Présentation, système de test
Contrairement à la Sapphire RX Vega 64 Nitro+ qui fait dans la démesure, la RX Vega 64 Strix OC d’Asus a des airs de force tranquille, même si son éclairage RVB lui permet de se démarquer de la Gigabyte RX Vega64 Gaming OC, désespérément noire.
En raison de la pénurie de cartes Vega 64 et des prix pratiqués qui ne reflètent plus vraiment la différence de qualité d’une carte à l’autre, on peut se montrer heureux si on parvient à obtenir un exemplaire quel qu’il soit à base de Vega 64. Nuançons tout de même, car la disponibilité en Europe reste meilleure que dans d’autres régions du monde comme par exemple en Amérique du Nord ou en Asie.
Caractéristiques
Observons tout d’abord les spécifications de la carte, la fréquence de Boost annoncée restant toute théorique, puisque très difficilement atteignable au sein du Power Limit fixé par le constructeur :
Par rapport à la concurrence, la carte se situe à ce niveau :
Modèle | Radeon RX Vega 64 Reference | Asus RX Vega 64 Strix OC | Radeon RX Vega 56 Reference | GeForce GTX 1070 Ti | Geforce GTX 1080 FE |
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GPU | Vega 10 | Vega 10 | Vega 10 | GP104 | GP104 |
Surface du die | 484 mm² | 484 mm² | 484 mm² | 314 mm² | 314 mm² |
Transitors (milliards) | 12,5 | 12,5 | 12,5 | 7,2 | 7,2 |
Fréquence de base | 1274 MHz | 1274 MHz | 1156 MHz | 1607 MHz | 1607 MHz |
Fréquence boost | 1546 MHz | 1630 MHz | 1471 MHz | 1683 MHz | 1733 MHz |
Shaders/SIMD | 4096/64 | 4096/64 | 3585/56 | 2432/19 | 2560/20 |
Unités de texture | 256 | 256 | 224 | 152 | 160 |
Fill Rate Texels | 396 GTex/s | 417 GTex/s | 330 GTex/s | 244 GTex/s | 257 GTex/s |
ROP | 64 | 64 | 64 | 64 | 64 |
Fill Rate Pixels | 99 GPix/s | 104 GPix/s | 94 GPix/s | 108 GPix/s | 114 GPix/s |
Largeur de bus mémoire | 2048 bits | 2048 bits | 2048 bits | 256 bits | 256 bits |
Type de RAM | HBM2 | HBM2 | HBM2 | GDDR5 | GDDR5X |
Bande passante mémoire | 484 Go/s | 484 Go/s | 410 Go/s | 256 Go/s | 320 Go/s |
Débit RAM | 1,9 Gbit/s | 1,9 Gbit/s | 1,6 Gbit/s | 8 Goit/s | 10 Gbit/s |
Quantité de RAM | 8 Go | 8 Go | 8 Go | 8 Go | 8 Go |
Niveau DirectX | 12_1 | 12_1 | 12_1 | 12_1 | 12_1 |
Alimentation PCIe | 2 × 8 broches | 2x 8 broches | 2 × 8 broches | 1x 8 broches | 1x 8 broches |
TDP | 295 W | 295 W | 210 W | 180 W | 180 W |
Méthode de test
Le système de test et la méthodologie employée ont déjà été traités en détail. Vous pouvez tout savoir en consultant notre article sur nos nouvelles méthodes de test des cartes graphiques.
Système | Intel Core i7-6900K @4.3 GHz MSI X99S XPower Gaming Titanium Corsair Vengeance DDR4-3200 1x 1 To Toshiba OCZ RD400 2x 960 Go Toshiba OCZ TR150 Be Quiet Dark Power Pro 11, 850W Windows 10 Pro à jour |
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Refroidissement | Alphacool Eiszeit 2000 Chiller Alphacool Eisblock XPX Thermal Grizzly Kryonaut |
Moniteur | Eizo EV3237-BK |
Boîtier | Lian Li PC-T70 modifié (ouvert et fermé) |
Mesures électriques | Point de mesure sans contact sur le slot PCIe, via un riser PCIe Point de mesure sans contact sur les connecteurs PCIe d’alimentation Mesure directe au niveau de l’alimentation 4x oscilloscopes Rohde & Schwarz HMO 3054 multicanaux, 500 MHz avec fonction mémoire 4x pinces ampèremétriques Rohde & Schwarz HZO50 (de 1 mA à 30 A, 100 KHz, courant continu) 4x sondes de test Rohde & Schwarz HZ355 (10:1, 500 MHz) 1x multimètre numérique Rohde & Schwarz HMC 8012, avec fonction mémoire |
Imagerie thermique | Caméra infrarouge Optris PI640 Logiciel PI Connect |
Mesures sonores | Micro NTI Audio M2211 (avec fichier de calibration) Interface Steinberg UR12 (avec alimentation fantôme pour les microphones) Creative X7 Logiciel Smaart v.7 Chambre anéchoïque, 3,5 x 1,8 x 2,2 m (LxlxH) Mesures axiales, à la perpendiculaire du centre de(s) la source(s) sonore(s), distance de 50 cm Nuisances sonores exprimées en dBA (lent), analyse en temps réel (RTA) Spectre de fréquence représenté sous forme de graphique |
La carte en détail
La carte pèse 1286 grammes et se place donc entre le mastodonte de Sapphire et l’avorton de Gigabyte. Longue de 30,2 cm (de l’équerre PCI à l’extrémité de la coque de refroidissement), elle ne passera pas dans tous les boîtiers. Sa hauteur de 12,7 cm et son épaisseur de 4,5 cm complètent l’impression d’une carte qui prend ses aises.
Les trois ventilateurs de 9 cm viennent se loger dans des ouvertures de 9,2 cm de diamètre. Chaque ventilateur possède 11 pales et leur forme est optimisée pour le débit d’air plutôt que la pression statique, ce qui devrait profiter au refroidissement.
La plaque arrière est estampillée du logo ROG rétroéclairé en RVB. Elle permet de stabiliser le long PBC et participe au look général, mais ne contribue pas au refroidissement.
Il faudra en tout cas prendre en compte le dépassement de 5 mm de cette plaque arrière par rapport au PCB, ce qui pose parfois problème sur certaines cartes mère, ou bien lorsqu’on possède un radiateur CPU particulièrement imposant.
Sous la carte, on découvre des ailettes du radiateur orientées à la verticale ; elles sont plus épaisses que sur d’autres cartes Strix car Asus a choisi un format 2,5 slot plutôt que 2 slot, afin d’accroître significativement la surface de dissipation disponible.
Le dessus de la carte est typique des cartes Strix Asus : on retrouve la coque en plastique noir du système de refroidissement, le panneau rétroéclairé en RVB “Republic of Gamers” et à l’extrémité, deux connecteurs d’alimentation PCIe à 8 broches.
L’extrémité de la carte est recouverte par la coque du système de refroidissement, mais laisse entrevoir la fin des cinq caloducs de 6 mm de diamètre. On observe aussi de nombreuses prises : deux prises à quatre broches (fonctionnement en PWM) pour contrôler deux ventilateurs du boîtier, une prise pour contrôler un éclairage RVG externe, et deux autres prises déjà reliées aux ventilateurs de la carte et à son éclairage LED.
L’équerre PCI est équipée des cinq sorties que l’on retrouve sur la carte de référence. On retrouve deux sorties HDMI 2.0, deux DisplayPort 1.4, et l’antiquisante sortie DVI-I Dual Link.
Démontage : dissipateur et alimentation
Le PCB en détail
Pour le PCB, Asus, comme Gigabyte et Sapphire d’ailleurs, s’éloigne à tel point du design de référence AMD, qu’il ne sera pas possible de réutiliser les plaques de watercooling existantes pour refroidir la carte. Asus utilise six phases doublées pour l’alimentation du GPU (VDDC) pour un total de 12 circuits de conversion du courant, plus une phase pour la mémoire (MVDD). L’image suivante montre aussi les phases pour les composants secondaires.
On voit que les ingénieurs n’ayant pas la place pour aligner tous les convertisseurs des phases GPU, il a fallu placer les deux derniers sur le côté gauche. Ces deux convertisseurs sont donc refroidis séparément, ce qui se ressent au niveau des températures, comme on le verra plus tard.
À l’arrière du PCB, on ne retrouve aucun composant important n’ayant pas trouvé sa place à l’avant. On aurait pu en profiter pour appliquer un large pad thermique au niveau de la rangée de convertisseurs de tension afin de permettre leur refroidissement via la plaque arrière.
Système de refroidissement
La carte consomme du courant et produit son équivalent en chaleur, et c’est au système de refroidissement de le dissiper pour éviter la surchauffe. Et c’est à ce niveau que nous allons voir les problèmes de conception qui ont conduit aux températures élevées relevées à la page précédente.
Pour garantir la rigidité du PCB et refroidir les deux convertisseurs de tension placés sur le côté, Asus a recours à un cadre de stabilisation. Celui-ci est en outre vissé à l’équerre PCI et à la plaque arrière. Comme il ne doit refroidir qu’une seule phase, la température des deux convertisseurs de tension qui la composent est basse.
La partie non visible de la plaque arrière est recouverte de noir afin de mieux absorber le rayonnement de chaleur, mais Asus n’a toujours pas repris notre idée, que nous martelons depuis des années, d’impliquer la plaque arrière dans la dissipation via l’application des pads thermiques aux points les plus chauds, idée qui a d’ailleurs été reprise par de nombreux concurrents.
Chez MSI, Gigabyte ou EVGA et les autres constructeurs de cartes, ces pads, qui ne coûtent que quelques centimes pour des températures significativement plus basses, ont été introduits à la grande satisfaction des clients, et nous ne pouvons que conseiller à Asus d’entendre enfin raison.
Après tout, Asus n’est pas sourd aux désirs des clients puisque qu’il a réagi à la mode actuelle des éclairages RVB en équipant la carte de nombreuses LED multicolores.
Le système de refroidissement | |
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Type de refroidissement | Par air |
GPU-Kühlung | Via bloc de refroidissement en cuivre et matériaux composites, nickelé |
Lamelles du radiateur | En aluminium, à la verticale Peu espacées, non penchées |
Caloducs | 6 x 6 mm, en cuivre et matériaux composites, nickelés |
Refroidissement des VRM | 7 phase via le bloc de refroidissement des VRM sous le radiateur 1 phase via le cadre de maintien |
Refroidissement de la mémoire | Modules de HBM2 via le bloc de refroidissement |
Ventilateurs | 3 ventilateurs de 9 cm (ouverture de 9,2 cm), 11 pales par ventilateur Mode semi-passif |
Plaque arrière | Aluminium, recouverte d’une couche de noir Ne participe pas au refroidissement |
Passons au système de refroidissement à l’avant. Le bloc de refroidissement est traversé par six caloducs de 6 mm de diamètre en métaux composites nickelés qui transmettent la chaleur émise par le GPU aux ailettes du radiateur. On remarque aussi le bloc de refroidissement pour les VRM GPU placés en ligne.
Le bloc de refroidissement du GPU est constitué d’une plaque fine parfaitement lisse. On ne peut pas dire si la plaque a été polie après moulage ou bien si pendant celui-ci, on a fait preuve d’une grande maîtrise en limitant le plus possible son épaisseur pour que les caloducs soient le plus près possible du package, toujours est-il que ce système fonctionne bien et ne présente aucune faiblesse. Le seul point noir du refroidissement est à chercher sur la face arrière du PCB, dépourvue de tout refroidissement passif.
Performance en jeux QHD (2560 x 1440 pixels)
Avec une version du BIOS actualisée et les nouveaux pilotes AMD, les résultats parfois contradictoires obtenus lors du test de la Sapphire RX Vega64 Nitro+ sont de l’histoire ancienne ; la carte se comporte de manière beaucoup plus cohérente. Nous expliquons toutefois dans la partie températures et nuisances sonores la raison pour laquelle nous avons renoncé à overclocker la carte.
Résultats en QHD (2560 x 1440 pixels)
Nous commençons directement en QHD, puisque cette carte est destinée aux écrans à la résolution relativement élevée. C’est tout du moins la cible visée par AMD pour les cartes Vega. Par rapport à la carte de référence, le gain en fréquence est plutôt modéré et la performance n’augmente que légèrement. Ça reste assez pour rester toujours en tête, avec un écart plus ou moins grand.
Performances en jeux 4K (3840 x 2160 pixels)
En 4K, l’impression d’ensemble reste la même, bien que les cartes Vega soient un peu plus pénalisées dans certains jeux. Il s’agit d’une baisse de régime partagée par l’ensemble des cartes Vega, partenaires ou de référence, car il semble bien que ces cartes ne soient pas exactement destinées par nature au jeu en 4K : dans un nombre non négligeable de titres, il a fallu réduire la qualité du rendu pour obtenir une fréquence de rafraîchissement agréable. Notez que la Vega 64 est plus proche de la GTX 1080 que de la GTX 1080 Ti, la première étant destinée plutôt au QHD, alors que la seconde fait le café en 4K.
Les avantages d’une carte partenaire ne sont donc pas à évaluer en termes de FPS, mais plutôt selon la qualité du système de refroidissement et le niveau de nuisances sonores. Les cartes AMD souffrent en effet de manière récurrente de déficits à ce niveau. Avec une bonne carte partenaire, on ne de va pas beaucoup plus vite, mais on obtient généralement une carte moins chaude et plus silencieuse.
Consommation
Consommation dans différents scénarios
La consommation en jeu atteint 275 W en mode « Équilibré », soit 5 W de moins que la consommation de la carte de référence avec le BIOS par défaut. C’est étonnant puisque la performance est supérieure à la carte de référence. La mise à jour et des réglages de consommation dans le BIOS semble donc avoir porté ses fruits. En test de torture, on mesure 280 W, ce qui est tout à fait acceptable. En revanche, on est bien au dessus des consommations moyennes des différentes GeForce GTX 1080 du marché.
En overclockant la carte manuellement avec un Power Limit relevé de 50 %, la carte s’octroie plus de 330 W, tandis que le système de refroidissement devient rapidement le facteur limitant, si on n’augmente pas fortement la vitesse des ventilateurs. Nous avons donc renoncé à afficher les résultats en overclocking et présentons seulement ceux obtenus dans le mode « Équilibré », déjà éprouvant pour les composants.
Sur le graphique suivant d’évolution de la tension en jeu et en test de torture, on voit que le Power Limit influence fortement la tension :
Respect des normes
Avec au maximum 2,5 A en test de torture, la carte consomme moins de la moitié du maximum préconisé (5,5 A) par la norme PCI SIG au niveau de l’alimentation 12 V de la carte mère. En jeu, cette valeur descend à 2 A. L’alimentation de la carte est donc bien répartie et la carte mère n’aura aucun mal à fournir le courant nécessaire.
Graphiques détaillés
Voici ci-dessous les courbes d’évolution de la consommation et de l’intensité du courant au cours de nos tests. Évidemment, les variations les plus importantes ont lieu dans les jeux. On constate de très courts pics jusqu’à 330 W, mais ce n’est pas inquiétant car ces maximales ne durent que quelques millisecondes.
Le graphique d’évolution de l’intensité du courant illustre un comportement similaire :
En test de torture, les pics de consommation sont moins intenses, mais la consommation moyenne reste supérieure à celle enregistrée en jeu.
L’intensité du courant se montre elle aussi plus régulière et ne révèle aucune faiblesse sur l’ensemble du test.
Températures, fréquences, overclocking et analyse thermique
Overclocking et undervolting
Un overclocking traditionnel à l’aide d’une augmentation du Power Limit pour une fréquence légèrement supérieure contredit la philosophie du système de refroidissement, qui se propose avant tout de limiter les nuisances sonores tout en conservant une performance honorable. Il ne faut pas le pousser trop, sinon les nuisances sonores explosent. Comme nous l’avions évoqué dans l’article étudiant la RX Vega 64 sous watercooling extrême, il faut en effet augmenter la consommation de manière drastique pour espérer obtenir un maigre gain de performance.
Ce qu’il est possible de faire, par contre, c’est de baisser manuellement la tension. Attention, il ne s’agit pas de rendre le système instable, mais avec le programme OverdriveNTool, il est possible d’affiner les réglages pour tirer le maximum de chaque puce. Évidemment, le résultat dépend de la qualité de chaque GPU et varie d’une carte à l’autre (et malheureusement d’une version des pilotes à l’autre). Nous ne pouvons donc pas donner d’ordre de grandeur et chacun est libre ou non d’investir du temps dans ces réglages, sans pour autant avoir la garantie d’un résultat probant.
Températures et fréquences
Comme nous l’expliquions dans l’article cité plus haut, nous nous bornons à reproduire la température communiquée par la sonde GPU, bien que l’on ait détecté à l’aide de nos appareils de mesure des points jusqu’à 15°C plus chauds que ce qui était communiqué. Bien que ce soit des températures relevées dans des cas extrêmes, elles sont légèrement inquiétantes pour la durabilité des composants et du PCB.
Nous récapitulons dans un tableau la fréquence de Boost et la température enregistrées en début et fin de test. Il faut garder à l’esprit que la fréquence dans des scénarios moins exigeants sera plus élevée que les valeurs obtenues ici. Dans le jeu Wolfenstein 2, il est ainsi possible d’atteindre 1,6 GHz dans des scènes d’intérieur (beaucoup moins à l’extérieur).
Début | Fin | |
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Sur banc de test | ||
Temp. GPU | 36 °C | 75 °C |
Fréquence GPU | 1408 MHz | 1360 MHz |
Temp. ambiante | 22 °C | 22 °C |
Boitier fermé | ||
Temp. GPU | 39 °C | 76 °C |
Fréquence GPU | 1403 MHz | 1358 MHz |
Temp. dans boitier | 24°C | 49°C |
Température et fréquence
Pour mieux cerner le rapport entre température et fréquence, voici le graphique d’évolution de ces deux paramètres pendant les 15 premières minutes d’échauffement. On voit bien que les températures boîtier fermé montent de manière beaucoup plus abrupte que sur banc de test. Nous reviendrons sur les problèmes de la carte une fois placée dans un boîtier.
En jeu, la fréquence est environ 100 MHz supérieure à celle de la carte de référence. Cette augmentation d’environ 10 % de la fréquence se traduit par une augmentation de la fréquence de rafraîchissement de 5 à 7 %, un gain plutôt décevant. En test de torture, on observe presque la même évolution :
Analyse infrarouge
Pour finir cette partie, nous analysons à l’aide d’images infrarouges la répartition des températures sur le PCB dans différents scénarios. Pour que les résultats soient les plus proches possibles de la réalité, on a remplacé la plaque arrière, qui ne participe de toute façon pas au refroidissement, par des écrous, afin que la plaque de stabilisation à l’avant reste bien collée aux composants. Nous avons mesuré les températures avant et après l’opération, et n’avons constaté aucun changement.
En jeu
Dans le jeu Witcher 3, la carte est à la peine. Tant qu’on la maintient à la verticale sur le banc de test, les températures restent adéquates, mais dès qu’on la place dans un boîtier fermé, les choses se compliquent. On observe que les deux convertisseurs de tension relégués sur le côté sont moins chauds que leurs collègues alignés.
Boîtier fermé, la température des convertisseurs de tension augmente de 4°C. On voit bien ici la limite d’un système de refroidissement qui ne réagit qu’aux variations de températures du GPU en ignorant celle des autres composants. En augmentant un peu la vitesse des ventilateurs ou en impliquant la plaque arrière dans la dissipation, on aurait pu éviter de telles températures.
Test de torture
En test de torture, la consommation augmente un peu, la charge restant constamment très élevée, qui se ressent au niveau des températures.
Boîtier fermé, les points chauds prennent trois à quatre degrés de plus.
Les températures au niveau des convertisseurs de tension ne nous plaisent pas du tout, d’autant plus qu’elles finissent par rayonner jusque sous le package. Un refroidissement via pad thermique et plaque arrière n’aurait pas été de trop.C’est la raison pour laquelle nous avons aussi renoncé à overclocker la carte au maximum en relevant le Power Limit. Car la carte n’est pas seulement brûlante, elle se montre alors vraiment bruyante dans un boîtier fermé.
Qu’en conclure ? Pour quelques centimes, le constructeur aurait pu appliquer un pad thermique à l’arrière du PCB au niveau des convertisseurs de tension et gagner de précieux degrés. Dommage.
Nuisances sonores
Le mode semi passif est assuré par un contrôleur dédié communiquant la vitesse exacte des ventilateurs, alors que WattMan se base sur les valeurs PWM des ventilateurs inscrites dans le BIOS. L’évolution des courbes montre que la cible de température pour le GPU s’élève à 75°C. En début de parcours, on observe un démarrage puissant avant de baisser progressivement. Asus doit en effet se conformer aux directives AMD qui prévoient un tel profil.
Après ce démarrage en trombe en phase d’échauffement, les ventilateurs baissent de régime. Asus a voulu un peu trop bien faire en limitant le plus possible les nuisances sonores. Mais la vitesse des ventilateurs commence alors à osciller, ce qui pourrait être agaçant pour certains. Asus aurait dû appliquer une vitesse légèrement supérieure, mais constante, d’autant plus que les températures en profiteraient aussi.
On constate également à quel point la carte est sensible à l’environnement dans lequel elle évolue : boîtier fermé, les ventilateurs tournent beaucoup plus vite que sur banc de test. Ce différentiel est nettement plus important que celui observé sur les autres cartes partenaires. La raison de cette sensibilité est sûrement à aller chercher du côté des convertisseurs de tension mal refroidis et dont le réchauffement irradie jusque sous le package.
Comportement similaire en test de torture. La carte avec ses trois ventilateurs parvient à maintenir les composants à des températures acceptables, mais devrait revoir à la hausse la vitesse des ventilateurs et ajouter un refroidissement passif au niveau des VRM pour réduire leur température.
La carte ne possède donc pas de réserves pour réduire les nuisances sonores, au contraire, il serait sage de les augmenter légèrement. Boîtier fermé, la carte, qui se veut silencieuse, ne parvient cependant pas vraiment à remplir son contrat, comme on le voit dans ce tableau récapitulatif :
Vitesse des ventilateurs et nuisances sonores | |
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Vitesse max. des ventilateurs sur banc de test | 1847 tpm |
Vitesse moy. des ventilateurs sur banc de test | 1280 tpm |
Vitesse max. des ventilateurs boitier fermé | 2119 tpm |
Vitesse moy. des ventilateurs boitier fermé | 1666 tpm |
Nuisances sonores (plage) | 33,2 (minimum) à 44.5 dB (en phase d’échauffement) |
Nuisances sonores moyennes | 34,8 dB (chaude sur banc de test) 38,3 dB (chaude, boitier fermé) |
Nuisances sonores au repos | 0 dB |
Impressions subjectives / Caractéristiques du son | peu de bruits de roulement légers bruits du moteur aux environs de 1 KHz bruit du brassage d’air modéré crissement des bobines quasi imperceptible |
Le graphique ci-dessous effectué dans notre laboratoire montre le spectre sonore de la carte. La mesure débute avec le puissant démarrage des ventilateurs et se termine après stabilisation. Il vient compléter nos impressions subjectives. On observe clairement la baisse progressive de la vitesse des ventilateurs qui se traduit par une variation de la signature sonore de la carte.
Si on ne considère que le spectre sonore une fois la carte chaude, la signature sonore est beaucoup plus régulière. La carte n’émet que 34,8 dB sur banc de test, un bon résultat que la plupart des testeurs ont mis en avant. Placée dans un boitier fermé, c’est cependant une autre histoire puisque la carte dépasse alors 38 dB. Nous ne montrons pas le spectre sonore effectué dans ces conditions puisqu’il n’est pas directement comparable avec les deux autres.
Avec cette carte, il faudra donc plus que jamais s’assurer que le flux d’air au sein de son boîtier est correctement dimensionné, afin éviter que les trois ventilateurs de la carte ne donnent inutilement de la voix. Quand ils comment à ne brasser que de l’air chaud, cela s’entend…
Résumé et conclusion
En soi, la RX Vega64 Strix OC d’Asus est une carte solide, si on met de côté les convertisseurs de tension trop chauds. La carte est bien conçue et les composants choisis de qualité. Il aurait été difficile de faire beaucoup mieux. Mais malgré ces impressions globalement positives, certaines critiques importantes doivent être émises.
Tout d’abord les températures boîtier fermé. La carte réagit aussi négativement à l’enfermement en raison du flux d’air engendré qui est poussé vers le côté du boîtier puis retourne directement au-dessus des ventilateurs pour être absorbé de nouveau. Pour éviter ce phénomène, certains concurrents tournent les ailettes du radiateur ou adaptent la coque du système de refroidissement pour casser ce circuit fermé et éviter ainsi l’étouffement.
Nous aurions aimé pouvoir tester ce que l’application d’un pad thermique entre le PCB et la plaque arrière au niveau des convertisseurs de tension aurait pu donner en termes d’amélioration des températures ; malheureusement, la place était prise par le rétroéclairage RVB du logo RoG. Si Asus l’avait incliné à 90° ou bien simplement réduit un peu sa taille, on aurait pu effectuer cette modification. Mais en l’état, il n’est pas possible d’apporter cette rectification sans retirer l’éclairage de la plaque arrière.
Le comportement plutôt agressif des ventilateurs en phase d’échauffement est à mettre sur le compte des directives AMD, on ne peut donc pas critiquer Asus sur ce point. Cependant, nous aurions préféré des ventilateurs tournant un peu plus rapidement une fois la carte chaude, afin de contenir les températures. Si on augmente le Power Limit au maximum, les températures atteignent en effet les 100°C voire plus après 30 minutes de tests. Quand on sait que les fabricants de PCB conseillent de ne pas dépasser 95°C sur le long terme, il est légitime de se demander si de telles températures ne risquent pas de mener au dessèchement et/ou la déformation prématurée du matériel.
Mais même sans augmenter le Power Limit, la chaleur engendrée par les convertisseurs de tension après seulement 12 à 15 minutes irradie jusqu’au socle, de sorte que le package est chauffé par le dessous. Une analyse de la diffusion de la chaleur à la surface du PCB dans une hotbox aurait pu facilement mettre à jour ce comportement, d’autant que les constructeurs de PC possèdent en général un tel équipement composé de capteurs thermiques infrarouges.
- Carte équilibrée
- Puissance améliorée (BIOS et pilotes) face à la GTX 1080
- Connecteurs 4 broches pour 2 ventilos de boîtier
- Bruyante dans un boîtier
- VRM très chauds
- Pas de marge d'OC
Nous ne pouvons donc pas conseiller l’achat de cette carte, malgré le fait qu’elle soit par ailleurs bien réalisée et équilibrée. Elle est de toute façon difficile à trouver actuellement. De par son look, elle se distingue clairement de la Gigabyte, une carte passe-partout ennuyeuse. La Sapphire Nitro+ est au contraire une vitrine technologique du savoir-faire de l’entreprise, mais un véritable gouffre économique. La RX Vega 64 Strix OC d’Asus se positionne entre ces deux extrêmes. Ni produit d’entrée de gamme (toutes proportions gardées, on parle tout de même du top du top AMD), ni rêve d’ingénieur fou pour qui l’argent ne compte pas, elle pourrait être le choix de la raison qui se fait plaisir, si seulement la disponibilité suivait et les vendeurs ne jouaient pas au Monopoly avec la pénurie de GPU. Un overclocking au-delà des 300 W reste déconseillé, à moins de vouloir jouer à la roulette russe du PCB grillé, en supposant que le bruit des ventilateurs ne vous ait pas déjà découragé.