Introduction
Intel a récemment annoncé sa technologie Thunderbolt, précédemment connue sous le nom de code « Light Peak » : une interface offrant 10 Gbit/s en bidirectionnel et conçue pour permettre le branchement de toute une série de périphériques. Imprimantes, écrans, supports de stockage… tout cela est désormais connectable à l’aide d’un seul et même type de câble.
Cette technologie est toutefois encore bien loin d’être omniprésente : en l’absence de périphériques compatibles, le Thunderbolt ne constituera pas une option intéressante avant la fin de l’année au plus tôt. Qui plus est, dans un premier temps, les périphériques et les contrôleurs seront plus chers que leurs équivalents en USB 3.0, alors que ce dernier est déjà en train de conquérir le marché, et le fait que le premier appareil disposant de la nouvelle interface soit l’Apple MacBook Pro en fait pour l’instant, dans l’esprit de beaucoup, une technologie élitiste.
Certes, les 5 Gbit/s de débit offerts par l’USB 3.0 peuvent sembler un peu maigres au vu de celui développé par le nouveau venu, mais à l’heure actuelle, les supports de stockage à cette norme sont encore et toujours ce qui se font de plus rapide sur le marché. Dans cet article, nous allons passer en revue neuf de ces produits, et nous allons voir que, même s’ils ne sont nullement équipés de la technologie Thunderbolt, ils conviennent sans nul doute aux plus pressés d’entre nous.
Tendances sur le marché du stockage portable
Les clefs USB 3.0 se présentent généralement sous la forme d’un boîtier de la taille d’un briquet et offrent une capacité de stockage pouvant monter jusqu’à 128 Go (un chiffre qui devrait encore augmenter prochainement). Souvent, leurs débits n’ont guère à rougir face à ceux des SSD fonctionnant de manière native en SATA.
Il n’est plus irréaliste d’avancer des chiffres de l’ordre de 200 Mo/s en lecture. En écriture, les débits sont nettement plus faibles (en raison des caractéristiques physiques de la mémoire flash NAND MLC) mais restent toutefois généralement au niveau du taux de transfert en écriture des disques durs 2,5″ plus anciens. Il est donc assez facile, au quotidien, de copier de gros volumes de données sur une clef USB sans que l’attente ne soit interminable. Mais assez palabré : passons maintenant à une rapide présentation des 9 concurrents de ce comparatif.
A-Data Nobility N005 (16 Go)
La Nobility N005 n’est pas neuve : elle a été lancée à l’automne dernier.Son boîtier en aluminium gris jouit d’une finition soignée et bien ajustée au support de stockage proprement dit, et le connecteur est protégé par un capuchon amovible.Elle est disponible en versions 16, 32 et 64 Go et A-Data annonce des débits pouvant atteindre 55 Mo/s en écriture et 85 Mo/s en lecture (mais seulement 22 Mo/s et 60 Mo/s respectivement pour la version 16 Go).
Comme nous le verrons dans les benchmarks, les taux de transfert réellement mesurés sont en fait plus élevés que ceux annoncés ; malheureusement, les performances en E/S sont modestes. La N005 est donc adaptée au transfert de gros fichiers, mais considérablement moins à celui de fichiers de petite taille.
Kingston Data Traveler Ultimate 3.0 (64 Go)
Enveloppée d’aluminium brossé et de plastique blanc brillant, dotée d’une anse permettant de l’accrocher à tout type de porte-clefs, de chaînette ou de dragonne, l’Ultimate Data Traveler 3.0 n’est en fait que l’une des nombreuses clefs USB composant la gamme de Kingston ; elle est disponible en versions 16, 32 et 64 Go. L’exemplaire que nous avons reçu pour ce test était par ailleurs livré avec un câble d’extension.
Contrairement à la clef A-Data présentée en page précédente, la DT Ultimate est assortie d’une garantie de cinq ans ; il faut toutefois avouer que son prix est nettement plus élevé. Kingston annonce des débits de 80 Mo/s en lecture et 60 Mo/s ; comme nous le verrons dans les benchmarks, cette clef USB tient largement ses promesses. Un produit qui s’en tire très bien dans l’ensemble, si ce n’est en lecture/écriture combinée.
Kingston HyperX Max 3.0 (128 Go)
Comme l’OCZ Enyo que nous présenterons plus loin, la Kingston HyperX Max 3.0 n’est pas une clef USB à proprement parler, dans la mesure où elle a la taille d’un paquet de cigarette. Le modèle 128 Go que nous avons testé est assorti d’une garantie de trois ans. Le boîtier est d’un bleu métallisé plutôt agréable à l’œil et se connecte à l’aide d’un câble USB 3.0 (fourni).
Côté performances, Kingston annonce des débits de 195 Mo/s en lecture et 160 Mo/s en écriture qui se vérifient plus ou moins en pratique. Un excellent produit dans l’ensemble, sans faiblesse réellement handicapante (tout au plus ses performances justes moyennes en E/S) ; il s’en est fallu de peu pour que nous le déclarions champion de ce comparatif.
LaCie FastKey USB 3.0 (120 Go)
Avec son boîtier en métal brossé typique des produits LaCie, la FastKey est une clef USB 3.0 relativement classique, disponible en version 30, 60 et 120 Go et assortie d’une garantie de deux ans, ce qui est peu comparé à certains autres concurrents de ce comparatif (qui peuvent monter jusqu’à trois voire cinq ans). Elle est également particulièrement onéreuse.
Elle est également accompagnée de 4 Go de stockage en ligne, valable trois ans, chez Wuala (capacité supplémentaire disponible moyennant paiement) ; cet espace est accessible via un simple glisser-déposer et chiffré en AES via un logiciel nommé LA-PRIVATE.
Malheureusement, ces petits plus n’ont pas grande importance s’ils ne fonctionnent pas correctement : nous avons en effet dû formater la clef (et supprimer les partitions) pour procéder à certains tests, ce qui nous a ensuite empêcher de lancer la préinstallation du logiciel ; de même, nous n’avons pu installer sur Windows 7 64 bits le pilote Symwave fourni et censé permettre d’atteindre des débits supérieurs à 300 Mo/s.
MAJ du 21/06/2011 : Le driver 64 bits est désormais disponible à cette adresse.
Il faut toutefois admettre que, malgré ces quelques dérapages, LaCie a le souci du détail ; aucun autre fabricant ne fournit un document technique (livre blanc) aussi fouillé, complet et valable. Celui-ci indique d’ailleurs que la clef donne ses meilleures performances sur un Windows 32 bits.
OCZ Enyo (128 Go)
L’OCZ Enyo n’est pas une clef USB conventionnelle mais plutôt un lecteur portable particulièrement compact ; il est donc basé sur de la mémoire flash et doté d’une interface USB 3.0, mais affiche une capacité supérieure à ce que l’on trouve chez les concurrents. Nous avons testé le modèle 128 Go, mais des volumes de 64 et 256 Go sont également disponibles. OCZ offre une garantie de trois ans.
Le boîtier est en aluminium et dispose d’un port USB à une extrémité et d’un témoin lumineux à l’autre. Sa consommation annoncée est de 2,4 watts, ce qui est supérieur à la moyenne des clefs USB mais considérablement inférieur à celle des disques durs portables. Si vous utilisez votre portable sur batterie, nous vous conseillons néanmoins de ne brancher l’Enyo que quand vous en avez besoin.
OCZ annonce des performances pouvant atteindre 260 Mo/s en lecture et 200 Mo/s en écriture sur les modèles 128 et 256 Go (un peu moins sur la version 64 Go), ainsi que des débits soutenus de 150 Mo/s en écriture ; mis à part ce dernier point, qui s’est vérifié en pratique, ces chiffres sont quelque peu exagérés, mais l’Enyo reste dans l’ensemble l’un des meilleurs produits de ce comparatif (y compris en E/S).
Patriot Supersonic (64 Go)
La Patriot Supersonic est actuellement disponible en versions 32 et 64 Go (c’est cette dernière que nous avons testée) et devrait prochainement se décliner en des capacités plus élevées. Son boîtier, en aluminium noir, n’attire aucun commentaire particulier.
Le fabricant annonce des débits de 100 Mo/s en lecture et 70 Mo/s en écriture, ce que nous avons assez largement dépassé lors de nos benchmarks, mais les résultats se sont montrés très variables : les performances sur les petits fichiers ont ainsi été nettement plus décevantes que celles portant sur les fichiers de grande taille.
PQI Cool Drive U339V (64 Go)
Notre candidat suivant est le PQI Cool Drive U339V, censément disponible en versions 8, 16, 32 et 64 Go, mais nous n’en avons trouvé aucun exemplaire disponible chez les grands vendeurs en ligne ; nous espérons sincèrement qu’il ne s’agit pas d’un produit fantôme.
Le fabricant indique sur son site que cette clef offre « une bande passante dix fois supérieure à celle de l’USB 2.0 », ce qui ne correspond évidemment qu’au débit théorique. Il annonce également des débits de 10, 17 ou 30 Mo/s en écriture (selon la capacité) et 54 à 68 Mo/s en lecture, ce qui ne devrait pas être très difficile à atteindre.
Produit soigné aux performances raisonnables, la PQI Cool Drive U339V peut s’avérer intéressante si son tarif est correct. Ce qui reste à vérifier…
Super Talent ExpressDrive (32 Go)
Un avertissement concernant la Super Talent ExpressDrive : sur son site, le fabricant mentionne des débits de près de 130 Mo/s en lecture, mais ceux-ci sont en réalité basé sur des kilooctets de 1000 octets et non de 1024 (voir cette actualité). Les taux de transfert mesurés en pratique seront donc inférieurs.
Super Talent livre sa clef avec un pilote spécifique censé augmenter ses performances ; celui-ci apporte effectivement une très légère amélioration dans la plupart des benchmarks, mais celle-ci n’est pas systématique. Dans l’ensemble, ce pilote ne change pas grand-chose.
L’ExpressDrive est assortie d’une garantie de cinq ans, ce qui est appréciable.
Super Talent SuperCrypt USB 3.0 (32 Go)
La Super Talent SuperCrypt a la même capacité que l’ExpressDrive, est accompagnée du même pilote et est également assortie d’une garantie de cinq ans, mais est nettement plus rapide et se décline en versions 16, 32, 64, 128 et 256 Go (cette dernière étant hors de prix).
La spécificité de ce produit est clairement indiquée par son nom : lors de la première insertion, elle lance un programme nommé password.exe depuis une partition de 32 Mo. Vous saisissez alors un mot de passe qui déverrouille le reste de l’espace de stockage, chiffré en ECB sur 128 bits. Les données enregistrées sur la clef sont donc chiffrées (sans que les performances en souffrent trop, comme le démontrent nos tests).
Configuration de test
Matériel | |
---|---|
Composants | Détails |
Processeur | Intel Core i7-920 (Bloomfield) 45 nm, 2,66 GHz, 8 Mo de cache L3 |
Carte-mère | Supermicro X8SAX LGA 1366 Révision : 1.0 Chipset : Intel X58 + ICH10R BIOS : 1.0B |
RAM | 3 x 1 Go de DDR3-1333 Corsair CM3X1024-1333C9DHX |
Disque dur | Seagate NL35, 400 Go (ST3400832NS) 7200 tpm, SATA 1,5 Gbit/s, 8 Mo de cache |
Contrôleurs de stockage | eSATA :
eSATA (ICH10R) USB 2.0 : USB 2.0 (ICH10R) USB 3.0 : NEC D720200F1 (Gigabyte GA-USB3.0) |
Alimentation | OCZ EliteXstream 800 watts, OCZ800EXS-EU |
Benchmarks | |
Mesure des performances | h2benchw 3.13 |
Performances en E/S | IOMeter
2008.08.18 Benchmark « serveur de fichiers » Benchmark « serveur web » Benchmark « serveur de base de données » Benchmark « station de travail » Lecture et écriture en streaming |
OS et pilotes | |
OS | Windows 7 Édition Intégrale |
Temps d’accès
Il est rare que le temps d’accès ait un grand intérêt en pratique, mais il constitue un bon indicateur de la latence enregistrée durant les autres opérations.
Performances en E/S
Les performances en E/S sont un indicateur intéressant si vous souhaitez utiliser simultanément plusieurs applications devant avoir un accès direct au support de stockage ou procédant à des lectures/écritures aléatoires sur celui-ci. Les meilleurs exemples sont probablement les analyses antivirus (voir le benchmark « serveur web » pour des résultats équivalents), les téléchargements en P2P (« serveur de fichier ») ou un mélange de requêtes différentes en grand nombre (« station de travail »).
Si vous utilisez avant tout votre clef USB pour y sauvegarder des données, vous pouvez ignorer les résultats ci-dessous.
Taux de transfert séquentiel
Les résultats ci-dessous reflètent les débits en lecture et en écriture de données séquentielles. Les pages suivantes sont toutefois plus représentatives des performances enregistrées dans la vraie vie.
Lecture/écriture de fichiers images (JPEG)
Les images JPG utilisées pour ce test font toutes entre 1 et 3,5 Mo. Les clefs Kingston, OCZ et LaCie se démarquent ici clairement de la concurrence en lecture, et plus encore en écriture : là où les autres tombent souvent sous la barre des 10 Mo/s et sont donc plus lentes qu’un disque dur, elles parviennent à maintenir des débits tout à fait corrects. Si vous prévoyez de transférer souvent de volumes de ce type (nombreux fichiers de taille moyenne), évitez les produits plus lents que la Super Talent SuperCrypt, car ils ne justifient ni leur prix ni le recours à l’interface USB 3.0.
Lecture/écriture de fichiers MP3
Avec fichiers de taille un peu plus élevée, comme des MP3 (entre 3 et 10 Mo par fichier), les clefs Kingston, OCZ et LaCie dominent également la concurrence. Si vous utilisez avant tout votre clef USB pour stocker des données conventionnelles, rien ne vaut une OCZ Enyo, une LaCie FastKey, une Kingston HyperX Max 3.0 ou une Data Traveler (dans cet ordre). Les autres produits sont nettement à la traîne par rapport à ceux-ci.
Lecture/écriture de petits fichiers
Les résultats sont légèrement différents quand il s’agit de transférer des fichiers de l’ordre de 1 Ko : l’OCZ Enyo perd sa première place en lecture, bien que la Kingston HyperX Max 3.0 et la LaCie FastKey restent sur le podium. De manière globale, les débits sont également en retrait. Notons les performances affligeantes de la PQI et de la Patriot en écriture.
Lecture/écriture en streaming combinée
Ce test est intéressant pour ceux qui désirent effectuer simultanément plusieurs transferts de données dans les deux sens, par exemple copier de la musique depuis la clef et simultanément y effectuer une sauvegarde incrémentielle de l’ordinateur. Dans ce test, les produits Kingston (HyperX Max 3.0), LaCie et OCZ se montrent clairement plus rapides que leurs concurrents. La Kingston Data Traveler Ultimate, la PQI et l’A-Data affichent par contre des performances bien maigres.
Conclusion
Comparez avant d’acheter
Il existe aujourd’hui deux grands types de clefs USB 3.0 : les produits typiques, qui tiennent aisément dans la poche mais offrent une capacité généralement plus limitée, et les produits plus volumineux, qui font environ la taille d’un smartphone mais offrent en retour une plus grande capacité.
Les « clefs » Kingston et OCZ entrent dans la deuxième catégorie et dominent clairement nos benchmarks de performances. Elles sont toutefois plus encombrantes. À choisir entre les deux, nous recommandons toutefois l’OCZ Enyo, aussi véloce en lecture mais plus rapide en écriture.
La Kingston HyperX Max 3.0 n’est cependant pas la seule à avoir manqué de peu la palme : nous avons hésité à recommander la LaCie FastKey en raison des soucis que pose le logiciel qui l’accompagne, et plus spécifiquement son incompatibilité avec Windows 7 en version 64 bits, ce qui nous paraît inacceptable en 2011 pour un produit présenté comme haut de gamme. Mis à part cela, ce produit est excellent d’un point de vue technique ; la FastKey est la seule clef USB au format de poche à offrir des performances réellement impressionnantes.
MAJ du 21/06/2011 : Le driver 64 bits est désormais disponible à cette adresse.
Notre choix parmi les clefs USB 3.0 format compact revient de ce fait à la Super Talent SuperCrypt, qui combine chiffrement et performances sans réelle faiblesse.
Tous les autres produits de ce comparatif ont fait montre d’une faiblesse à un moment ou l’autre. Presqu’aucun d’entre eux n’est capable de traiter un nombre suffisant d’opérations d’E/S par seconde ; il faut toutefois concéder qu’il ne s’agit pas là d’un critère essentiel pour une clef USB. Le problème ne se situe donc pas là. Lorsque nous avons analysé les résultats des tests, nous avons comparé les performances obtenues par les différents produits à nos attentes en matière de périphériques compatibles USB 3.0. Et nous avons remarqué des incohérences qui ne devraient vraiment pas exister, surtout pour des appareils censés être extrêmement performants. Les 300 Ko/s obtenus par la clef PQI ou les 800 Ko/s affichés par la Patriot lors de l’écriture de petits fichiers sont tout simplement absurdes, surtout quand on voit que la plupart des clefs testées atteignent des valeurs de 7,5 à 20 Mo/s sans la moindre difficulté. La tâche est loin d’être impossible ; de tels chiffres signifient purement et simplement que les fabricants de ces produits doivent retourner à la planche à dessin.
Le test de lecture/écriture simultanée a également fait apparaître les limites de certains produits ; la Data Traveler Ultimate 3.0 de Kingston, par exemple, a plafonné à 8 Mo/s alors qu’elle s’est bien comportée dans les autres benchmarks.
Notre conclusion prend par conséquent la forme d’un avertissement : n’achetez pas de clé USB 3.0 sans avoir préalablement consulté des données de performances fiables. La probabilité que le logo USB SuperSpeed soit utilisé dans le but de vendre à prix d’or un produit techniquement inférieur est bien trop élevée pour prendre ce risque.