Introduction
Kingston est une société qui s’est lancée assez tard dans le monde des SSD, la firme ayant vu moins rapidement qu’OCZ (par exemple) l’intérêt de ce type de support de stockage. Et Kingston multiplie donc les références : après des séries SSNow M et E qui étaient des clones d’Intel, la société a proposé les V et les V+. Les V étaient soit à base de JMicron JMF602 (« amélioré » par Toshiba) soit à base d’Intel (pour le modèle de 40 Go) alors que les V+ utilisaient le design Samsung, un classique vu par exemple chez Samsung (PB22J), Corsair ou OCZ. Avec la seconde génération de V+, Kingston a fait confiance à Toshiba.
Le nouveau V+ que nous allons étudier ici n’est pas un premier prix comme les séries V. Il offre des performances équivalentes aux ténors du secteur tout en proposant une nouveauté : une capacité de 512 Go, inédite en 2,5 pouces. Le modèle que nous avons testdispose d’une capacité de 128 Go : arrivera-t-il à tirer son épingle du jeu ?
- Notre test du SSDNow V de 40 Go
Toshiba dans les SSD ?
Toshiba dans les SSD ? Oui, la société a inventé la mémoire flash dans les années 80 et beaucoup de produits à base de ce type de mémoire existent chez le constructeur. Dans le monde des SSD, la société vend essentiellement aux OEM, parfois sous sa propre marque, et Toshiba dispose aussi de parts dans MTron, une firme connue (en son temps) pour ses SSD.
Toshiba T6UG1XBG
Le contrôleur utilisé par Toshiba est le T6UG1XBG. Gravé (a priori) en 43 nm, ce contrôleur prend en charge de la mémoire flash Toshiba (TH58NVG7D7EBAK0) sur huit canaux. Notre exemplaire de test utilise des puces de 128 gigabits (16 Go) et le PCB de cette version n’est pas prévu pour accepter plus de puces, ce qui suggère deux choses : soit la version 512 Go utilise un PCB différent, soit elle utilise des puces de 64 Go. Enfin, de la mémoire cache est disponible pour le contrôleur, sous la forme d’une puce de 128 Mo de RAM (de la DDR Micron, 9LA17-D9HSJ).
Le design
Le SSD en lui-même est en métal et propose une interface de connexion classique : du SATA 3 gigabits/s avec un connecteur d’alimentation à la même norme. Le SSD est au format 2,5 pouces et il mesure — comme la majorité des disques durs — 9,5 mm d’épaisseur. Entièrement en métal, le boîtier est utilisé par Kingston comme un dissipateur : nous avons été surpris, en ouvrant le SSD, de découvrir un pad thermique qui permet à la chaleur émise par le contrôleur et les puces mémoires de se dissiper sur le boîtier. C’est une première sur un SSD, la majorité des contrôleurs ayant une consommation très faible (ils sont souvent basés sur des processeurs ARM). Le PCB de ce modèle n’offre pas d’emplacements vides pour de la mémoire (contrairement au SSDNow V de 40 Go, par exemple) et seule une des deux faces du PCB est occupée, avec dix composants : huit puces de mémoire flash, une puce de mémoire et le contrôleur.
Les spécifications
Ce SSD est assez intéressant sur le papier : Kingston annonce 230 Mo/s en lecture et 180 Mo/s en écriture — des valeurs correctes pour un SSD récent — et le SSD supporte la commande TRIM, intégrée à Windows 7. Le SSD pèse 84 grammes, consomme 2,6 W au maximum et 0,15 W en idle et n’émet (évidemment) aucun bruit. En comparaison, un disque dur 2,5 pouces récent (Momentus 5400) pèse 100 grammes, consomme 0,81 W en idle et 1,54 W pendant une recherche. Pour le reste, Kingston annonce 1 million d’heures de MTBF et offre une garantie de trois ans.
Bundle et prix
Avant de passer aux prix et aux performances, intéressons-nous à un point souvent négligé : le bundle. En effet, Kingston est une marque tournée vers les utilisateurs finaux et propose donc deux versions de ses SSD (dans le cas présent) : une avec le SSD seul, pour les geeks et les personnes qui se montent directement un PC, et une autre avec un bundle complet, pour ceux qui veulent donner un peu de souffle à une vieille machine (pas trop vieille tout de même).
Le bundle
Le bundle, que nous avons reçu avec notre exemplaire de test, comprend un câble SATA, un adaptateur permettant d’alimenter le SSD via une prise molex (si l’alimentation n’a pas le connecteur adéquat), des rails permettant d’installer le SSD dans un emplacement 3,5 pouces et un boîtier permettant de brancher un disque dur 2,5 pouces en USB 2.0 (utile pour récupérer un disque dur de PC portable, par exemple). De plus, Kingston livre aussi un CD contenant Acronis True Image HD, un programme permettant d’effectuer rapidement la migration d’un disque dur à un SSD.
Les prix
Les prix sont dans la moyenne des SSD basés sur des contrôleurs haut de gamme avec de la mémoire MLC (Indilinx Barefoot, Samsung, etc.). Kingston France n’indique pas les prix, mais la valeur en dollars permet de déduire le prix français : 268 $ pour 64 Go (environ 190 €), 512 $ pour 128 Go (environ 365 €), 992 $ pour 256 Go (710 €) et 1 969 $ pour le modèle de 512 Go (1 400 €). Les versions livrées avec un bundle (complet) valent environ 15 $ de plus, ce qui est avantageux : des rails d’installation ou un boîtier USB sont fréquemment vendus ce prix.
Nos tests
Pour les tests, nous avons effectué les mêmes benchmarks que pour le SSDnow V de 40 Go (à base d’Intel), en supprimant le test d’autonomie et le test en jeu. Le premier, pour une raison simple : dans les portables classiques, le dispositif de stockage consomme trop peu pour que la différence entre un SSD et un disque dur soit significative (l’Intel de 40 Go, réputé autonome, ne faisait gagner que 6 minutes à notre machine). Et les rares machines ou la consommation du SSD pourrait permettre de gagner quelques minutes sont les netbooks, dont le prix est plus faible qu’un SSD de 128 Go… Pour les tests « en jeu », l’abandon est simple : le gain existe, mais n’est significatif que dans quelques rares jeux, ceux où les niveaux sont chargés au fur et à mesure de la partie (par exemple les MMORPG comme World of Warcraft). Dans les autres jeux, le gain reste faible.
Pour le reste, nous avons comparé le SSD au SSDNow V de 40 Go (Intel) et à deux disques durs : un Velociraptor de 300 Go (10 000 tpm) et un SpinPoint M6 de 500 Go (3 plateaux), un disque dur 2,5 pouces tournant à 5 400 tpm.
Configuration de test
Tous les tests ont été conduits sous Windows 7 Edition Professionnelle 32 bits. Le mode AHCI était activé.
Configuration 1 (PC Mark Vantage, IOmeter 2006.07.27, Atto Disk benchmark et CrystalDiskMark 2.2) | |
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Carte-mère | Tyan Toledo S5221 Chipset : Intel Q35 |
Processeur | Intel Core 2 Quad QX6850 @ 3,00 GHz |
Mémoire DDR3 (Dual Channel) | 2 x 2 Go de DDR2-6400 Corsair CM2X1024-6400C4 |
Carte graphique | Intégrée |
Benchmark | Détails |
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PC Mark Vantage | Version : 1.0.1.0 Patch 910a PC Mark Suites |
CrystalDiskMark 2.2 (c) | Taille du fichier test : 100 Mo |
ATTO Disk Benchmark | Direct I/O, Overlapped I/O, Nombre de requêtes simultanées = 4, taille des fichiers 0,5 to 8192 ko |
IOmeter 27.07.2006 | Usage type station de travail : 80 % d’accès aléatoires, 80 % de lecture, taille des blocs = 8 ko, durée = 10 min Usure : 100 % d’accès aléatoires, 100 % d’écriture, taille des blocs = 4 ko, durée = 30 min |
Débits : Crystal Disk Mark
Commençons nos tests par des mesures de débits bruts. CrystalDiskMark 2.2 fournit six résultats clés : les débits mesurés en lecture séquentielle, en écriture séquentielle, en lecture de fichiers de 512 ko, en écriture de fichiers de 512 ko, et enfin, en lecture de fichiers de 4 ko et en écriture de fichiers de 4 ko.
En test sur des données séquentielles, on atteint 235 Mo/s (environ) en lecture et 150 Mo/s en lecture. On est donc un peu au-dessus des valeurs annoncées en lecture et un peu en dessous en écriture, mais le SSD reste nettement plus rapide que les modèles Intel, qui sont généralement assez faibles en écriture.
Avec des fichiers de 512 ko, point intéressant, le SSD de Kingston perd peu alors que la perte de performances est significatives sur les autres produits. Le contrôleur de Toshiba est donc très bon à ce petit jeu et son cache de 128 Mo doit aider.
Enfin, avec des fichiers de 4 ko (la bête noire des SSD), le contrôleur de Toshiba tient très bien la route : 45 Mo/s en écriture aléatoires, c’est autant qu’un SSD Intel X25-V (et moins qu’un X25-M ou un X25-E) et bien plus que ce que peut fournir un SSD à base d’Indilinx Barefoot (entre 10 et 15 Mo/s).
Dans la pratique, les performances sont d’un très bon niveau et on est loin des problèmes des contrôleurs JMicron JMF602.
Débits : ATTO Disk Benchmark
Velociraptor 300 Go (10 000 tpm)
SpinPoint M6 500 Go (5 400 tpm)
SSDNow V 40 Go (Intel)
SSDNow V+ 128 Go (Toshiba)
Atto Disk Benchmark délivre des résultats plus détaillés, et similaires bien que l’on note quelques différences (attention, les graphiques n’utilisent pas la même échelle). Si les débits maximum enregistrés sont égaux, la perte engendrée par la diminution de la taille des fichiers est plus lente. La hiérarchie n’en est pas beaucoup bouleversée : le SSD caracole en tête dans tous les cas et est évidemment bien plus rapide que le modèle V de 40 Go, basé sur un contrôleur Intel sur 5 canaux (au lieu de 10 sur les X25-M).
En pratique : PC Mark Vantage, IOmeter
Laissons les tests théoriques et intéressons-nous à des cas plus pratiques. Sous PC Mark Vantage, les résultats sont intéressants à analyser : alors que le SSD à base de Toshiba est devant dans les tests théoriques, le SSD à base de contrôleur Intel est globalement plus efficace. Nous avons effectué les tests plusieurs fois et les résultats ne varient pas : sous PCMark, le SSD Intel est plus rapide. Une bizarrerie qui ne se ressent pas réellement en pratique, les deux SSD étant impossibles à différencier dans les faits, sauf si on effectue beaucoup de copies de fichiers.
Nous n’avons cette fois-ci utilisé IOmeter que dans la simulation d’un usage de type station de travail telle que définie par Intel. La répartition des accès était donc 80 % de lectures de blocs de 8 ko (contre 20 % d’écritures), 80 % des accès étant aléatoires. Dans ce cas, les temps d’accès inexistants et les débits en lecture confortables rendent les SSD presque 17 fois plus rapide que le Velociraptor. Le SSD à base de Toshiba a pratiquement les mêmes performances que celui à base d’Intel, ce qui est réellement une performance, tant Intel domine sur ce point.
TRIM et gestion de l’usure
Un aspect critique des SSD est leur résistance à l’usure, autrement dit la tenue de leurs performances dans le temps. C’est un point sur lequel les SSD ont beaucoup progressé depuis le lancement des premiers modèles.
Pour simuler l’usure accumulée à force d’installer des programmes, de copier et d’effacer des fichiers, etc. nous avons eu recours à IOmeter. Pendant 30 minutes, il soumettait le disque à des écritures de blocs de 4 ko totalement aléatoires. Nous avons ensuite lancé à nouveau Crystal Disk Mark.
Soulignons que cette usure simulée est bien plus intense que celle que créerait l’utilisation courante du SSD, surtout s’il est utilisé en simple disque de démarrage, le gros des données étant créé ou supprimé sur un second disque dur.
Comme on le voit, l’utilisation de la commande TRIM par Windows 7 permet au SSD à base de contrôleur Toshiba de ne pas perdre en performance, même après une situation « stressante » pour le contrôleur, au contraire du SSDNow V de 40 Go, à base d’Intel, qui ne dispose pas de cette commande (au contraire du X25-V).
Dans la pratique, il faudra penser à rester sous Windows 7, le contrôleur de Toshiba ne disposant a priori pas d’une gestion de l’usure de type « garbage collector » et Kingston ne proposant pas de logiciel pour remettre le SSD à neuf (au contraire d’Indilinx) sous d’autres systèmes.
Conclusion
Au final le Kingston SSD Now V+ s’avère être un SSD rapide, qui arrive à concurrencer les modèles Intel sur les écritures aléatoires tout en arrivant au même niveau que les Indilinx Barefoot en écriture séquentielle. Le bundle est complet, le TRIM est de la partie, le contrôleur ne semble pas avoir de gros défauts et les prix sont globalement proches des solutions à base de Barefoot. Pourtant, il y a un bémol.
Un problème marketing
Kingston vend ses SSD sous le nom SSDNow V+ Génération 2, avec un nom de série sous la forme SNVP325-S2, alors que des SSDNow V+ à base de Samsung existent, sous le nom SNVP225-S2. La différence est évidemment très faible et le numéro de série ne se trouve que sur l’étiquette du SSD, nullement sur le package lui-même. Bien évidemment, Kingston est coutumier du fait : les SSDNow V utilisent plusieurs types de contrôleurs, en fonction de la capacité.
Pour le reste, et pour peu que vous soyez certains que votre SSD est bien à base de contrôleur Toshiba, le produit de Kingston est une bonne alternative aux modèles à base de Barefoot, mais un prix un rien moins élevé serait un plus.