La mémoire DDR5 se démocratise, se pose la question ultime à son sujet : faut-il payer plus cher un kit de DDR5 avec une fréquence élevée, ou est-ce inutile et il vaut alors mieux se contenter d’un kit classique, moins onéreux, avec des fréquences et timings standards ?
Normalisée par le JEDEC en 2020 mais réellement sur le marché depuis l’an dernier seulement, la mémoire DDR5 vise à remplacer l’actuelle mémoire DDR4 dans nos ordinateurs, promettant une baisse de la consommation et une hausse de la bande passante, et donc théoriquement des performances. Les premières puces ont été fabriquées dès 2018 (donc avant même la finalisation de la norme), mais il a fallu attendre le lancement des processeurs Alder Lake d’Intel, premiers CPU grand public à supporter ce type de mémoire, pour que la DDR5 se démocratise enfin. Elle souffre encore toutefois de tarifs plus élevés que la DDR4 et a connu des débuts laborieux à cause de problèmes de pénuries de composants, en particulier au niveau du circuit en charge de la gestion de l’alimentation.
DDR5 : comment ça fonctionne ?
Comme pour les précédentes normes dictée par le JEDEC, l’organisme a certifié plusieurs fréquences de fonctionnement standards (2400 MHz à 3600 MHz, soit de la DDR5-4800 à la DDR5-7200) pour la mémoire DDR5, avec une tension bien définie (1,1V contre 1,2V pour la DDR4) permettant de diminuer de 20% la consommation. Rien n’interdit toutefois aux constructeurs d’aller au delà de ces fréquences et tensions classiques pour proposer des kits de mémoire DDR5 plus rapides sans sacrifier la stabilité.
L’une des grosses différences avec la DDR4 se situe au niveau de la gestion de la puissance requise par les différents composants, confiée à un circuit intégré (PMIC). Alimentée en 5V sur les plateformes PC standard (12V sur les modules destinés aux serveurs), cette puce garantit une meilleure distribution de l’alimentation, améliorant l’intégrité du signal et réduisant le bruit.
La DDR5 divise par ailleurs le module en deux sous-canaux indépendants, chacun adressable sur 32 bits. La largeur du module reste donc de 64 bits, mais l’utilisation de sous-canaux adressables permet d’augmenter les performances. Les modules “dual-rank” disposent quant à eux de quatre sous-canaux 32 bits.
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Matériel et protocole de tests
Quoi d’autre qu’une plateforme Alder Lake haut de gamme pour tester de la mémoire DDR5 ? Nous avons donc opté pour des composants capables de tirer le meilleur de cette technologie :
- Carte mère Asus ROG Strix Z690-E Gaming WiFi
- Processeur Intel Core i9-12900KF (réglages par défaut)
- Carte graphique NVIDIA GeForce RTX 3080 10 Go
- SSD WD Blue SN550 (NVME 1.4, PCIe 4x) 1 To
- Alimentation Be Quiet! Pure Power 11 FM 1000W
- Ecran Iiyama PLG2888UH
- Windows 11 (pilotes et système à jour)
Côté mémoire DDR5, deux kits passent à la table de benchs (d’autres kits devraient suivre, nous ne manqueront pas de mettre à jour ce dossier) :
- Crucial 2 x 8 Go DDR5-4800 CL40 39-39-77 (1.1V)
- Kingston Fury Beast 2 x 16 Go DDR5-5200 CL40 40-40-80 (1.25V)
La différence de capacité entre ces deux kits ne devrait pas avoir d’impact sur les performances, les logiciels de benchmark sélectionnés se satisfaisant largement de 16 Go de mémoire. Afin de mesurer les performances CPU, nous utilisons PCMark 10, 7zip, Blender, LuxRender et Handbrake. L’impact sur les performances GPU est mesuré grâce à 3dsMax, Maya, LuxRender, Catia et Creo.
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Les différents modules de mémoire DDR5 ont tout d’abord été configurés pour fonctionner à leurs fréquences, tensions et timings nominaux en utilisant les profils XMP 3.0 intégrés. Nous avons ensuite tenté de les overclocker sans toutefois augmenter la tension. Aucun des deux kits n’a accepté de fonctionner à une fréquence supérieure à celle définie d’usine (même en jouant sur les différents timings et options disponibles), mais nous avons en revanche été capables de pousser (légèrement) les timings en gardant les fréquences de base.
Profil | Tension | Fréquence | Timings |
---|---|---|---|
Crucial DDR5-4800 – profil Enthusiast/Certified | 1.1 V | 4800 | CL40 39-39-77 |
Crucial DDR5-4800 – profil Enthusiast/Certified (OC) | 1.1 V | 4800 | CL38 38-38-70 |
Kingston DDR5-5200 – profil Enthusiast/Certified | 1.25 V | 5200 | CL40 40-40-80 |
Kingston DDR5-5200 – profil Enthusiast/Certified (OC) | 1.25 V | 5200 | CL38 40-40-76 |
Kingston DDR5-5200 – profil Extreme | 1.1 V | 4800 | CL38 38-38-70 |
Kingston DDR5-5200 – profil Extreme (OC) | 1.25 V | 4800 | CL36 37-37-70 |
Les performances en fonction des fréquences et timings
Les différences entre les deux kits de mémoire DDR5 sont peu visibles et variables selon le benchmark. Handbrake semble par exemple très peu sensible à la fréquence ou aux timings, tout comme Blender. Luxrender semble apprécier les quelques MHz supplémentaires du kit Kingston, mais les résultats obtenus sont juste à la limite de la marge d’erreur. A l’inverse, les différences sont un peu plus visible avec LuxRender (qui semble préférer des timings bas à une fréquence plus élevée) ou PCMark 10. 7zip est un cas à part : les tests de compression/décompression sont très sensibles aux performances de la DDR5, autant au niveau de la fréquence que des timings.
Les performances en rendu graphique/3D sont de leur côté clairement peu dépendantes de la fréquence et/ou des timings de la mémoire DDR5 : les différences entre les résultats sont largement dans la marge d’erreur, et ce quel que soit le test réalisé et les modules de mémoire DDR5 utilisés.
Classiques, sans radiateur ou autre, les modules de Crucial restent assez conservateurs jusque dans leurs timings. Le constructeur nous propose ici des produits standards, mais qui sont suffisants dans la vie de tous les jours. Leur principal avantage reste leur prix, plus “abordable” que les kits aux fréquences et timings poussés.
Plus rapide sur le papier, le kit Fury Beast de Kingston l’est donc également en pratique, de manière globale. Si le prix augmente par rapport aux modules de DDR5 de Crucial, on gagne ici des radiateurs (probablement obligatoires à cause de la hausse de la tension à 1.25V) et deux profils XMP 3.0 bien définis : Enthusiast/Certified reconnu comme de la DDR5-5200 CL40, et Extreme reconnu en tant que DDR5-4800 CL38. On réservera tout de même ce très bon kit à certaines utilisations pour lesquelles la différence de performances est visible, même si certains vont probablement se ruer dessus sans véritable raison si ce n’est “avoir la plus rapide”.
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DDR5 : faut-il payer pour plus de MHz et moins de ns ?
Alors : faut-il craquer pour de la DDR5 plus rapide mais plus onéreuse, ou est-ce que de la DDR5 plus classique et moins chère est suffisante ? Comme souvent, la réponse est difficile à trancher de manière franche ; “ça dépend”. Dans le cas général, un kit de DDR5-4800 comme celui de Crucial suffira amplement, les différences de performances avec le kit Kingston plus rapide restant souvent minimes voire imperceptibles. Restent toutefois quelques cas spécifiques, comme par exemple les opérations de compression et de décompression, où l’intérêt d’une fréquence DDR5 plus élevée et de timings plus serrés est déjà plus visible. On vous laissera ici seuls responsables pour estimer si ce gain justifie l’écart de prix.
On verra cela avec les Ryzen qui gèreront la DDR5 5200 MHz nativement. Pour l’heure ce qu’on voit là c’est deja ce que l’on connaissait en DDR4 : monter au dela de la fréquence gérée nativement par le CPU est inutile (par exemple mettre de la DDR4 3600 sur un Ryzen 3000…. Ca n’apporte rien, ou tout du moins marginalement, alors que mettre de la DDR4 3200 sur un Ryzen 5000 le bride)
“La DDR4-3600, véritable sweet spot sur Ryzen 3000” 😉
https://www.tomshardware.fr/amd-ryzen-3000-faut-il-craquer-pour-de-la-ddr4-a-haute-frequence/8/
Y a-t-il vraiment un interet à monter en fréquence et à chercher les timings les plus bas, dans le jeu vidéo ?
Ou est-ce alors, un argument marketing dans lequel toute une comunauté de joueurs est tombée ?
Et si les timings ou fréquences dans les barrettes mémoires peuvent parfois avoir une incidence en jeu:
Comment cet apport se mannifeste t-il à l’écran ?
Par moins de pop de textures à l’écran ?
Rarement perceptible, dès lors que la ram en soi est très peu utilisée dans le rendu graphique en lui même, c’est la VRAM (la mémoire directement sur la carte graphique) qui fait ce travail et est, au passage, infiniment plus rapide. Peut être un gain de quelques dixiemes de secondes sur certains chargements lorsqu’ils incluent la RAM, mais depuis l’avènement du BAR redimensionnable (Nvidia) ou Smart Access Memory (AMD) donnant l’accès direct à la VRAM depuis le cpu sans passer par la RAM , c’est encore moins pertinent dans un cadre gaming. Ne pas céder aux sirènes du marketing 😉
Vu que la plupart des chiffres, performances, etc., ça se “voit” uniquement avec des logiciels faits pour ça, les humains n’y voient rien (sauf effet placébo, il suffit de mettre un autocollant “Turbo GTI” à l’arrière de sa bagnole et c’est bien connu de tous (wharf) qu’elle va plus vite), Les MHz sont des millions de machins par secondes, alors que 1 ns de plus ou de moins ça ne changera rien. Moi, je privilégie les MHz (certes, en montant dans les Hertz, on diminue dans les ns). Mais bon, il y a deux écoles, comme on dit…
La fréquence (Hertz) est LITTÉRALEMENT définie comme l’inverse de la période (seconde), donc privilégier l’un par rapport à l’autre, c’est comme dire “je préfère reculer à l’envers qu’avancer” 😀