Introduction
On entend régulièrement dire que les disques durs 1,8″ sont morts, mais il reste un élément qui permet encore à ce format de subsister, envers et contre tout : la hausse constante des capacités. La mémoire flash, alternative logique à ces disques durs compacts, n’est en effet pas encore suffisamment avancée dans ce domaine pour réellement percer auprès du grand public ; les lecteurs flash de grande capacité sont encore beaucoup trop chers. Nous avons donc décidé de passer sous la loupe trois générations de disques durs 1,8″ de marque Toshiba dans le but d’essayer de déterminer à quoi pourrait bien ressembler l’avenir de cette catégorie de produits.
Mais qui utilise des disques durs 1,8″ ?
À une certaine époque, les fabricants avaient prévu que les ultraportables et les netbooks embarqueraient de plus en plus souvent des disques durs au format 1,8″. Il est toutefois rapidement apparu que ce ne serait le cas que pour les ultraportables haut de gamme. Les netbooks, aujourd’hui l’un des segments enregistrant la croissance la plus rapide du marché, évitent la mémoire flash en raison de son coût bien trop prohibitif et de ses capacités trop limitées, leur préférant les classiques disques durs 2,5″, seuls modèles dont le rapport capacité/prix est acceptable pour ces portables low cost.
On retrouve cependant les disques durs 1,8″ dans toute une série d’appareils ultraportables ou de poche devant combiner des impératifs de prix, de capacité et de compacité. C’est par exemple le cas de l’iPod Classic d’Apple et d’une pléthore d’autres lecteurs MP3 (dont les Zune 80 et 120 de Microsoft), de lecteurs multimédias comme ceux proposés par Archos ou encore des UMPC. Le format 1,8″ est par ailleurs assez populaire auprès des fabricants de disques durs portables.
Quelques faits
Hitachi possédait une gamme de disques durs 1,8″ et Seagate a proposé des Lyrion 1,8″ pendant un moment, mais les deux fabricants ont abandonné ce marché il y a plusieurs années. Western Digital ne s’y est même jamais essayé. À l’heure actuelle, seuls Samsung et Toshiba restent donc actifs sur ce segment ; et encore, le premier se concentre uniquement sur les appareils grand public. Seul le second dispose donc d’une gamme complète.
Chez la plupart des fabricants, les disques durs 1,8″ ont longtemps été confinés à des vitesses de 3600 ou 4200 tr/min, ce qui signifie que leurs performances étaient loin d’être exceptionnelles. Samsung et Toshiba ont lancé des produits 5400 tr/min lorsque l’interface ATA et les connecteurs ZIF ont fait place au SATA. La plupart des modèles actuels font appel à l’interface SATA/300 et à des connecteurs micro SATA. Leurs performances ne sont toujours pas à la hauteur de celles des disques 2,5″ ou 3,5″ mais ils ont pour eux l’avantage d’être solides, très silencieux et bien plus compacts.
Analyse : trois générations de disques durs
Pour cet article, nous avons décidé d’analyser les performances et l’efficacité énergétique de trois disques durs 1,8″ Toshiba : un MK1617GSG de 2008 (160 Go), un MK2529GSG de fin 2008 / début 2009 (250 Go) et le tout récent MK3233GSG (320 Go), disponible depuis quelques mois à peine.
La plupart des disques durs 1,8″ se branchent en micro SATA.
2008 : MK1617GSG (160 Go)
Le modèle 160 Go date d’environ deux ans mais montre parfaitement à quel point les capacités ont évolué dans le domaine des disques durs 1,8″ : il n’a en effet fallu que deux ans pour doubler le volume disponible et passer à 360 Go. Pour comparaison, en 2008, les modèles de bureau faisaient déjà entre 1 et 1,5 To tandis que les disques durs pour portables avaient une capacité maximale de 500 Go.
Modèle 160 Go sur deux plateaux, le MK1617GSG a également été décliné en une version à un seul plateau (fort logiquement, de 80 Go). Branché en SATA, il utilise une interface à 1,5 Gbit/s et est équipé du NCQ ainsi que de 8 Mo de mémoire cache. Toshiba indique une consommation de 0,55 watt au repos et 0,45 watt en veille, ce que confirment nos mesures. Les lectures et écritures, par contre, ne sont censées consommer que 1,4 watt ; c’est bien le cas pour les deux autres modèles testés aujourd’hui, mais « l’ancêtre » consomme cependant jusqu’à 2,5 watts en lecture continue. À l’heure actuelle, il s’agit toutefois d’un faux problème, dans la mesure où tout le monde opterait de toute façon pour l’un des nouveaux modèles.
D’après nos tests, le débit en lecture séquentielle est de 42 Mo/s maximum et 20 Mo/s minimum. Comparé aux chiffres enregistrés sur les modèles 2,5″ et 3,5″ de l’époque, c’est peu, mais heureusement, les générations suivantes ont vu leurs performances augmenter considérablement.
Fiche technique (en anglais) : http://sdd.toshiba.com/techdocs/Toshiba_MKxx17GSG_Data_Sheet.pdf
2009 : MK2529GSG (250 Go)
Notre deuxième concurrent est le MK2529GSG, un modèle 250 Go lancé fin 2008. Il s’agissait à l’époque du plus gros disque dur 1,8″ disponible chez Toshiba. Comparé au modèle 160 Go, il affiche déjà une hausse de 24 % du débit en lecture (52,3 Mo/s maximum) et des performances en E/S améliorées. PCMark Vantage démontre également que sa vitesse a augmenté de 10 à 25 % selon le benchmark effectué.
La consommation au repos tourne toujours aux alentours de 0,5 watt, tandis que la consommation maximale en lecture séquentielle est descendue à 1,5 watt. L’énergie requise pour lire une vidéo Full HD est pratiquement aussi faible que la consommation au repos (0,5 watts environ), ce qui montre bien qu’il est possible d’optimiser les disques durs 1,8″ pour les applications nécessitant la lecture ou l’écriture d’un flux limité mais constant de données. Nous avons également été très agréablement surpris de voir que même le lancement d’opérations d’E/S intensives ne faisait pas monter la consommation au niveau de la lecture à vitesse maximale, le MK2529GSG restant à 1,1 watt dans ce benchmark. Une fois de plus, ce chiffre découle directement d’une optimisation qui se fait au détriment des performances en E/S, mais il est évident que pour un disque dur 1,8″, c’est la consommation qui doit primer.
Comparé à la génération précédente, ce disque dur affiche des performances par watt deux fois plus importantes en lecture continue et 30 % supérieures en E/S intensive.
Fiche technique (en anglais) : http://sdd.toshiba.com/techdocs/ToshibaMKxx29GSGDataSheet.pdf
2010 : MK3233GSG (320 Go)
Last but not least, voici le tout dernier 1,8″ de chez Toshiba, qui affiche une capacité et des performances revues à la hausse tout en gardant une consommation parfaitement maîtrisée. Également décliné en versions 160 et 250 Go, ce modèle est sans nul doute le plus intéressant de ce comparatif, dans la mesure où il est pour l’instant impossible d’atteindre sa capacité de 320 Go avec de la mémoire flash, du moins pas à un prix comparable. Il s’agit par ailleurs du premier disque dur Toshiba 1,8″ à être équipé de 16 Mo de cache au lieu de 8. Comme son prédécesseur, il est équipé d’une interface SATA 3 Gbit/s et du NCQ.
Son seul désavantage réside dans son temps d’accès, qui est passé à 19,4 ms. Cela n’aura pas grande importance pour un lecteur multimédia ou MP3, mais c’est à prendre en considération en cas d’intégration à un ultraportable. Ce retour en arrière a également un impact sur les performances en E/S, ce modèle 320 Go n’étant pas aussi rapide que le MK2529GSG 250 Go dans ce scénario, mais une fois de plus, ce n’est pas un problème pour les appareils grand public. Toutes les autres caractéristiques sont à la hausse, surtout les plus importantes pour les portables et les appareils de poche : le débit maximal en lecture/écriture est de 58,7 Mo/s, soit autant que ce qu’affichaient en règle générale les disques durs 2,5″ il y a deux ans, et les résultats obtenus sous PCMark Vantage montrent clairement que ce nouveau disque dur est supérieur en tous points à ses ancêtres (mis à part le temps d’accès susmentionné).
Fiche technique (en anglais) : http://sdd.toshiba.com/techdocs/MKxx33GSG.pdf
Configuration de test et tableau comparatif
Matériel | |
---|---|
Composants | Détails |
Processeur | Intel Core i7 920 (45 nm, 2,66 GHz, 8 Mo de cache L2) |
Carte-mère (Socket 1366) | Supermicro X8SAX Révision : 1.0 Chipset : Intel X58 + ICH10R BIOS : 1.0B |
RAM | 3 x 1 Go de DDR3-1333 Corsair CM3X1024-1333C9DHX |
Disque dur | Seagate NL35 400 Go ST3400832NS 7 200 tr/min, SATA/150, 8 Mo de cache |
Alimentation | OCZ EliteXstream 800 watts OCZ800EXS-EU |
Benchmarks | |
Mesure des performances | h2benchw 3.12 PCMark Vantage 1.0 |
Performances en E/S | IOMeter 2006.07.27 Test « Fileserver » Test « Webserver » Test « Database » Test « Workstation » Lecture en streaming Écriture en streaming |
Logiciels et pilotes | |
Pilote | Détails |
OS | Windows Vista Édition Intégrale SP1 |
Pilote chipset Intel | Intel Chipset Installation Utility 9.1.0.1007 |
Carte graphique AMD | Radeon 8.12 |
Intel Matrix Storage | 8.7.0.1007 |
Comparaison des disques durs
Fabricant | Toshiba | Toshiba | Toshiba |
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Modèle | MKxx17GSG | MKxx29GSG | MKxx33GSG |
MK1617GSG | MK2529GSG | MK3233GSG | |
Format | 1,8″ | 1,8″ | 1,8″ |
Capacité | 160 Go | 250 Go | 320 Go |
Vitesse de rotation | 5400 tr/min | 5400 tr/min | 5400 tr/min |
Autres capacités disponibles | 80 Go | 120, 160 Go | 160, 250 Go |
Nombre de plateaux | 2 | 2 | 2 |
Cache | 8 Mo | 8 Mo | 16 Mo |
NCQ | oui | oui | oui |
Interface | Micro-SATA/150 | Micro-SATA/300 | Micro-SATA/300 |
Poids | 62 g | 62 g | 62 g |
Température de fonctionnement | 5-55 °C | 5-55 °C | 5-65 °C |
Consommation au repos (théorique) | 0,45 W | 0,4 W | 0,4 W |
Consommation au repos (mesurée) | 0,5 W | 0,5 W | 0,5 W |
Résistance aux chocs (2 ms, lecture) | 500 G | 500 G | 500 G |
Courbes de débit
Vous trouverez les courbes de débit des trois disques sur un même graphique au bas de cette page.
Toshiba MK1617GSG (160 Go, 2008)
Toshiba MK2529GSG (250 Go, 2009)
Toshiba MK3233GSG (320 Go, 2010)
Les trois disques comparés
Le modèle 320 Go affiche un débit équivalent à celui d’un disque dur 2,5″ vieux de deux ans. Des performances acceptables quand on sait que les avantages des disques 1,8″ se situent en réalité au niveau des dimensions et de la capacité, deux terrains sur lesquels les autres technologies, comme la mémoire flash, sont encore incapables de rivaliser.
Débits et streaming
Débit séquentiel en lecture
Débit séquentiel en écriture
On note une hausse systématique des performances d’une génération à l’autre.
Streaming
Performances en E/S
Les performances en E/S n’ont pour ainsi dire aucun intérêt sur ce type de disques. Nous les incluons donc aux seules fins de comparaison, étant donné que nous testons tous les disques durs sur la même configuration.
Performances en E/S, profil « Database »
Performances en E/S, profil « Fileserver »
Performances en E/S, profil « Webserver »
Performances en E/S, profil « Workstation »
Aucun des disques testés ne se montre particulièrement rapide quand il s’agit de répondre à plusieurs demandes d’entrée/sortie simultanées. Ce n’est pas par hasard : les disques durs au format 1,8″ sont avant tout conçu pour être compacts, peu gourmands en énergie et efficaces en environnement contrôlé, par exemple au sein d’un iPod Classic.
Performances applicatives (PCMark Vantage)
Le logiciel de benchmark PCMark Vantage, qui fait appel à des applications réelles, montre à quel point les disques durs 1,8″ ont évolué au cours de ces dernières années.
Score global sous PCMark Vantage
Consommation
Consommation au repos
Consommation en streaming
Consommation en lecture vidéo
Consommation en mode « station de travail »
La consommation a joliment diminué entre le modèle de 2008 (160 Go) et celui de 2009 (250 Go), mais pas tellement entre ce dernier et le modèle de 2010 (320 Go). Apparemment, nous avons ici atteint la limite inférieure des possibilités en la matière.
Performances par watt
Nous calculons l’efficacité énergétique en divisant l’indice de performances par la consommation en watts. Nous prenons toutefois en compte deux profils différents : lecture séquentielle d’une part et station de travail de l’autre.
Performances par watt en lecture séquentielle
L’efficacité énergétique a plus que doublé entre le disque dur 160 Go de 2008 et le modèle 320 Go de 2010. Pas étonnant : les disques durs sont devenus beaucoup plus rapides tout en diminuant leur consommation.
Performances par watt en mode « station de travail »
On note un écart un peu moindre, mais toujours conséquent, lors des opérations d’E/S en profil « station de travail ». Étant donné que les performances du modèle 320 Go en la matière n’ont guère évolué (il y a une limite physique à la vitesse à laquelle les têtes peuvent se déplacer) et que sa consommation a légèrement augmenté, c’est le modèle 250 Go qui remporte la palme des performances par watt dans ce benchmark. N’oublions toutefois pas que celui-ci n’a que très peu d’intérêt au vu des usages prévus pour ce type de disque.
Indice de performances
Notre indice de performances découle de l’ensemble des benchmarks, sachant que la pondération utilisée ici donne plus d’importance aux scores de débit et aux performances applicatives qu’aux performances en E/S.
Conclusion
Avant de conclure, une chose doit être bien claire : les disques durs 1,8″ ne battront jamais aucun record de vitesse. À ce niveau, ils se font largement dépasser par les modèles 2,5″ et plus encore par les SSD. L’intérêt des disques durs à ce format est ailleurs : comme nous le montrent les trois générations de produits Toshiba examinés aujourd’hui, ils parviennent à jouer avec brio sur l’équilibre entre la capacité (320 Go), la compacité et le prix tout en affichant des performances relativement correctes.
Avec ses latences minimales et ses débits dépassant fréquemment les 200 Mo/s, il est évident que la mémoire flash bat les disques durs mécaniques à plate coutures sur le terrain des performances. Elle est également capable de les battre sur celui du coût : mettez 8 ou 16 Go de mémoire flash d’entrée de gamme dans un netbook et vous obtiendrez une machine à prix plancher. Il y a toutefois peu de chances pour qu’une telle capacité attire le client, et les performances seront inférieures à celles offertes par les disques durs 1,8″ de dernière génération.
Toshiba prouve donc qu’il existe encore des possibilités de développement pour les disques durs compacts, et il y a de fortes chances pour que la montée en capacité ne s’arrête pas à 320 Go. Tant que la densité de stockage de ces modèles continuera à évoluer à la même vitesse que celle de la mémoire flash, le format 1,8″ trouvera son public : les lecteurs MP3 haut de gamme et les UMPC actuels ne peuvent en effet pas s’en passer.
Nous tenons toutefois à souligner le fait qu’en matière de disque dur, il est essentiel de toujours opter pour la version la plus récente du produit que l’on souhaite acquérir, pour des raisons de performances. Celles-ci allant pratiquement toujours de pair avec la densité de stockage, nous vous recommanderions dans ce cas précis de choisir un MKxxx33GSG de 160, 250 ou 320 Go plutôt qu’un modèle de génération précédente.