Introduction
Il y a quelques semaines, nos bureaux allemands ont reçu en exclusivité la nouvelle carte graphique haut de gamme de HIS, la Radeon HD 7970 X2 (notez qu’ils ne l’appellent pas « 7990 »). Étant donné que nous avons aussi la PowerColor Devil13 HD 7990 6 Go en laboratoire, ainsi qu’une GeForce GTX 690 d’EVGA, nous avons décidé de déterminer quelle était la carte graphique la plus rapide de 2012.
D’une certaine manière, on peut se dire que l’exercice est futile. Après tout, la carte de PowerColor coûte environ 1000 € et est de toute façon en rupture de stock, tandis que la carte HIS n’est même pas encore en vente ; l’exemplaire que nous possédons fait partie d’un lot de production limité. Seule la carte EVGA est disponible en magasin ; certes, elle coûte aussi un millier d’euros, mais au moins il est possible de l’acheter.
Il n’empêche : ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de réunir trois monstres de vitesse tels que ceux-ci. La curiosité nous ronge, nous devons savoir laquelle de ces cartes est la plus rapide !
Overclockée en usine, la PowerColor Devil13 HD 7990 6 Go s’approche dangereusement de la GeForce GTX 690 dans nos tests de vitesse. La HIS 7970 X2, dévoilée au Computex mais jamais confirmée à 100 %, est enfin prête. Avec ses fréquences boostées, elle est censée être la plus rapide de toutes, mais sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions ? Avant de le vérifier, commençons par examiner les caractéristiques de nos trois concurrentes sur papier.
Radeon HD 7970 X2, Radeon HD 7990 et GeForce GTX 690 | |||
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HIS 7970 X2 | PowerColor Devil13 HD7990 6 Go | EVGA GeForce GTX 690 | |
Shaders | 2 x 2048 | 2 x 2048 | 2 x 1536 |
Fréquence GPU | 1050 MHz | 925 / 1000 MHz | 915 MHz +Turbo |
ROP | 2 x 32 | 2 x 32 | 2 x 32 |
GPU | 2 x Tahiti XT | 2 x Tahiti XT | 2 x GK104 |
Transistors (milliards) | 2 x 4,31 | 2 x 4,31 | 2 x 3,54 |
Mémoire | 2 x 3 Go | 2 x 3 Go | 2 x 2 Go |
Bus mémoire | 2 x 384 bits | 2 x 384 bits | 2 x 256 bits |
Fréquence mémoire | 1500 MHz | 1375 MHz | 1502 MHz |
Sur le plan technique, la carte HIS semble en bonne position. Pour autant que les chiffres annoncés se traduisent par de réelles performances et que les micro-saccades ne soient pas un problème côté AMD, elle pourrait donc emporter le titre. D’un autre côté, nous avons vu dans notre article GeForce GTX 690 : vaut-elle vraiment ses 1000 € ? que Nvidia disposait maintenant d’une carte haut de gamme rapide, svelte et silencieuse. Bref, il ne faudrait pas enterrer prématurément la firme au caméléon.
HIS 7970 X2 : le challenger
HIS 7970 X2 : la future reine ?
Annoncée en début d’année au Computex, la HIS 7970 X2 devrait être commercialisée prochainement.
Notre exemplaire de test fait partie d’une série limitée pratiquement identique à la version définitive ; seul le cache en plastique devrait être remplacé par quelque chose de moins « rafistolé ».
Dimensions
Fait plutôt rare, la carte de HIS occupe trois emplacements PCI Express, ce qui peut paraître énorme, mais ce serait oublier qu’elle a pour vocation de remplacer deux cartes en CrossFire ; au final, on peut donc considérer que l’on gagne un emplacement.
L’avantage de cet embonpoint est qu’il permet aux ingénieurs de HIS de prévoir un système de refroidissement des plus agressifs. Notez les deux ventilateurs de 95 mm centrés sur chacun des GPU de type Tahiti.
Alimentation
La HIS 7970 X2 est alimentée par trois connecteurs à huit broches. Chacun de ces connecteurs fournit 150 watts, mais cela ne suffit malheureusement pas encore à satisfaire les gigantesques besoins de la carte.
On note avec intérêt que le fabricant a doté chaque GPU de sa propre alimentation, ce que n’a pas fait PowerColor.
Les deux cartes ont toutefois en commun six étages d’alimentation par GPU et deux étages par banque de 3 Go de mémoire GDDR5. HIS utilise cependant des bobines Magic R30 nettement moins sifflantes que celles de la concurrence.
Refroidissement
HIS a doté chaque GPU de son propre ventirad, contrôlé indépendamment.
Les caloducs filent à l’horizontale tandis que les ailettes du radiateur sont orientées verticalement. Cela ne nous plaît pas trop : la moitié de l’air chaud qui traverse le ventirad termine sur la carte-mère tandis que l’autre moitié est expulsée vers le haut. Évidemment, cette configuration a ses avantages : la chaleur n’étant pas expulsée vers l’arrière, vos disques durs ne souffriront pas. HIS s’attend manifestement à ce que la 7970 X2 soit insérée dans un boîtier équipé de ventilateurs latéraux.
Les deux GPU de la 7970 X2 sont connectés à un commutateur LucidLogix LT22102 à 48 lignes configurées en 16 lignes montantes et deux fois 16 lignes descendantes. Malheureusement, celui-ci n’est pas compatible PCI Express 3.0, ce qui pourrait en théorie limiter les GPU Tahiti. En pratique, cela ne constitue toutefois pas un problème, dans la mesure où les puces graphiques actuelles ne parviennent pas à saturer un bus PCI Express 2.0 à 16 lignes.
EVGA GeForce GTX 690 : l’élégance
La tenant du titre sera dure à battre
La GeForce GTX 690 d’EVGA se décline en réalité en trois versions : un modèle de base dont le processeur est cadencé à 915 MHz et la mémoire à 1502 MHz, un modèle Signature cadencé de la même manière mais livrée dans un packaging distinct et enfin, un modèle Hydro Copper Signature watercoolé et cadencé à 993/1502 MHz.
La carte
La GeForce GTX 690 est dotée de deux processeurs graphiques GK104 totalement débridés ; la carte d’EVGA comprend donc un total de 3072 cores CUDA (1536 par puce), 256 unités de textures (128 par puce) et 64 ROP (32 par puce).
Nvidia a remplacé sont vieux bridge NF200, cantonné au PCI Express 2.0, par un commutateur PLX PEX 8747, qui gère 48 lignes PCI Express 3.0 (16 lignes ascendantes plus 16 lignes descendantes par GPU). La latence annoncée est particulièrement faible : 126 ns.
Mémoire et fréquences
Chaque GPU est assorti de 2 Go de mémoire GDDR5 sur un bus de 256 bits, une configuration identique à celle de la GeForce GTX 680 (carte mono-GPU, pour rappel), et qui donne forcément un débit maximal similaire, à savoir 192 Go/s.
La fréquence des cores est toutefois légèrement inférieure à celle de la GTX 680 : chacun des GK104 de la GTX 690 est cadencé à 915 MHz au lieu de 1006 MHz. Heureusement, tandis que la dissipation thermique de la carte ne dépasse pas son plafond de 300 watts, la fonction GPU Boost fait automatiquement passer cette fréquence à 1019 MHz, ce qui est à peine inférieur à la fréquence maximale de la GTX 680.
Consommation
La carte comporte deux connecteurs d’alimentation à huit broches qui, associés au port PCI Express, lui apportent un total de 375 watts. Sachant que les cartes bi-GPU consomment un peu moins que deux cartes mono-GPU équivalentes fonctionnant en SLI, nous nous attendons toutefois à ce que la consommation de la GeForce GTX 690 d’EVGA s’établisse aux alentours de 300 watts.
Connectique
La GTX 690 est dotée de trois connecteurs DVI et d’un DisplayPort et peut afficher simultanément sur quatre écrans.
Divers
EVGA offre une garantie de trois ans sur sa carte, ce qui est appréciable. Le fabricant semble également très fier de son logiciel Precision X, qui permet de régler avec précision les fréquences des cores et de la mémoire, d’ajuster la vitesse des ventilateurs et de suivre en temps réel les « signes vitaux » de la GTX 690.
PowerColor Devil13 HD 7990 : grosse et flashy
La belle ou la bête ?
En l’absence de carte de référence chez AMD, PowerColor a été le premier fabricant à commercialiser une Radeon HD 7990. Ce qui explique peut-être la taille, le poids, la consommation et le caractère sans doute un peu démesuré de son système de refroidissement.
Packaging
PowerColor propose deux Radeon HD 7990. La Devil13 est la plus rapide et la plus extravagante des deux.
Cette extravagance commence par le packaging, qui va jusqu’à inclure un support, extensible jusqu’à 235 mm, qui repose au fond du boîtier et soutient la carte ; sans celui-ci, son poids de 1,77 kg risquerait d’endommager la carte-mère.
L’emballage contient également un adaptateur DVI, un adaptateur mini-DisplayPort vers DisplayPort, un adaptateur mini-DisplayPort vers DVI single-link, trois adaptateurs secteur, un câble ruban CrossFire, un manuel et un jeu de tournevis !
Encombrement et refroidissement
À l’instar de la HIS 7970 X2, la PowerColor Devil13 HD 7990 occupe trois emplacements. Elle également équipée de trois ventilateurs. Celui du milieu a un diamètre de 75 mm et est légèrement incliné afin d’orienter le flux d’air, tandis que les deux autres font 90 mm de diamètre.
Alimentation
La carte comporte trois connecteurs à huit broches qui, avec l’emplacement PCI Express, lui apportent 525 watts. Une puissance énorme et pourtant insuffisante en charge.
La Devil13 est dotée de six étages d’alimentation par GPU.
Mémoire et bridge PCIe
La mémoire graphique de la carte est fabriquée par Hynix et est annoncée comme overclockable jusqu’à 1500 MHz ; sachant que le réglage d’usine est de 1375 MHz, il reste donc une certaine marge.
Le bridge PCI Express est un PLX PEX 8747 permettant aux deux GPU Tahiti de communiquer avec l’hôte en PCI Express 3.0 à 8 GT/s.
Connectique et double BIOS
Côté connectique, PowerColor nous offre deux mini-DisplayPort, un HDMI et deux DVI dual-link. Le gros bouton rouge permet d’alterner entre le BIOS normal et le BIOS overclocké de la carte ; il s’allume lorsque ce dernier est activé.
Les ouïes de ventilation situées à l’arrière de la carte sont assez étroites, ce qui signifie qu’une grande quantité d’air chaud prend la direction des circuits imprimés.
Configuration de test
Nous avons dans un premier temps testé les trois cartes graphiques dans notre configuration de test « VGA 2012 ». Nous avons ensuite examiné leur fonctionnement dans un boîtier fermé.
Configuration de test | |
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Processeur | Intel Core i7-2600K (Sandy Bridge), 32 nm, 4C/8T, 8 Mo de cache L3 partagé, Hyper-Threading activé, overclocké à 4,5 GHz |
Carte-mère | Gigabyte Z68X-UD7-B3, Intel Z68 Express, BIOS F10 |
Mémoire | 4 x 4 Go de Kingston HyperX DDR3-1600 |
Ventirad CPU | Cooler Master TPC 800 avec Noiseblocker eLoop B12-PS (PWM) |
SSD | Kingston V200+ 480 Go |
Alimentation | Corsair AX1200i Digital ATX, 1200 watts, 80 PLUS Platinum |
OS | Windows 7 x64 Édition Intégrale |
Pilotes | Catalyst 12.11 (Beta) et Catalyst 12.9 GeForce 306.97 WHQL |
Température | 22°C (maintenue constante) |
Boîtier fermé | NZXT Phantom 820 |
Nous sommes particulièrement intéressés par la comparaison entre les performances des pilotes AMD Catalyst 12.9 et la version 12.11 beta, annoncée comme bien plus rapide dans un certain nombre de jeux.
Pour cet article, nous avons exceptionnellement mené nos tests en boîtier fermé ; après tout, il ne doit pas être aisé de dissiper l’équivalent de plus de 500 watts de chaleur, et nous sommes curieux de voir l’incidence que cela peut avoir sur les performances, les températures et l’acoustique.
Tests synthétiques
3DMark 11
Certaines cartes apparaissent à deux reprises dans les graphiques ; n’oubliez pas que nous testons les cartes AMD avec deux pilotes différents. Il est étonnant de constater à quel point la version 12.11 beta des pilotes Catalyst améliore les performances (dans certains cas bien au-delà de celles de la carte Nvidia).
Unigine Heaven 2.5
Il est clair qu’AMD a optimisé ses pilotes Catalyst 12.11 beta pour les benchmarks synthétiques. Il restera à voir si les améliorations apportées profitent également aux jeux.
Nous avons sauté les Catalyst 12.9 sous Unigine, mais avons testé une configuration à trois écrans.
Unigine Sanctuary
Même chose pour ce test, où nous n’avons essayé que les pilotes Catalyst 12.11 beta.
Jeux
Nous avons écouté vos commentaires et décidé de benchmarker ces cartes haut de gamme dans des conditions extrêmes, tant sur le plan de la qualité visuelle que de la résolution ; nous les avons également essayées avec plusieurs écrans, même si cette dernière configuration limite le nombre de jeux que nous pouvons tester, tous les titres ne gérant pas le Nvidia Surround ou l’AMD Eyefinity.
La première de nos constatations est que les pilotes AMD Catalyst 12.11 beta apportent des gains de performances considérables dans la majorité des jeux constituant notre batterie de tests, au point que Nvidia ne parvient à conserver l’avantage que dans une poignée de titres spécialement conçus pour ses cartes, tels Batman: Arkham City ou Battlefield 3 ; et encore, les nouveaux Catalyst permettent aux cartes AMD de gagner 25 à 30 % de performances dans ce dernier et d’arriver pratiquement à égalité avec celles de la firme au caméléon.
Les gains observés sur les configurations en CrossFire sont plus modérés, mais nous ne savons toujours pas comment AMD est parvenu à augmenter les performances à ce point. Nous ne pouvons qu’espérer que la firme n’a pas fait de compromis en termes de qualité graphique, comme cela a parfois été le cas par le passé (AMD Radeon HD 7000 : la qualité d’image sacrifiée pour les performances ?). Cela ne nous semble pas être le cas à première vue, mais vous pouvez compter sur nous pour y regarder de plus prè prochainement.
Metro 2033
Crysis 2 (DirectX 11)
Batman: Arkham City
Alien vs. Predator
Battlefield 3
C’en est fini de l’énorme écart de performances entre les cartes Nvidia et AMD dans Battlefield 3, pour autant que l’on dispose d’un modèle AMD basé sur l’architecture Graphics Core Next (GCN).
L’avantage que conserve la firme canadienne a plus à voir avec la séquence que nous avons choisie qu’avec les performances réelles au sein du titre de DICE ; AMD égalise en effet, voire dépasse son concurrent, dans les passages moins gourmands en puissance.
La technologie SLI de Nvidia demeure toutefois plus efficace que le CrossFire d’AMD dans ce jeu. Dans l’ensemble, nous dirons donc que les deux sociétés terminent à égalité. Plus besoin de choisir votre carte graphique en fonction de ses performances dans Battlefield 3.
Micro-saccades : le point sur la situation
Retour sur les micro-saccades
Il y a presque un an et demi, nous publions un article intitulé Crossfire VS SLI : du nouveau ?, et celui-ci reste une bonne introduction pour ceux qui n’auraient pas entendu parler du problème des micro-saccades (ou micro-stuttering en anglais). Nous avons décidé de vérifier si celui-ci était encore d’actualité aujourd’hui ; pour ce faire, nous avons procédé à une série de tests dans le jeu Sleeping Dogs. Bien qu’il s’agisse d’un titre parrainé par AMD, ses performances sont comparables quel que soit le fabricant de la carte graphique utilisée.
Les grands pics que vous pouvez observer sur chaque graphique proviennent du changement de scène opéré lors du benchmark ; vous pouvez les ignorer complètement.
SLI : vues d’ensemble et détaillée
CrossFire : vues d’ensemble et détaillée
La technologie SLI de Nvidia semble clairement plus apte à minimiser le temps nécessaire au rendu de chaque image dans ce test. Même avec la fonctionnalité Adaptive VSync désactivée, la GeForce GTX 690 d’EVGA génère un rendu beaucoup plus fluide que la Radeon HD 7990.
Les latences observées sur la carte AMD se remarquent très fortement durant le jeu ; elles se manifestent par des à-coups et une baisse apparente du framerate. À l’inverse, le SLI semble donner un rendu bien plus proche de celui d’une carte seule, bien que le résultat ne soit pas encore parfait.
Maintenant que nous avons quantifié l’étendue du problème de micro-saccades observé sur deux GPU Tahiti fonctionnant en CrossFire, nous allons tenter d’y remédier en expérimentant avec les différentes méthodes de rendu proposées par les pilotes Catalyst et en écrasant le profil CrossFire par défaut fourni par AMD.
Nos quatre scénarios
Micro-saccades : Alternate Frame Rendering (AMD)
Le pilote AMD Catalyst permet de modifier et de remplacer les profils qui contrôlent le CrossFire afin de régler les performances selon vos souhaits. Il y avait peu de chances pour que le paramètre Alternate Frame Rendering change grand-chose au problème des micro-saccades, mais nous nous devions d’essayer pour être exhaustifs et sûrs de ne rien manquer.
Nous commençons par un benchmark avec les paramètres par défaut, qui nous servira de point de comparaison.
Option 1 : AFR-Friendly
Option 2 : Optimized 1×1
Aucun de nos changements ne fait vraiment de différence… du moins pas de différence positive.
Côté Nvidia, l’Adaptive VSync a la réputation d’être la solution aux problèmes de synchronisation verticale ; nous allons voir si elle est en mesure de contrer celui des micro-saccades
Micro-saccades : Adaptive VSync (Nvidia)
Synchronisation verticale classique et adaptative sur la EVGA GeForce GTX 690
Voyons ce que donnent les performances de la carte lorsque la synchronisation verticale normale est activée. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, le pilote essaie de synchroniser le framerate et le taux de rafraîchissement de l’écran.
Mais Nvidia propose également la synchronisation verticale adaptative (Adaptive VSynch) via ses pilotes. Comme nous l’écrivions dans notre article consacré au lancement de la GeForce GTX 680 (GeForce GTX 680 : Kepler envoie Tahiti à la retraite) :
Alors, cette v-sync, vaut-il mieux l’activer ou la désactiver ? La solution que Nvidia apporte à notre dilemme s’appelle Adaptive VSync. En pratique, tant que la carte génère plus de 60 images/s (sur un écran à 60 Hz, pour reprendre notre exemple), la synchronisation verticale reste activée. Lorsque le framerate tombe en-dessous de ce seuil, elle est automatiquement désactivée afin d’éviter les saccades. Dans le pilote 300.99 que la firme a fourni à la presse, l’Adaptive VSync se règle via un menu déroulant qui contient également les paramètres de synchronisation verticale traditionnelle.
La fonction Adaptive VSync de Nvidia fonctionne bien. Au vu des résultats obtenus, on se dit qu’AMD a du pain sur la planche. Si ce n’est qu’il existe pour les cartes du fabricant texan un petit utilitaire gratuit permettant d’obtenir un résultat comparable, voire encore meilleur…
Micro-saccades : Dynamic V-Sync (AMD)
La synchronisation verticale dynamique arrive sur les cartes graphiques AMD
Nous avons entendu dire qu’un freeware nommé RadeonPro pouvait nous aider à nous débarrasser du problème de micro-saccades dont souffre notre carte AMD.
Première étape : créer un profil pour le jeu auquel nous désirons jouer. Nous avons découvert qu’il était judicieux de commencer par déterminer le framerate moyen à l’aide d’un utilitaire tel que Fraps. Si celui-ci est supérieur au taux de rafraîchissement de votre écran, ce dernier constitue une limite de choix pour la synchronisation verticale dynamique. Dans le cas contraire, le framerate moyen lui-même fera l’affaire.
Le framerate moyen de la GeForce GTX 690 est inférieur d’environ 10 images/s à celui de la HIS 7970 X2 lorsque la résolution et les détails sont à fond. Nous avons donc effectué le test à deux reprises : une première fois avec la limite de la synchronisation verticale dynamique réglée sur le framerate moyen de la carte HIS (50 images/s) ; et une deuxième fois sur celui de la carte EVGA (40 images/s).
Limite de Dynamic V-Sync réglée sur 50 images/s
Limite de Dynamic V-Sync réglée sur 40 images/s
Mis à part quelques sautes d’images et une poignée de pics lors des changements de scènes de test, notre carte à deux GPU Tahiti fonctionne de manière très nettement plus fluide. Mieux encore : le résultat final est meilleur que ce que l’on obtient souvent d’une carte graphique mono-GPU : il ne reste pratiquement plus aucune micro-saccade !
Le logiciel RadeonPro est plus compliqué à utiliser que la solution matérielle privilégiée par Nvidia car il faut créer manuellement un profil pour chaque jeu, mais les résultats sont sans équivoque. Il s’agit ni plus ni moins d’une révélation pour tous les lecteurs qui possèdent une configuration à plusieurs GPU et qui détestent les micro-saccades. Il ne fait aucun doute que John Mautari, le créateur de l’utilitaire, mérite les remerciements les plus chaleureux de toute l’équipe d’AMD.
Consommation
Ce ne sera une surprise pour personne : nos trois concurrentes sont extrêmement gourmandes en électricité.
Consommation au repos
AMD a longtemps été encensé pour la consommation minuscule de ses cartes au repos ; sa fonctionnalité ZeroCore lui permet d’éteindre presque entièrement la carte graphique en cas de non-utilisation prolongée. Et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, si votre ou vos écrans sont allumés et que vous regardez simplement le bureau de Windows sans rien faire, la carte la plus sobre des trois est la GeForce GTX 690.
Lorsqu’on connecte trois écrans à l’une des cartes AMD, celle-ci voit la fréquence de ses GPU grimper à 500 MHz, ce qui double sa consommation par rapport à la configuration à un seul écran. La GeForce GTX 690 consomme également plus, mais pas dans les mêmes proportions.
Lecture d’un Blu-ray
AMD n’a pas encore mis à jour ses pilotes afin de réduire la consommation de ses cartes lors de la lecture d’un Blu-ray : alors que la GeForce GTX 690 utilise à peine 18 watts de plus qu’au repos pour accomplir cette tâche, la HIS 7970 X2 a besoin de 47 watts de plus. Une situation inacceptable.
Consommation dans les jeux
Dans les jeux, les cartes basées sur deux GPU AMD haut de gamme consomment environ 70 watts de plus que la GeForce GTX 690 d’EVGA. Un chiffre plutôt important, surtout quand on sait que leurs performances sont relativement comparables. Ce n’est pas tant le prix de l’électricité qui nous inquiète (après tout, si vous avez les moyens de vous payer une telle carte, les quelques euros de différence mensuelle ne changeront pas grand-chose), mais bien la dissipation thermique. Nous savons maintenant pourquoi la carte d’EVGA est si élégante alors que les deux autres occupent trois emplacements PCI Express.
À pleine charge en calcul hétérogène, les cartes de HIS et de PowerColor voient leur consommation grimper en flèche. Et encore, il ne s’agit pas de la consommation à la prise : les chiffres indiqués sur le graphique ci-dessous ne tiennent compte que de la carte graphique ! Les deux Radeon affichent des consommations de l’ordre de 570 watts à elles seules. Vous avez froid dans votre appartement ? Les premières rigueurs de l’hiver se font ressentir ? Qu’à cela ne tiennent : ces deux cartes graphiques vous tiendront chaud !
Températures
Après avoir vu les chiffres de la page précédente, vous ne vous attendez probablement plus à un miracle sur le plan des températures. Comment s’en sortent les cartes d’EVGA, de HIS et de PowerColor et quelle incidence a leur dissipation thermique sur les autres composants de votre boîtier ?
Température au repos
Les trois cartes affichent plus ou moins la même température au repos. La donne ne change guère lorsqu’on les installe dans un boîtier fermé.
Température dans les jeux
Curieusement (au vu des chiffres de consommation), c’est la GeForce GTX 690 d’EVGA qui chauffe le plus lorsqu’on augmente la charge de travail, au point de finir par afficher 88°C sur le thermomètre en calcul GPGPU dans un boîtier fermé. Il semble que la société ait décidé de trouver un compromis entre les performances, les températures et les nuisances sonores, et de limiter la vitesse de ses ventilateurs, quitte à autoriser ses GK104 à chauffer un peu plus.
Le Devil13 HD 7990 de PowerColor est la carte qui possède le plus gros ventirad, et cela se voit tout de suite sur nos graphiques ; ces résultats nous ont vraiment surpris, en particulier au regard des chiffres de consommation de la page précédente. La carte HIS 7970 X2 s’en sort globalement bien, mais a plus de mal dans le boîtier Phantom 820, dont le ventilateur intégré renvoie l’air chaud directement sur la carte.
Nuisances sonores
Nos tests de bruit évoluent
Généralement, notre laboratoire allemand utilise un sonomètre Voltcraft SL-400 (régulièrement réétalonné) avec journalisation des données, mais la sensibilité de celui-ci chute considérablement au-delà de 10 kHz, ce qui le rend inutile pour capter le sifflement des bobines.
Celui de la PowerColor Devil13 HD 7990 a pourtant bien failli nous rendre fous, ce qui nous a poussés à modifier notre protocole de test : nous utilisons maintenant un microphone de studio suspendu à un système d’absorption des vibrations.
Nuisances sonores au repos
La carte PowerColor s’en serait bien tirée s’il n’était le sifflement insupportable de ses bobines, qui lui vaut à lui seul la dernière place.
Le problème ne semble pas confiné à un exemplaire isolé ; nous avons en réalité eu deux cartes en prêt, l’une en Allemagne et l’autre aux États-Unis, et toutes deux ont fait montre du même comportement. L’intensité du sifflement dépend de la résolution et de la charge de travail, mais il s’agit véritablement d’un défaut totalement rédhibitoire sur une carte à 1000 €.
Nuisances sonores dans les jeux
La GeForce GTX 690 d’EVGA est la carte la plus silencieuse de ce comparatif dans les jeux.
Les trois concurrentes s’en sorte cependant plutôt bien. La PowerColor Devil13 HD 7990 est la plus bruyante, mais fait toujours moins de bruit que la Radeon HD 7970 de référence. Cela en dit long sur les efforts déployés par les trois fabricants en matière d’acoustique ; il ne reste plus qu’à espérer que les ingénieurs d’AMD fassent de cette thématique une priorité.
Nuisances sonores en calcul GPGPU
À pleine charge, la HIS 7970 X2 ne parvient pas à suivre et se fait battre par la GeForce GTX 690 d’EVGA et la Devil13 HD 7990 de PowerColor. Elle se montre même plus bruyante que la Radeon HD 7970 de référence, qui nous avait pourtant tellement ennuyés lorsque nous l’avions testée pour la première fois. Aucune des cartes AMD ne peut toutefois prétendre au titre de reine du silence : elles génèrent toutes plus de 50 dB(A), ce qui est vraiment trop. Seule la GTX 690 d’EVGA parvient à rester sous ce seuil.
Heureusement pour le commun des mortels, il est bien rare que quiconque soumette pour une durée prolongée sa carte graphique à un traitement tel que celui que nous lui avons fait subir ; il va sans dire que, pour la plupart de nos lecteurs, les deux premiers scénarios (repos et jeux) sont les plus importants à prendre en compte.
Bruit en vidéo (au repos)
À cartes exceptionnelles, mesures exceptionnelles : nous avons décidé, en plus des classiques graphiques de la page précédente, de vous faire écouter le bruit émis par nos trois concurrentes.
Nous avons enregistré lors de chaque test de courtes vidéos de chaque carte graphique, que nous avons ensuite mixées avec les enregistrements audio réalisés à l’aide de notre microphone de studio fraîchement étalonné. Le microphone est toujours placé à exactement 50 cm à la perpendiculaire du centre de la carte, et la température de la pièce est maintenue à 22°C.
Le bruit des cartes au repos est particulièrement intéressant, car c’est au final celui que l’on entend le plus. La PowerColor Devil13 HD 7990 se démarque déjà par un léger sifflement de bobine.
La GeForce GTX 690 d’EVGA émerge clairement vainqueur de ce premier test. À peine audible dans un boîtier ouvert, elle est totalement silencieuse dans un boîtier fermé. C’est le genre de performances acoustiques que l’on aimerait entendre plus souvent. La HIS 7970 X2 s’en tire avec les honneurs, mais le sifflement aigu de la PowerColor nous a réellement tapé sur les nerfs.
Bruit en vidéo (500 images/s)
Nos lecteurs se plaignent souvent d’entendre un sifflement électrique provenant de leur carte graphique dans les vieux jeux ou dans les menus de jeux, où le framerate crève souvent le plafond. Ce phénomène ne nous est pas étranger, raison pour laquelle nous avons testé les trois cartes graphiques à 500 images/s à l’aide d’un boucle sous Unigine Sanctuary.
À un tel framerate, toutes les cartes, même la GeForce GTX 690, émettent un sifflement électrique. Il est à peine décelable sur cette dernière et peu dérangeant sur la HIS 7970 X2, mais une fois encore, il est pratiquement insupportable sur la PowerColor.
Bruit en vidéo (jeu en boucle)
Le jeu est de loin le scénario le plus intéressant, dans la mesure où il s’agit de la charge de travail la plus courante pour nos trois cartes graphiques. De manière assez étonnante, elles s’en sortent bien toutes les trois en dépit de leur énorme consommation et de la dissipation thermique assez calamiteuse des deux AMD.
La GeForce GTX 690 d’EVGA reste la plus silencieuse du lot. Le fabricant a choisi de laisser chauffer son GPU afin de limiter le bruit émis par les ventilateurs, mais sa température reste raisonnable.
Il serait probablement possible de régler les cartes AMD de manière à ce qu’elles se comportent de la même manière mais, par défaut, la carte Nvidia est moins bruyante tandis que les AMD chauffent moins.
Bruit en vidéo (pleine charge)
Avec une session de « bitcoin mining » par puce, rien de plus facile que de pousser le taux d’utilisation des deux GPU de chaque carte à 100 %.
Sans grande surprise, la GeForce GTX 690 d’EVGA termine une fois encore en première place du classement, même si ses températures sont un peu trop élevées à notre goût. Comme nous l’avons déjà signalé, il est toutefois très rare de voir une carte graphique utilisée de la sorte (surtout les cartes basées sur le GK104, dont les performances en calcul hétérogène ne sont pas des plus intéressantes) ; ce benchmark n’a donc qu’une importance toute relative.
Conclusion
Meilleures performances : HIS 7970 X2
Sur papier, la HIS 7970 X2 semble devoir afficher de meilleures performances que ses deux concurrentes et de fait, les fréquences boostées de ses GPU et de sa mémoire lui permettent de les dominer d’une tête dans la majorité de nos tests.
Certes, le profil CrossFire fourni par AMD pour Battlefield 3 ne fonctionne pas trop bien et les pilotes Catalyst 12.11 beta accélèrent ses performances dans la plupart des jeux, mais même sans cela, cette carte reste la plus rapide que nous ayons jamais testée ; elle vaut, voire dépasse, deux Radeon HD 7970 en CrossFire.
Par contre, il semble pour l’instant impossible de la trouver en magasin et nous ignorons quand (et à quel prix) elle sera disponible. Pour l’instant, la victoire de HIS est donc purement symbolique.
Une carte « collector » : PowerColor Devil13 HD 7990
PowerColor s’est payé le luxe de lancer une Radeon HD 7990 alors qu’AMD n’a pas encore présenté de modèle de référence. Dotée d’un deuxième BIOS overclocké aisément accessible et assortie des pilotes Catalyst 12.11 beta, cette carte parvient à dépasser l’EVGA GeForce GTX 690 dans plusieurs benchmarks.
Accompagnée d’accessoires particulièrement nombreux, d’un packaging exclusif et dotée d’un look des plus agressifs, elle fait véritablement figure de pièce de collection.
Elle a pour elle sa disponibilité (on la trouve chez certains vendeurs) mais le sifflement électrique qu’elle émet nous a considérablement gêné.
La plus efficace : EVGA GeForce GTX 690
Les deux cartes AMD affichent une consommation des plus déraisonnables (mieux vaut ne pas regarder sa facture d’électricité en fin de mois…), au point de parvenir à dépasser la limite théorique de 525 watts fixée par le PCI-SIG pour trois connecteurs à huit broches et un emplacement de 16 lignes !
La GeForce GTX 690 d’EVGA, quant à elle, est nettement plus sobre et plus efficace ; elle n’occupe que deux emplacements PCI Express ; et elle est également la plus silencieuse de ce comparatif.
Certes, cette carte n’est pas la plus rapide des trois, bien qu’elle parvienne encore à terminer en première place dans certains de nos tests. Elle fait toutefois preuve d’une élégance qui manque cruellement aux deux autres, qui semblent bien grosses et gourmandes par comparaison.
La garantie de trois ans offerte par EVGA est encore un point à mettre à l’actif de cette carte.
Enfin, la GTX 690 a l’avantage d’être immédiatement disponible. Et d’après ce que nous avons constaté au cours de nos tests, si vous êtes sur le point de dépenser 1000 € pour une carte graphique, il n’y a pas vraiment à tergiverser : c’est bien celle-ci qu’il faut choisir.
Dernières considérations
Notons toutefois qu’aucune des trois cartes de ce comparatif ne domine totalement les deux autres. Le choix du modèle dépend de l’utilisation que vous comptez en faire. Les pilotes AMD Catalyst 12.11 beta nous montrent qu’il reste possible de se faire surprendre par les performances d’un GPU plusieurs mois après sa sortie. Et il est impossible d’être sûr à 100 % qu’une carte sera toujours la meilleure dans une application donnée.
Pour terminer, nous aimerions souligner le fait que, si nous apprécions les performances des cartes AMD (avec les pilotes Catalyst 12.11, du moins), nous sommes nettement moins fans de la manière dont la firme les a obtenues. La force brute et la surconsommation lui permettent peut-être de décrocher la palme en matière de vitesse pure, mais un peu plus de finesse n’aurait pas été du luxe.