Introduction
Les dernières évolutions constatables sur le marché des SSD nous laissaient penser que ce n’était qu’une question de temps avant qu’Intel ne s’y immisce. Les SSD sont en train de remplacer les disques durs en s’attaquant au très haut de gamme, où leurs performances restent inégalées. Plus encore, on note également leur introduction dans le segment beaucoup moins élitiste des disques durs pour portables, où la faible consommation de certains d’entre eux fait merveille. Reste que la grande majorité d’entre nous est restée indifférente aux charmes des SSD vu leur sempiternel rapport capacité/prix désastreux, mais aussi l’absence de mode de veille sur certains d’entre eux.
Au cours du dernier IDF, Intel a révélé plus d’informations sur sa famille de SSD et sur ses performances. Il affirma notamment un gain de 175x par rapport aux disques durs, dont l’évolution ces 10 dernières années a il est vrai été plus que contenue et limitée aux débits par ailleurs. Intel a notamment affirmé vouloir atteindre un débit de 250 Mo/s en lecture, un temps d’accès de 0,085 ms et une consommation plancher. Un pied de nez aux grand noms de cette industrie que sont Samsung, Toshiba et Hynix. Intel ne prenant en effet que la 5ème position derrière son partenaire Micron, le géant a manifestement envie de bouleverser l’ordre des choses.
Contrairement à la plupart des constructeurs de SSD, Intel est un des rares fabricants de mémoire Flash. Il peut donc concevoir et produire de A à Z ses propres produits, et il l’a fait. Le X25-M qu’il s’apprête à lancer est en effet un SSD à base de mémoire MLC qui s’est révélé capable de s’opposer aux meilleurs SSD basés sur de la plus onéreuse SLC !
Les plans d’Intel dans les SSD
L’intention d’Intel est de lancer des SSD milieu de gamme et abordables, basés sur de la MLC donc. Côté capacité, une version 80 Go du X25-M sera d’abord lancée, dans deux formats au choix (2.5″ et 1.8″) et utilisant l’interface SATA 300 (300 Mo/s de débit théorique maximum donc). La version 1.8″ est basée sur le micro-SATA. Des versions atteignant 160 Go seront disponibles plus tard, ainsi que des versions plus rapides, baptisées X25-E et limitées à 32 Go et 64 Go. Ces SSD professionnels seront basés sur de la SLC et ne seront disponibles qu’à la fin de l’année, alors que le X25-M que nous testons aujourd’hui le sera en octobre.
Le fait que ce ne soit pas seulement ces produits qui soient lancées mais qu’une roadmap complète s’étalant sur 2009 existe montre bien que les ambitions d’Intel sont grandes sur ce marché. L’année prochaine, la mémoire ne sera plus gravée en 50 nm mais en 34 nm ce qui devrait permettre de doubler la densité de stockage, bien que les roadmaps ne parlent que de “160 Go et plus” pour les modèles à base de MLC et de “64 Go et plus” pour ceux à base de SLC ce qui paraît assez conservateur.
Intel espère un réduction rapide de la part de marché des disques durs au profit des SSD ou des disques durs hybrides, ce qui ne nous surprend pas vraiment : la mémoire flash est en train de remplacer les disques durs dans les serveurs haut de gamme, où le temps d’accès et les performances en entrées/sorties sont le plus important, mais également dans l’entrée de gamme où un SSD de 8 à 32 Go est plus petit, nettement plus résistant et plus abordable que les disques durs (pensez aux EEE PC).
Vous remarquerez aussi sur le graphique qu’Intel est très optimiste sur l’avenir des disques durs intégrant une mémoire cache additionnelle de “grande” taille (les fameux hybrides), ce qui va plutôt à l’encontre de la situation actuelle. D’ailleurs, nous n’en avons pas croisé depuis leur introduction mi-2007 ce qui nous rend curieux de voir ce qui s’apprête à sortir. Même si ce raisonnement a du sens sur le papier, tous les disques hybrides (de première génération) que nous avons testé jusque là n’amélioraient ni les performances, ni l’autonomie, et surtout pas le prix du disque.
Bien qu’une proportion de SSD atteignant 30 % du marché en 2012 paraît un brin optimiste, si l’on prend en compte les netbooks et autres PC low-cost destinés aux pays en développement (ou pas), ce chiffre paraît plausible.
Serveurs
Bien que le X25-M vise le milieu de gamme, il devrait également se montrer particulièrement attractif en environnement professionnel, vu les performances annoncées en entrées/sorties. A ce titre, la publicité comparative d’Intel entre les performances brutes de 120 SSD et 120 disques durs est assez éloquente, bien que largement caricaturale (les disques durs SAS offrent bien plus de 100 Mo/s en débit notamment). Reste que le débit est bien amélioré, le nombre d’entrées/sorties multiplié par 20 à 100, et que la consommation est très largement diminuée.
Intel X25-M : better by design ?
Le voici donc, ce fameux X25-M. A vrai dire ce nom rappelle plus celui d’un prototype d’avion supersonique, et l’analogie n’est d’ailleurs pas entièrement tirée par les cheveux vu les performances que nous avons obtenues avec. Ce qui a poussé Intel à titrer une de ses présentations “Better by design” (qu’on pourrait traduire par “meilleur de par sa conception”), une expression qui est en fait vraie pour tout SSD récent. Bien que nous n’ayons pas obtenu les 250 Mo/s promis sur aucun des deux systèmes de test, nous avons en revanche atteint environ 200 Mo/s en lecture et plus de 70 Mo/s en écriture. Bien sûr, ces débits sont maintenus sur l’ensemble de la capacité.
Bien qu’il soit basé sur de la MLC ce qui se traduit généralement par de mauvaises performances (relativement à la SLC) dans les applications et au niveau des entrées/sorties, nous n’avons pas été déçus cette fois : le temps d’accès annoncé à 85 µs paraît vrai (il est en tout cas inférieur à 0.1 ms). Résultat ? Des performances 3 fois supérieures au SSD Samsung de 64 Go sur IOMeter en mode serveur de fichiers et 2 fois supérieures en mode station de travail. Dans le meilleur scénario c’est à dire un nombre de requêtes simultanées faible (certes peu réaliste), le SSD d’Intel s’avère respectivement 9 et 2,5 fois plus rapide !
Bien que son débit en lecture et ses performances en entrées/sorties soient réellement exceptionnelles comparées aux disques durs, et au moins nettement meilleures en comparaison du SSD Samsung à base de SLC, le X25-M n’est cependant pas parfait. Le test disque dur de PCMark 05, qui reflète assez bien les performances réelles des disques, confirme bien ces performances avec un temps de démarrage de Windows XP plus de deux fois plus rapide que le Samsung et 13 fois plus rapide que le Seagate Momentus 7200.3 (disque dur pour portable en 2.5″ donc, considéré comme un des tout meilleurs). Mais l’écriture de fichiers en revanche est plus rapide sur ces deux périphériques.
X25-M : de la mémoire sur 10 canaux
A ce stade, la question qui se pose est donc la suivante : comment diable Intel a-t-il réussit à créer un SSD à base de MLC qui soit plus rapide qu’un SSD haut de gamme à base de SLC ? Et pourquoi ces SSD ont une capacité de 80 Go ou 160 Go, là où les concurrents en restent habituellement à 32, 64 ou 128 Go ? Le secret réside dans l’utilisation de plusieurs canaux. Intel utilise son propre contrôleur SATA 300 pour accéder à 10 canaux MLC ainsi qu’un cache de 16 Mo, et utilise le NCQ afin de paralléliser les opérations de lecture et d’écriture sur ces canaux. Un simple coup d’oeil au PCB qui se cache sous la coque permet d’ailleurs de distinguer le contrôleur et la mémoire de 5 canaux (deux puces mémoire pour chaque canal) sur le dessous, avec les 10 autres puces de mémoire flash sur la partie supérieure.
La génération actuelle de mémoire flash NAND, gravée en 50 nm, permet de stocker 4 Go par puce. En en intégrant 20 (2 par canal, et 10 canaux en tout) on arrive donc à 80 Go. Nous sommes cependant curieux de savoir comment Intel va produire un tel SSD de 80 Go en 1.8″, vu que ce format est trop petit pour pouvoir y caser 20 puces de mémoire flash, un contrôleur SATA et une puce DRAM. Intel devra donc a priori augmenter la densité afin d’inclure moins de puces. D’ailleurs, la mention “jusqu’à” 250 Mo/s en lecture peut signifier que tous les modèles n’atteindront pas forcément ce chiffre.
La puce DRAM de 16 Mo signée Samsung ne nous est pas inconnue puisque nous l’avons déjà croisée sur certains disques durs. Par ailleurs, ceci est le premier SSD à implémenter le NCQ, qui n’avait jusque là pas trop de sens pour des unités de stockage au temps d’accès quasi-nul. Mais cette mémoire cache n’est pas là pour améliorer les performances du NCQ ou les performances tout court (au sens : directement), mais est nécessaire pour “l’amplification d’écriture”, la technologie d’Intel visant à améliorer les performances ainsi que la durée de vie de ses SSD.
Gestion de l’usure, amplification d’écriture
Les présentations du X25 s’attardent beaucoup sur la façon d’estimer la durée de vie d’un SSD en calculant les cycles NAND. Moins de cycles générés par une application ou une tâche signifie une meilleure durée de vie (cf. cet article), et il est donc souhaitable que le contrôleur se révèle efficace sur les écritures, applique la gestion d’usure et prenne en compte la taille des blocs NAND pour réduire encore le nombre d’écritures. Ceci implique de prendre en compte le type d’usage visé par le SSD (ici, les PC milieu de gamme) ainsi que les données écrites (comment, combien de fois et combien de données est-ce que le système va écrire sur le SSD ?) afin de gérer au mieux ces écritures.
Amplification de l’écriture
Pour la mémoire flash NAND, les écritures dépendent principalement de la taille des blocs de la mémoire ; ce sont les écritures qui engendre l’usure des SSD au fil du temps. Par exemple, l’écriture d’une fichier de 4 Ko sur une mémoire Flash oblige le contrôleur à effectuer une écriture de la taille du plus petit bloc, souvent 128 Ko actuellement. Toutes les cellules dépendantes de ce bloc de 128 Ko vont être écrites, alors qu’il suffirait de n’utiliser que celles responsables de 4 Ko. C’est ce qu’on appelle l’amplification de l’écriture, et qui dans ce même exemple est de 32.
Le rôle du cache
C’est pourquoi le contrôleur Intel a besoin d’une mémoire cache : elle est utilisée comme une mémoire locale pour stocker les données, le temps pour lui d’effectuer les écritures de manière plus efficace qu’un contrôleur Flash traditionnel, qui traditionnellement va effectuer les écritures une par une et à la suite, engendrant l’occupation de nombreuses cellules pour la moindre donnée. Ceci explique que les SSD à base de MLC ont habituellement de mauvaises performances en écriture aléatoire.
Better by design
Pour simplifier le calcul du nombre de cycles nécessaire et le transformer en une équation, Intel utilise des facteurs pour prendre en compte l’amplification de l’écriture et la gestion d’usure. Cette dernière varie selon Intel entre une valeur de 3 pour les SSD classiques et seulement 1.1 pour le X25-M du fait de l’utilisation par le contrôleur du Command Queuing prenant en compte la taille des blocs mémoire. Ceci signifie que toutes les cellules sont à peu près uniformément utilisées ce qui permet d’améliorer la durée de vie. Nous avons déjà expliqué 2 paragraphes au-dessus comment le facteur de l’amplification d’écriture peut être calculé ; dans notre exemple il est de 32, mais Intel part sur un facteur de 20 pour les concurrents, et seulement 1.1 pour son X25-M. La capacité utilisée dans l’équation correspond à une estimation de la quantité de données écrite chaque jour (20 Go dans cet exemple) pendant 5 ans. Intel arrondit le résultat (36,5 To) à 40 To. Si vous regardez le résultat, vous comprendrez l’affirmation d’Intel selon laquelle il réduit significativement l’usure, bien que ces technologies permettent également d’éviter les écritures aléatoires et donc d’améliorer les performances.
Les concurrents : surtout Samsung
Nous avons utilisé un autre portable Dell Latitude D630 pour comparer le SSD de 64 Go de Samsung avec un disque dur Western Digital Scorpio de 160 Go (à 5400 rpm). Manifestement, il ne s’agit pas du modèle le plus approprié pour cet article vu qu’il reste un disque dur milieu de gamme. Nous l’avons cependant utilisé ainsi qu’un Seagate Momentus 7200.3, le SSD Samsung de 64 Go et le X25-M d’Intel pour un comparatif détaillé intégrant la mesure de la consommation.
SSD Samsung 64 Go SATA-2 (SLC)
Notre dernier test du SSD haut de gamme de Samsung date d’il y a seulement quelques jours. Bien qu’il ne s’agisse pas du plus rapide, il reste un des SSD les plus performants du moment et reste surtout celui qui obtient de loin le meilleur rapport performance/consommation dans nos tests. En version 64 Go, il reste très cher puisque vendu 1000 $, mais c’est le prix à payer pour avoir le meilleur.
Le Scorpio est un bon disque dur milieu de gamme qui délivre de bonnes performances à un prix attractif. Il utilise l’interface SATA 300 et la sempiternelle vitesse de rotation de 5400 rpm avec un cache de 8 Mo. Son temps accès est du coup moyen, tout comme sa consommation. Son débit reste plus élevé que celui des disques 7200 rpm de première génération, mais il reste bien loin des SSD.
C’est le disque dur que nous avons choisit pour représenter la famille des disques 7200 rpm. C’est l’un des plus rapides, et il offre en même temps une capacité maximum de 320 Go. Un point sur lequel les SSD ne peuvent par rivaliser avec leur 64 Go ou 80 Go. Reste que si vous pouvez vous contenter de ces dernières capacités, bien que le Momentus soit significativement plus rapide que le Scorpio, il ne devrait pas être à même d’inquiéter nos 2 SSD de compétition et le X25-M en particulier.
La configuration de test
Plateforme de stockage (pour les benchmarks de bas niveau)
Processeur | 2 x 3.6 GHz Xeon (Nocona) |
Carte mère | ASUS NCL-DS, BIOS 1005 |
DRAM | 2 x 512 Mo DDR2-400 Corsair CM72DD512AR-400 |
Vidéo | puce ATI RageXL embarquée, 8 Mo |
Disque dur système | WD Caviar WD1200JB, 120 Go |
Contrôleur de stockage | Intel 82801EB UltraATA/100 (ICH5) |
Promise SATA 300TX4 | |
Promise FastTrak TX4310 (pilotes 2.06.1.310) | |
DVD | Gigabyte GO-D1600C |
Logiciels et pilotes | |
Graphique | Par défaut |
Chipset | Intel Chipset Installation Utility 7.0.0.1025 |
OS | Microsoft Windows Server 2003 Enterprise Edition Service Pack 1 |
Mesures de performance | h2benchw 3.6 | |
PCMark05 V1.01 | ||
E/S | IOMeter 2003.05.10 | |
Profils | Fileserver | |
Webserver | ||
Database | ||
Workstation | ||
Benchmarks lecture & écriture en streaming |
Tests d’autonomie & consommation :
Portable | Dell Latitude D630 |
Chipset | Intel GM965 Express |
CPU | Intel Core 2 Duo T9500 45 nm ; 2,6 GHz ; 6 Mo de cache L2 |
RAM | Corsair Value RAM 2 x 2048 Mo DDR2-667 |
DVD-ROM | 8x DVD+/-R |
Wifi | Intel 4965 WLAN (802.11a/g/n) |
Dalle | 14.1″ WXGA+ (1400×900) |
Carte graphique | Intel GMA X3100 |
Batterie | 9 cellules/85WHr |
Logiciels et pilotes | |
OS | Windows Vista Ultimate 6.0 Build 6000 SP1 |
DirectX | Version 10 |
Plateforme | Version 8.2.0.1014 |
Graphique | Version 7.14.00.10.1253 |
Tests de performances Mobilemark07 et Sysmark07 :
Portable | Dell Latitude D630 |
Chipset | Intel GM965 Express |
CPU | Intel Core 2 Duo T9500 45 nm ; 2,6 GHz ; 6 Mo de cache L2 |
RAM | Samsung M470T5663QZ3 RAM 2 x 2048 Mo DDR2-667 |
DVD-ROM | 8x DVD+/-R |
Wifi | Intel 4965 WLAN (802.11a/g/n) |
Dalle | 14.1″ WXGA+ (1400×900) |
Carte graphique | Intel GMA X3100 |
Batterie | 6 cellules/56WHr |
Logiciels et pilotes | |
OS | Windows Vista Ultimate 6.0 Build 6000 SP1 |
DirectX | Version 10 |
Plateforme | Version 8.2.0.1014 |
Graphique | Version 6.14.10.4926 |
Benchmarks et réglages
VLC | Version 0.8.6h Lecture d’un fichier VOB |
Bapco Mobilemark07 | Version 1.04 Productivity 2007 |
Bapco Sysmark07 Preview | Version 1.04 Single Run |
Firmware utilisé sur le X25 : 8610, daté du 11 Août
Débits en lecture/écriture, cache
Ce premier graphe montre bien le débit constant obtenu aussi bien en lecture qu’en écriture par le X25-M, comme tous les SSD. Ce qui est plus remarquable, c’est la valeur obtenue en lecture : 200 Mo/s, c’est mieux que les meilleurs disques SAS 15 000 rpm. On ne peut toutefois pas en dire autant des écriture avec environ 74 Mo/s. Si vous avez besoin d’un disque capable d’effectuer des écritures (séquentielles) rapides, il existe des solutions plus rapides que le X25-M.
Pas de soucis de comparaison avec le Samsung, plus de deux fois plus lent !
En écriture maintenant, h2benchw relève un débit moyen de 74 Mo/s, ce qui reste légèrement inférieur au 84 Mo/s du Samsung. Mais reste très honnête pour un MLC. Notez que le Momentus 7200.3 chatouille ici aussi le X25-M.
En ce qui concerne le débit du cache, pas grand chose à noter si ce n’est que les trois unités dotées d’une interface SATA 300 parviennent bien à dépasser la limite fixée par l’interface précédente, le SATA 150. Ce qui montre bien que le choix de cette interface est judicieux pour ces produits, même si elle engendre pour rappel une consommation supérieure pour des performances pratiques inchangées (sauf pour le X25-M donc).
Temps d’accès et performances E/S
La valeur de 0.085 ms revendiquée par Intel semble être vraie, puisqu’elle est en tout cas inférieure à 0.1 ms, h2benchw n’étant pas plus précis (mais est-ce vraiment nécessaire ?). Il ne parvient toutefois en cela pas à surpasser le SSD de Samsung. En revanche, les disques durs 2.5″ sont dans un autre monde.
Le NCQ a été implémenté puisqu’il reste nécessaire au contrôleur pour trier et réorganiser les requêtes afin d’optimiser l’amplification d’écriture ainsi que les performance en écritures aléatoires. Et le résultat est pour le moins impressionnant : près de 3500 entrées/sorties par seconde pour le scénario “base de données” d’IOMeter soit plus de 10 fois mieux que le SSD SLC Samsung ! Clairement, le contrôleur multi-canaux d’Intel réalise un excellent travaille. En revanche, il est aussi intéressant de noter qu’au delà de 16 requêtes simultanées, le X25-M s’essouffle complètement et rapidement (les performances sont divisées par plus de 3), même s’il reste encore largement devant tous ses concurrents avec 64 requêtes.
Les résultats sont similaires en mode serveur de fichiers, bien que l’écart se réduise : le X25-M n’est plus “que” plus de 3 fois performant que le Samsung !
Les serveurs webs n’effectuent que des opérations de lecture, et concernent surtout de petits fichiers. Dans ce cas, la différence entre la MLC et la SLC est faible bien que le contrôleur d’Intel poursuit son travail : bien qu’il ne parvient pas à battre ici le Samsung avec une seule requête, mais dès que plusieurs requêtes simultanées arrivent, la conception à 10 canaux se remet en branle. Reste que des SSD comme le Mtron 7500 Pro restent plus performants ici et atteignent les 8000 entrées/sorties.
Dans le dernier scénario (station de travail), le X25-M est environ deux fois plus rapide que le SSD Samsung.
A noter que tous ces tests ont été effectués sur notre plateforme de stockage (voir page 7).
Ecriture de fichiers, démarrage Windows
Le test d’écriture de fichiers de PCMark 05 donne des résultats assez proches des débits mesurés en écriture, mais il s’agit d’une partition NTFS ici et les résultats sont donc plus proches de la réalité. Clairement, le X25-M a beau être rapide, il se fait battre non seulement par le SSD Samsung, mais également par le Momentus 7200.3 ce qui est une petite surprise !
En ce qui concerne le temps de démarrage de Windows XP en revanche, le X25-M n’a pas trop de difficulté et s’avère près de 2,5 fois plus rapide que le Samsung et pas moins de 13 fois plus rapide que la Momentus 7200.3 ! Bien sûr, en pratique la différence ne sera pas aussi nette du fait du travail des drivers, des programmes et autres logiciels mais en pratique, le chargement de Windows sera très significativement plus rapide sur le X25-M que sur n’importe quel autre SSD ce qui en intéressera plus d’un.
Ces tests ont également été effectués sur notre plateforme de stockage.
Sysmark07 : perfs et consommation
Ceci est probablement l’un des tests les plus importants, vu que les logiciels pratiques et la consommation rentrent dans l’équation. Nous avons lancé la preview de SYSMark 2007 (ainsi que MobileMark 2007 comme nous allons le voir plus loin) sur le Dell Latitude D630 basé sur un Core 2 Duo T9300.
Ce graphe représente la consommation du D630 à chaque instant pendant l’exécution complète de Sysmark 2007, qui lance 4 séries de test : apprentissage, bureautique, vidéo et modélisation 3D. Toutes sont basées sur de vraies applications et des tâches représentatives, qui utilisent donc également le disque dur/SSD.
On peut voir sur le graphe que le D630 équipé du SSD Samsung affiche la plus faible consommation au repos (ligne jaune), alors que les deux disques durs consomment plus d’énergie en idle. Une fois en charge, les différences entre les 4 produits ne sont plus vraiment visibles car la consommation de l’ensemble du portble augmente significativement et relègue au second plan l’influence de la consommation du disque durs ou du SSD sur la consommation totale.
Malgré cela, on peut voir clairement que c’est avec le Scorpio que le portable prend le plus de temps à finir le test, suivi par le Momentus 7200.3. Le X25-M est deuxième, alors que le plus rapide s’avère être le Samsung ! Malgré le débit en lecture du SSD d’Intel et ses performances en entrées/sorties, le SSD SLC Samsung parvient à être plus rapide tout en consommant moins au repos.
Sur la première suite de test, l’influence du disque dur/SSD sur la performance finale semble limitée bien que le Scorpio s’avère clairement le plus lent.
En modélisation 3D, les écarts augmentent et le X25-M s’avère le meilleur choix, bien que le Samsung le talonne et que les disques durs ne soient pas loin derrière.
En bureautique, la différence entre les disques durs et les SSD est clairement marquée. Cette fois, c’est le Samsung qui s’avère plus performant que le X25-M.
Sous Vegas et After Effects, le X25-M est relégué au niveau des disques durs alors que le Samsung prend largement la tête.
Au final, le classement est le même que celui que nous avions pu déterminer en observant le graphe de consommation du portable.
Perfs par Watt : station de travail
Au niveau des performances en entrées/sorties en mode station de travail, comme prévu le X25-M laisse tous ses concurrents sur place et s’avère 17 à 19 fois plus rapide que les disques durs.
Côté consommation maintenant, on remarque un résultat réellement impressionnant : alors que les disques durs nécessitent 2.35 voir 2.71 W pour délivrer leurs 85-94 entrées/sorties par seconde, les SSD consomment jusqu’à près de 3 fois moins pour des performances qui explosent.
Conséquence logique : les performances par watt explosent pour les SSD, et notamment pour le X25-M qui s’avère donc environ 2 fois plus efficace sur le Samsung, et jusqu’à 31 fois que le Scorpio !
Ces tests ont été effectués sur notre plateforme de stockage.
Perfs par Watt : lecture en streaming
Le test de lecture séquentielle en streaming reflète celui, synthétique, du débit en lecture : le X25-M s’avère environ 2 fois plus rapide que le Samsung, et les disques durs ne sont pas trop loin derrière.
Côté consommation, une fois encore celle des SSD est exceptionnellement basse vu le niveau de performances. On note toutefois que le X25-M consomme dans ces conditions plus que le Samsung, bien qu’il reste à un niveau deux fois plus faible que celui du Scorpio.
Au final, le rapport performances/consommation reste très légèrement meilleur sur le X25-M comparé au Samsung, grâce à sa performance.
Mobilemark07, consommation en idle, lecture DVD
Nous avons finalement voulu mesurer l’autonomie du D630. Vus que nous effectuons certains tests en parallèle, nous utilisons 2 portables. Le test sous MobileMark a été effectué sur un D630 muni d’un Core 2 Duo T9300 (2.5 GHz). Il utilise une faible batterie 6 cellules de 56 Wh. Les deux autres tests, à savoir la consommation au repos et la lecture DVD, ont été effectués sur un second D630 qui est le même mais muni d’un Core 2 Duo T9500 (2.6 GHz).
Mobilemark est un des outils couramment utilisé pour mesurer l’autonomie avec des charges données. La différence s’est avéré comme prévue assez faible, dans la mesure où nous sommes en présence de l’un des portables de travail les plus efficaces du marché. Mais la différence reste visible : le SSD Samsung permet d’obtenir la meilleure autonomie mais également d’excellentes performances (voir les résultats sous SYSMark 2007), alors qu’Intel n’est pas loin derrière avec une autonomie moins de 3 % inférieure et de bien meilleures performances synthétiques. En toute logique, le disque dur le plus rapides (7200 rpm) s’est avéré être celui engendrant la plus faible autonomie.
Nous avons mesuré la consommation au repos sur le D630 équipée du T9500 afin de bénéficier d’un contrôleur SATA plus récent, nécessaire afin de bénéficier des meilleurs modes d’économie d’énergie des disques/SSD. Ici, la performance du X25-M est stupéfiante, avec une consommation minimale de 0.07 W pour le SSD seul soit presque rien. Le Samsung reste très efficace mais consomme tout de même 3 fois plus. Quand aux disques durs, ils consomment 10 fois plus que le SSD d’Intel.
Enfin, nous avons voulu connaître la consommation moyenne pour un flux de lecture donné, celui d’une lecture DVD (mais à base d’un fichier .VOB placé sur le disque dur). Comme sur le test d’autonomie sous MobileMark, c’est cette fois le Samsung qui s’avère le plus efficace, suivi par le X25-M, tous deux restant bien plus efficients que les disque durs.
Conclusion
Au final, les promesses d’Intel n’étaient pas exagérées. Le X25-M est le premier d’une série de SSD qui débarqueront entre octobre et début 2009. Nous avons reçu le modèle au format 2.5″ d’une capacité de 80 Go et basée sur de la MLC. Mais grâce au contrôleur flash intelligent mis au point par Intel et l’utilisation simultanée de 10 canaux, ce SSD basé sur une mémoire techniquement inférieure s’est avéré capable de surpasser l’excellent SSD Samsung de 64 Go, basé sur de la SLC. Et ce notamment au niveau du débit en lecture et surtout des performances en entrées/sorties, qui ne sont traditionnellement pas le point fort des SSD basé sur de la MLC.
Intel Inside
Les puces de mémoire flash utilisées sont pourtant les mêmes que celles que l’on trouve sur les SSD MLC de Toshiba, Hynix et des autres, mais le secret réside dans le contrôleur du X25-M. Il parvient à sublimer les performances de la MLC utilisée tout en réduisant l’usure. Le nombre de cycles d’écriture est réduit non seulement en répartissant les données sur les 10 canaux, mais également en rassemblant et réorganisant les écritures via l’utilisation de la mémoire cache. Bien que nous ne pouvions vérifier ce fonctionnement en détail, vu les résultats il est clair qu’Intel a réalisé un superbe travail qui devrait réveiller la concurrence.
Du chemin reste à parcourir
Ceci étant dit, le X25-M n’est toutefois pas le meilleur SSD une fois pris en compte la consommation. Le SSD de Samsung parvient ainsi à rester en tête des performances sous SYSMark 2007 tout en consommant moins, que ce soit en mode station de travail ou avec un flux constant de données (lecture vidéo par exemple), tout en s’avérant plus rapide en écriture grâce à sa SLC. Mais s’il n’est pas le SSD qui consomme le moins dans toutes les situations, le rapport performances par Watt du X25-M reste exceptionnel.
A quand la disponibilité ?
Les performances devraient pourtant être encore revues à la hausse lors de l’arrivée prochaine du X25-E, qui sera la déclinaison SLC du X25-E. Seul soucis : les X25 ne sont pas encore disponibles à la vente, ce qui nous empêche d’accorder la moindre recommandation finale. D’autant que nous n’avons pu obtenir d’information tarifaire de la part d’Intel, même si les rumeurs parlent d’un prix de 600 $ hors taxes, ce qui le placerait avantageusement face aux 1000 $ du Samsung. Tout en restant très cher pour du “milieu de gamme” !
A noter également qu’un des points noirs des excellents résultats obtenus par le X25-M reste la variabilité de ses performances en écritures dans le cas où la charge de travail change complètement (d’accès aléatoires aux accès séquentiels ou vice versa). Ceci disqualifie ce SSD pour les environnements très exigeants comme les serveurs, les stations de travail voir les PC haut de gamme puisque des performances minimum en écriture ne sont pas garanties.
Récapitulatif technique
Gamme | X25-M | SSD SATA 3.0Gbps 2.5″ |
Modèle | SSDSA0SH080G1GN | MCCOE64G5MPP |
Capacité | 80 Go | 64 Go |
Autre capacité disponible | 160 Go | 32 Go |
Interface | SATA/300 | SATA/300 |
Cache (Mo) | 16 Mo | – |
NCQ | Oui | Non |
Hauteur | 6.5 mm | 9.5 mm |
Poids | 78 g | 72 g |
MTBF | 1.2 million d’heures | 2.0 millions d’heures |
Température de fonctionnement | 0-70°C | 0-70°C |
Consommation officielle au repos | 0.06 W | 0.24 W |
Consommation mesurée au repos | 0.07 W | 0.24 W |
Résistance aux chocs en fonctionnement | 1000 G | 1500 G |
Variation des perfs : nos résultats
Il est à noter que nous avons remarqué une variation des performances du X25-M à partir du moment où l’on change la charge de travail (accès aléatoires ou séquentiels, et lectures ou écritures). Comme le contrôleur du X25-M cherche continuellement à optimiser les performances en écriture et réduire les écritures au moyen de l’amplification d’écriture, il optimise perpétuellement la répartition des blocs. Alors que la place des blocs est physiquement déterminée sur les disques durs, les contrôleurs des SSD peuvent les modifier ce qui se traduit par une variation des performances en écriture.
Ce phénomène reste invisible si nous répétons les tests de notre protocole plusieurs fois, mais se remarque si nous enchaînons IOMeter puis un test séquentiel de h2benchw. Comme vous pouvez le voir sur le graphe ci-dessous, les performances en écriture sont sévèrement impactées à cause du contrôleur qui cherchait précédemment à optimiser les opérations d’accès aléatoires. Dans cet exemple, il a fallu attendre plusieurs minutes avant que le contrôleur change son comportement et retrouve les performances qu’il avait au cours des précédentes exécutions.
Ce comportement ne peut être contrôlé à partir du moment où la charge de travail change du tout au tout. Ce qui signifie que vous pourrez observer une baisse considérable des performances en écriture si vous changez de type d’accès. La seule façon d’éliminer ceci est d’utiliser l’utilitaire de formatage d’Intel, ce qui a une contrepartie pour le moins malheureuse puisqu’il élimine évidemment toutes les données du SSD.