Une représentante du gouvernement américain confirme un retard de quelques mois.
Fin juillet, Intel a annoncé le report de ses processeurs gravés en 7 nm. Un ajournement mal reçu par les investisseurs, qui ont envisagé une action collective contre l’entreprise. Logiquement, ce report a également une incidence sur de futurs projets, parmi lesquels la construction du supercalculateur Aurora. Une responsable de l’Office of Science du ministère américain de l’énergie (DoE) l’a confirmé il y a peu.
Le supercalculateur Aurora prendra place au Laboratoire national Argonne dans la région de Chicago. Intel devait initialement le livrer l’année prochaine. Il s’appuie sur des processeurs Xeon Scalable Sapphire Rapids, basés sur la microarchitecture CPU Golden Cove, et sur des GPU Ponte Vecchio, la solution HPC de l’architecture graphique Xe d’Intel. Ainsi équipé, le supercalculateur vise une puissance de calcul de l’ordre de l’exaflops.
Un mélange de Super Fin 10 nm et de 7 nm
Barb Helland, directrice associée de l’Office of Science for Advanced Scientific Computing Research (ASCR) a annoncé la semaine dernière “Oui, nous avons des indications selon lesquelles le système Aurora sera retardé”. Toutefois, selon elle, ce différé n’est pas dramatique. Elle explique : “Il n’est pas surprenant que lorsque nous concluons des contrats pour les supercalculateurs les plus avancés du monde, 4 à 5 ans avant leur déploiement, il y ait des retards sur le calendrier. C’est pourquoi nous intégrons les imprévus en matière de coûts et de calendrier dans les budgets de nos projets”. Elle ajoute que le Laboratoire national Argonne collabore avec Intel afin “d’atténuer les conséquences”.
Le 7 nm de TSMC comparé au 14 nm d’Intel
Comme indiqué ci-dessus, chacune des baies du supercalculateur Aurora embarque deux processeurs Intel Xeon Scalable Sapphire Rapids et six GPU Intel Xe Ponte Vecchio. Les premiers s’appuient le process SuperFin 10 nm, dont la production de masse débutera l’année prochaine. En revanche, les GPU XE Ponte Vecchio utilisent une conception à base de différentes tuiles (désignées par « tiles » en anglais par Intel) ; or, si certaines s’appuient sur le process SuperFin 10 nm, par exemple celle dédiée aux E/S, la tile consacrée au calcul repose sur un process 7 nm. Intel a repoussé la mise en œuvre de ce dernier à grande échelle d’environ 6 mois. Toutefois, l’entreprise n’exclut pas d’externaliser la production de cette tile en 7 nm jusqu’à ce qu’elle soit en mesure d’assurer une production satisfaisante dans ses propres fonderies.
Une comparaison inévitable avec AMD
Néanmoins, malgré les propos conciliants de Barb Helland, on suppose qu’Intel est clairement sous pression. Le projet de supercalculateur Aurora n’est pas neuf, puisqu’il date de 2015. Au départ, il était question d’un système censé être livré en 2018 et délivrant une puissance de 180 PetaFlops.
En outre, Intel est en concurrence directe avec AMD sur ce secteur. Le DoE américain a actuellement trois supercalculateurs exaflopiques en préparation, et Aurora est le seul dont l’élaboration incombe à Intel. AMD se charge en effet des deux autres, Frontier et El Capitan, qui offriront respectivement 1,5 et 2 ExaFLOPS ; le premier s’armera de CPU EPYC Milan et de solutions graphiques Radeon Instinct MI200, tandis que le second bénéficiera de CPU Epyc Genoa, en 5 nm, et de GPU sous architecture CDNA. Livraisons prévues en 2021 et 2023.
Sources : HPCWire, Tom’s Hardware US