Inspection et premières impressions
Lorsque CompuLab nous a proposé une des déclinaisons les plus musclées de l’Airtop, nous avons sauté sur l’occasion. L’avantage de cette machine ? Proposer une configuration musclée dans un boîtier de petite taille totalement silencieux, car équipé d’un refroidissement sans aucun ventilateur. Voyons maintenant si la promesse est tenue : peut-on allier configuration puissante et refroidissement passif ?
Ce n’est pas un laptop, ni un desktop, c’est un Airtop. Ce PC petit format signé CompuLab est une petite merveille de design, pour le bureau, mais aussi pour le salon. Nous avons reçu la configuration la plus musclée du fabricant, capable de faire tourner des jeux vidéo, pour un test grandeur nature.
Caractéristiques techniques
CompuLab Airtop-G | |
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Prix (configuration reçue) | 1846 dollars (1645 euros) |
OS | Windows 10 professionnel 64 bits |
Processeur | Intel Core i7-5775C |
DRAM | 16 Go (2 x 8 Go) DDR3-1600 |
Périphérique de stockage | SSD 256 Go mSATA |
Carte graphique | EVGA GeForce GTX 950 2 Go GDDR5 |
Réseau | – Double Ethernet gigabit (Intel I218, I210) |
– Wi-Fi 802.11 ac AC (Intel 7260) | |
Stockage & connectique cellulaire | – 1x M.2 2280 |
– 4x baies 2,5 pouces (SATA 6 Go/s) | |
– Deux ports SIM | |
Interfaces | – 4x USB 3.0 |
– 6x USB 2.0 (2 à l’arrière, 4 en façade) | |
– 3x ports série RS232 | |
Prises audio | – Entrée micro |
– Sortie stéréo analogique | |
– Sortie audio numérique | |
Sorties vidéo (via carte graphique) | – 2x HDMI 1.4 |
– DisplayPort 1.2 | |
Sorties vidéo (circuit graphique intégré) | – HDMI 2.0 |
– 3x DisplayPort 1.2 | |
Alimentation | 250 Watts, double entrée redondante |
Dimensions (L x H x P) | 10 x 30 x 25,5 cm |
Poids | 5,8 Kg |
Un barebone pour 800 dollars
Le design du dissipateur passif, identique de chaque côté.La machine est aussi disponible en version barebone à partir de 795 dollars, mais sans CPU, ni RAM, ni GPU, ni stockage. Le modèle que nous avons reçu embarque un Intel Core i7-5775C, 16 Go de RAM et une GeForce GTX 950, le tout fonctionnant dans un parfait silence compte tenu de l’absence de ventilateurs. Sans oublier qu’il n’y aura plus aucun problème d’accumulation de poussière !
Pour mémoire, le processeur est basé sur le core Broadwell (c’est-à-dire la 5ème génération de l’architecture Core), un die shrink du core Haswell bénéficiant d’une gravure 14 nm (comme les récents processeurs Skylake) améliorant ainsi son rendement par rapport aux générations précédentes. De plus, l’habituel circuit graphique intégré Intel HD fait ici place à l’Iris Pro Graphics 6200, ouvrant ainsi de plus grandes possibilités dès lors que l’on achète un Airtop sans carte graphique dédiée.
Broadwell oblige, la configuration est exclusivement compatible avec la DDR3. Les deux ports DRAM acceptent un total de 32 Go de mémoire maximum (2x 16 Go), mais les barrettes de 16 Go en DDR3 sont aussi rares que chères : la configuration 16 Go (2x 8 Go) en DDR3-1600 que nous avons dans notre exemplaire de test est donc celle que l’on recommande de manière générale.
Prix choc
Attention au choc : ce PC coûte l’équivalent de 1650 euros, en vente directe chez CompuLab. Et pour l’avoir en France, il faudra dépenser encore plus, en passant par des importateurs. Ceci le place donc en concurrence frontale avec les portables et configurations fixes très haut de gamme, un constat un peu difficile à avaler vu la présence d’une simple GeForce GTX 950 (CompuLab ne propose pas plus puissant) quand bien même la configuration bénéficie d’un refroidissement intégralement passif. Reste que côté design, quand on aime l’innovation, on ne compte pas !
Du cuivre poli à son maximum.Heureusement, la carte graphique embarquée n’est pas un modèle générique sous-cadencé, mais une EVGA GeForce GTX 950 SC Gaming 2 Go GDDR5. Le fait que l’Airtop puisse s’accommoder de cette carte nous a surpris, sachant qu’elle affiche un TDP de 110 Watts pour une fréquence de 1152/1342 MHz en mode boost. Normalement équipée d’un dissipateur ACX 2.0 propre à EVGA, CompuLab a choisi de se débarrasser du refroidissement d’origine et de monter les ports HDMI et DisplayPort via une plaque à l’arrière du boitier, laquelle s’intègre parfaitement. En revanche, le port DVI-D disparait au profit du format mono slot de la carte, cette dernière bénéficiant d’un système de dissipation revu par CompuLab.
Notre Airtop a été livré avec un unique SSD de 256 Go en mSATA, mais les possibilités de stockage montrent bien l’orientation professionnelle du produit : l’Airtop accepte un maximum de quatre périphériques 2,5 pouces, un port M.2 et enfin un port mSATA. En revanche, le port M.2 ne gère pas les SSD NVMe, ce qui est plutôt opportun, compte tenu des limitations thermiques du boîtier (les SSD NVMe chauffent beaucoup).
La connectivité n’est pas en reste, puisque l’on trouve deux ports Ethernet Gigabit ainsi que Wi-Fi 802.11 ac et Bluetooth 4.0 grâce à une carte Intel 7260HMW. Signe supplémentaire du positionnement de l’Airtop, on ne compte pas moins de 10 ports USB (dont quatre à la norme 3.0), trois ports série (pour les entreprises) et enfin deux emplacements micro SIM.
L’ingénierie à son top niveau, sans ventilo
Si l’Airtop n’a rien d’excitant sur un plan visuel, les choses sont radicalement différentes sur le plan de la conception. Le boitier lui-même a été pensé pour dissiper la chaleur à l’aide de parois d’aluminium aussi épaisses que lourdes, lesquelles diffusent la chaleur émise par les composants. Cette approche thermique peu commune se ressent sur la balance : l’Airtop pèse la bagatelle de 5,8 Kg. Autrement dit, ce n’est pas le client idéal pour les LAN : le boitier a plutôt vocation à trouver sa place pour ne plus en bouger.
L’accès aux composants internes est facile puisqu’il suffit de débloquer la porte depuis l’angle supérieur du boitier tout en en appuyant sur la surface au sommet (laquelle est pour l’essentiel un énorme bouton-poussoir). Mieux vaut se préparer à réceptionner la porte vu qu’elle tombe alors littéralement à plat tout en sachant qu’elle pèse un poids conséquent (une expérience inoubliable lorsque l’on est en chaussettes !).
Une fois la porte dégagée, on constate que l’Airtop est effectivement dépourvu du moindre ventilateur. Le GPU est solidaire de la porte latérale, un radiateur en cuivre relayant la chaleur vers l’extérieur. Le processeur profite du même système, à la différence près que le rôle d’intermédiaire est joué par une épaisse plaque d’aluminium noir. Il faut retirer la carte mère pour accéder au CPU, qui est, de son côté, en contact avec un radiateur en cuivre, via une série de caloducs plats, dits « chambre à vapeur virtuelle ». Un design très bien pensé, qui s’est montré efficace lors de nos tests.
Benchmarks et conclusion
La partie graphique de notre exemplaire de test n’est évidemment pas suffisamment puissante pour que l’on puisse considérer l’Airtop comme une machine dédiée principalement aux jeux. Toutefois, nous l’avons traité comme telle, en lui faisant subir un tour de tests synthétiques (PCMark 8, 3DMark Fire Strike et Unigine Valley) ainsi que les benchmarks intégrés à Bioshock Infinite et Metro: Last Light Redux, pour voir dans quelle mesure la modeste carte graphique associée à un processeur Broadwell tenait le choc.
Le couple Intel Core i7-5775C & GeForce GTX 950 a rendu les comparaisons équitables assez difficiles : nous avons d’abord envisagé d’ajouter une configuration basée autour d’un Core i7 Haswell et d’une carte graphique identique à celle de l’Airtop, mais le fait de comparer un processeur dont la production ne tardera pas à s’arrêter à un modèle encore plus daté ne nous a pas semblé judicieux, malgré une certaine équité matérielle par ailleurs.
Nous avons finalement composé le panel de test en jouant sur l’échelonnement des prix, grâce à un AVADirect Avant P750DM-G (basé sur un châssis Clevo portant la même référence) et un MSI GS40 6QE-014FR Phantom, respectivement positionnés à environ 2000 et 1500 euros. L’Avant P750DM-G propose un Core i7-6700K associé à une GTX 980M, tandis que le Phantom embarque un Core i7-6700HQ et une GTX 970M. On verra donc comment l’Airtop se comporte face à des portables gaming.
Benchmark synthétiques – PCMark 8
L’avance de l’Airtop sur le GS40 s’explique par un processeur plus puissant, dont la fréquence de fonctionnement dépasse celle du CPU Skylake mobile que l’on trouve dans le portable de MSI. L’Avant P750DM-G se dégage grâce à un processeur Core 6ème génération en version desktop, bénéficiant à son tour d’une fréquence de fonctionnement supérieure, ainsi que d’un GPU plus performant.
Benchmark synthétiques – 3DMark Fire Strike
L’Airtop finit ici en queue de peloton du fait de sa carte graphique, tout en s’emparant de la première place sur le sous-test physique grâce aux bonnes performances de son processeur. Notons que l’Airtop n’est pas loin du GS40, ce qui est appréciable : rappelons que l’on compare une configuration passive embarquant une GTX 950 à un portable dédié aux jeux. Encore une fois, le processeur Core i7-5775C d’Intel montre ses bonnes performances, vous pouvez aussi le constater dans notre comparatif de 52 processeurs.
Benchmark synthétiques – Unigine Valley
Les résultats obtenus ici ressemblent à ceux que l’on vient de voir sur 3DMark Fire Strike : l’Airtop s’approche du GS40 et de sa GTX 970M, tandis que l’Avant P750DM-G reste au sommet.
Benchmark pratiques – Bioshock Infinite
Bioshock Infinite exerce une charge plus intense sur le processeur que sur la carte graphique, raison pour laquelle l’Airtop est au coude-à-coude avec le GS40 6QE Phantom sur la première scène du benchmark. Vers la fin du test, les calculs physiques se font moins intenses et le portable de MSI en profite pour proposer un débit d’images par seconde maximum et moyen significativement plus élevé. Toutefois, on remarque que l’Airtop parvient à un meilleur débit d’ips minimum grâce à son processeur desktop. Naturellement, l’Avant P750DM-G poursuit la course en tête.
Benchmark pratiques – Metro: Last Light Redux
Metro: Last Light Redux est un titre beaucoup plus exigeant que Bioshock Infinite en matière de ressources GPU : les faiblesses de la GTX 950 apparaissent alors évidentes par rapport aux GTX 980M et 970M. Si l’Airtop parvient ici au meilleur débit d’ips maximum, y compris face à l’Avant P750DM-G, il finit dernier pour ce qui est des performances minimum et moyennes.
La question des températures
Nos tests incluront très bientôt des images thermiques pour voir le comportement de la machine en termes de dissipation thermique. Sachez ici que le processeur n’a jamais dépassé les 55°C dans nos tests, et le GPU est resté encore plus frais, à 44°C avec des fréquences parfaitement stables, ce qui nous laisse penser que la machine serait capable de dissiper une puce beaucoup plus puissante !
Conclusion
L’idée d’un PC fixe à refroidissement passif est franchement séduisante, quand bien même elle n’a rien d’inédit. Il n’en demeure pas moins que le fait d’avoir intégré un Core i7 (même s’il ne s’agit pas de la toute dernière génération et que les Broadwell ne courent pas les rues) et une carte graphique, tous deux en version desktop, dans un format contenu et sans le moindre ventilateur rend le concept nettement plus novateur. Nous ne sommes plus très loin du stade auquel on pourra atteindre un débit d’ips satisfaisant sans avoir besoin d’un refroidissement actif des composants : à ce titre, l’Airtop est une preuve inédite en la matière.
Au delà de l’esthétique du boîtier et du rapport performances-prix de cette machine, nous nous sommes surtout demandés pourquoi CompuLab ne propose pas une GeForce GTX 980 MXM plutôt qu’une GTX 950. La marque nous a clairement fait savoir que cette alternative n’était pas envisageable pour le moment. Afin de rester dans les limites thermiques imposées par un refroidissement complètement passif (TDP max total de 200 W environ), CompuLab doit employer des composants à relativement basse consommation. De plus, le coût supplémentaire d’une carte MXM aurait poussé le tarif final de la machine à des sommets vraiment intolérables.
Lorsque CompuLab nous a demandé si nous étions intéressés par l’Airtop, nous avons répondu en choisissant la version la plus adaptée pour jouer. Néanmoins, la présence de trois ports série, la profusion de ports USB, la double entrée d’alimentation (pour la redondance) et les deux ports SIMM montrent bien que l’Airtop est avant tout conçu pour un usage professionnel, sans besoins de refroidissement dédié. Bien que cette version permette de jouer occasionnellement, sous réserve de choisir les titres et réglages adaptés, c’est avant tout dans les environnements où la consommation énergétique et le bruit sont les principaux critères de choix (services informatiques ou salons de particuliers sensibles à ces deux critères, par exemple) que l’Airtop constitue une possibilité séduisante. Pourquoi pas un futur modèle un peu plus volumineux, mais capable de refroidir une configuration plus axée sur le gaming ? En attendant, en tant qu’amateurs d’innovation et d’audace, on se contentera d’être juste amoureux du concept !