Introduction
L’actualité des SSD est particulièrement chargée ces dernières semaines : non seulement chaque constructeur majeur sort de nouveaux produits, mais en plus OCZ s’est affirmé en rachetant Indilinx.
La première salve a justement été tirée par la société californienne qui est parvenu à créer des produits affichant des performantes aussi bonnes que régulières en SATA 6Gbits/sec, les Vertex 3 et Vertex 3 Pro. De son côté, Intel a récemment commercialisé le SSD 510 qui laisse un sentiment mitigé : ses débits séquentiels sont excellents mais il pêche avec débits aléatoires, ce qui se traduit notamment par un nombre d’IOPS en retrait par rapport à la concurrence.
L’année dernière, on se souvient que Crucial avait frappé un grand coup avec son RealSSD C300 qui était tout simplement le premier SSD 6 Gb/sec. Le M4 se veut donc être un digne successeur même si son nom ne le laisse pas forcément deviner : il s’avère que Crucial et Micron on choisi de se différencier pour mieux s’adresser à leurs marchés respectifs. Ainsi, le Crucial M4 se destine aux particuliers et aux professionnels tandis que le Micron RealSSD C400 sera réservé aux intégrateurs. On ne verra donc plus de nouveaux produits Crucial « RealSSD » dans le commerce puisque cette dénomination est maintenant réservée à Micron.
En parallèle, Intel a annoncé son X25-M troisième génération qu’il faut maintenant appeler SSD 320. Ce dernier se veut grand public et l’on note d’emblée qu’il s’appuie sur un contrôleur Intel, alors le SSD 510 qui est sensé être un produit haut de gamme est épaulé par un contrôleur Marvell.
Intel SSD 320, alias Postville G3
Quand on rapporte les deux nouveaux SSD du géant de Santa Clara à ses propres discours, il y a de quoi être surpris : en effet, Intel affirme être encore satisfait de son propre contrôleur tout en ayant fait appel à Marvell pour équiper son SSD 510.
Le SSD 320 s’appuie sur la même architecture que le X25-M G2 : tous deux emploient dix canaux parallèles, le contrôleur Intel PC29AS21BA0 (c’est également le cas du SSD 310 « Soda Creek ») ainsi que les mêmes algorithmes d’écriture. En revanche, le SSD 320 bénéficie de quatre changements majeurs par rapport à son prédécesseur :
- La NAND Flash 25 nm
- Un cache plus conséquent et plus performant
- Un meilleur contrôle de parité des données
- Une gestion des pertes de courant
La NAND 25 nm étant maintenant la norme pour les SSD, on note surtout que celle choisie par Intel est certifiée ONFI 2.2. D’autre par le cache passe à 64 Mo (NB : uniquement pour les modèles ≥ à 120 Go) et 166 MHz contre 32 Mo et 133 MHz sur les X25-M G2, ce qui permet au SSD 320 de prétendre à 220 Mo/sec en écriture séquentielle et 23 000 IOPS en écriture aléatoire pour les blocs 4 Ko. La lecture séquentielle connait également une progression bien que nettement moins importante vu que l’on passe à 270 Mo/sec (on ne peut pas vraiment espérer plus sur une interface 3 Gbits/sec), idem pour la lecture aléatoire de blocs 4 Ko qui parvient à 39 500 IOPS.
Intel X25-M (G2) | Intel SSD 320 (G3) | |
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Nom de code | Postville | Postville Refresh |
Capacitiés | 80/160 Go | 40/80/120/160/300/600 Go |
NAND Flash | MLC 34 nm IMFT, ONFI 2.1 | MLC 25 nm IMFT, ONFI 2.2 |
Cache | 32 Mo DRAM @ 133 MHz | 40/80 Go 32 Mo DRAM @ 166 MHz 120/160/300/600 Go: 64 Mo DRAM @ 166 MHz |
Lecture séquentielle | 250 Mo/s | 270 Mo/s |
Ecriture séquentielle | 100 Mo/s | 220 Mo/s |
Lecture aléatoire 4 Ko | 35 000 IOPS | 39 500 IOPS |
Ecriture aléatoire 4 Ko | 8 600 IOPS | 23 000 IOPS |
Consommation en charge (max.) | 3 Watts | 6 Watts |
Consommation en idle (max.) | 0,06 Watt | 0,075 Watt |
Formats | 2.5″ & 1.8″ | 2.5″ & 1.8″ |
Sécurité | ATA Password | ATA Password + AES-128 |
Les points 3- et 4- visent clairement le stockage professionnel : vu l’écart de prix entre SLC et MLC, les entreprises sont naturellement tentées d’opter pour des SSD avec le second type de mémoire lorsqu’il s’agit de traiter des données non-critiques. Ce n’est pas un hasard sur le X25-M G2 a rencontré un vif succès au-delà du marché auquel Intel l’avait destiné à la base. Conscient de cet état de fait, le géant de Santa Clara a décidé d’appuyer sur deux domaines cruciaux pour le marché professionnel : la parité des données et la gestion des pertes de courant.
La redondance a également été retravaillée : lorsque le firmware des SSD 320 détecte une portion de mémoire corrompue, il détermine automatiquement une nouvelle adresse physique au sein du map logique du SSD. D’après Intel, le SSD 320 dispose d’un espace suffisant pour supporter la récupération d’une quantité de blocs supérieure à celle que le die compte, ce qui n’était pas le cas du X25-M G2 et s’approche du fonctionnement d’un RAID 4.
Notre exemplaire de test est un modèle 320 Go qui compte 20 puces de mémoire flash d’une capacité de 16 Go chacune. On tient donc un total de 320 Go en capacité brute, mais à l’image de la concurrence, les SSD 320 consacrent environ 7 % de cette capacité à l’over-provisioning. Une fois formaté, on arrive ainsi à 279 Gio utiles sous Windows 7 vu que l’espace nécessaire pour le contrôle de parité des données est inclus dans les 7 % d’over-provisioning.
Enfin, Intel a donc ajouté la gestion des pertes de courant aux SSD 320 par rapport aux X25-M G2. On note qu’au lieu d’avoir opté pour un unique supercondensateur comme OCZ l’a fait avec ses SSD professionnels, les SSD 320 associent plusieurs condensateurs. Cette approche à deux avantages : une plus grande liberté pour gérer la surface du pcb et surtout des coûts réduits même s’il a tout de même fallu concevoir un circuit de détection. En cas de perte de courant, ce dernier envoie un signal au contrôleur pour qu’il ferme le circuit d’alimentation et utilise le courant des condensateurs pour terminer les éventuels transferts en tampon mémoire.
Intel SSD 320 Series (pour 1000 unités) | 40 Go | 80 Go | 120 Go | 160 Go | 300 Go | 600 Go |
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Prix | 89 $ | 159 $ | 209 $ | 289 $ | 529 $ | 1069 $ |
Prix par Go | 2,23 $ | 1,99 $ | 1,74 $ | 1,81 $ | 1,76 $ | 1,78 $ |
L’architecture du SSD 320 n’est donc pas révolutionnaire, par contre il est intéressant de voir l’évolution des prix chez Intel : pour les modèles 80 et 160 Go, les premiers X25-M étaient respectivement à 595 et 945 $, suivi des X25-M G2 à 225 et 440 $ et enfin des SSD 320 à 159 et 289 $.
Grâce à la concurrence ainsi qu’à un bon rendement, les X25-M G2 ont fini par franchir le seuil symbolique de 2 euros par Go chez nous et c’est justement à ce niveau que les SSD 320 commencent à être référencés en France pour le modèle 80 Go. A 275 euros environ, la version 160 Go permet de descendre à 1,72 euro par Go.
Crucial M4/Micron RealSSD C400
A l’image des SSD 320, les nouveaux SSD de Crucial sont plus des évolutions que de réelles nouveautés. Dans le cas de ces derniers en revanche, la hausse des performances s’explique presque exclusivement par l’adoption de la NAND Flash 25 nm.
Au-delà du nom et du type de mémoire, les changements par rapport au Crucial RealSSD C300 sont minimes (NB : précisons tout de même que le firmware du M4 ne souffre pas de problèmes de jeunesse contrairement à celui de son prédécesseur). On atteint maintenant jusqu’à 415 et 260 Mo/sec maximum en lecture/écriture séquentielle tandis que les performances aléatoires donnent un bilan contrasté : seulement 40 000 IOPS en lecture (moins que le RealSSD C300 donc) mais 50 000 IOPS maximum en écriture.
Crucial RealSSD C300 128 Go | Crucial RealSSD C300 256 Go | Crucial m4 128 Go | Crucial m4 256 Go | |
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Lecture séquentielle | Jusqu’à 355 Mo/s | Jusqu’à 355 Mo/s | Jusqu’à 415 Mo/s | Jusqu’à 415 Mo/s |
Ecriture séquentielle | Jusqu’à 140 Mo/s | Jusqu’à 215 Mo/s | Jusqu’à 175 Mo/s | Jusqu’à 260 Mo/s |
Lect. aléatoire 4 Ko | Jusqu’à 50 000 IOPS | Jusqu’à 60 000 IOPS | Jusqu’à 40 000 IOPS | Jusqu’à 40 000 IOPS |
Ecr. aléatoire 4 Ko | Jusqu’à 30 000 IOPS | Jusqu’à 45 000 IOPS | Jusqu’à 35 000 IOPS | Jusqu’à 50 000 IOPS |
Cache | 256 Mo | 256 Mo | 256 Mo | 256 Mo |
Type de NAND Flash | MLC 34 nm, ONFI 2.1 | MLC 34 nm, ONFI 2.1 | MLC 25 nm, ONFI 2.2 | MLC 25 nm, ONFI 2.2 |
Quantité totale de NAND | 128 Go | 256 Go | 128 Go | 256 Go |
Interface | SATA 6Gb/s | SATA 6Gb/s | SATA 6Gb/s | SATA 6Gb/s |
A l’intérieur du M4
D’après Micron, le M4 reprend le contrôleur Marvell 8SS9174 du Crucial C300 en ajoutant tout de même la compatibilité ONFI 2.2 au passage. Les identifiants sur les contrôleurs ci-dessous suggèrent trois générations différentes mais rien n’a changé au niveau architectural : ce sont les firmware qui ont évolué.
Au sein du contrôleur, on trouve deux processeurs ARM9 qui fonctionnent en tandem : l’un gère les requêtes de la machine hôte et l’autre celles de la NAND, sachant qu’ils sont capables d’équilibrer la charge de travail entre eux lorsqu’elle devient trop importante pour un seul processeur.
Le M4 hérite également du cache du C300 qui se distingue par imposante quantité de mémoire : 256 Mo excepté pour les modèles 64 Go qui se contentent de 128 Mo. Ce dernier est essentiellement utile aux fonctions temporaires comme le mappage de tables et la veille sur les opérations en écriture : le contrôleur fait ainsi le ménage à chaque opération en écriture pour s’assurer qu’il y a suffisamment de blocs libres et donc éviter une baisse de performances. En idle, le cache récupère les emplacements mémoire qui ne sont plus utilisés et met à jour les tables d’allocation mémoire en conséquence (garbage collection). Ces fonctions sont indépendantes du système d’exploitation et Micron affirme qu’elles permettent une préservation optimale des performances.
Nous sommes malheureusement encore dans le brouillard pour ce qui est des prix : la seule certitude tient à ce qu’ils seront moins élevés que ceux des C300 à leur sortie, à savoir 149,99 $ (64 Go), 299,99 $ (128 Go) et 599,99 $ (256 Go). On parle d’environ 2,5 $ par Go, un rapport espace/prix peu intéressant aujourd’hui sachant qu’ils sont en train de finir leur cycle de vie avec des prix agressifs : 100 € (64 Go), 200 € (128 Go) et 425 € (256 Go), soit environ 1,56 euro par Go dans le cas des deux premiers ! Pour peu que les M4 poussent encore un peu plus les prix vers le bas, les C300 deviendront extrêmement prisés…
Le M4 et l’over-provisioning
Aussi curieux que cela puisse paraitre, les SSD de Crucial avec contrôleur Marvell font l’impasse sur l’over-provisioning. L’utilisateur récupère ainsi un peu plus d’espace utile par rapport aux produits concurrents, mais les performances pourraient bien en pâtir.
Crucial m4 256 Go | Intel SSD 510 256 Go | |
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Type de NAND Flash | MLC 25 nm, ONFI 2.2 | MLC 25 nm, ONFI 2.2 |
Quantité totale de NAND | 256 Go | 256 Go |
Capacité IDEMA | 256 Go | 250 Go |
Over-provisioning | 0 % | 3,4 % |
Capacité utilisable | 238,5 GiB | 232,8 GiB |
Interface | SATA 6Gb/s | SATA 6Gb/s |
Over-provisioning, garbage collection et performances
Rappelons que l’over-provisioning correspond à l’espace mémoire réservé en cas de problème (gestion de l’usure, blocs défectueux …) mais aussi à la tenue des registres du SSD. Au fur et à mesure de son utilisation, les blocs mémoire diffus sont récupérés pour optimiser les opérations en écriture : c’est ce qu’on appelle le processus de garbage collection.
Concrètement, l’absence totale d’over-provisioning pourrait bien handicaper le M4 plus son espace est proche d’être intégralement utilisé. Nous avons donc copié des répertoires entiers depuis notre SSD système jusqu’à ce que le M4 soit plein vu qu’il s’agit potentiellement de la pire des situations.
HD Tach | Performances d’origine | SSD rempli | Après 30 minutes en idle |
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Intel SSD 510 (250 Go) | Moyenne en lecture: 370,8 Mo/s Moyenne en écriture: 300,4 Mo/s | Moyenne en lecture: 371,1 Mo/s Moyenne en écriture: 221,0 Mo/s | Moyenne en lecture: 339,4 Mo/s Moyenne en écriture: 274,3 Mo/s |
Crucial m4 (256 Go) | Moyenne en lecture: 391,2 Mo/s Moyenne en écriture: 233,8 Mo/s | Moyenne en lecture: 177,1 Mo/s Moyenne en écriture: 253,6 Mo/s | Moyenne en lecture: 156,2 Mo/s Moyenne en écriture: 253,9 Mo/s |
Comme prévu, les performances se dégradent lorsque le SSD est plein. Nous avons ensuite laissé le M4 pendant une demi-heure en idle le temps que le processus de garbage collection fasse effet : on revient alors à un niveau de performances satisfaisant, mais pas aussi bon qu’à la première utilisation. En y regardant de plus près ce sont surtout les débits en lecture qui souffrent.
L’Intel SSD 510 ne perd qu’environ 8,5 % de ses performances en lecture et récupère celles en écriture. En comparaison, le M4 abandonne 40 % en lecture. Le constat est meilleur en écriture mais on voit tout de même que les performances ne cessent de fluctuer, signe que le processus de garbage collection est clairement plus efficace chez Intel : les débits du SSD 510 sont non seulement plus élevés mais aussi plus réguliers.
Un autre test intéressant consiste à observer à quelle vitesse les blocs sont rendus disponibles et donc évaluer l’efficacité de la commande TRIM. Rappelons que cette dernière ne supprime pas les données comme c’est le cas lors d’un effacement sécurisé, mais fait savoir au contrôleur que l’Os n’utilise plus un espace de stockage déterminé. Il faut donc effacer un bloc pour le rendre à nouveau disponible en écriture et c’est là que l’on arrive à un paradoxe : un bloc ne peut pas être effacé lors qu’il est pris individuellement, mais comme partie d’un groupe de blocs. Une fois un SSD rempli et après avoir exécuté la commande TRIM, c’est donc l’aptitude du contrôleur à « recycler » les blocs qui détermine les performances en écriture.
On peut y arriver après avoir rempli puis vidé le SSD à nouveau, le vidage de la corbeille étant l’action qui déclenche la commande TRIM. Si les performances en écriture séquentielle sont inférieures après TRIM à celles que l’on observe à la première utilisation, c’est qu’il y a un goulet d’étranglement au niveau du processus de recyclage.
Ecriture séquentielle sous AS SSD | Après effacement sécurisé | Après TRIM |
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Intel SSD 510 (250 Go) | 315,75 Mo/s | 308,86 Mo/s |
Crucial m4 (256 Go) | 283,12 Mo/s | 279,36 Mo/s |
On constate effectivement que les performances post-TRIM n’atteignent pas celles que l’on observe suite à un effacement sécurisé, même si la perte est minime (3 %). Ce n’est donc pas au niveau du processus de garbage collection que l’absence d’over-provisining peut jouer des tours au M4.
Configuration du test
Composants | |
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Processeurs | Intel Core i5-2500K (Sandy Bridge), 3,3 GHz, LGA 1155, 6 Mo de cache L3 partagés, économies d’énergie activées |
Carte mère | Asus P8P67 Deluxe (LGA 1155) Intel P67/ICH10R, BIOS 1502 |
DRAM | Kingston 8 Go (4 x 2 Go) DDR3-1600, KHX1600C9D3K2/8GX |
Stockage | Intel X25-M 160 Go SSDSA2M160G2GC, SATA 3Gb/s (SSD système) |
Intel SSD 510 250 Go SSDSC2MH250A2K5, SATA 6Gb/s | |
OCZ Vertex 3 Pro 200 Go (pré-série), SATA 6Gb/s | |
OCZ Vertex 3 240 Go (pré-série), SATA 6Gb/s | |
Crucial C300 256 Go CTFDDAC256MAG, SATA 6Gb/s | |
OCZ Vertex 2 120 Go OCZSSD2-2VTXE120G, SATA 3Gb/s, Firmware 1.32 | |
OCZ Agility 2 120 Go OCZSSD2-2AGTE120G, SATA 3GB/s, Firmware 1.32 | |
Crucial m4 256 Go MTFDDAC256MAM-1K1, SATA 6GB/s | |
Intel SSD 320 300 Go SSDSA2CW300G3 | |
Intel X25-M G2 160 Go SSDSA2M160G2GC, SATA 3Gb/s | |
Carte graphique | AMD Radeon HD 4850 |
Alimentation | Sparkle 1250 Watts, 80 PLUS |
Logiciels et pilotes | |
Os | Windows 7 Ultimate 64 bits |
DirectX | Version 11 |
Graphiques | Catalyst 11.2 |
Benchmarks | |
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Mesure des performances | CrystalDiskMark 3.0 64 bits, paramétré pour travailler avec des données aléatoires en lecture & écriture PCMark Vantage 1.0.2.0 |
Performances E/S | IOMeter 2008.08.18, configuration par défaut (données non aléatoires en lecture & écriture) Tests en profil serveur fichier, serveur web, base de données, station de travail Lecture & écriture en streaming Lecture & écriture aléatoire de fichiers 4 Ko |
Tous les SSD ont bénéficié d’un effacement sécurisé et sont reliés aux ports 6 Gb/s de notre carte mère. Les modèles 6 Gb/s ont également été testés sur les ports 3 Gb/s dans un souci d’exhaustivité.
Performances E/S
Les Vertex 3 d’OCZ sortent nettement du lot : dès lors que la file d’attente dépasse deux commandes, ils deviennent intouchables. Le Crucial M4 et son évolution du contrôleur Marvell 6 Gb/s surpasse son prédécesseur tant qu’il n’y a pas plus que 6 commandes à traiter, au-delà de quoi le C300 lui montre qu’il est encore loin d’être obsolète.
Du côté d’Intel on note que le SSD 320 se comporte beaucoup mieux que le X25-M G2. Cependant, c’est aussi le SSD le plus pénalisé au sein du panel dès lors que la file d’attente dépasse les 16 commandes : le nombre d’IOPS chute d’une façon si brutale que les performances du SSD 320 finissent par converger avec celles de l’X25-M G2 une fois le cap des 64 commandes atteint.
Curieusement l’OCZ Agility 2 (34 nm) surpasse les deux versions du Vertex 2. Ce n’est pas une anomalie : nous avons commencé à voir cette tendance après être passés au firmware 1.28, laquelle s’est confirmée avec la version 1.32 au fil des tests. Nous ne savons malheureusement pas encore comment la dernière révision de l’Agility 2 (25nm) se comporte faute d’avoir un exemplaire de test.
En mode serveur fichiers, les Vertex 3 continuent d’étendre leur domination tandis que le SSD 320 peine à suivre le Samsung 470. Le M4 rivalise avec le C300 tant que la file d’attente est courte, mais au-delà de 4 commandes, c’est bien le plus ancien des deux qui affiche les meilleures performances.
Malgré plusieurs essais, le X25-M G2 n’a jamais voulu aller au bout du test.
Le profil serveur web s’appuie sur la lecture de nombreux fichiers de petite taille, domaine qui ne réussit pas au Vertex 2 (25 nm) par rapport à la précédente version ou même à l’Agility 2. Ces résultats sont tout à fait cohérents avec les problèmes relatifs à l’ECC que nous avions constaté dans un précédent article.
Le SSD 320 n’arrive pas à égaler le X25-M G2 quel que soit le nombre de commandes, mais le match inter-générations est encore pire pour le M4 vu que son prédécesseur brille au point de finir troisième derrière, seulement surclassé par les deux Vertex 3.
Les Vertex 3 sont toujours en tête, de même que le M4 fait mieux que le C300 tant que l’on reste à moins de 6 commandes dans la file d’attente.
Le SSD 320 ne se démarque que légèrement de l’X25-M G2 lorsque la file d’attente est très courte ou très longue.
Streaming (IOmeter)
Les deux Vertex 3, le Crucial M4 et l’Intel 510 se détachent en lecture séquentielle à condition d’être branchés sur des ports SATA 6 Gbits/s, faute de quoi il est bien entendu impossible d’arriver à 500 Mo/sec et plus.
Le SSD 320 finit derrière l’X25-M G2 mais l’écart est minime. On voit d’ailleurs un tir groupé entre la majorité des SSD deuxième génération (Vertex 2, Agility 2, X25-M et SSD 320) qui se tiennent à 3 % maximum les uns des autres tandis que le C300 fait figure d’intermédiaire entre eux et la nouvelle génération. Le G.Skill et son contrôleur JMicron est là pour témoigner des progrès accomplis depuis la première vague de SSD : en comparaison, les performances ont ici augmenté de 439,5 % sur les Vertex 3 !
En écriture, les Vertex 3 écrasent la concurrence tandis que le Crucial M4 cède sa troisième place à l’Intel 510.
C’est bien lors des opérations en écriture que l’on constate de vrai progrès sur le SSD 320 par rapport à l’X25-M G2, probablement grâce au cache revu à la hausse. Le nouveau SSD d’Intel se rapproche ainsi du C300, mais reste tout de même en retrait par rapport à l’ensemble des modèles deuxième génération et tout particulièrement des OCZ équipés de contrôleurs SandForce.
Streaming (CrystalDiskMark)
Ces débits séquentiels sont intéressants pour le montage vidéo ou encore pour un chargement rapide des jeux. On voit que CrystalDiskMark nous renvoie des résultats similaires à ceux d’IOMeter : les Vertex 3 trustent les deux premières places, suivis par un duel Crucial M4 contre SSD 510 qui tourne à l’avantage du second. Le M4 étant par ailleurs sensé atteindre 415 Mo/sec en pointe, il semblerait donc que les performances annoncées soient légèrement surévaluées dans son cas.
Parmi les produits SATA 3 Gb/sec, le SSD 320 est le modèle le plus performant et tient les débits annoncés par Intel. Globalement, les SSD troisième génération affichent des débits séquentiels suffisamment élevés pour systématiquement saturer la bande passante offerte par les ports SATA II.
Même s’il manque 15 Mo/sec par rapport au débit maximal annoncé (315 Mo/sec) les performances du SSD 510 sont impressionnantes, au point que les Vertex 3 soient en retrait. Du côté du M4, on a l’agréable surprise de relever 275 Mo/sec alors que l’on attendait 260 Mo/sec.
Le SSD 320 confirme une fois encore les réels progrès accomplis en écriture par rapport au X25-M G2 vu que les performances sont doublées.
Le principal décalage entre performances spécifiées/relevées revient finalement aux Vertex 3, sensés atteindre 525 Mo/sec. Le Vertex 2 25nm signe quant à lui une vraie contre-performance vu que même le vieillissant G.Skill FM-25S2S fait mieux que lui.
Lecture aléatoire de blocs 4 et 512 Ko
Par rapport aux résultats en lecture/écriture séquentielle obtenus avec le même logiciel les résultats semblent ici très curieux (surtout dans le cas du Crucial M4), mais ils s’expliquent par la manière dont IOMeter calcul le nombre d’IOPS. A défaut d’avoir un unique indicateur qui soit fiable, la plupart des marques s’appuient sur une série de tests en débits de pointe mais aussi soutenus pour déterminer les performances de leurs produits. Notre benchmark est court, ce qui fait la part belle aux débits de pointe, de même qu’IOMeter est paramétré pour fonctionner sur 4 threads et calcule de lui-même le nombre d’IOPS à chaque incrémentation de la file d’attente.
En principe, cette approche est suffisamment représentative des performances réelles pour que les constructeurs la reprennent pour déterminer leurs spécifications. Manque de chance, le M4 se retrouve à un niveau anormalement élevé du fait que les performances de chaque thread sont presque identiques quelle que soit l’importance de la file d’attente : on devrait en principe retrouver des écarts non négligeables vu que les threads se font de la concurrence entre eux. Cette situation est semblable à ce que l’on constate lorsque plusieurs programmes optimisés multi-thread demandent des ressources CPU en même temps.
Les performances du M4 nous semblant trop belles pour être vraies, ce graphique sera mis à jour le temps de trouver le biais. Le SSD 320 affiche un comportement plus réaliste : capable de rivaliser avec son prédécesseur tant que la file d’attente très est courte, il se fait devancer par le X25-M G2 dès qu’il y a plus de 4 commandes en attente.
A l’opposé d’IOMeter, CrystalDiskMark met en avant les performances soutenues. Le Crucial M4 se comporte de mieux en mieux au fur et à mesure que la file d’attente augmente, mais c’est surtout son prédécesseur qui impressionne ici. Le duel inter-génération est plus contrasté chez Intel, mais là aussi, l’ancienne gamme prouve qu’elle a encore de belles qualités à faire valoir.
Le passage à des fichiers de 512 Ko réussit à tous les SSD munis d’une interface 6 Gb/sec, tandis que l’Intel SSD 320 affiche des performances médiocres et ne devance que le G.Skill FM-25S2S et le Barracuda XT tous produits confondus.
Ecriture aléatoire de blocs 4 et 512 Ko
Rappelons que notre benchmark fait ressortir les débits en pointe. Le M4 s’illustre à nouveau en dépassant les 60 000 IOPS et n’est devancé que par le Vertex 3 Pro. On gagne environ 20 % de performances supplémentaires par rapport au C300.
Une fois encore le X25-M G2 s’effondre quand la file d’attente dépasse les 8 requêtes, mais ce défaut a heureusement été rectifié sur le SSD 320.
Les files d’attente très courtes ne constituent généralement pas un cas de figure idéal pour les SSD qui ne sont alors pas en mesure de tirer parti de leur parallélisme. Cette fois le M4 tire particulièrement bien son épingle du jeu en devançant systématiquement son prédécesseur (à condition d’être branché sur un port SATA 6 Gb/sec) mais aussi le Vertex 3 Pro lorsque la file d’attente est longue.
SSD 320 et X25-M G2 sont dans un mouchoir de poche avec une seule commande, puis le premier affiche presque 10 % de performances supplémentaires lorsque l’on passe à 32 tâches.
Changement de situation radical pour le SSD 510 : alors que le seul modèle 6 Gb/sec d’Intel affiche de piètres performances avec les blocs 4 Ko, il ressort en tête lorsque l’on passe à des fichiers de 512 Ko. En comparaison, le M4 est plus constant et se permet de surpasser à nouveau le Vertex 3 Pro. Tout comme le 510, le SSD 320 apprécie particulièrement les blocs de 512 Ko (environ 50 % de performances supplémentaires par rapport à l’X25-M G2).
PCMark Vantage
Le test en chargement de programmes s’appuie essentiellement sur les opérations en lecture et vu les performances du SSD 320, on peut dire que ce sont surtout des fichiers de petite taille qui sont transférés. Ceci explique pourquoi le X25-M G2 surpasse son successeur.
Le M4 finit encore bien placé, seulement dépassé par les deux Vertex 3.
Ici nous avons affaire à 99 % d’opérations en lecture qui mettent en avant les performances séquentielles. Malgré le fait que le SSD 510 se soit très bien comporté lors des tests synthétiques en streaming, il finit avant-dernier ici tandis que le Crucial M4 passe devant les deux Vertex 3.
De son côté, le SSD 320 est au niveau du X25-M G2 et n’apporte donc aucun confort supplémentaire avec les jeux.
Ce test est presque équilibré également entre lecture et écriture sur des fichiers imposants, ce qui explique pourquoi le SSD 510 s’en tire assez bien et devance les Vertex et Agility 2.
Windows defender implique presque uniquement des opérations en lecture, avec des fichiers de petite taille. Le M4 se montre alors très à son aise tandis que les deux nouveaux SSD d’Intel n’arrivent pas à égaler le X25-M G2.
A l’image de Windows Movie Maker, La charge de travail avec Media Center est équilibrée entre lecture et écriture sur de gros fichiers. On voit ici toute l’importance de l’interface : tous les SSD 6 Gb/sec sont à plus de 300 Mo/sec lorsqu’ils sont branchés sur un port SATA III, mais ils sont aussi incapables d’atteindre 240 Mo/sec sur un port 3 Gb/sec.
Conclusion
Actuellement le Vertex 3 est le plus performant des SSD grand public : s’il ne finit pas en tête de tous les benchmarks, il est toujours très bien placé. Le Crucial M4 a le potentiel pour être un rival sérieux, mais ce sont surtout les prix qui vont les départager : vu que les Vertex 3 coûtent respectivement 250 et 500 euros en version 120 et 240 Go, le M4 se doit d’être lancé à 2 € par Go ou moins pour être vraiment attractif.
L’Intel 510 est très impressionnant pour ce qui est des débits séquentiels mais il déçoit sur le plan des débits aléatoires, a fortiori avec de petits fichiers. Ce serait par exemple un mauvais choix pour un serveur web ou bien une machine hébergeant des bases de données. De plus, son prix plus élevé que celui du Vertex 3 ne plaide pas pour lui. Reste donc le Crucial C300 parmi les SSD SATA 6 Gbits/sec qui affiche un rapport performances/prix des plus intéressants : 200 euros pour la version 128 Go et 400 euros pour la déclinaison 256 Go, soit 1,56 € par Go.
Comme nous avons pu le voir, les SSD 6 Gbits/sec exigent un port SATA 6 Gbits/sec sous peine de voir leurs performances sévèrement réduites. Parmi les SSD 3 Gbits/sec, le SSD 320 comble certaines lacunes du X25-M G2 sans pour autant le rendre obsolète vu qu’il peut aussi se montrer moins rapide que son prédécesseur : le 320 affiche de meilleures performances en écriture séquentielle et aléatoire grâce à son cache gonflé, mais il est battu au niveau de la lecture aléatoire. C’est une conséquence du passage à la NAND Flash 25 nm que l’on avait déjà pu constater avec le Vertex 2, même si les contreparties sont moins importantes chez Intel que chez OCZ. Là où le bât blesse pour Intel, c’est que le SSD 320 et le Crucial C300 sont actuellement au même niveau tarifaire alors que le second est nettement plus performant que le premier, même s’il est relié à un port SATA 3 Gbits/sec. Le 320 se doit donc de passer sous la barre d’1,5 € par Go pour devenir réellement intéressant.
La transition vers la mémoire 25 nm s’est traduite par une baisse de l’endurance des puces : la MLC 34 nm était donnée à 5000 voir 10 000 cycles d’écriture, là où l’on est tombé à 3000 cycles pour la majorité des puces NAND 25 nm MLC. Ceci dit, on ne peut pas se baser uniquement sur les cycles d’écriture pour déterminer la durée de vie d’un SSD : d’autres facteurs comme les algorithmes d’écriture, le garbage collection et la répartition de l’usure rentre également en ligne de compte. Intel a donc bien fait de mettre l’accent sur la fiabilité de ses produits vu que la mémoire Flash 25 nm inquiète potentiellement les particuliers comme les professionnels.
Passé les performances il est donc difficile de dégager des produits de référence, surtout qu’un test comme celui-ci se déroule sur un laps de temps très court. C’est pourquoi nous faisons en parallèle le point sur la durée de vie des SSD. Il sera donc intéressant de voir à terme quelle est la meilleure approche : celle d’OCZ et Crucial qui visent les meilleures performances possibles, ou bien celle d’Intel qui vise à renforcer la fiabilité et faire baisser les prix avec son SSD 320.