Sapphire dévoile enfin la Radeon RX Vega 64 Nitro+, qui arrive en retard sur le marché, mais avec la promesse de corriger la plupart des problèmes auxquels les autres cartes étaient confrontées. Pari réussi ?
Présentation
« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point », voilà ce qu’on pourrait dire de la nouvelle carte de Sapphire, la Radeon RX Vega 64 Nitro+, qui arrive en retard sur le marché, mais avec la promesse de corriger la plupart des problèmes auxquels les autres cartes étaient confrontées. Voyons donc si le vieil adage est toujours d’actualité.
Qu’un constructeur prenne le temps de la réflexion, ce n’est pas courant dans un marché hyperconcurrentiel où on envoie souvent à la presse des exemplaires de préproduction avant même que la version finale n’ait été validée. Quand on se souvient des problèmes de surchauffe et de pâte thermique des premiers modèles testés, on se dit qu’un peu de réflexion a dû faire le plus grand bien.
Il faut dire aussi que l’expérience gagnée grâce à la production de la carte de référence a aussi joué un rôle, puisqu’elle a été fabriquée dans les même usines de Dongguan que la carte Sapphire. Cependant, la Nitro+ possède un PCB entièrement différent et le système de refroidissement est d’un autre calibre. Ajoutons que les problèmes de production du côté d’AMD expliquent aussi en partie pourquoi Sapphire a mis aussi longtemps à sortir la Nitro+.
Le constructeur a vu les choses en grand sur cette carte et pour soutenir son poids de 1,6 kg, une équerre est incluse dans la boite, afin de soulager la carte mère.
La carte en détail
La carte mesure 31 cm de long, 13 cm de large et 4,8 cm d’épaisseur, ce qui en fait une carte occupant 2,5 slots sur la carte mère pour un poids de 1596 grammes. Il faut aussi mentionner que la plaque arrière dépasse de 0,5 cm à l’arrière.
En plaçant la carte dans la première fente de la carte mère, il ne reste plus beaucoup de place pour le reste des composants. La hauteur de la carte est aussi potentiellement un problème, puisqu’aux 13 cm, il faut rajouter au moins 3 cm pour les câbles d’alimentation.
Le logo Sapphire sur la plaque arrière est pourvu d’un éclairage RVB qu’il est possible de personnaliser ou de désactiver.
L’interface logicielle de contrôle de l’éclairage est bien pensée et on s’y retrouvera facilement.
La coque du système de refroidissement est en plastique noir mat. Au niveau des deux ventilateurs extérieurs, le plastique devient transparent, ce qui permet de mettre en valeur l’éclairage RVB. Par défaut, un vilain bleu vous souhaitera la bienvenue, mais heureusement, cela se corrige dans les réglages.
Le dessus de la carte montre les trois connecteurs d’alimentation PCIe à huit broches et le logo Sapphire rétroéclairé par défaut en bleu, mais lui aussi paramétrable.
Un interrupteur permet de choisir entre le BIOS standard et une variante beaucoup plus économe en énergie. On obtient alors une carte plus silencieuse et moins chaude, mais aussi moins rapide. Pour chacun des deux BIOS, on peut choisir dans l’outil AMD WattMan entre trois modes : « Turbo » (cible de puissance poussée au maximum), « Équilibré » (mode par défaut) et « Économies d’énergie » (cible de puissance minimale). On a donc par défaut une large palette d’options et il ne sera pas forcément nécessaire d’avoir recours à un outil de tuning supplémentaire.
Les côtés de la carte révèlent les lamelles du radiateur orientées à la verticale, mais légèrement penchées, ce qui améliore la circulation de l’air et augmente la surface de dissipation. L’extrémité avant de la carte est close par une ailette de radiateur.
L’équerre PCI possède deux sorties DisplayPort 1.4, deux HDMI 2.0, et on a enfin renoncé au port DVI au profit d’ouvertures de ventilation. Ici, leur rôle est limité, puisque les ailettes du radiateur sont à la verticale.
Modèle | Sapphire RX Vega64 Nitro + | Radeon RX Vega64 Reference | Radeon RX Vega FE | Geforce GTX 1080 FE |
---|---|---|---|---|
GPU | Vega 10 XTX | Vega 10 XTX | Vega 10 XTX | GP104 (400-A1) |
Surface du die | 484 mm² | 484 mm² | 484 mm² | 314 mm² |
Transistors | 12.5 Mrd. | 12.5 Mrd. | 12.5 Mrd. | 7,2 Mrd. |
Fréquence GPU Base / Boost | 1423 MHz 1630 MHz | 1274 MHz 1546 MHz | 1138 MHz 1382 MHz | 1607 1733 MHz |
Shader/SIMD | 4096/64 | 4096/64 | 4096/64 | 2560/20 |
Unités de texturing / ROPS | 256/64 | 256/64 | 256/64 | 160/64 |
Pixel Fill Rate | 104.3 GPix/s | 98,9 GPix/s | 88,4 GPix/s | 114,2 GPix/s |
Texel Fill Rate | 417,3 GTex/s | 395,8 GTex/s | 353,8 GTex/s | 257,1 GTex/s |
Bus VRAM | 2048 Bit | 2048 Bit | 2048 Bit | 256 Bit |
Type VRAM | HBM2 | HBM2 | HBM2 | GDDR5X |
Bande passante VRAM | 483,8 Go/s | 483,8 Go/s | 483,8 Go/s | 320 Go/s |
Fréquence VRAM | 1,9 Gbps | 1,9 Gbps | 1,9 Gbps | 10 Gbps |
Quantité VRAM | 8 GB | 8 GB | 16 GB | 8 GB |
DX12 Feature-Level | 12_1 | 12_1 | 12_1 | 12_1 |
Connecteurs PCIe | 3 × 8-Pin | 2 × 8-Pin | 2 × 8-Pin | 1x 8-Pin |
TDP | 256 Watt | 295 Watt | < 300 Watt | 180 Watt |
Système de test
Le tout nouveau système de test et la méthodologie employée ont déjà été décrits en détail. Vous pouvez tout savoir en consultant notre article sur notre protocole de test standardisé des cartes graphiques.
Système | Intel Core i7-6900K @4.3 GHz MSI X99S XPower Gaming Titanium Corsair Vengeance DDR4-3200 1x 1 TB Toshiba OCZ RD400 2x 960 GB Toshiba OCZ TR150 Be Quiet Dark Power Pro 11, 850W Windows 10 Pro à jour |
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Refroidissement | Alphacool Eiszeit 2000 Chiller Alphacool Eisblock XPX Thermal Grizzly Kryonaut |
Moniteur | Eizo EV3237-BK |
Boîtier | Lian Li PC-T70 modifié (ouvert et fermé) |
Mesures électriques | Point de mesure sans contact sur le slot PCIe, via un riser PCIe Point de mesure sans contact sur les connecteurs PCIe d’alimentation Mesure directe au niveau de l’alimentation 4x oscilloscopes Rohde & Schwarz HMO 3054 multicanaux, 500 MHz avec fonction mémoire 4x pinces ampèremétriques Rohde & Schwarz HZO50 (de 1 mA à 30 A, 100 KHz, courant continu) 4x sondes de test Rohde & Schwarz HZ355 (10:1, 500 MHz) 1x multimètre numérique Rohde & Schwarz HMC 8012, avec fonction mémoire |
Imagerie thermique | Caméra infrarouge Optris PI640 Logiciel PI Connect |
Mesures sonores | Micro NTI Audio M2211 (avec fichier de calibration) Interface Steinberg UR12 (avec alimentation fantôme pour les microphones) Creative X7 Logiciel Smaart v.7 Chambre anéchoïque, 3,5 x 1,8 x 2,2 m (LxlxH) Mesures axiales, à la perpendiculaire du centre de(s) la source(s) sonore(s), distance de 50 cm Nuisances sonores exprimées en dBA (lent), analyse en temps réel (RTA) Spectre de fréquence représenté sous forme de graphique |
PCB et alimentation électrique
Le PCB en détail
Sapphire a profondément modifié le design de référence AMD. Ces changements visent en grande partie l’amélioration du refroidissement des composants. Grâce à l’absence des modules externes de mémoire, il est de toute façon plus aisé de répartir les étages d’alimentation sur l’ensemble du PCB. Ici, on observe les 7+1 phases bien espacées autour du package, plus quelques autres convertisseurs de tension pour les tensions intermédiaires, que nous étudierons aussi en détail.
Les trois connecteurs d’alimentation PCIe à huit broches possèdent chacun une bobine, afin de lisser les éventuels pics de tension. Par contre, nous n’avons pu découvrir aucun condensateur. Sur la face arrière, outre le socle du package, on observe sur la gauche le contrôleur PWM. Au niveau du MLCC, situé en dessous du package, on s’est contenté d’un X6S largement suffisant en raison des températures relativement basses permises par le système de refroidissement efficace. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir recours à des composants certifiés pour résister à des températures allant jusqu’à 125°C.
Entrées d’alimentation
Sapphire utilise pas moins de trois connecteurs d’alimentation PCIe externes pour ravitailler sa carte en courant. Chacun des connecteurs est pourvu d’un couple de disjoncteurs de 10 A et d’une bobine censée lisser les pics de courant entre le boitier d’alimentation et la carte graphique. Le courant provenant de la fente PCIe de la carte mère est aussi sécurisé par un disjoncteur de 10 A et une bobine de ferrite encapsulée.
On cherchera en vain les habituels shunts pour la mesure du courant. Comme Vega ne supporte pas le monitoring aux entrées, ils ne sont donc pas utiles. À la place, le PWM contrôle en continue les courants en sortie.
Le contrôle de la tension est assuré par deux puces INA3221 de Texas Instruments. Il s’agit d’un monitoring à triple canal pour le haut étage et le bus, qui supporte les interfaces I2C et SMBus.
Alimentation du GPU (VDDC)
Le quartier général de l’alimentation du GPU est situé au dos du PCB au sein du contrôleur PWM IR3521 d’International Rectifier capable de gérer sept phases GPU, plus une huitième, sur laquelle nous reviendrons. On compte 14 circuits de conversion du courant, car chacune des phases est dédoublée, ce qui permet de mieux répartir la charge entre les composants et éviter les points chauds.
Le doubling est assuré par sept IR3598 au dos du PCB. La conversion du courant proprement dite est opérée par 14 IRF6811 en high side et 14 IRF6894 en low side, ces derniers intégrant également une diode Schottky. Ces composants sont les mêmes qu’AMD utilise sur la carte de référence.
AMD utilise volontiers des bobines « black diamond » pour le VDDC et le MVDD. Il s’agit en fait de bobines à noyau ferrite encapsulé dont la surface est pourvue d’ailettes pour la dissipation. Ce petit luxe mis à part, les autres bobines sont tout à fait classiques.
Alimentation de la mémoire (MVDD)
Comme évoqué plus haut, la phase mémoire est contrôlée par le IR35217. Cette phase dédiée est plus que suffisante, car la mémoire HBM2 est nettement moins gourmande en énergie que la GDDR5. Le driver CHL815 est placé à l’arrière, et un NTMFD4C85M de ON Semiconductor transforme le courant. Ce MOSFET à double canal N s’occupe du high side et du low side.
Autres convertisseurs
La génération du VDDCI n’est pas très exigeante pour les composants, mais elle reste indispensable car elle assure le passage du signal entre GPU et la mémoire, c’est à dire la tension entre la mémoire et le cœur du GPU au niveau du bus d’entrées/sorties. En outre, une source de courant constante de 0,9 V est générée. Les convertisseurs dédiés se trouvent sur la face arrière du PCB.
Sur la face avant du PCB, sous le GPU, une puce Anpec APL5620 s’occupe du VPP. Ce composant très basse tension génère la tension PLL (Phase Locked Loop). Mentionnons aussi à l’avant une source de 1,8V (TTL, GPU GPIO).
Notre petite visite s’arrête ici, puisque les autres composants sont très classiques. On peut mentionner les deux puces de BIOS ST25P20VT de ST Microelectronics, ainsi que deux contrôleurs 8 bits programmables Elan EM88F758N, qui s’occupent de l’éclairage RVB et de la gestion des ventilateurs.
Ashes of the Singularity : Escalation (DX12)
Remarque importante
À plusieurs reprises, nous avons pu constater que la Sapphire RX Vega64 Nitro+ se plaçait derrière la carte de référence, bien que sa fréquence soit supérieure. Il ne s’agit pas là d’erreurs de mesures ou bien une illustration des faiblesses de la carte, puisque ce phénomène se reproduit sur d’autres cartes partenaires que nous avons testées. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à observer ce phénomène puisque les collègues du site Gamers Nexus ont fait état de résultats similaires.
Mais comme cela varie d’un jeu à l’autre, on peut supposer que les optimisations des pilotes AMD depuis le lancement de Vega n’ont pas fonctionné sur les cartes partenaires, celles-ci n’étant pas reconnues comme appartenant à l’architecture Vega. Les cartes partenaires seraient alors traitées comme des Radeon de génération précédente. Espérons qu’AMD saura résoudre rapidement de problème, mais en attendant, qu’on ne s’étonne pas des résultats parfois paradoxaux dans certains jeux.
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Voici le premier jeu victime du problème des pilotes sur cartes partenaires : la Sapphire reste malgré des températures inférieures et une fréquence plus élevée nettement derrière la carte de référence, laquelle talonne de peu les GeForce.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
Grâce à sa bande mémoire bien plus large, la Radeon RX Vega 64 dépasse les GeForce GTX 1070 Ti et 1080 en 4K. Ces deux cartes au bus mémoire identique atteignent un nombre d’images par secondes similaire. Seule la Sapphire est à la peine, handicapée par ses pilotes.
Battlefield 1 (DX12)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Dans Battlefield 1, les choses s’améliorent pour la carte Sapphire qui, grâce à son meilleur refroidissement et sa fréquence supérieure, dépasse la carte de référence tout en offrant une belle constance dans le framerate.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
Ici, la fréquence 10 % plus élevée se traduit par un nombre de FPS 7 % supérieur à la carte de référence, tout en offrant la plus grande constance.
Destiny 2
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Bien que Destiny 2 soit un jeu DirectX 11, ce qui devrait en théorie profiter aux GeForce, les cartes Vega offrent une solide performance, puisque la Sapphire se montre 19 % plus rapide qu’une GeForce 1080 (13 % pour la carte de référence).
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
Curieusement, en 4K, la GeForce GTX 1080 reprend la tête. La Sapphire reste devant la carte de référence AMD.
Tom Clancy’s The Division (DirectX 12)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Encore un jeu où la carte Sapphire se retrouve derrière la carte de référence à cause de problèmes de pilotes. Dommage, car en soi les résultats sont excellents face aux GeForce.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
En 4K, le classement reste le même. Espérons qu’AMD trouvera rapidement une solution pour que les optimisations fonctionnent aussi sur les cartes partenaires.
Doom (Vulkan)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Doom, basé sur l’API Vulkan, est un jeu qui tourne particulièrement bien sur les cartes AMD. La Sapphire RX Vega 64 Nitro+ se place ici devant la carte de référence, mais moins nettement que sa fréquence supérieure ne pourrait permettre d’espérer.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
En 4K, l’écart entre la carte Sapphire et la carte de référence se creuse un peu, sans bouleverser pour autant le classement.
Tom Clancy’s Ghost Recon Wildlands (DX11)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Dans ce jeu, la GeForce GTX 1080 de Nvidia domine les Vega. La carte Sapphire suit et se place légèrement devant la carte de référence.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
L’écart entre la GeForce GTX 1080 et les Vega se restreint nettement en 4K. Malheureusement, la Sapphire ne parvient pas à se détacher vraiment de la carte de référence, ce qui laisse supposer un potentiel encore inexploité.
Metro: Last Light Redux (DX11)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Dans ce jeu, on se retrouve avec un quasi ex æquo entre les deux Vega et la GeForce 1080. Curieusement, c’est la Sapphire qui reste un poil derrière les autres, alors que ce jeu plutôt ancien ne devrait plus voir d’amélioration significative de la performance via des mises à jour de pilotes. Un problème de pilote d’un autre ordre doit surement impacter la performance.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
La carte Sapphire reste derrière la carte de référence en 4K, tandis que la GeForce 1080 dépasse désormais les Vega d’une courte tête.
Middle-earth : Shadow of War (DX11)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Voilà enfin un jeu qui exploite correctement le potentiel de la carte partenaire Sapphire, du moins en quadHD. Bien que le jeu tourne avec DirectX11, la Sapphire se montre nettement plus performance que la carte de référence, écrase la GeForce 1080, et vient même faire de l’ombre à la GeForce GTX 1080 Ti.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
En augmentant la résolution, l’écart entre les cartes se restreint, mais c’est surtout l’ordre du classement qui s’inverse : la Sapphire atterrit derrière la GTX 1080. Nous avons recommencé plusieurs fois le benchmark avec des résultats identiques, sans pouvoir expliquer pourquoi. Peut-être le changement de qualité du rendu entraine-t-il un changement de comportement de la part des pilotes ? Affaire à suivre.
The Witcher 3 (DX11)
Résultats en quadHD (2560 x 1440 pixels)
Tout se joue ici à nouveau dans un mouchoir de poche, même si la Sapphire parvient à faire légèrement mieux que la carte de référence et la GTX 1080.
Résultats en 4K (3840 x 2160 pixels)
En 4K, il faut réduire la qualité de rendu pour obtenir un framerate acceptable. Du coup, la carte de référence Vega passe derrière la GeForce GTX 1080, tandis que la Sapphire se maintient de justesse à la deuxième place.
Consommation
Consommation dans différents scénarios
La carte Sapphire consomme en jeu 327 W, bien plus que les 300 W de la carte de référence. La performance se montre par contre bien plus régulière et les nuisances sonores sont plus contenues. Pas de miracle donc, mais il faut bien dire que pour une architecture donnée, il est difficile de se montrer plus performant sans augmenter la consommation d’électricité. Les constructeurs partenaires ne peuvent finalement agir que sur la partie refroidissement, les tensions et la cible de puissance.
Voici le diagramme d’évolution de la tension en jeu et en test de torture :
Respect des normes
Avec 2,7 A en test de torture, la carte consomme un peu moins de la moitié du maximum préconisé la norme PCI SIG au niveau de l’alimentation 12 V de la carte mère. En jeu, cette valeur descend à 2 A, même quand la carte est overclockée. L’alimentation de la carte est donc bien répartie et la carte mère n’aura aucun mal à fournir le courant nécessaire.
Graphiques détaillés de la consommation et de l’intensité du courant
Voici ci-dessous les courbes d’évolution de la consommation et de l’intensité du courant au cours de nos tests. On constate que la carte consomme pendant de très courts instants jusqu’à 388 W, mais ces valeurs ne sont pas inquiétantes car elles n’ont lieu que pendant quelques millisecondes.
Voici le graphique d’évolution de l’intensité du courant :
Si on augmente la cible de puissance au maximum, la consommation augmente d’environ 60 W, comme l’illustre le graphique ci-dessous. Les pics de consommation à 421 W sont enregistrés, mais la plupart des boitiers d’alimentation modernes sont en mesure de faire face à ces fugaces variations. Pas d’inquiétude à avoir donc, si ce dernier est relativement actuel.
L’intensité du courant grimpe elle aussi jusqu’à 33 A. C’est beaucoup, mais deux connecteurs d’alimentation à 8 broches auraient suffi pour satisfaire la demande. Le troisième connecteur est donc plutôt là pour impressionner.
En test de torture, les pics de consommation sont moins importants, même si la consommation reste supérieure à celle enregistrée en jeu.
L’intensité du courant se montre elle aussi plus régulière et ne révèle aucune faiblesse sur l’ensemble du test.
Températures, fréquences, overclocking et analyse thermique
Overclocking
Avec son bien meilleur refroidissement, le potentiel d’overclocking de la carte Sapphire et nettement supérieur à celui de la carte de référence et se rapproche même d’une carte refroidie par eau. Cela dit, il sera difficile de faire mieux sans augmenter les nuisances sonores de manière disproportionnée.
Comme nous l’avions évoqué dans l’article « Étude de la RX Vega 64 sous watercooling extrême », il faut en effet augmenter la consommation de manière drastique pour espérer obtenir un maigre gain de performance.
Températures et fréquences
Comme nous l’expliquions dans l’article précédent, nous nous bornons à reproduire la température communiquée par la sonde GPU, bien que l’on ait détecté à l’aide de nos appareils de mesure des points jusqu’à 13°C plus chauds que ce qui était communiqué. Même à ce niveau, les températures ne montent jamais à un niveau vraiment inquiétant pour les composants ou le PCB.
Même overclockée, la température maximale des modules de mémoire HBM2 ne dépasse jamais 80°C, il n’y a donc aucune inquiétude à avoir.
Voici le tableau récapitulatif de la température et de la fréquence GPU en début et fin de test :
Valeur de départ | Valeur finale | |
---|---|---|
Sur table de benchmark | ||
Température GPU | 39 °C | 70 °C |
Fréquence GPU | 1525 MHz | 1507 MHz |
Température ambiante | 22 °C | 22 °C |
Boitier fermé | ||
Température GPU | 41 °C | 70 °C |
Fréquence GPU | 1529 MHz | 1507 MHz |
Température au sein du boitier | 24°C | 43°C |
OC (boitier fermé, Witcher 3 4K) | ||
Température GPU (à 2944 tpm) | 29 °C | 73 °C |
Fréquence GPU | 1696 MHz | 1643 MHz |
Température ambiante | 24°C | 50°C |
Graphiques détaillés de la température et de la fréquence
Pour mieux cerner le rapport entre température et fréquence, voici le graphique d’évolution de ces deux paramètres pendant les 15 premières minutes d’échauffement.
Analyse infrarouge des températures à la surface du PCB
Pour finir cette partie, nous analysons à l’aide d’images infrarouges la répartition des températures sur le PCB dans différents scénarios.
Jeu et overclocking
En jeu, les composants restent bien au frais, car le flux d’air est adéquat. Le système de refroidissement essaye de maintenir le GPU en dessous des 70°C, de sorte que le dessous du package reste lui aussi à une température peu élevée. Les convertisseurs de tension sont tous bien refroidis et la chaleur émise par les doubleurs est absorbée par la plaque arrière.
Même bons résultats boitier fermé, puisque la température ne monte que d’environ 3°C.
Si on overclocke la carte au maximum tout en adaptant les réglages des ventilateurs de sorte à ne pas les mettre sur orbite, le système de refroidissement parvient malgré les quelques 390 W dissipés dans le boitier à maintenir la température à 73°C au niveau du GPU. Sur la face arrière du PCB, sous le package, la température reste en deçà de 80°C, on peut dont comprendre qu’on n’ait préféré laisser le MLCC tel quel ; les 77°C degrés relevés au niveau des convertisseurs de tension étant tout à fait raisonnables.
Test de torture
En test de torture, la consommation augmente un peu plus, mais sans que les températures ne deviennent pour autant préoccupantes.
Même test de torture, mais cette fois-ci boitier fermé, on obtient en moyenne deux degrés supplémentaires aux points les plus chauds, pas plus.
Phases d’échauffement et de refroidissement
Pour finir, observons de quelle manière la carte s’échauffe et comment elle refroidit : on voit ainsi quels composants ont tendance à réchauffer ou refroidir les composants voisins.
Système de refroidissement et nuisances sonores
Le ventirad et la plaque arrière
Ce que la carte consomme de courant, produit son équivalent en chaleur, et c’est au système de refroidissement de le dissiper pour éviter la surchauffe. Qu’on ne s’étonne donc pas de cet énorme radiateur juché sur une large chambre à vapeur. Pas moins de six caloducs se chargent de transporter rapidement la chaleur depuis cette chambre jusqu’aux extrémités de la carte.
La face intérieure de la plaque arrière est recouverte d’une pellicule noire pour mieux absorber le rayonnement thermique émis par la carte. Les doubleurs, les drivers, le contrôleur PWM, et les convertisseurs de tension de la phase mémoire sont tous surmontés d’un pad thermique pour mieux évacuer la chaleur.
Le système de refroidissement en détails | |
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Type de refroidissement | Par air |
Refroidissement GPU | Chambre à vapeur |
Ailettes | En aluminium, à la verticale Peu espacées, penchées |
Caloducs | 3 de 8 mm et 3 de 6 mm, en cuivre et matériaux composites, nickelés |
Refroidissement des VRM | Via le radiateur |
Refroidissement mémoire | Via la chambre à vapeur |
Ventilateurs | 2 de 9,7 cm à 9 pales 1 de 8,7 cm à 11 pales Mode semi-passif |
Plaque arrière | En aluminium, refroidit doubleurs, contrôleur PWM et drivers |
Observons plus en détail le ventirad en particulier. La chambre à vapeur recouvre à la fois le GPU et la mémoire HBM2. Elle est surmontée par deux caloducs de 8 mm d’épaisseur et deux autres de 6 mm, placées aux extrémités. Ces caloducs en métaux composites nickelés transmettent la chaleur aux ailettes du radiateur. Un dernier caloduc recourbé de 6 mm refroidit les convertisseurs de tension.
Ce ventirad est capable de prouesses en termes de refroidissement. Sapphire n’a rien laissé au hasard comme on peut aussi le voir aux nombreuses vis qui entourent la chambre à vapeur. Quatre vis entourent directement cette chambre et quatre autres garantissent une pression répartie uniformément à la surface du package. C’est bien vu car l’interposer est un composant fragile.
Comportement des ventilateurs et nuisances sonores
Les courbes d’évolution de la vitesse de rotation des ventilateurs sont un peu spéciales. Le mode semi-passif est assuré par le contrôleur, de sorte qu’à l’arrêt, WattMan indique que les ventilateurs sont encore en fonctionnement, à tort. C’est un peu bizarre si on lit seulement les valeurs transmises par les sondes, mais à l’aide d’un outil laser externe, il est facile de mesurer la vraie valeur. On voit aussi que les ventilateurs oscillent légèrement pour maintenir la température GPU à 70°C.
Comportement similaire en test de torture. La carte avec ses trois ventilateurs parvient sans forcer à maintenir les composants à des températures raisonnables.
Ce système de refroidissement possède encore des réserves importantes. On pourrait facilement le rendre plus silencieux au prix de seulement quelques MHz, mais on peut dire que Sapphire a trouvé un bon compromis entre nuisances sonores et performance élevée.
Ventilateurs et nuisances sonores | |
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Vitesse maximale sur table de benchmark | 1493 tpm |
Vitesse moyenne sur table de benchmark | 1485 tpm |
Vitesse maximale boitier fermé | 1611 tpm |
Vitesse moyenne boitier fermé | 1585 tpm |
Nuisances sonores maximales | 39,8 dB(A) |
Nuisances sonores moyennes | 39,1 dB(A) |
Nuisances sonores au repos | 0 dB(A) |
Impressions subjectives | Peu de bruits de roulement Bruits du moteur aux environs de 1 KHz Bruit du brassage d’air Léger crissement des bobines |
Le graphique ci-dessous effectué dans notre laboratoire montre le spectre sonore de la carte et vient compléter nos impressions subjectives :
Compte tenu du dégagement de chaleur, les 39,1 dB mesurés sont tout à fait raisonnables. On réussira à faire baisser un peu encore cette valeur si on le souhaite, mais cela ne nous semble pas nécessaire du fait de la performance obtenue dans cette configuration au sein du boitier, à l’intérieur duquel la température peut monter jusqu’à 50°C.
Résumé et conclusion
Laissons de côté les problèmes de pilotes qui touchent l’ensemble des cartes partenaires et coutent quelques FPS dans les benchmarks de jeu. On a pu en effet voir que lorsque ceux-ci n’avaient pas lieu, la Sapphire RX Vega64 Nitro+ se montrait clairement plus rapide que la carte de référence AMD. Nous préférons donc en premier lieu juger sa réalisation technique.
Si on est à la recherche d’une carte RX Vega 64 partenaire efficace, c’est à cette carte qu’elle devrait ressembler. Il est en effet difficile de faire mieux et les seules réserves émises dans ce test ne sont pas du fait de Sapphire mais d’AMD, qui doit encore revoir sa copie au niveau des pilotes. Une fois ces problèmes réglés, on se félicitera que Sapphire soit une fois de plus l’auteur d’une carte AMD plus que réussie.
Cette carte est en effet bien refroidie tout en restant relativement silencieuse. Il faut bien voir que la carte se rapproche des 400 W au-delà desquels il devient difficile de refroidir correctement un composant par air, les lois de la physique étant ce qu’elles sont. La carte offre plus de 150 MHz supplémentaires par rapport à la carte de référence, une fois celle-ci limitée par son refroidissement sous-dimensionné. Cette fréquence environ 10% plus élevée ne renverse pas la hiérarchie actuelle, mais c’est un plus appréciable pour les joueurs passionnés à qui cette carte se destine. Il ne sera par contre pas possible de tirer beaucoup plus de cette architecture.
Les réglages par défaut nous semblent être un bon compromis avec une performance élevée sans nuisances sonores excessives. On pourra aussi faire le choix d’une carte plus économe en énergie et très silencieuse, au point de se faire complètement oublier dans un boitier correctement ventilé. Chacun pourra donc choisir le profil qui lui convient.
Conclusion
- Réalisation technique
- Nuisances sonores raisonnables
- Refroidissement efficace
- Fréquences élevées
- Pilotes encore perfectibles