La Russie développe un processeur RISC-V à 8 cœurs pour 2025

L’enjeu : limiter sa dépendance technologique, avec des CPU destinés à certains de ses ministères.

Alors que l’écrasante majorité des processeurs du marché sont conçus et développés aux Etats-Unis, de nombreux pays commencent à travailler à leurs propres solutions, tant pour réduire leur dépendance technologique que pour s’abstraire des éventuels risques liés à des vulnérabilités … ou à “des règles de fonctionnement non-documentées, avec des microprogrammes chiffrés”, comme le justifiait le MCST (Moscow Center of SPARC Technologies), derrière un projet de CPU Elbrus à 32 cœurs.

Image 1 : La Russie développe un processeur RISC-V à 8 cœurs pour 2025
Source : Rostec

La Chine a également lancé plusieurs projets du même type, soutenus par des budgets étatiques. L’Union européenne alimente aussi, depuis juin 2019, un projet de processeur indépendant, l’EPI (European Processeur Initiative), destiné quant à lui au calcul hautes performances et aux supercalculateurs exaflopiques.

L’enjeu : soutenir un parc de 60 000 machines gouvernementales

La Russie lève aujourd’hui le voile sur un nouveau projet de ce type, orchestré par Rostec, une société d’Etat à la tête d’un conglomérat, qui investit dans une large diversité de technologies pour les secteurs civils et militaires. En partenariat avec d’autres acteurs russes, Yadro qui se spécialise dans les serveurs, et Syntacore qui conçoit des puces, Rostec planche sur une série de processeurs RISC-V à destination des PC fixes, des PC portables et des serveurs. L’objectif : alimenter l’essentiel du parc informatique des ministères de la santé, de l’éducation et des sciences, d’ici 2025.

Image 2 : La Russie développe un processeur RISC-V à 8 cœurs pour 2025
Source : Syntacore, cité par AnandTech

Le coût du projet serait estimé à 30 milliards de roubles, soit 340 millions d’euros. Rostec prévoit d’équiper à cette date 60 000 systèmes avec ses propres solutions, qui s’articuleraient autour de CPU à 8 coeurs RISC-V, cadencés à 2 GHz et gravés en 12 nm. On ne connait pas encore le nom du fondeur qui serait impliqué dans le processus, mais tout prête à croire que GlobalFoundries, désormais un peu en décalage par rapport aux noeuds de pointe, serait un candidat tout trouvé.

Syntacore a déjà travaillé sur des designs autour de l’architecture RISC-V, et on s’orienterait vraisemblablement vers le déploiement d’une telle solution autour d’une distribution Linux développée en parallèle. Canonical, l’éditeur d’Ubuntu, a récemment confirmé que son système supporte l’architecture RISC-V développée par SiFive. En ciblant un parc de 60 000 machines, on peut imaginer que de tels systèmes soutiendraient essentiellement des usages bureautiques.

Outre le projet du MCST autour de CPU Elbrus, pour des usages plus proches de ceux des CPU x86/x64 avec de hautes performances à 32 cœurs, la Russie planche également sur un processeur autour des architectures ARM et MIPS, les Baikal développés par l’entreprise du même nom.