Un OVNI
Nous testons aujourd’hui un OVNI dans le marché PC : une machine de bureau entièrement passive, pensée pour les joueurs, et fabriquée par une jeune société française. Voilà qui change agréablement des innombrables clones vendus par les grands OEM mondiaux. Mais l’originalité peut-elle payer ? “The Cube” réussit-il la quadrature du cercle ?
Sobre acier
The Cube conçu par la société Splitted Desktop Systems est pour l’instant vendu en France sous la marque Grosbill by Quietty. Comme son nom l’indique, la machine est cubique, ou presque : sa base est un carré de 22,5 cm de côté, mais sa hauteur est de 25 cm. Le volume total est de seulement 12,7 litres. Au contraire de la mode bêtement suivie par nombre de constructeurs, le boitier est fait de tôle d’acier et non d’aluminium. Plus dense, l’acier propage moins les vibrations créées par les composants internes : un gage de silence. Grâce à sa faible taille, le Cube reste léger : 3,9 kg pour le boîtier nu et son bloc d’alimentation.
Le design sobre est égayé par les larges ouvertures pratiquées dans les côtés et la face supérieure. Ce sont elles qui vont permettre la création d’un courant d’air par convection naturelle autour des composants.
La connectique
Très épurée, la face avant du Cube (page précédente) possède en tout et pour tout deux ports USB en façade et une diode d’activité. Bizarrerie, le bouton de mise en route est déporté à l’arrière. La connectique offerte par la carte mère est satisfaisante : 6 jacks analogiques et 1 S/PDIF pour le son, une prise HDMI pour l’image, 6 ports USB et deux ports Ethernet Gigabit. On aurait tout de même apprécié de trouver une sortie vidéo dans un format plus classique, comme le DVI. Notez la disposition inhabituelle de la carte mère, verticale.
Ouverture facile
L’ouverture du boîtier est bien pensée : une manette dissimulée sur la face arrière libère la coque qui coulisse ensuite vers l’avant. En une seule opération, on a immédiatement accès à l’ensemble des composants, notamment les disques durs que vous voyez ici. Il est possible d’installer trois disques tous au format 2,5″. Notez également le soin apporté au passage des câbles.
Des disques durs souples
Les disques durs sont maintenus souplement via des bandes élastiques. Une excellente solution pour absorber leurs vibrations et minimiser leur bruit de fonctionnement. Dans un PC entièrement passif, les disques durs sont en effet les seuls composants à pouvoir générer du bruit.
Alimentation en deux temps
L’alimentation est également passive. Elle est classiquement composée d’une “brique” externe assurant la conversion 220 V alternatif -> 12 V continu et d’une carte interne générant les différentes tensions d’alimentation à partir du 12 V. La brique est une Fortron FSP150-AHAN1. Elle offre une puissance de 150 W et un rendement maximum de 87 % selon Fortron.
Convection naturelle
Cette vue de face permet de découvrir la conception interne : la carte mère verticale est déportée sur la droite afin de laisser la place à un imposant radiateur. Horizontal, ce radiateur offre une grande surface d’échange avec le courant d’air généré par convection naturelle. Les disques durs sont logés au long du dos de la carte mère, celle-ci étant surplombée par un second radiateur aussi large que le premier. Ce placement permet de créer un courant d’air sur la carte mère elle-même, afin de la refroidir.
Un matériau magique
Les radiateurs sont composés entièrement de cuivre. Ils restent cependant étonnamment légers pour leur taille (environ 100g). Leur secret réside dans le matériau qui les compose. Il s’agit de fines feuilles de cuivre collées entre elles de sorte à créer une structure alvéolaire. Ce matériau composite (cuivre + colle) cumule ainsi la très bonne conductivité thermique du cuivre, une grande surface d’échange (1200 cm2 chacun) et un poids raisonnable. La structure alvéolaire est également idéale dans le cadre d’un refroidissement passif : elle empêche la formation de turbulences qui nuisent au refroidissement en créant une recirculation de l’air chaud sur le radiateur.
Un Turion II, vraiment ?
La carte mère est au format mini-ITX. Fabriquée sur mesure par Tyan, elle est basée sur un chipset AMD 780G et un socket S1 (hébergeant ici un Turion II Ultra M640 à 2,6 GHz). Cette plateforme vieillissante est cependant ce qu’AMD fait de mieux à l’heure actuelle sur le marché mobile. On voit ici que le northbridge est refroidi par le même radiateur que le CPU. Notez également les deux slots mémoire, au format SO-DIMM. Mais quel est donc ce port bizarre à l’extrême gauche de la carte ?
Desing propriétaire
Il s’agit du port reliant la carte mère à la carte graphique. La carte graphique au format MXM est en effet disposée parallèlement à la carte mère, quelques centimètres au dessus. Ce port, utilisant très probablement une interface PCI-Express permet cette disposition particulière.
GeForce MXM 3.0b
Voilà la carte graphique. Plus exactement, le module MXM est installé dans une carte fille qui assure l’interface entre le port MXM standard et le port particulier que nous avons vu précédemment. Le GPU est refroidi par le radiateur en cuivre. Deux autres radiateurs en aluminium recouvrent la mémoire et les MOSFETs.
Le sandwich graphique
Le sandwich de la carte graphique vue de profil. On distingue les deux PCB, le die du GPU, les radiateurs. Notre machine de test était équipée d’une GeForce GTX 460M, une puce mobile milieu de gamme.
Montée en température
Après cette découverte en photos, voyons ce dont cette machine est capable dans quelques benchmarks. Nous avons commencé par vérifier l’efficacité du refroidissement. Sous le test très exigeant “Power Supply” d’OCCT, le Cube Quietty s’est montré parfaitement stable. Après une heure, le CPU s’était stabilisé à 81 °C et le GPU à 93 °C. La température ambiante était de 23 °C. Si ces températures vous donnent des sueurs froides, rappelez-vous que les composants utilisés ici sont de type “mobiles” et donc prévus pour fonctionner à des températures élevées : AMD et Nvidia estiment la limite du Turion II et de la GeForce à 105 °C.
En outre, le test d’OCCT n’est pas représentatif d’un usage normal. Nous avons donc également relevés les températures maximum atteintes par les composants pendant un run d’une nuit entière sous le benchmark Unigine. Selon Hardware Monitor, le CPU n’a pas dépassé 75 °C, le GPU 90°C. Les disques durs sont également correctement refroidis aux environ de 40 °C. La conception thermique faite par SDS tient donc la route.
Consommation : peut mieux faire
L’alimentation s’est également montrée à la hauteur. En stressant au maximum le système par l’exécution simultanée de HD Tune sur chaque disque dur et du test “alimentation” d’OCCT, nous avons enregistré des pointes à 175 W (à la prise électrique). Soit environ 150 W une fois pris en compte le rendement de l’alimentation (habituellement inférieure à son maximum en pleine charge). Sous Unigine, la consommation maximum descend à 130 W.
Un des arguments de vente du Cube est sa consommation réduite par rapport à une machine classique. L’argument ne tient pas totalement. Nous avons mesuré une consommation de 63,5 W au repos sur le bureau de Windows. MAJ : Splitted Desktop Systems confirme nos mesures mais précise qu’environ 7 minutes après le démarrage, la consommation baisse à 42 W. De nombreux PC de bureau peuvent faire aussi bien et même bien mieux. Par exemple, une autre machine de bureau basée sur des composants mobiles, le Mac mini d’Apple, ne consomme que 10 W au repos sur le bureau de Mac OS.
Splitted Desktop Systems explique cette différence par la présence de la carte graphique dédiée (environ 15 W au repos) et celles des deux disques durs qui sont rarement en veille car associés en RAID0 (environ 8 W). La carte mère SDS offre aussi une fonction originale : un accès à distance IPMI, qui augmente la consommation d’environ 5 W. Nous y reviendrons.
Une machine de joueurs ?
Vérifions maintenant rapidement les performances. La configuration que nous avons testée était équipée d’un processeur AMD Turion II Ultra M640, d’une GeForce GTX460M et de 4 Go de DDR3. Windows 7 64 bit était installé sur un SSD Intel X25-V 40 Go. Le Turion II M640 est basée sur la même architecture que les Phenom II et Athlon II. Il ressemble plus précisément à un Athlon II X2 : deux coeurs, cache L2 de 1 Mo par coeur, pas de cache L3. Le tout est cadencé à 2,6 GHz. Un Athlon II X2 240 qui aurait perdu 200 MHz en quelque sorte. La GeForce GTX460M est bien connue : elle s’apparente à une GeForce GTS 450 aux fréquences réduites.
Au final, cette configuration est suffisante pour jouer confortablement tant que l’on reste sur un écran de 22 pouces. Elle assure ainsi 35 images par seconde en moyenne sous Battlefield Bad Company 2 en 1680 x 1050 avec détails élevés, 39 ips en détails moyens.
Prise de contrôle à distance
Terminons ce test par un aperçu d’une fonction originale : le contrôle à distance IPMI. Cette fonctionnalité est gérée directement sur la carte mère et ne demande presque aucun paramétrage. Un rapide détour dans le BIOS permet de l’activer ou non. Il faut également prendre soin de connecter le second port Ethernet du Cube au réseau car c’est ce port qui est piloté par l’IPMI. Ceci fait, le Cube devient accessible depuis n’importe quel autre PC. Il suffit de rentrer l’adresse IP attribuée à l’interface IPMI (et visible dans le BIOS ou sur les écrans de boot) dans un navigateur pour tomber sur une console de contrôle à distance. Le contrôle est total : on peut voir l’écran du Cube, piloter sa souris, son clavier, lancer des applications. On peut également l’éteindre ou le démarrer. Bref, l’idéal pour lancer un téléchargement ou récupérer sur son smartphone ou PC portable un document stocké sur son PC fixe. L’accès est bien entendu sécurisé par mot de passe.
Conclusion
Le Cube de Quietty est une réussite technique. Il remplit parfaitement son cahier des charges à savoir offrir une machine compacte passive et silencieuse. La conception thermique est réussie, le système a été totalement stable dans tous nos tests les composants étant maintenus à des températures correctes. Le silence est au rendez-vous : en tendant l’oreille on perçoit le ronronnement des disques durs, mais il est vraiment d’un niveau très bas. On peut parfois aussi entendre la carte graphique siffler légèrement lorsqu’elle est en charge, mais là encore le bruit généré ne peut pas être considéré gênant.
Le Cube présente également un design réussit selon nous, bien que cela reste une appréciation personnelle. En outre, grâce à l’utilisation de composants mobiles, il offre une consommation réduite, ne dépassant jamais les 150 W. Enfin, la fonctionnalité de prise de contrôle à distance est un plus appréciable, peu répandu. Alors sans défaut le Cube ? Non malheureusement.
Son problème vient de son rapport prix/performances défavorable. Pour l’instant vendu uniquement par Grosbill (à partir du 30 mars), il est distribué en deux configurations. Elles utilisent toutes deux le même processeur – le Turion II M640 – mais se différencient par la carte graphique, la RAM et le disque dur : la première offre une GeForce GTX460M, 2 Go de RAM et un disque dur de 500 Go, la seconde une GeForce GTX470M, 4 Go de RAM et un disque dur de 1 To.
La première est vendue 1490 €, la seconde 1790 €.
Autant dire que le coût du boîtier passif, compact et silencieux est d’environ 1000 €. Ce tarif nous semble difficile à justifier. Heureusement, il s’agit de tarifs de lancement qui sont appelés à baisser une fois que la production aura atteint de plus gros volumes, que les coûts de développement auront été absorbés etc. En outre, Splitted Desktop Systems devrait pouvoir profiter de la sortie de processeurs AMD nettement plus performants cette année.
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