche une bande passante cache monocoeur comparable aux précédents Ryzen, mais moins importante en multicoeur avec un CCX en moins. Pour le CCX en lui-même, les améliorations semblent plutôt bonnes puisque les latences L2 et L3 sont les plus basses jamais enregistrées sur un Ryzen, et le processeur fait du très bon boulot avec sa mémoire vive.

3DMark

Le Ryzen 5 2400G prend un avantage net sur le 2200G notamment grâce à son multithreading, qui permet de maximiser l’utilisation des quatre coeurs du processeur. L’overclocking permet de monter les performances de plus de 16 % dans Fire Strike et de 13 % dans Time Spy. Notez que dans VRMark, aucun des deux Ryzen n’a pu atteindre les 109 ips nécessaires.

Perf : Battlefield 1

Full HD

720p

Le Ryzen 5 2400G profite grandement de son overclocking en 720p, mais il reste déjà très efficace à ses fréquences stock. Le HD 630 d’Intel est hors jeu ici, tout comme le A10-9700. En Full HD (qualité basse), les différences s’estompent un peu et la GT 1030 reprend un léger avantage. L’overclocking aide toutefois les Ryzen à s’en sortir.

Notez toutefois la présence d’une certaine instabilité dans les temps d’affichage par rapport à la solution classique CPU et GPU indépendants.

Perf : Civilization VI

Full HD

720p

Le Ryzen 2200G se montre étonnant une fois overclocké ! Les deux APU d’AMD surpassent la solution Intel+NVIDIA, de peu certes, mais n’oubliez pas le prix des différentes plateformes, largement à l’avantage d’AMD ! Nous pensons toutefois qu’il est encore possible pour AMD d’améliorer ses pilotes pour réduire la variation des temps d’affichage.

Test intelligence artificielle

Image 50 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Le test d’intelligence artificielle mesure les performances du CPU dans un jeu de stratégie au tour par tour. Le Ryzen 5 2400G s’en sort très bien après overclocking, plus rapide qu’un Core i5-8400, ce qui est assez remarquable. En tout cas, on peut voir le progrès fulgurant par rapport à la génération précédente d’APU : les scores du A10-9700 sont loin, très loin…

Perf : DOTA 2

Full HD

720p

Les APU Ryzen sont débordés par la solution Intel+NVIDIA dans ce jeu, pourtant sous Vulkan, une API généralement à l’avantage de l’architecture GCN d’AMD. Rappelez-vous que ce jeu fut l’un des premiers à recevoir des optimisations spécifiques à l’architecture des Ryzen à leur sortie. La GT 1030 atteint son maximum en 1080p, pour un jeu qui est finalement assez exigeant… Pas tant que ça non plus puisque les principales configurations en présence permettent de jouer confortablement à DOTA 2.

Perf : Far Cry Primal

Full HD

720p

Nous avons été étonnés de voir un jeu exigeant comme Far Cry Primal dans la liste des jeux suggérés par AMD pour le test de ses derniers APU. Nous l’avons donc testé pour en savoir plus. Le jeu s’avère effectivement jouable en 720p, mais déjà beaucoup moins en Full HD, et avec toutes les options au minimum évidemment. Plutôt pas mal.

Perf : GTA V

Full HD

720p

GTA V est un benchmark incontournable, avec toutes les options au minimum cette fois, pour s’adapter au petit matériel de test. Le résultat du Core i5-8400 et sa GT 1030 en 720p est étonnant, et difficile de l’expliquer (nous l’avons pourtant refait plusieurs fois pour vérifier). Mais ce jeu est clairement exigeant en termes de puissance CPU, notamment pour éviter les micro-saccade et les baisses d’ips.

En fait, quand on examine les temps d’affichage, on constate que malgré un nombre d’images par seconde inférieur en moyenne, les APU Ryzen s’en sortent très bien dans ce jeu en offrant une régularité de performances exemplaire et donc une fluidité à la hauteur, sans saccade ni micro-saccade.

Perf : The Witcher 3

Full HD

720p

The Witcher 3 est étonnant de fluidité sur des systèmes aussi peu puissants. Il faudra jouer en 720p et avec tous les détails au minimum, mais on pourra presque prétendre à du 60 ips avec un Ryzen 5 2400G overclocké. En Full HD en revanche, c’est beaucoup moins fluide, mais la cadence d’affichage est régulière, sans saccade trop dérangeante.

Perf : bureautique

Adobe Creative Cloud

Les processeur Intel sont généralement plus rapides dans cette suite de test, mais la capacité des Ryzen à être overclockés change la donne pour ceux qui aiment bien bricoler leur PC.

Benchmark Web

Ces test ne sont pas les plus demandeurs en puissance, mais ils mettent à l’épreuve la réactivité du CPU dans des activités assez communes pour un CPU. Encore une fois, Intel est généralement meilleur mais AMD peut faire la différence une fois overclocké.

Productivité

Nous utilisons ici les tests de PCMark 8 et PCMark 10, qui sont assez représentatifs de la rapidité pratique d’un PC en bureautique. Le Ryzen 5 2400G overclocké peut parfois rivaliser avec le plus puissant CPU Intel de ce test, mais globalement, Intel est encore en avance dans ce type d’activité grâce à une puissance de calcul IPC plus importante.

Perf : encodage, rendu

Rendu

Nous pensions que le Ryzen 5 2400G allait mieux concurrencer les processeurs Intel grâce à ses 8 threads, mais il se trouve finalement derrière les six coeurs physiques du 8400 en général dans les tests. A fréquence d’usine, rien de bien miraculeux donc, mais encore une fois, un bon overclocking peut faire oublier quelques frustrations. Notez que tous les tests monocoeurs sont clairement à l’avantage d’Intel.

Encodage, compression

L’architecture Zen a toujours excellé dans les activités de décompression, et c’est toujours le cas avec Raven Ridge. Le Ryzen 5 2400G se débrouille aussi très bien en compression multicoeur. Notez aussi les très bonnes prestation des Ryzen dans LAME, pourtant monocoeur, ce qui nous fait dire que ce benchmark profite grandement de la réduction des latences de cache de Raven Ridge.

Il y a normalement plus d’écart entre AMD et Intel dans le test x265 à cause de l’utilisation des instructions AVX, mais ce n’est pas vraiment le cas ici. Encore une fois, le 2400G est plus compétitif dans les charges AVX que nous le pensions.

Attention toutefois, certaines tâches sont encore clairement à l’avantage d’Intel, notamment Y-Cruncher en monocoeur, et même en multicoeur. Nous avons pourtant utilisé la version 0.7.3.9474, qui inclut les dernières optimisations pour Ryzen.

2200G : fréquences, throttling

Jeux : The Witcher 3

Ce jeu est un incontournable de nos tests pour cartes graphiques, car il consomme toujours exactement ce que le constructeur a fixé comme limite de consommation. La carte “Skellige” en particulier produit la charge GPU la plus importante en jeu. Les convertisseurs de tension ont aussi fort et faire et seule la charge CPU reste modérée, le jeu ayant par ailleurs du mal à tirer avantage d’un grand nombre de cœurs.

Le plus petit APU ne consomme alors en moyenne que 32 W avec un court pic à 62 W. Les températures sont très raisonnables avec 44°C maximum au sein de l’APU et 48°C pour les convertisseurs de tension. La fréquence moyenne du CPU monte alors à 2,86 GHz, bien moins que les 3 GHz possibles. La partie graphique atteint sa fréquence maximale à 1100 MHz sur l’ensemble du test.

Image 129 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Torture du CPU : Prime95 Small FFT

Passons au test de torture. Le ventirad a fort à faire pour contenir la température aux environs de 80°C. La consommation moyenne augmente en effet à 54 W avec des pics à 67W, c’est à dire légèrement plus que le TDP annoncé.  La partie graphique reste elle bien sage à 220 MHz, tandis que les cœurs CPU tournent en continue à 3,65 GHz, plutôt pas mal sur tous les coeurs en torture !

Image 130 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Torture du GPU : MSI Kombustor Core Burner

Avec environ 38 W en moyenne, la partie graphique consomme peu, ce qui se ressent au niveau des températures qui ne dépassent pas 51°C pour l’APU et 56°C pour les convertisseurs de tension (avec le ventirad AMD pour rappel). Le GPU atteint une fréquence de 1100 MHz, malgré le caractère extrême de la charge. Pas mal pour un GPU intégré ! Les pics de fréquence du CPU sont plutôt à mettre sur le compte des tâches de fond. On ne remarque en tout cas aucune réduction de la fréquence sur l’ensemble du test.

Image 131 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Test de torture extrême avec le ventirad de base AMD

Après seulement six minutes de torture, l’APU se stabilise aux alentours de 95°C. Le ventilateur tourne à plein régime mais ne parvient pas à faire descendre la température. C’est limite, mais toujours acceptable. Les convertisseurs de tension atteignent 80°C. La consommation moyenne monte à un peu plus de 88 W avec un pic juste en dessous des 100 W.

Lorsque la température monte, la fréquence du CPU baisse d’environ 100 MHz, une perte vraiment minimale, d’autant plus que la partie graphique n’est pas touchée. Ainsi, même dans ce test de torture extrême, le ventirad AMD s’en sort – de justesse – avec les honneurs. 

Image 132 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Test extrême avec le Chiller

Notre refroidisseur industriel n’a évidemment aucun mal à neutraliser le léger throttling apparu sur le ventirad AMD. L’APU s’octroie en moyenne 90 W sur les quinze minutes de test avec un pic à 101 W. L’APU chauffe au maximum à 57°C et les convertisseurs de tension à 62°C. Un ventirad un peu plus évolué que celui d’AMD devrait donc facilement pouvoir contenir les températures et éviter tout throttling.

La fréquence du CPU et du GPU restent stables pendant tout le test. On peut donc éliminer le throttling, même dans une situation extrême telle que ce double test de torture. Les overclockers pourront donc viser une consommation en jeu équivalente à celle obtenue ici sans que les températures ne deviennent le facteur limitant. 

Image 133 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

2400G : fréquences, throttling

Jeux : The Witcher 3

L’ainé des APU AMD est certes plus puissant, mais il est aussi plus gourmand. En jeu, l’APU consomme en moyenne 40 W avec des pics à 85 W, comme on le voit sur le graphique suivant. Le 2400G est donc plus gourmand que le 2200G, mais aussi plus rapide…

La fréquence CPU est un peu plus élevée, même si on voit sur le graphique qu’elle oscille beaucoup. La fréquence GPU reste elle constante à 1240 MHz, ce qui permet un nombre d’images par secondes plus important. En contrepartie, les températures montent un peu, mais sans gravité car on reste en dessous de 50°C. Le ventirad fourni est donc absolument suffisant pour jouer.

Image 134 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Test de torture du CPU : Prime95 Small FFT

En test de torture, ça chauffe enfin pour l’APU qui atteint rapidement les 85°C. Le ventirad réussit à contenir l’augmentation des températures, mais les nuisances sonores s’intensifient. L’APU consomme en moyenne 76 W pendant notre test de 15 minutes et on observe des pics à 83 W. Le TDP annoncé de 65 W est donc ici clairement dépassé. Il faut dire que ce test de torture avec instructions AVX est loin de reproduire une situation du quotidien.

Au contraire, il simule le maximum envisageable et permet ainsi de tester l’efficacité du système de refroidissement. Avec l’augmentation des températures, la fréquence baisse très légèrement et on passe de 3,75 GHz en début de test à 3,7 GHz en fin de test, une diminution imperceptible en pratique. 

Image 135 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Test de torture du GPU : MSI Kombustor Core Burner

Passons au comportement bizarre que nous avons pu mettre en lumière avec nos tests. Nous avons bien sûr contacté AMD, mais au moment d’écrire ces lignes, personne n’a été en mesure de nous fournir une explication. On ne peut pourtant pas parler d’un cas isolé puisque le constructeur partenaire de cartes mères MSI a aussi observé ce comportement particulier sur d’autres exemplaires.

La consommation totale est plutôt modérée à 44 W et le pic de consommation a lieu après l’activation d’un genre de throttling. Il ne peut s’agit d’un throttling en raison des températures puisque celles-ci tournent aux alentours de 52°C avec une pointe à seulement 60°C.

C’est au niveau de la fréquence GPU que ce phénomène se laisse le plus facilement observer : si elle se montre très constante en début de test, une fois le mécanisme enclenché, elle entame une danse oscillante bien difficile à interpréter pour les non-initiés. Répétons que nous ne sommes pas les seuls à observer ce phénomène, les ingénieurs MSI ont constaté un comportement similaire.

Le plus agaçant, c’est que cette limitation un peu bizarre ne prenait pas fin à l’issue du test de torture : de nombreuses minutes après, le problème persistait et seul un redémarrage complet du système permettait d’obtenir un comportement normal du système. Voilà qui nous évoque plutôt le déclenchement d’un mécanisme de sécurité plutôt qu’un throttling classique. Ce phénomène est observable uniquement sur le Ryzen 2400G, mais sur tous les exemplaires testés.

Image 136 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Test de torture extrême avec ventirad AMD

Comme on pouvait s’y attendre, le plus puissant des deux APU testés doit réduire la voilure dans un test aussi exigeant. On enregistre une moyenne de 99 W sur les 15 minutes de test avec des pics à 128 W. Impossible pour le ventirad de dissiper autant de chaleur, il n’est évidemment pas taillé pour ça, et après seulement 3 minutes, un throttling apparaît.

La consommation se stabilise à environ 92°C et les convertisseurs de tension du package atteignent 80°C. Au niveau des fréquences, on observe un throttling en deux étapes. Tout d’abord, la fréquence oscille entre fréquence maximum et une fréquence beaucoup plus basse. Après environ deux minutes et alors que la température est montée à 95°C, l’APU change de stratégie. La fréquence du GPU et du CPU sont légèrement abaissées, de même que les tensions correspondantes, ce qui permet de diminuer le dégagement de chaleur. 

Image 137 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Si on interrompt le test pendant la première partie du throttling, c’est à dire quand la fréquence oscille fortement, l’APU est capable par la suite de revenir à la fréquence maximale, si la température le permet. Si au contraire les fréquences CPU et le GPU sont diminuées de concert, dans un deuxième temps, alors il est impossible par la suite que la fréquence maximale d’origine soit à nouveau atteinte et seul un redémarrage du système permet de remédier au problème !

Test de torture extrême avec le Chiller

Ce test montre que le throttling n’est pas dû aux températures, mais à un mécanisme de protection lié à la consommation. En effet, la température CPU monte à seulement 60°C, une valeur bien en dessous de laquelle la télémétrie devrait activer un quelconque mécanisme. Et pourtant, la consommation moyenne passe de 114 W (avec pics à 131 W) à moins de 100 W. La température des convertisseurs s’élevait à 64°C avant activation du throttling.

Image 138 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

On observe donc une baisse de fréquence d’environ 100 MHz pour le CPU et la même chose pour le GPU, certainement la conséquence d’une baisse de tension appliquée à l’APU. Le mécanisme enclenché, impossible d’atteindre à nouveau la fréquence maximale sans un redémarrage du système. Le truc un peu fou, c’est que pour seulement 100 MHz de moins, le gain de consommation est énorme !

Image 139 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Consommations des CPU

Récapitulatif des consommations

Nous avons regroupé les résultats précédents sous forme de graphiques à barres pour avoir une vue d’ensemble. Les pics de consommation sont représentés sous forme de barres grises, mais celles-ci ne montrent que la consommation maximale sur une période extrêmement courte, elles ne donnent donc qu’une idée de l’amplitude maximale.

Dans la pratique, ce sont les valeurs moyennes représentées en rouge qui sont les plus importantes car elles représentent la consommation moyenne obtenue au cours de chaque test.  Le Ryzen 3 2200G reste dans les scénarios réalistes en dessous de 40 W. Si on lance les tests de torture, la consommation s’envole, bien au-delà du TDP annoncé de 65 W, et le ventilateur peine à évacuer toute la chaleur induite. 

Image 140 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Le Ryzen 5 2400G est d’un autre calibre, mais il reste assez modéré au quotidien et ne dépasse pas les 50 W, même en jeu. En test de torture, c’est une autre histoire, la consommation atteint des sommets et le ventilateur fourni n’arrive pas à suivre, si bien que le processeur doit finalement baisser sa fréquence.

Image 141 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Dans des conditions normales, les deux processeurs sont donc faciles à refroidir et les ventilateurs fournis sont bien dimensionnés, de sorte qu’il n’y a pas vraiment de raison d’en changer. Les températures restent contenues et le ventirad refroidit également les composants alentours sur la carte mère. Voyons maintenant si ces bons résultats se font au prix de nuisances sonores importantes.

Bruit du ventilateur AMD

Les deux APU affichent un comportement identique sur notre carte mère. En jeu, les ventilateurs atteignent rapidement leur vitesse maximale, ce qui rend les nuisances sonores très prévisibles. Les graphiques suivants montrent les mesures au repos et en charge.  Au repos, le ventilateur tourne à 1588 tpm pour une température de 32°C.

Le spectre sonore confirme notre bonne impression : presque pas de bruits de roulement, seul le moteur aux alentours de 1 KHz se distingue dans la masse sonore. Le reste est principalement dû au brassage de l’air par les pales du ventilateur. Notre appareil mesure 33,7 dB, le système n’est donc pas vraiment bruyant et se laissera parfaitement oublier dans un boitier fermé. Le système n’est pas pour autant inaudible, et on aurait pu sans problème baisser la vitesse des ventilateurs à 1200 tpm sans que les températures n’en pâtissent. On se situerait alors en dessous des 30 dB.

Image 142 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

En charge, on atteint (presque) la vitesse maximale du ventilateur à 1906 tpm, que l’on passe par le mode PWM ou en adaptant la tension. Cette valeur reste la même en jeu ou dans les tests de torture. En test de torture, le flux d’air devient insuffisant, mais cela reste un cas limite. Les nuisances sonores montent à 37,5 dB. Le ventilateur se laisse donc clairement entendre, mais on ne peut pas dire qu’il soit bruyant. Le vrombissement du moteur est plus présent, comme on le voit sur le spectre sonore.

Image 143 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?

Conclusion

Image 144 : Test : APU Ryzen 2200G et 2400G, jouer sans carte graphique ?Pour ce test, notre principale question consistait à savoir si le Ryzen 5 2400G pouvait ou non jouer en Full HD avec les détails au minimum. La réponse est plutôt positive, mais teintée de frustration : avec certains jeux, même avec les options graphiques au minimum, il ne sera pas possible de profiter d’une fluidité vraiment confortable. Avec le 2200G, c’est une autre affaire : pas question de jouer en Full HD dans la majorité des jeux, mais le 720p est abordable ! Voilà de quoi sérieusement les envisager pour une configuration à bas prix capable d’encaisser bureautique, multimédia et quelques jeux sérieux en 720p.

L’autre avantage de ces deux processeurs Ryzen c’est l’équilibre de leurs performances pour un prix total de plateforme qui défie toute concurrence, au moins pour l’instant. Finalement, la facture la plus salée se retrouvera du côté de la mémoire vive, dont le prix est actuellement exorbitant, surtout que l’on conseille de maximiser les performances avec de la DDR4-3200.

Et sachant qu’il est envisageable d’overclocker les deux processeurs de manière relativement simple, ça pourrait être tout bénéf pour une petite plateforme polyvalente. On regrette toutefois qu’AMD soit cette fois passé à de la pâte thermique classique sous l’IHS, en ne soudant pas le die comme sur les Ryzen précédents. En résultent des températures qu’il faudra un peu plus discipliner.

Côté thermique et énergétique, les deux APU sont donc faciles à refroidir et les ventirads Wraith fournis par AMD sont tout à fait adaptés. Bien sûr, en charge, les ventilateurs se font entendre, mais ce n’est pas surprenant. Le Ryzen 3 2200G pourrait même être refroidi passivement en utilisation bureautique. Le TDP annoncé de 65 W n’est en effet presque jamais atteint si on ne s’amuse pas à lancer des tests de torture.

Le comportement bizarre du Ryzen 3 2400G après plusieurs minutes de test de torture ne devrait se faire sentir que très rarement (voire jamais) au quotidien, mais c’est tout de même agaçant de devoir redémarrer sa machine pour obtenir de nouveau la fréquence maximale ! AMD, à part quelques petites inexactitudes, livre donc une prestation très solide avec ces nouveaux APU !

Les petites améliorations d’architecture de Raven Ridge, notamment la baisse des latences du cache, sont de bonne augure pour les prochaines générations de Ryzen d’AMD…