Ces ordinateurs qui ont façonné l’histoire

Sommaire
Image 1 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

1642 : la Pascaline

Cocorico ! Les ordinateurs ont pour ancêtre les machines à calculer et l’une des premières, l’une des plus influentes dans l’histoire fut inventée par le français Blaise Pascal entre 1642 et 1645. Cette machine que l’on finit par appeler simplement la Pascaline, comptait entre 5 et 10 roues crantées, marquant les unités, dizaines, centaines, milliers, dizaines de milliers. Mieux, en utilisant des roues à 12 crans au lieu de 10, la Pascaline permettait de compter en base 12 (qui était très utilisée au XVIIe siècle). Pascal aurait construit une vingtaine d’exemplaires de sa machine, dont certains se trouvent encore dans des musées.

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1942 : Colossus

Pendant trois siècles, on continua à perfectionner les machines à calculer mécaniques ou électromécaniques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande utilisait justement plusieurs de ces machines pour chiffrer ses communications. C’est le besoin de déchiffrer ces messages qui décupla les recherches des alliés et donna le coup d’envoi de l’informatique moderne. Le premier fruit de ces efforts est le Colossus, premier ordinateur partiellement programmable numérique électronique au monde. Construit en Angleterre au fameux Bletchley Park, il permit aux alliés de casser le code de la machine de Lorenz SZ40/42. Le Colossus comptait 2400 tubes à vide.

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1946 : ENIAC

L’ENIAC (Electronic Numerical Integrator And Computer, ou calculateur et intégrateur électronique numérique) fut le premier ordinateur réellement programmable, donc utilisable pour toute sorte de calcul et non pas pour résoudre un problème particulier. En cela ce fut le premier à satisfaire la définition d’une machine de Turing. Beaucoup plus complexe que le Colossus, l’ENIAC comptait 17 468 tubes à vide. Il avait la particularité d’utiliser des registres de dix bits, pour stocker des valeurs en base 10. L’ENIAC fonctionna jusqu’en 1955.

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1951 : Whirlwind Computer

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine eut l’idée d’utiliser un ordinateur comme simulateur pour entraîner les équipages de ses bombardiers. Elle confia la conception de la machine au MIT, sous le nom de code Whirlwind. Le projet fut précurseur sur de nombreux aspects. Premièrement, il devait réagir en temps réel. Pour ce faire, il calculait sur des mots de 16 bits avec 16 unités de calcul en parallèle quand ses contemporains traitaient plutôt des mots de 48 ou 60 bits en série. Whirlwind fut également le premier ordinateur doté de mémoire magnétique, de la mémoire à tore de ferrite, inventée pour l’occasion. Nos disques durs et mémoires Flash en sont les lointains descendants.

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1956 : MIT TX-0

Le Whirlwind eut un descendant direct, aussi construit au MIT, le TX-0. Le TX-0 fut le premier ordinateur programmable utilisant des transistors (inventés en 1947). Ceux-ci étaient à base de germanium et tournaient à 5 MHz. Grâce à eux, le TX-0 qui était un clone fonctionnel du Whirlwind pouvait être installé dans une seule pièce, alors que son aîné occupait tout un étage.

Le TX-0 termina sa carrière comme outil de recherche sur l’intelligence artificielle au MIT. Il eut lui aussi un descendant direct, le PDP-1 de DEC, considéré comme le premier “microordinateur”.

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1956 : IBM 305 RAMAC

Le RAMAC 305 d’IBM n’est pas remarquable pour sa puissance, sa miniaturisation ou ses transistors. Non, le RAMAC est remarquable, car c’est le premier ordinateur à utiliser un disque dur comme support de stockage. Ces disques étaient énormes : ils mesuraient 61 cm de diamètre. Chaque unité de stockage, les IBM 350 Disk Storage System, comptait 50 disques et atteignait une capacité de 5 millions de mots de 7 bits, soit l’équivalent de 5 Mo. Deux bras de lecture se déplaçaient pour sélectionner le bon plateau puis pour se positionner au-dessus de la bonne piste. La vitesse de rotation des disques était de 1 200 tr/min. Leur débit culminait à 8 800 mots par seconde, l’équivalent de 8,8 ko/s.

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1960 : DEC PDP-1

Le PDP-1 fut le premier ordinateur conçu par DEC, une marque dont l’influence sur l’informatique personnelle se mesure encore aujourd’hui (DEC conçut l’Alpha dans les années ’90, un CPU innovant, dont l’un des architectes, Dirk Meyer, parti chez AMD pour créer l’Athlon 64). Similaire au TX-0 il était encore plus compact et possédait un grand écran CRT circulaire de 23,5 cm de diamètre capable d’afficher 1024 x 1024 points au rythme de 20 000 points par seconde. Ces capacités graphiques ont donné l’idée aux chercheurs de créer le tout premier jeu vidéo de l’histoire, baptisé Spacewar!.

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1965 : DEC PDP-8

En 1965, DEC créa une nouvelle rupture en lançant le PDP-8. Ce miniordinateur de la taille d’un frigo américain avait été conçu pour être moins cher. À seulement 18 000 $ à sa sortie, il coutait en effet un cinquième du prix d’un IBM System/360, mainframe très répandu à l’époque. Par ailleurs, le PDP-8 compensait une puissance faible par une grande capacité d’interconnexion avec des périphériques. Le succès commercial fut immense : DEC en écoula 50 000 unités. Le PDP-8 fut donc le premier ordinateur de masse.

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1966 : Texas Instruments Cal-Tech

Les innovations produites par les recherches sur les gros calculateurs devenus de vrais ordinateurs programmables ont permis l’apparition de machines beaucoup plus petites. En 1958, Jack Kilby invente à Texas Instruments le circuit intégré, c’est-à-dire un ensemble de cinq composants électroniques sur un même bout de semiconducteur, en l’occurrence du germanium. Quelques années plus tard, le même Kilby utilise son invention pour créer la première calculatrice électronique de poche. Pas commercialisé, ce prototype portait le nom de Cal-Tech. Elle permettait de réaliser les quatre opérations de base (addition, soustraction, multiplication, division).

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1973 : le Micral N

Deuxième (et dernier) cocorico de ce dossier : le Micral N de 1973. Conçu par André Truong Trong Thi et François Gernelle, le Micral N est un des tout premiers modèles à utiliser un microprocesseur Intel, le 8008. Intel est l’inventeur du concept de microprocesseur et les commercialise depuis 1971, avec le 4004. Grâce à cette puce tout-en-un, le Micral N est cinq fois moins cher qu’un PDP-8 : il coûte 8 500 F soit 8200 € de 2012. Le Micral N embarque un i8008 et 250 ko de RAM. La marque sera rachetée par Bull qui l’utilisera dans les années 80 pour ses compatibles PC jusqu’en 1989.

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1974 : Xerox Alto

Xerox, voici un nom que nous n’avions pas encore cité dans ce dossier. Pourtant nous devons à cette société un grand nombre des concepts sur lesquels sont basés nos ordinateurs. En 1974, Xerox produit la station de travail Alto, le premier ordinateur équipé d’une souris qui servait à piloter une interface graphique à base de fenêtres et menus, en lieu et place du terminal textuel incontournable. L’Alto n’était pas un produit commercial, mais elle fut diffusée à grande échelle au sein de Xerox, dans son PARC (Palo Alto Research Center). Et c’est en découvrant l’Alto lors de sa fameuse visite du PARC qu’un certain Steve Jobs eut l’idée des innovations centrales du Macintosh.

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1975 : Altair 8800

Le milieu des années 70 marque réellement le début de l’informatique personnelle. L’une des machines qui ont permis son essor est l’Altair 8800. Distribué soit en kit, soit en version montée, l’Altair tire son nom du processeur qui l’anime, un Intel 8080. Il fut un succès instantané, MITS, son fabricant en vendant plusieurs milliers dès la première année. Extrêmement difficile d’emploi (il n’y avait aucune interface à part des interrupteurs et des diodes en façade) l’Altair n’en pas moins permis à une petite société de décrocher son premier gros contrat. Micro-soft fut le fournisseur du langage de programmation de l’Altair, l’Altair BASIC, un interpréteur pour le BASIC.

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1976 : Apple I

Face à l’Altair, l’Apple I semble un bonheur de simplicité. Steve Wozniak, son concepteur, a en effet installé tous ses composants sur une seule carte mère – l’Altair nécessitait au minimum cinq cartes. En outre l’Apple I contenait les circuits nécessaires pour afficher le terminal sur un téléviseur standard de l’époque. Une fois l’Apple I assemblé dans un boîtier, il suffisait donc de le brancher sur sa télé et d’y connecter un clavier pour pouvoir commencer à programmer. Apple Computer inc. a vendu 200 Apple I avant d’annoncer son successeur, l’Apple II. L’Apple I fonctionnait grâce à un CPU MOS 6502, 8 bits à 1 MHz. Ce dernier était bien moins cher que ces équivalents Intel ou Motorola. Il avait été conçu par une partie des concepteurs du Motorola 6800. Motorola intenta d’ailleurs un procès à MOS Technology. MOS Technology fut alors rachetée par Commodore, et le MOS 6502 devint le coeur du Commodore PET.

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1976 : Cray 1

Alors que l’informatique personnelle prend son envol, à l’autre bout de l’échelle de la puissance, une révolution secoue les supercalculateurs. Cray, entreprise fondée par son président éponyme Seymour Cray, a installé au Los Alamos National Laboratory son premier produit, baptisé selon une logique implacable, Cray 1. Ce supercalculateur était non seulement le plus puissant de son époque (80 Mflops), il était aussi le premier utilisant une architecture vectorielle, où la même instruction est appliquée à un très grand nombre de données. Cette nouvelle manière de concevoir les processeurs aura des répercussions énormes sur l’industrie et aboutira finalement dans les années 90 à la naissance des GPU.

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1977 : Commodore PET

1977 est une année charnière, qui voit l’introduction sur le marché américain de trois ordinateurs domestiques emblématiques : le PET de Commodore, l’Apple II et le TRS-80. Le premier à être annoncé au public, en janvier, fut le PET (Personal Electronic Transactor). Cette machine tout-en-un contenait un processeur 8 bits MOS 6502 à 1 MHz, 4 à 8 ko de RAM, 18 ko de ROM et affichait sur son écran monochrome de 9 pouces 40 lignes et 25 colonnes de texte. Il était fourni avec un clavier et un lecteur de cassette pour le stockage. Tout ceci pour 495 $ à l’origine ce qui fit de lui un succès commercial colossal.

Image 16 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

1977 : Apple II

En avril 1977, Apple dévoile son Apple II. Il reprend les bases de son aîné (dont le MOS 6502) mais est beaucoup plus simple à utiliser : il est livré monté dans un boîtier et non en kit. L’Apple II est aussi un des premiers ordinateurs à pouvoir lire et stocker des données sur des disquettes 5,25″ en plus des traditionnelles cassettes. L’Apple II avait également l’avantage de pouvoir afficher ses lignes de commande en couleur, une première à l’époque. L’Apple II resta pendant de longues années le coeur de la gamme Apple, qui lui donna de nombreuses déclinaisons : Apple II, II Plus, IIe, IIc, etc. La série continua jusqu’en 1993.

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1979 : Atari 800

Le nom d’Atari est indissociable du premier hit du jeu vidéo, Pong. Mais après avoir produit plusieurs consoles de jeu, la société essaya de pénétrer le marché naissant de l’ordinateur personnel. Ses premières tentatives prirent la forme des Atari 400 et 800. Le premier visait l’entrée de gamme et se présentait comme une console de jeu hybride, alors que le second était vendu comme un ordinateur à part entière. Matériellement, les composants étaient très similaires (processeur MOS 6502B à ~1,8 MHz, 8 ko de RAM, 8 ko de ROM). Le 800 se distinguait par un clavier complet, la possibilité d’accéder à la RAM et la ROM pour les faire évoluer et deux slots pour des cartouches de RAM. Mais les clients favorisèrent le 400.

Les Atari se branchaient sur un écran de TV classique (NTSC ou PAL) et pouvaient afficher au maximum 384 pixels par ligne avec une palette de 16 couleurs. Leur circuit vidéo gérait 8 sprites et permettait donc de réaliser des animations et des jeux. L’histoire d’Atari restera ainsi associée à celle du jeu vidéo.

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1981 : IBM PC

IBM qui régnait alors en maître sur l’informatique d’entreprises n’a pas ignoré le succès des ordinateurs personnels. Big Blue s’est donc attelé à la tâche de créer un concurrent crédible aux Apple II, PET et TRS-80. Pour cela une équipe restreinte à 12 ingénieurs fut formée. Elle bénéficia de passes-droits pour contourner les lourdes procédures de développement maison, afin de concevoir son produit le plus vite possible. Le Projet Chess aboutit en un an.

Le PC cassait un certain nombre d’habitudes d’IBM. Il n’était pas fabriqué à partir de composants maison, mais était un assemblage de divers composants existants chez autant de fournisseurs tiers. Mais par-dessus tout, ce qui fut la clé du succès planétaire du PC, fut la décision d’en faire une architecture ouverte. N’importe quel fabricant tiers avait le droit de produire des périphériques compatibles ou de concevoir des logiciels compatibles sans payer la moindre royaltie. Dès 1982, des sociétés telles que Phoenix, Award ou American Megatrends réussirent à reproduire par rétroingénierie (et donc légalement) le BIOS spécifique du PC, ce qui a permis l’apparition de la première de clones “compatibles PC”.

Le PC originel, IBM 5150, possédait un processeur Intel 8088 à 4,77 MHz, deux lecteurs de disquettes 5,25″ et 16 ko ou 64 ko de RAM. Il utilisait le BASIC comme langage de programmation et PC DOS comme système d’exploitation. PC DOS était un portage du 86-DOS créé par Seattle Computer Products pour le PC. Portage réalisé par Microsoft. On connait la suite.

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1981 : Osborne 1

Les ordinateurs devenant de plus en plus compacts et abordables, certains eurent l’idée de vouloir les rendre transportables. L’Osborne 1, fut le premier ordinateur portable mis sur le marché. Construit par Adam Osborne, il tournait sur un processeur Zilog Z-80, un clone plus rapide et moins cher de l’Intel 8080 à 4 MHz. Mais là encore, on retrouve dans l’Osborne 1 les idées avant-gardistes de Xerox. Dès 1976, en effet, Xerox avait créé le Notetaker, un prototype jamais commercialisé.

La comparaison avec les PC portables modernes peut faire sourire : l’Osborne-1 possédait un minuscule écran monochrome de 5 pouces de diagonale, pesait 10,7 kg et n’avait pas de batterie.

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1982 : Commodore 64

Cinq ans après le PET, Commodore revient sur le marché avec une machine qui marquera pour longtemps les esprits : le Commodore 64, ou C64. Toujours 8 bits, ce symbole des années 80 se présente sous la forme d’un clavier un peu épais renfermant tous les composants essentiels. Il est animé par un processeur MOS 6510 à environ 1 MHz, qui était une légère évolution du MOS 6502, adressant 64 ko de RAM. Le C64 possédait des capacités graphiques intéressantes pour l’époque. Son circuit vidéo MOS VIC-II savait afficher 320 x 200 pixels, un maximum de 16 couleurs. Il savait également générer des sprites matériellement ce qui a donné naissance à de nombreux jeux. Le C64 est également connu pour ses capacités audio. Commodore l’a mis sur le marché au prix très bas de 595 $, un exploit permis par le fait que Commodore avait racheté MOS Technology. Le C64 fut un énorme succès commercial : entre 1983 et 1986, il s’écoulait à plus de 2 millions d’unités par an, soit une part du marché des ordinateurs personnels de 30 à 40 %.

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1983 : Compaq Portable

La carrière de l’Osborne fut très courte. En novembre 1982, une toute jeune société créée par trois anciens cadres de Texas Instruments sort son premier produit : le Compaq Portable. C’est un ordinateur portable et un compatible IBM PC. Malgré un prix élevé (3 590 $, contre 1795 $ pour l’Osborne), son succès est immédiat : 53 000 unités dès la première année. Pour son prix, le Compaq Portable proposait en effet un matériel de qualité : processeur Intel 8088 à 4,77 MHz, 128 ko de RAM (l’IBM PC était limité à 64 ko), deux lecteurs de disquettes 5,25″, le tout avec MS-DOS. Il pesait 12,5 kg et intégrait un écran CRT de 9 pouces de diagonale.

Compaq eut l’intelligence de conclure un partenariat avec Intel lui garantissant la primeur des nouvelles puces du fondeur, notamment du 286, puis du 386, que Compaq mit sur le marché avant IBM.

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1984 : Hello, I’m a Mac

Les PC et leurs clones commencent à prendre l’ascendant sur leurs concurrents en 1984. Mais ils vont trouver un adversaire fantastique lorsque Apple lance son Macinstosh. La petite machine est révolutionnaire sur bien des aspects. D’une part elle est monobloc, très compacte, et prête à l’emploi, en un mot, rassurante pour les utilisateurs novices. Surtout, elle intègre des idées révolutionnaires à l’époque : son interface n’est plus un fruste terminal où les lignes de commande textuelles s’empilent, le Mac possède une interface graphique utilisant la métaphore du bureau, des fenêtres pour chaque application et des icônes. Ces images s’affichaient sur un écran noir et blanc de 9 pouces et 512 x 342 pixels. C’est cet écran qui a installé la résolution de 72 ppp comme standard pour les interfaces graphiques. Le Macintosh était aussi remarquable pour sa puissance : il embarquait un processeur Motorola 68000 à 8 MHz, 128 ko de RAM et un lecteur de disquette 5,25″ de 400 ko. Pour 2495 $, c’était une affaire !

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1984 : Amstrad CPC 464

Bien que les États-Unis fussent l’épicentre de la révolution de l’informatique personnelle, des machines intéressantes sont nées dans d’autres pays. L’Amstrad CPC est une de ces machines. Portant le nom de son créateur (Amstrad : Alan Michael Sugar Trading), la machine a pour principal intérêt son écran couleur (CPC : Colour Personal Computer). Le premier modèle, le CPC 464, est animé par un processeur 8 bits Zilog Z-80 à 4 MHz et possèdent 64 ko de mémoire vive (d’où son nom). Le CPC est pensé comme un tout-en-un : l’unité centrale et le clavier ne font qu’un et ils sont alimentés par le moniteur. L’affichage sur ce moniteur est géré en bitmap, avec trois modes disponibles : 160 x 200 pixels en 16 couleurs, 320 x 200 pixels en 4 couleurs ou 640 x 200 pixels en 2 couleurs. L’Amstrad CPC464 est d’architecture très proche d’un autre ordinateur personnel très répandu à l’époque, le ZX Spectrum. La compatibilité de ces deux plateformes et les bonnes capacités graphiques du CPC ont fait de celui-ci une plateforme de choix pour le jeu vidéo.

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1985 : Amiga 1000

En 1985, Commodore frappe un grand coup en lançant l’Amiga, un ordinateur réellement en avance sur son temps. La force de l’Amiga résidait dans ses coprocesseurs. En plus de son CPU Motorola 68000 à ~7 MHz, l’Amiga possédait notamment un chipset graphique évolué, capable d’afficher 600 x 256 pixels en 16 couleurs et de travailler en genlock avec une source externe. Grâce à cela, l’Amiga pouvait être utilisé pour réaliser des trucages vidéo par incrustation. L’Amiga avait également un très bon processeur audio, gérant 4 canaux 8 bits. L’Amiga 1000 possédait également une longueur d’avance dans son système d’exploitation, AmigaOS, qui était déjà multitâche préemptif 32 bits et doté d’une interface couleur elle aussi à base de fenêtres et icônes. Mais un mauvais marketing a empêché l’Amiga de s’imposer. Commodore fut par la suite incapable de capitaliser sur son avance technologique et se fit rattraper par les PC. Les derniers Amiga furent vendus en 1994.

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1987 : IBM PS/2

En 1987, le succès du PC ne faisait plus de doute, mais IBM en avait perdu le contrôle. Les fabricants de compatibles comme Compaq avaient pris de vitesse Big Blue : Compaq mit sur le marché le premier compatible PC doté d’un processeur Intel 386. IBM tenta de reprendre la main en lançant les PS/2. Au contraire du PC AT ou XT, PS/2 (Personal System 2) était plus fermé. Il introduisait notamment un nouveau BIOS “protégé” et un nouveau bus, utilisables sous licence. Techniquement le PS/2 était une très bonne machine, mais les concurrents d’IBM et les consommateurs ont parfois boudé cette machine plus chère. Le PS/2 apportait également un nouveau système d’exploitation : OS/2, codéveloppé par Microsoft. Celui-ci ne fut cependant doté d’une interface graphique qu’en 1988, après Windows 2.0. Échec commercial, le PS/2 nous a cependant légué son port clavier/souris, ou l’interface VGA.

Image 26 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

1989 : Poqet

En 1981, l’Osborne, premier ordinateur portable commercialisé pesait 10 kg et occupait une valise. Seulement huit ans plus tard, Poqet introduit le Poqet Computer, tout premier compatible PC au format “subnotebook”. L’engin ne pèse que 540 g et a la taille d’une enveloppe (22,22 cm de long, 10,92 cm de large, 2,34 cm d’épaisseur). À l’intérieur, un processeur clone de l’Intel 8088, mais fabriqué en CMOS, le 80C88 à 7 MHz, 512 ko de RAM et 640 ko de ROM contenant le BIOS, MS-DOS et quelques logiciels. L’écran de type DTSN réflectif affichait 640 x 200 pixels sur environ 7 pouces de diagonale. L’alimentation était assurée par deux piles AA : l’autonomie atteignait plusieurs semaines en usage normal !

Outre sa taille record, le Poqet inaugurait un concept qui lui a survécu jusqu’à aujourd’hui : les cartes mémoires. Dans un format qui allait devenir le PCMCIA, ces cartes embarquaient soit de la RAM pour permettre le stockage des données créées par l’utilisateur (une batterie incluse dans la carte conservait les données en mémoire), soit de la ROM sur laquelle étaient enregistrés des programmes supplémentaires. Point de mémoire Flash, qui venait tout juste d’être inventée et mise sur le marché.

Image 27 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

1991 : Psion Series 3

Encore plus petit que le subnotebook, l’assistant numérique personnel ou PDA, a reçu ses lettres de noblesse et connu son premier succès commercial d’envergure grâce à la petite société anglaise Psion. Dès 1984, elle lançait l’Organiser, certes compact, mais handicapé par un écran à ceux lignes. La percée fut opérée en 1991 par le Psion Series 3. Encore plus petit que le Poqet (165 × 85 × 22 mm) et moitié moins lourd (275 g), le Series 3 était moins puissant (avec son CPU NEC V30H, clone plus rapide de l’Intel 8088 à 3,84 MHz), l’écran moins défini (5 pouces, 240 x 80 pixels), mais il possédait l’ensemble des fonctions d’un PDA : carnet d’adresses, agenda, calculatrice, traitement de texte, tableur et même prise de notes manuscrites. En 1993, le Series 3a (ci-contre) double la puissance et la définition de l’écran. La gamme sera arrêtée avec Series 3mx en 1998.

Image 28 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

1992 : IBM Thinkpad

Si IBM a échoué sur le marché du PC de bureau, il a réussi à imposer sa marque dans le domaine des PC portables, et quelle manière ! En 1992, le constructeur lance le ThinkPad, un nom qui reste une référence pour les professionnels depuis 20 ans. Le premier ThinkPad était une tablette, la ThinkPad 700T, annoncée en avril 1992. Elle fut très rapidement suivie (en octobre) de deux autres modèles, des PC portables cette fois. Le plus haut de gamme d’entre eux, le 700C embarquait un processeur 486SLC (un 486 fabriqué par IBM) à 25 MHz, une nouveauté à l’époque, et intégrait un écran de 10,4 pouces VGA couleur, le premier du marché. La marque ThinkPad ainsi que toute la division ordinateurs personnels d’IBM ont été rachetés par Lenovo en 2005.

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1993 : Apple Newton

L’ancêtre de l’iPad, c’est lui : le Newton d’Apple. Pour être exact, Newton est le nom de la plateforme complète, Newton OS qui fonctionnait sur différents appareils Apple, Sharp, Motorola, etc. Il s’agit du premier essai d’Apple sur le segment des PDA, un terme d’ailleurs consacré par John Sculley, alors PDG d’Apple. Newton proposait quelques innovations majeures comme la reconnaissance d’écriture manuscrite sur son écran tactile. Les PDA sous NewtonOS d’Apple s’appelaient des MessagePad. Le tout premier d’entre eux utilisait un processeur ARM 610 à 20 MHz et 640 ko de RAM. Mais malgré cela le Newton fut un échec. Les premiers MessagePad avaient en effet une autonomie trop courte et les utilisateurs n’ont pas tardé à constater le manque d’efficacité de la reconnaissance manuscrite. Apple jeta l’éponge en 1998.

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1997 : Deep Blue

Pendant qu’Apple ou Psion cherchait à miniaturiser l’ordinateur pour le mettre dans toutes les poches, IBM poursuivait un tout autre but : rendre l’ordinateur aussi intelligent qu’un humain. Et pour prouver ses dires, Big Blue construisit un ordinateur capable de battre les meilleurs humains aux échecs. Son nom Deep Blue (nom composé de Deep Thought, mégaordinateur du fameux Guide du routard galactique et de Big Blue, le surnom d’IBM). Deep Blue fut opposé au champion du monde d’échec en titre Garry Kasparov, perdit son premier match en 1996, mais gagna le second en 1997 après avoir subi une grosse mise à jour. Dans sa configuration gagnante, Deep Blue était formé de deux racks contenant un total de 30 processeurs IBM P2SC (Power2 Single Chip) à 120 MHz et 480 coprocesseurs spécialisés. Sa puissance totale mesurée sous Linpack était de 11,4 GFlops ce qui en faisait le 259e plus puissant supercalculateur du moment.

Image 31 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

1998 : iMac


Pour Apple, les années 90 sont difficiles : ses parts de marché s’érodent dangereusement, les pertes s’accumulent, Mac OS vieillit face à un Windows 95 révolutionnaire sur PC. Mais Apple sera sauvé par le retour de son fondateur prodige, Steve Jobs, en 1997. Le premier fruit de ce retour fut l’annonce d’un lourd investissement de l’ennemi juré, Microsoft, qui s’engagea également à fournir Microsoft Office sur Mac. Puis en août 1998, Steve Jobs dévoila le digne descendant du Macintosh de 1984 : l’iMac. Sa conception tout-en-un minimisant les fils et sa coque translucide tranchaient radicalement des tours PC beiges qui étaient le standard de l’époque. Ce design allié à des choix techniques sans compromis (processeur G3 rapide, réseau 100 Mbit/s en standard, grand écran à haute définition, lecteur CD rapide, ports USB et disparition du lecteur de disquette) a assuré un succès immédiat à l’iMac : il s’en est vendu 800 000 pendant les 5 premiers mois suivant le lancement. Ce succès a restauré la confiance des fans dans leur père spirituel… on connait la suite.

Image 32 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

2000 : Tablet PC

L’idée d’un ordinateur sous la forme d’une tablette est presque aussi vieille que l’informatique elle-même, on la trouve dans des romans de science-fiction des années 50. Logiquement de nombreuses tentatives furent faites par les constructeurs pour donner corps à cette idée. En 2001, Microsoft décide que l’heure est venue pour le PC de devenir tablette et présente le concept Microsoft Tablet PC. Il s’agit d’un ensemble de caractéristiques obligatoires associé à une version spécialement adaptée de Windows XP. Mais ce cahier des charges était trop ambitieux pour la technologie de l’époque : le processeur x86 nécessaire à faire tourner Windows et ses applications imposait l’utilisation de batteries encombrantes et lourdes et l’écran LCD haute définition utilisable au stylet ajoutait aussi au poids. Au final, les Tablet PC s’écartaient beaucoup du but annoncé par Bill Gates de créer « des appareils fins, légers […] qui peuvent être tenus à une main, comme un bloc note papier ». L’un des meilleurs, le HP Compaq TC 1100 (photo ci-contre) pesait ainsi 1,8 kg et mesurait 2 cm d’épaisseur.

Image 33 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

2007 : Eee PC

Au cours des années 2000, Microsoft, Intel et de nombreux autres constructeurs ont cherché la formule gagnante de l’ordinateur miniature. Après le Tablet PC, nous avons connu les premiers UMPC de Microsoft, atrocement lents, les concepts MID d’Intel, tous sans succès et sans lendemain. Ou plutôt si : les recherches sur le MID ont poussé Intel à développer ses processeurs Atom et Asus à développer son Eee PC. Tous deux ont fait naître une nouvelle catégorie de PC portables, très petits, très légers et très bon marché : les netbooks. En quelques mois, le netbook a révolutionné le marché du PC portable : tous les constructeurs s’y sont mis, multipliant les modèles jusqu’à la nausée et en 2008, les netbooks représentaient 40 % des ventes de PC portables. Mais ce succès fut de courte durée. Renversés par les tablettes, les netbooks sont aujourd’hui officiellement morts, plus aucune marque n’en produisant.

Image 34 : Ces ordinateurs qui ont façonné l'histoire

2010 : iPad

Après une décennie de tâtonnements, la quadrature de la tablette fut enfin trouvée par Apple. Steve Jobs et ses équipes ont, il est vrai, été largement aidés par les progrès technologiques (processeurs ARM alliant très faible consommation et performances suffisantes, écrans plus fins, batteries plus puissantes). Mais ils ont aussi l’intelligence d’apprendre des erreurs de Microsoft. Ainsi l’iPad ne fonctionne pas sous Mac OS X, mais sous iOS, un système adapté aux ressources matérielles disponibles. De même, elle ne fait tourner que des applications repensées pour son interface tactile et non des applications prévues pour un clavier et une souris. Le succès de l’iPad est fulgurant, ses ventes progressant encore plus vite que celles de l’iPhone. Et trois ans après sa présentation, l’iPad possède toujours environ la moitié du marché. Les concurrents sont cependant enfin montés au niveau de la tablette Apple et rognent sur ses parts de marché. Apple, qui historiquement ne se bat pas sur les prix, devra pour conserver son avance initier la prochaine révolution de l’informatique.