Netgear Orbi : il fait tout, et peut-être un peu trop
A, b, g, n, ac… les générations de WiFi se suivent et se ressemblent en promettant toujours plus de débit et une meilleure portée. Pourtant, il est encore très courant de subir des problèmes de couverture, dès qu’il s’agit de traverser un mur ou un plafond en béton. La dernière solution à la mode est le WiFi mesh, un réseau maillé, constitué de multiples points d’accès reliés entre eux, non pas par un câble Ethernet, mais par une liaison WiFi spécifique.
Netgear fut un précurseur sur ce marché avec sa gamme Orbi, un système haut de gamme composé d’un routeur et de satellites, compatible WiFi ac, MU-MIMO et promettant pas loin de 1 Gbit/s. Plus bas en gamme et donc plus abordable, Devolo propose son GigaGate qui, lui aussi communique sur une bande WiFi ac réservée. Deux produits au positionnement tarifaire opposé, mais aux promesses similaires. Deux produits en réalité très différents, comme nous allons le voir.
Netgear Orbi : un WiFi maillé de luxe
La gamme Netgear Orbi comprend plusieurs modèles. Pour ce test, nous avons reçu un kit RBK50, constitué d’un routeur et d’un satellite. Ils communiquent entre eux via une liaison WiFi ac 4×4 garantissant 1,733 Gbit/s de bande passante dédiée. Les clients sans fils, eux, peuvent se relier soit en WiFi ac sur la bande 5 GHz (jusqu’à 866 Mbit/s), soit en WiFi n sur la bande 2,4 GHz (400 Mbit/s max.). La technologie MU-MIMO, répond également présente, de sorte à mieux servir un grand nombre de clients simultanés.
Heureusement Netgear a plutôt réussi leur design. On n’hésitera pas à les placer en vue dans une pièce de vie, malgré leur taille généreuse : 172,5 x 81 x 225,5 mm et 891g sur la balance !
Chaque module fait en plus office de switch réseau, avec quatre ports Ethernet Gigabit. Ils possèdent également un port USB 2.0 – qui permet de rapidement partager une clé ou un disque dur en le mettant sur le réseau.
L’installation des Orbi est plutôt simple, mais pas parfaite. Après avoir branché les deux modules, le satellite va se connecter automatiquement au routeur. On peut alors se connecter au WIFi avec les paramètres par défaut inscrit sur des étiquettes sur les appareils. Ensuite la configuration se fait via une interface web et un assistant automatisé.
Configuration mal localisée
Au cours du processus, l’Orbi va vérifier la présence d’un autre routeur sur le réseau local. Dans notre cas, et dans celui d’une majorité d’utilisateurs, il y en un : la box. Or, même lorsqu’il la détecte, le routeur Orbi ne se met pas de lui-même en mode pont. On se retrouve alors avec deux serveurs DHCP et quelques conflits d’adresse. Il faut alors attendre la fin de la configuration assistée et fouiner dans l’interface web d’administration pour désactiver le mode routeur et passer l’Orbi en simple pont.
On peut sans doute attribuer ce défaut aux origines nord-américaines de Netgear : aux USA, les box n’existent quasiment pas et le marché des routeurs tiers est florissant. Et de fait, en tant que routeur, l’Orbi offre la panoplie d’options adéquates, comme l’ouverture de ports particuliers, le support de l’UPNP, l’accès distant via un service DynDNS, le filtrage d’adresse, etc.
De nombreuses options donnent la possibilité de bloquer certains appareils du réseau, certains protocoles ou services ou certains sites. L’Orbi peut même faire office de VPN, grâce à serveur OpenVPN à installer. Bref, on peut très bien préférer remplacer sa box avec !
Devolo GigaGate : le remplaçant du CPL
Plutôt que de concurrencer frontalement l’Orbi de Netgear et les systèmes maillés du même genre, le kit GigaGate de Devolo propose une réponse moins coûteuse (moitié prix, pour ainsi dire), mais forcément moins complète. Spécialiste historique du CPL, Devolo a conservé la même philosophie d’usage pour son produit WiFi : il vise simplement à relier deux points d’un logement.
Du WiFi n seulement
Le kit de base que nous avons testé se compose ainsi de deux modules : une base et un satellite – comme l’Orbi. Il est possible d’étendre le kit de base avec des satellites supplémentaires – comme sur l’Orbi. Les modules GigaGate sont nettement plus compacts que les Orbi, ce qui les rend plus faciles à dissimuler. Cela tombe bien puisqu’ils ne peuvent pas vraiment prétendre à gagner des concours de design.
Base et satellite communiquent entre eux à 1 Gbit/s (symétrique, donc 2 Gbit/s au total) par la grâce d’un « pont » WiFi ac 5 GHz – presque comme l’Orbi. Seul le satellite fait office de point d’accès WiFi pour des PC tiers – pas du tout comme l’Orbi. Et encore, le réseau WiFi des PC clients ne sert que du WiFi n à 300 Mbit/s maximum.
De même seul le satellite comporte un switch Ethernet. Ce dernier ne compte d’ailleurs qu’un seul port gigabit et quatre ports 100 Mbit/s. La base ne possède qu’un unique port GbE, indispensable pour se brancher sur le modem/box.
Compte tenu de ces limitations, le GigaGate apparaît beaucoup plus grand public que l’Orbi. Il sera très utile pour amener internet à l’étage d’une maison qui aurait son point d’accès à internet (prise téléphonique, câble ou fibre) au rez-de-chaussée. Pour un accès ADSL/VDSL/câble, il sera bien suffisant. Mais les heureux fibrés ou les gros utilisateurs de NAS seront forcément déçus.
Un produit grand public
L’installation est on ne peut plus simple. Dès l’allumage la base et le satellite se cherchent automatiquement et établissent leur lien. Ensuite, il suffit de s’identifier (SSID et mot de passe figurent sur l’étiquette du satellite) et on accède au réseau. On peut alors, si besoin, vérifier et modifier les paramètres dans une interface web de configuration, une pour chaque module. Dépourvu de routeur interne, le GigaGate n’interfère pas avec une installation existante. Devolo a également créé une application PC – Devolo Cockpit -, mais elle n’apporte rien de plus et renvoie aux interfaces web.
Ces pages permettent de visualiser l’état des connexions et notamment vérifier le débit effectif entre la base et le satellite. On peut également éteindre ou allumer le WiFi du satellite. Une fonction WiFi Clone permet de modifier en un tournemain le SSID et le mot de passe du WiFi émis par le satellite GigaGate afin de répliquer les réglages d’un WiFi préexistant – celui d’une box par exemple.
Performances : plus de zone morte !
Puisque ces kits ont pour but d’améliorer la couverture WiFi des foyers, nous les avons testés en situation. Notre maison cobaye représente une situation plutôt favorable puisqu’elle est de plain-pied, donc sans étage à traverser, et de surface moyenne (110 m2). L’installation comprend d’origine une box NumericableSFR Altice pour l’accès à internet, et une borne Airport Time Capsule d’Apple en WiFi 802.11 ac phase 1. Pour les tests, nous avons activé le beamforming implicite et le MU-MIMO sur le kit Orbi, deux cases décochées par défaut.
Le débit obtenu a été mesuré via l’application iPerf entre deux ordinateurs portables, l’un relié en Ethernet gigabit à la box, l’autre placé à quatre positions différentes, de plus en plus éloignées de l’émetteur WiFi. Équipé de deux antennes, notre portable de test pouvait espérer au mieux 866 Mbit/s en WiFi ac sur 5 GHz.
D’origine, la position 4 éloignée d’environ 15 m du point d’accès, derrière trois murs de béton pose des problèmes de couverture et n’offre pas un accès fiable au réseau. Dernière précision : les mesures ont été faites sur la bande des 5 GHz pour l’Orbi ou la Time Capsule et sur celle des 2,4 GHz pour le GigaGate.
Multiplier les points d’accès
Premier enseignement de nos mesures : ni le routeur Orbi, ni le kit GigaGate n’offrent une meilleure portée qu’une borne AirPort déjà pourtant assez âgée. Le GigaGate de Devolo est même largement défavorisé par son recours unique au WiFi n sur la bande 2,4 GHz, avec un maximum de 300 Mbit/s. Sur notre PC portables de test, cependant, la synchronisation ne s’effectuait qu’à 145 Mbit/s, pour des débits pratiques de 100 Mbit/s environ, au mieux. Ne comptez donc pas sur un simple remplacement du point d’accès central pour augmenter la couverture d’un logement. Il faut multiplier les points d’accès et justement, c’est tout l’intérêt des Orbi et GigaGate.
Une fois le satellite ajouté, le kit Orbi délivre maximum à la position 4. De même, pour le GigaGate. Il n’y a véritablement aucune surprise, puisque l’émetteur satellite se retrouve alors à courte distance et en ligne directe du PC de test. Les débits en position 3, à mi-chemin entre le routeur et le satellite ne sont pas meilleurs.
Un Ethernet Gigabit peut en cacher un autre
Il nous restait encore à vérifier un point : les performances maximales pour des périphériques reliés en Ethernet sur les satellites.
Côté Orbi, pas de mauvaise surprise, on tutoie le gigabit par seconde. Côté GigaGate en revanche, nous n’avons pas obtenu plus de 500 Mbit/s.
Deux solutions à deux problèmes différents
- Débits WiFi
- Débits Ethernet
- Design
- Facilité d'utilisation
- Fonctionnalités pléthoriques
- Encombrement
- Mode routeur par défaut
- Port USB 2 seulement
Le kit Orbi de Netgear tient parfaitement ses promesses. Il délivre des débits à la hauteur des espérances placées en lui et permet d’amener du WiFi très rapide là où un seul point d’accès central échoue. Cependant, ses performances se paient très cher. Monsieur tout le monde sera surtout perdu dans les options de configuration et très déconcerté par l’activation du mode routeur, même en présence d’une box !
- Couverture
- Facilité d'utilisation
- Prix raisonnable
- Extensibilité
- Performances : seulement du WiFi n et de l'Ethernet 100
- Design
Le GigaGate de Devolo se place comme un remplaçant des adaptateurs CPL, les performances en plus. Très simple d’installation, idéal pour Monsieur Tout-le-Monde ou Madame Michu, il permet de faire traverser des murs ou un plafond à une connexion internet. Il est cependant très dommage que Devolo n’offre que du WiFi n à 300 Mbit/s maximum ou des ports Ethernet 100 Mbit/s.