Issu de la seconde salve de processeurs Alder Lake, le Core i5-12400 est l’une des solutions de milieu de gamme les plus abordables du côté d’Intel. Nous avons voulu le tester avec de la DDR4 et de la DDR5, sur des cartes mères autour du chipset B660, lui aussi moins onéreux. De quoi bâtir un solide PC pour jouer ?
Le 4 novembre dernier, Intel lançait officiellement ses processeurs Core de douzième génération, les Alder Lake. Gravure en 10 nm, architecture hybride entre des P-Cores performants et des E-Cores efficients, support de PCI-Express 5.0 et de la mémoire DDR5… On assiste enfin à un renouveau architectural majeur, dans le catalogue d’Intel, après des années de vaches maigres qui auront vu AMD lui passer devant. Selon le cabinet PassMark, AMD détiendrait en effet 50,8 % du marché des CPU de PC de bureau, contre 49,2 % pour Intel, au premier trimestre 2021.
Six premières références ouvraient la gamme, avec de nouveaux Core i5, i7 et i9 qui embarquent de 6 à 8 cœurs “performants” et de 4 à 8 cœurs “efficients”. Nous vous renvoyons à notre test de ces Core i5-12600K (359,99 €), Core i7-12700K (529,99 €) et Core i9-12900K (749,99 €) pour de plus amples détails sur leurs apports technologiques et sur cette architecture ambitieuse et moderne. Mais retenez en substance qu’ils raflent la tête de tous les classements, avec un écart substantiel vis-à-vis de la génération précédente et de la concurrence, pour une vraie efficacité énergétique. Le Core i9-12900K, par exemple, se montre 83 % plus efficace que le Core i9-11900K et 55 % supérieur au Ryzen 9 5950X (879 €), sorti quant à lui il y a plus de douze mois.
Mais voilà : outre leur tarif franchement élevé, ces processeurs Alder Lake imposent un changement complet d’architecture, avec l’achat d’une carte mère au socket LGA 1700 et de barrettes de mémoire DDR5, deux éléments vraiment coûteux. D’autant plus qu’à leur sortie, seul le suprême chipset Z690 était de la partie. De quoi aboutir à une facture salée, pour ce saut générationnel.
Intel Alder Lake : 22 nouvelles références desktop dévoilées…
En ouverture du CES 2022, Intel a annoncé la sortie de 22 nouvelles références Alder Lake de bureau. Elles visent à diversifier la gamme et surtout à l’étendre à tous les budgets, du modeste Celeron G6900T (2 P-Cores) au puissant Core i9-12900 (8 P-Cores et 8 E-Cores). Parmi les nouveautés, on peut citer l’apparition de déclinaisons “non K” des Core i5, Core i7 et Core i9 (elles ne profitent pas de l’overclocking débridé), mais aussi de variantes sans circuit graphique intégré, avec le suffixe F, dont le TDP ne dépasse pas 65 W.
Autre nouveauté, des Core i3 et Core i5 non-hybrides signent également leur entrée. Ils sont exclusivement composés de P-Cores (hautes performances) et font l’impasse sur les E-Cores (plus efficaces énergétiquement). On n’évolue plus vraiment dans la “philosophie” Alder Lake, mais ces solutions devraient suffire à un usage polyvalent, avec toutefois un moindre potentiel pour les tâches lourdes parallélisées. Parmi les nouvelles références, on retrouve également un Pentium Gold et un Celeron, pour des usages plus basiques, ainsi que neuf puces à basse consommation, avec le suffixe T. Avec un TDP de 35 W et de 2 à 16 cœurs physiques, elles devraient garantir une excellente efficacité énergétique, au prix de fréquences plus faibles, pour les machines All-in-One et les ordinateurs ultra-compacts.
Toutes ces nouvelles références s’accompagnent de trois nouveaux chipsets, qui devraient tirer le prix des cartes mères vers le bas, les H670, B660 et H610. Leurs différences tiennent essentiellement au nombre de lignes PCIe supportées et à la quantité de ports USB 3.2 gérés à la fois. Les chipsets Z690 et H670 communiquent tous deux avec le CPU à travers 8 voies DMI 4.0 et supportent jusqu’à 16 lignes PCIe 5.0 depuis le processeur, que l’on peut utiliser séparément comme deux lignes x8. Le nombre de lignes PCIe 3.0 passe de 16 à 12 avec H670, on retrouve deux ports USB 3.2 Gen 2×2 au lieu de 4 avec Z690, 4 ports USB 3.2 Gen 2 et non 10 et 8 ports USB 3.2 Gen 1 au lieu de 10.
Le chipset B660 vise un usage de milieu de gamme. Il n’est plus possible de séparer les lignes PCIe 5.0, les voies DMI passent à 4 et on retrouve 6 lignes PCIe 4.0 et 8 lignes PCIe 3.0 (au lieu de 12 et 16 pour Z690 et de 12 et 12 pour H670). Le nombre de ports USB 3.2 Gen 1 est également réduit et le nombre de ports SATA supportés se voit divisé par deux et passe à quatre ports. Le chipset H610 concerne essentiellement les petits processeurs et ne gère qu’un seul canal de mémoire vive. Tous les chipsets intègrent le Wi-Fi 6E, l’overclocking du processeur est réservé au Z690 et celui de la mémoire vive aux H670 et B660 (ainsi qu’au chipset haut de gamme).
Pour être complet, Intel annonce aussi la sortie des nouveaux ventirads Laminar RH1, RM1 et RS1 comme prévu. Ils accompagnent toutes les nouvelles références, sauf les variantes K et KF.
… et 28 nouvelles références mobiles
Dans le même élan, Intel annonce la disponibilité prochaine de 28 nouveaux processeurs Alder Lake mobiles. Ils se répartissent entre les séries H (hautes performances), P (PC fins et légers) et U (ultraportables) en fonction des usages, et varient selon leur nombre de cœurs, leurs fréquences de fonctionnement et leur TDP. Tous ces modèles embarquent en revanche un circuit graphique intégré, dont la fréquence et le nombre d’unités de calcul varient d’un modèle à l’autre.
La série H comprend huit références, du Core i5-12450H (4P + 4E) au Core i9-12900HK (6P + 8E, le seul processeur avec un coefficient multiplicateur débridé). Ils affichent tous un TDP de 45 W et les variantes les plus performantes tutoient une fréquence Turbo de 5,0 GHz.
La série P introduit six autres variantes, du Core i3-1220P au Core i7-1280P, avec un TDP de 28 W et des fréquences oscillant de 1,1 GHz à 4,8 GHz. Le fleuron de la gamme dispose tout de même de 6 P-Cores et de 8 E-Cores, pour 20 threads au total, avec 24 Mo de cache L3.
Enfin, la série U regroupe quatorze processeurs, du Core i3-1210U au Core i7-1265U, en passant par un Celeron 7300 et un Pentium 8500, avec des TDP de 9 W et de 15 W. Tous ces modèles adoptent une architecture hybride, avec 4 à 8 E-Cores et 1 à 2 P-Cores, pour une fréquence comprise entre 0,7 GHz et 4,8 GHz en mode Max Turbo.
Intel Core i5-12400 : le protocole de test
En partenariat avec Igor Wallossek du site Igor’s Lab, nous avons pu nous procurer un exemplaire commercial du Core i5-12400 (259 €). Il fait partie de la nouvelle salve de processeurs Alder Lake qui sortent en ce début d’année et illustre ces variantes “non-K” … mais aussi non-hybrides.
Le Core i5-12400 embarque en effet 6 P-Cores et aucun E-Core, mais il profite de l’Hyperthreading sur 12 threads. Sa fréquence de base est de 2,5 GHz et ses fréquences turbo oscillent entre 4,4 GHz (sur 2 cœurs), 4,2 GHz (sur 4 cœurs) et 4,0 GHz (sur 6 cœurs). Il perd 2 Mo de cache L3 par rapport au Core i5-12600K/F pour en conserver 18 Mo. On ne retrouve pas non plus d’instructions AVX512, quel que soit le firmware du BIOS, et le TDP est de 65 W, contre 125 W pour le Core i5-12600K. Il se rapproche ainsi des caractéristiques du Core i5-11400 sorti au premier trimestre 2021 (14 nm, 6 cœurs / 12 threads, fréquence de 2,6 GHz à 4,4 GHz, 12 Mo de cache L3, TDP de 65 W, 239 euros).
Parce que la nouvelle gamme Alder Lake l’autorise, nous avons voulu vérifier l’impact du choix de la mémoire vive, en installant successivement le Core i5-12400 dans une carte mère MSI MAG B660M Mortar WiFi (2×16 Go de DDR5-5200 Corsair Dominator) puis dans une MSI MAG B660M Mortar WiFi DDR4 (2×16 Go de DDR4-4000 Corsair Vengeance RGB Pro). Deux cartes aux caractéristiques extrêmement proches, qui font le choix du même chipset B660 bien calibré pour ce type de processeur. Ces deux modèles s’échangent tout de même aux alentours de 230 à 240 euros, mais on retrouve aussi une Asus Prime B660M à 169 euros. Il faut vraiment que les tarifs se resserrent, pour que ce chipset conserve toute son attractivité.
Les performances en jeux 720p (1280 x 720 pixels)
Nous entamons les tests avec la définition la plus basse officiellement supportée par Windows 11. La carte graphique n’est ici pas fortement sollicitée et l’ensemble des traitements repose alors sur le CPU. Nous avons ici soumis une sélection de processeurs à neuf jeux récents (DirectX 12 ou Vulkan)
Dans cette définition, le Core i5-12400 fait jeu égal avec le Core i7-11700K (459 €) de génération précédente et n’est que 5,8 % derrière le Ryzen 5 5600X (369 €). Il devance un Core équivalent de 11ème génération de plus de 7 %. De manière assez surprenante, il est très légèrement plus performant avec de la DDR4 qu’avec de la DDR5 (+ 0,5 %). Et dans l’ensemble, ce sont bien les processeurs Alder Lake qui raflent le haut du podium.
Concernant la consommation électrique, le résultat est remarquable. Le Core i5-12400 est tout simplement le meilleur élève de notre comparatif et n’engloutit que 44 Watts durant les tests. Rapporté au nombre d’images/seconde générées, le Core i5-12400 présente une efficacité énergétique spectaculaire et ne consomme que 0,21 watts par IPS, un résultat 63 % supérieur à celui de la génération précédente ! Il bat même le Ryzen 5 5600X de plus de 32 %. L’absence d’E-Cores se révèle payante pour un usage comme les jeux vidéo.
Les performances en jeux Full HD (1920 x 1080 pixels)
Montons en définition et soumettons à présent tous nos candidats aux mêmes jeux en Full HD. Là encore, les réglages sont systématiquement poussés au maximum. L’écart entre les processeurs se réduit, la carte graphique est davantage sollicitée.
En Full HD, le Core i5-12400 se paie le luxe de devancer le Ryzen 5 5600X d’une (très) courte tête et affiche des performances 5 % supérieures à celles de la génération précédente. Il s’approche même du Core i9-11900K (629 €) et n’est finalement que 3 % derrière le Core i5-12600K.
Là encore, c’est en évoquant la consommation électrique que ses performances sont encore plus éloquentes. Avec 42,1 Watts en moyenne, le Core i5-12400 confirme son excellente réussite à ce niveau. Il se montre 66 % plus efficace que l’un des processeurs équivalents de génération précédente et 36 % que le Ryzen 5 5600X. Même face au Core i5-12600K (+ 39 %), son excellente efficacité devient un vrai atout qui amoindrit l’intérêt de la plus onéreuse référence pour un pur usage gaming.
Les performances en jeux Quad HD (2560 x 1440 pixels)
En Quad HD, la charge pèse fortement sur le GPU et les résultats des tests apparaissent lissés. Mais ils viennent malgré tout confirmer l’excellente tenue du Core i5-12400.
Le Core i5-12400 est toujours devant le Ryzen 5 5600X (+ 1 %), avec cette fois un plus grand écart encore avec l’utilisation de la DDR4. Dans ce scénario, il devance même d’une courte tête le Core i9-11900K.
La consommation énergétique est toujours aussi exemplaire, avec moins de 39 Watts engloutis. Rapporté au nombre d’IPS, le Core i5-12400 est ainsi 34 % plus efficace qu’un processeur équivalent de 11ème génération et 38 % devant le Ryzen 5 5600X.
En conclusion
Un processeur vraiment performant, avec une efficacité énergétique exceptionnelle, qui redéfinit même les standards à ce niveau : le Core i5-12400 est bel et bien cet excellent candidat pour une solide configuration orientée jeux vidéo. Il parvient largement à détrôner le Ryzen 5 5600X en matière de consommation, qui était pourtant l’un des fleurons du genre, sans pour autant rougir de la comparaison du côté des performances. Et même couplé avec des barrettes de DDR4 qui vous restent peut-être sur les bras, il se montre encore plus efficace.
Pour toutes ces raisons, il devient même plus convaincant dans ce type d’usages que le Core i5-12600K, proposé cent euros plus cher. Intel livre ici une franche bonne copie, qui finit de convaincre quant à l’ambition et les performances de la nouvelle architecture Alder Lake, même si elle se dégage de sa philosophie “hybride” pour épouser une architecture plus classique autour de cœurs Golden Cove seulement. Une vraie démonstration de leur efficacité, et de l’avancée qu’ils représentent pour Intel. En attendant de compléter ce test avec une étude des performances applicatives, la balle est désormais dans le camp d’AMD.