Introduction
Le succès des produits phares s’explique par leur caractère novateur, mais aussi par le contexte du marché au moment de leur commercialisation. L’iPad est un bon exemple : lancée en avril 2010, la tablette d’Apple a soufflé un vent de nouveauté sur l’informatique nomade en embarquant des composants basse consommation tout en faisant l’impasse sur un clavier. A défaut de proposer un produit particulièrement fin ou des contours incurvés plutôt que des arrêtes, Apple a eu le mérite d’innover et de profiter de l’avantage du pionnier. A présent, l’iPad 2 caracole en tête des ventes de tablettes mois après mois. Le simple fait que l’on se demande si tel produit est un tueur d’iPad en dit long sur qui établit les standards.
Les tablettes basées sur Android gagnent rapidement en popularité, mais le face à face est difficile quand on cherche à combler un retard. En regardant en arrière, on s’aperçoit que le premier modèle épaulé par Honeycomb (la Xoom de Motorola) est sorti début février 2011, soit presque un an après la tablette première génération d’Apple. Samsung change ainsi la donne avec sa Galaxy Tab 10.1 vu qu’il s’agit du premier modèle de deuxième génération sous Android à débarquer un peu plus de six mois après l’iPad2.
Les tablettes Android sorties avant la Xoom n’ont jamais vraiment été des concurrentes de l’iPad vu qu’elles utilisaient toutes Gingerbread, soit la version 2.3 d’Android que Google a conçu pour les smartphones. Gingerbread a beau ressembler à une version améliorée de Symbian S60, l’interface utilisateur est trop restrictive pour permettre aux tablettes qui l’utilisent d’être autre chose que des smartphones géants. Honeycomb (Android 3.0) est radicalement différent, parce que conçu en tenant compte des tablettes.
Honeycomb est donc une réelle avancée en termes d’expérience utilisateur mais Google ne fabrique pas ses tablettes et reste donc dépendant de ses partenaires, lesquels semblent avoir un peu de retard sur Apple d’un point de vue cosmétique même si la comparaison n’est pas tout à fait juste. Les produits comme la Xoom, l’Iconia A500 ou encore l’Eee Pad Transformer représentent les tablettes Android première génération et devraient donc plutôt être comparées au premier iPad.
Le temps écoulé depuis a permis aux composants d’arriver à niveau qualitatif comparable à celui de l’OS. Samsung a beau être relativement en retard avec sa tablette Android deuxième génération, la Galaxy Tab 10.1 n’en n’est pas moins un des meilleurs appareils mobiles passés entre nos mains. Nous tenons enfin un produit qui soit vraiment en mesure de rivaliser avec l’offre d’Apple.
Tour du propriétaire
Les tablettes Honeycomb sorties jusqu’à présent sont épaisses et relativement lourdes, ce qui était prévisible vu que les fabricants se sont attachés avant tout aux fonctionnalités essentielles. Il faut toutefois relativiser : des modèles comme la Xoom et l’Iconia A500 sont impressionnants, ce qui n’empêche pas l’iPad 2 de rester un cran au-dessus. Un écart de 150 grammes ou 2 centimètres n’a l’air de rien sur le papier, mais on sent vraiment la différence entre une tablette première génération comme l’iPad et sa remplaçante lorsqu’on les a en mains pendant plusieurs heures.
Les fabricants font généralement des efforts esthétiques avec leurs tablettes deuxième génération comme c’est le cas de l’iPad 2. Avec 8,6 mm d’épaisseur et 565 grammes, la Galaxy Tab 10.1 marque elle aussi une réelle progression. Physiquement parlant, on trouve tout ce qui rend une tablette séduisante : finesse, poids plume et lignes arrondies comme c’est le cas de l’iPad 2.
iPad (3G) | iPad 2 (3G) | Xoom | Iconia A500 | Eee Pad Transformer | Galaxy Tab 10.1 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Largeur | 242,8 mm | 241,2 mm | 249,1 mm | 260 mm | 271 mm | 256,7 mm |
Hauteur | 189,7 mm | 185,7 mm | 167,8 mm | 177 mm | 171 mm | 175,3 mm |
Profondeur | 13,4 mm | 8,8 mm | 12,9 mm | 13,3 mm | 13 mm | 8,6 mm |
Taille d’écran | 9,7 “ | 9,7 “ | 10,1 “ | 10,1 “ | 10,1 “ | 10,1″ |
Ratio | 4/3 | 4/3 | 16/10 | 16/10 | 16/10 | 16/10 |
Poids | 730 g | 613 g | 730 g | 700 g | 680 g | 565 g |
On attend encore de voir une tablette Honeycomb avec un ratio 4/3, adopté par Apple depuis son premier essai pour se rapprocher d’un bloc-notes, d’où le nom du produit (iPad/Pad of paper). A contrario, Google et ses partenaires semblent se concentrer avant tout sur les contenus vidéo en utilisant un format large (16/10). Conséquence de ce choix, on prend spontanément la Galaxy Tab 10.1 à l’horizontale dans la plupart des cas.
Rien n’empêche de se servir d’un format large en mode portait, mais on sent comme une gêne vu que l’on perd beaucoup d’espace horizontal. Le ratio 10/16 n’a finalement d’intérêt que pour visionner de larges portions de texte sans avoir à faire défiler l’écran.
Les côtés gauche et droit de la Galaxy Tab 10.1 sont épurés, exception faite des deux hauts parleurs. Ces derniers sont placés suffisamment haut pour que l’on puisse prendre la tablette à mi-hauteur sans que le son en souffre.
Le port casque, le contrôle du volume et le bouton de mise en marche sont tous situés sur la tranche supérieure de la tablette. Cette ergonomie est pensée pour les droitiers vu qu’elle permet d’interagir avec son index ou pouce gauche tout en tenant la tablette à deux mains, ce qui est nettement moins idéal pour les gauchers.
Le port situé sur la tranche inférieure sert à recharger la Galaxy Tab 10.1 ainsi qu’à assurer une synchronisation USB via un câble propriétaire. Ce choix est à double tranchant vu que la connectique est simplifiée, mais un port micro-USB aurait été plus pratique en cas de perte/dysfonctionnement du câble d’origine.
Samsung propose la Galaxy Tab 10.1 en gris métal et blanc, sachant que le coloris ne varie qu’au niveau du dos de la tablette. Bénéficiant d’une texture imitant l’aluminium brossé, la coque en résine plastique donne une très bonne impression de solidité. Le seul reproche que l’on puisse lui faire tient à l’accumulation des traces de doigts même si la finition piano laqué de l’HP Touchpad est encore plus sensible à ce phénomène.
Caméra | iPad 2 | Xoom | Iconia A500 | Eee Pad Transformer | Galaxy Tab 10.1 |
---|---|---|---|---|---|
Face | 0,3 MP (640×480) | 2 MP (1600 x 1200) | 2 MP (1600 x 1200) | 1,2 MP (1024 x 768) | 2 MP (1600 x 1200) |
Dos | 0,7 MP (960×720) | 5 MP (2592 x 1944) | 5 MP (2592 x 1944) | 5 MP (2592 x 1944) | 3 MP (2048 x 1536) |
Flash | Sans | double LED | LED | Sans | LED |
La partie caméra est plus performante que celle de l’iPad 2 mais s’avère inférieure à celle d’autres tablettes Honeycomb : la Xoom dispose par exemple d’une caméra arrière à double flash LED en plus d’afficher une résolution plus élevée qui lui permet de rivaliser sur le papier avec le capteur d’un APN compact entrée de gamme, tandis que la Galaxy Tab 10.1 se contente d’un seul flash LED tout comme l’Iconia A500.
TouchWiz UX : la surcouche Honeycomb
L’expérience utilisateur sur la Galaxy Tab 10.1 est fondamentalement différente de ce que l’on peut éprouver avec d’autres tablettes grâce à TouchWiz UX, un habillage propre à Samsung. Le constructeur coréen est ainsi le premier à proposer une interface complètement personnalisée sous Honeycomb.
Au-delà des changements visuels, TouchWiz se distingue de l’interface d’origine Honeycomb 3.1 sur les points suivants :
- Live panels : un jeu de widgets et panneaux semblables à ceux de Honeycomb 3.1 mais qui proposent plus de fonctionnalités pour la météo et les réseaux sociaux.
- Mini Apps Tray : barre de tâches type dock qui permet un accès rapide aux calculatrice, lecteur de musique, horloge, calendrier et gestionnaire des tâches.
- Social Hub : messagerie et fil d’actualité intégrés pour emails, Facebook, Twitter, Linkedin et Exchange
- Reader’s Hub : accès à un service de téléchargement de livres numériques. Samsung avance que ce service comptera environ 2 millions de livres et 2000 journaux dans 49 langues et 2300 magazines en 22 langues.
- Media Hub : service de vidéo à la demande (réservé au marché US)
- Music Hub : service de musique à la demande
- Quick Panel : interface grand format pour les réglages et notifications
Les Mini apps sont comparables aux gadgets sous Windows 7 et aux widgets sous Mac OS X, à la différence près qu’Android ne permet pas d’utilisation multitâche. Il est par exemple impossible d’ouvrir le calendrier tout en continuant à travailler avec Quickoffice vu que chaque Mini app est considérée comme un programme indépendant.
La dernière mise à jour de TouchWiz intègre un gestionnaire des tâches intéressant vu qu’il permet de dégager des programmes chargés dans la RAM, une possibilité que nous apprécions dans iOS alors qu’elle fait défaut à Honeycomb. C’est donc un progrès, mais Samsung a encore du travail : le gestionnaire des tâches permet de fermer un programme, mais il n’efface pas pour autant le raccourci lié au programme dans le sélecteur d’applications.
A ce stade, le Social Hub gère donc les emails en POP/IMAP, Exchange, Facebook, Twitter et Linkedin. Une fois les comptes ajoutés, le fil d’actualité pour ces trois derniers est traité comme un fil RSS sachant que messages apparaissent dans leur propre fenêtre, comme c’est le cas de Synergy sous webOS.
Globalement, le fil d’actualité intégré pour les réseaux sociaux est assez pratique pour une grande majorité d’utilisateurs, mais les professionnels qui travaillent spécifiquement sur ce genre de réseaux se sentiront restreints du fait que le programme est limité à 1 compte par plateforme.
L’intégration des réseaux sociaux est donc également un progrès, par contre Samsung devra revoir le système de messagerie : l’échange de messages sous Facebook, Twitter et Linkedin est regroupé en une seule interface contrairement aux mails. Concrètement, si l’on veut lire le corps de texte d’un message particulier, le simple fait de cliquer sur l’objet ouvre l’email dans l’email app. La situation se complique encore plus du fait qu’Android nécessite un compte Google, ce qui veut dire que l’application Gmail se synchronique automatiquement avec Google email. Dès lors que l’on ajoute Gmail au Social Hub, le compte Gmail se retrouvera à la fois dans l’application email et l’application Gmail.
Les Media et Music Hub ne sont rien de plus que des services à la demande comparables à iTunes. En tant qu’européens, nous sommes malheureusement privés du Media Hub à ce jour…
Au niveau de la rédaction, nous avons plus tendance à utiliser les tablettes pour lire du contenu plutôt que de regarder des vidéos. L’absence de Reader Hub dans la dernière mise à jour de TouchWiz UX est donc regrettable, d’autant plus que Samsung ne communique pas sur sa disponibilité OTA (over-the-air). Nous espérons tout de même la voir arriver d’ici à la fin de l’année.
Le principal changement avec TouchWiz UX tient à l’aire de notification : les informations apparaissent toutes en polices et icônes grand format, ce qui nous semble plus intuitif qu’avec Honeycomb en natif. On en vient à espérer que les autres partenaires de Google sauront eux aussi proposer une personnalisation de l’interface utilisateur de cet acabit.
Ceci étant dit, certains préfèreront un Honeycomb d’origine à l’interface de Samsung. Le constructeur coréen proposant cette interface en tant que mise à jour OTA, il faudra alors désactiver les mises à jour pour rester sur l’habillage d’origine. Il serait souhaitable que Google donne un accès libre au développement de l’interface utilisateur et encore mieux pour nous, la possibilité de choisir des thèmes comme on le fait sous Windows 7 et Mac OS X.
Un clavier virtuel amélioré
L’agencement du clavier proposé par Samsung est proche de celui que l’on trouve d’origine sous Honeycomb, à la différence près que les touches sont un peu plus larges en mode portrait. Idéalement, il faudrait une colonne dédiée aux touches numériques comme c’est le cas sur l’Eee Pad Transformer d’Asus et la HP Touchpad vu que l’on peut alors saisir des chiffres sans passer par une touche fonction.
Swype est un logiciel de reconnaissance d’écriture qui permet de tracer des caractères sur l’interface clavier. C’est une fonctionnalité très appréciable sur un smartphone où l’on est limité par des touches minuscules et un écran modeste, mais l’expérience est plus mitigée sur la Galaxy Tab 10.1.
Quand Swype veut bien fonctionner c’est un plaisir, mais la dernière mise à jour de TouchWiz semble perturber la reconnaissance de caractères. Concrètement, le traçage d’une simple lettre dans la barre d’adresse ou l’application Gmail peut se traduire par une suite de caractères insensée.
Synchronisation et debug USB
Du côté des transferts de données, la Galaxy Tab 10.1 se distingue également des autres tablettes Honeycomb du fait que Samsung propose un programme similaire à iTunes baptisé Kies qui permet de sauvegarder/restaurer des informations et synchroniser des données à l’aide d’une interface unifiée.
La Galaxy Tab 10.1 apparaissant comme un périphérique mobile sous Windows 7, il est encore possible de faire des glisser-déposer. A partir de Kies, l’importation de fichiers depuis Windows Explorer peut être faite manuellement, mais il faudra passer par le bouton « Save to PC » lorsque l’on veut transférer des fichiers vers son ordinateur.
La possibilité de synchroniser des données via un réseau sans fil est la plus intéressante des fonctionnalités dans Kies 2.0, même s’il faut être conscient du fait que les débits sont largement inférieurs par rapport à une liaison USB 2.0. De plus, on ne peut pas faire de sauvegarde ou encore lire des métadonnées ID3 relatives aux fichiers MP3 depuis la tablette dans ce mode de synchronisation.
L’expérience est plus limitée dans un environnement Mac vu que la synchronisation sans fil est réservée à Kies 2.0, lequel n’existe qu’en version Windows à ce jour. Il faut donc faire avec Kies 1.0 qui perd également la possibilité de sauvegarder/restaurer des données. Pire encore, Android File Transfer est inutilisable et Kies s’avère donc incontournable. Les possibilités de glisser-déposer sont les mêmes que sous Windows 7 avec Kies 2.0 : on peut importer manuellement les fichiers tandis qu’il faut passer par le menu de l’application pour exporter.
TouchWiz proposant maintenant une touche dédiée à cet usage, il est très simple de prendre des captures d’écran. La Galaxy Tab 10.1 est par contre beaucoup moins souple si l’on préfère l’utilitaire DDMS ou bien lorsque l’on a besoin du debug USB pour développer des applications. En effet, l’activation du debug USB désactive le protocole MTP indispensable pour que la tablette soit reconnue comme périphérique mobile sous Windows 7 sans que l’on comprenne pourquoi. En ouvrant Kies à ce stade, on se voit gratifié d’un message d’erreur demandant une reconnexion en mode Samsung Kies (PC Studio) au motif que le mode de connexion utilisé n’est pas reconnu par Kies. La situation n’est pas meilleure sous Mac.
Cette situation est d’autant plus curieuse que les autres tablettes passées entre nos mains ne souffraient pas de ce problème, permettant ainsi de rester synchronisé que le mode debug soit activé ou pas. Samsung se doit de régler le problème avec la prochaine mise à jour parce qu’il est franchement pénible de devoir surveiller le statut du debug USB pour réussir une synchronisation.
Performances GPU : Tegra 2
Rappelons brièvement que les appareils mobiles tels que les smartphones et tablettes utilisent un SoC (system-on-chip) qui intègre donc processeur, GPU, RAM et d’autres périphériques d’interface sur une seule puce. La proximité des composants permet d’optimiser les transferts de données ainsi que la place nécessaire sur le PCB.
SoC | Apple A4 (iPad) | Apple A5 | NVIDIA Tegra 2 |
---|---|---|---|
Tablette | Apple iPad | Apple iPad 2 | Acer Iconia Tab A500 Asus Eee Pad Transformer Motorola Xoom Samsung Galaxy Tab 10.1 |
Processeur | ARM Cortex-A8 @ 1 GHz (monocore) | ARM Cortex-A9 @ 1 GHz (dual core) | ARM Cortex-A9 @ 1 GHz (dual core) |
Mémoire | 256 Mo LP-DDR @ 333 MHz (simple canal) | 512 Mo LP-DDR2 @ 1066 MHz (bi-canal) | 1 Go LP-DDR2 @ 667 MHz (simple canal) |
GPU | PowerVR SGX535 (monocore) | PowerVR SGX545MP2 (dual core) | ULP GeForce (monocore) |
Cache L1 (Instruction/Données) | 32 Ko / 32 Ko | 32 Ko / 32 Ko | 32 Ko / 32 Ko |
Cache L2 | 640 Ko | 1 Mo | 1 Mo |
Depuis fin 2008, NVIDIA tente de s’imposer dans le marché des appareils mobiles avec son SoC Tegra qui en est maintenant à sa deuxième génération. Ce dernier emploie un processeur dual core Cortex-A9 qui offre un joli gain de performances par rapport au Cortex A8 que l’on trouvait notamment dans le premier iPad.
Il est important de comparer les performances graphiques de chaque tablette comme le confirme le responsable de la gestion des produits chez Qualcomm, Sy Choudhury : « On croit à tort que le même processeur et le même OS donneront les mêmes performances ». Ceci s’applique aussi bien aux tablettes qu’aux smartphones : si les fabricants des SoC fournissent les mêmes optimisations matérielles à tous les constructeurs, ces derniers se distinguent au niveau des optimisations logicielles.
GPU (SoC) | PowerVR SGX 535 (Apple A4) | PowerVR SGX 543 (Apple A5) | GeForce ULP (Tegra 2) |
---|---|---|---|
SIMD | USSE | USSE2 | Core |
Pipelines | 2 (unifiés) | 4 (unifiés) | 8 (4 pixel / 4 vertex) |
TMUs | 2 | 2 | 2 |
Largeur du bus (bits) | 64 | 64 | 32 |
Triangle rate @ 200 MHz | 14 MTriangles/s | 35 MTriangles/s | ? |
Le circuit graphique GeForce ULP fonctionne à 300 MHz maximum, ce qui n’empêche pas les fabricants de jouer sur cette fréquence pour optimiser la consommation de leurs tablettes. NVIDIA étant plus avare en informations avec Tegra 2 qu’avec ses GeForce, passons directement aux tests sous GLBenchmark 2.0.
La Galaxy Tab 10.1 se comporte aussi bien que les autres tablettes Android sous Honeycomb 3.1. On note plus particulièrement que la tablette de Samsung après mise à jour de TouchWiz talonne l’Eee Pad Transformer sous Honeycomb 3.2, ce qui implique deux possibilités :
- La mise à jour apporte un gain de performances
- TouchWiz consomme moins de ressources graphiques par rapport à l’interface d’origine de Honeycomb 3.1
Quelle que soit l’explication, la Galaxy Tab 10.1 est donc une des deux tablettes Tegra 2/Android les plus performantes.
Ce benchmark est pratique pour situer rapidement les performances des autres GPU mobiles mais il est impossible d’évaluer les écarts de bande passante mémoire entre A4, A5 et Tegra 2 en termes de Fillrate ou Triangle-rate. En effet, la bande passante mémoire des GPU PowerVR des A4 & A5 est directement liée au Triangle-rate du fait de leur architecture de rendu différé à base de tuiles : leur fonctionnement tranche avec les GPU que l’on retrouve dans les PC. A contrario, le Tegra 2 s’en rapproche puisque l’on retrouve une architecture de rendu Z-buffer plus classique, ce qui limite donc les comparaisons en Triangle-rate aux seules tablettes Tegra 2.
Pour aller plus loin, nous avons publié sur Google Docs les résultats exhaustifs sous GLBenchmark 2.0.
Qualité de l’écran : gamut de couleur
Si la plupart des fabricants de tablettes n’ont ni les ressources ni l’expérience pour produire leurs propres dalles LCD, Samsung a équipé sa Galaxy Tab 10.1 d’un modèle PLS (Super Plane to Line Switching) en 1280×800 développé en interne. Au premier abord, la structure des sous pixels ressemble à celle de l’S-IPS au microscope mais les ressemblances s’arrêtent là. A vrai dire, c’est le meilleur écran pour tablette que l’on ait pu voir jusqu’ici.
Les OS mobiles ne gérant pas les profils de couleurs ICC, la gestion des couleurs natives se fait au niveau hardware : lorsqu’un GPU envoie 10 teintes de bleu différentes à un écran LCD qui ne peut en afficher que trois, les sous pixels affichent la couleur la plus proche. On peut donc dire dans une certaine mesure que les smartphones et tablettes se comportent comme si ils employaient un rendu colorimétrique relatif.
La plupart des tablettes affichent encore moins de couleurs que bon nombre d’écrans TN à faible coût, ce qui n’est heureusement pas le cas de la Galaxy Tab 10.1 qui se rapproche d’un moniteur TN correct. Ceci est dû à la nouvelle technologie Super PLS de Samsung qui peut être considérée comme de l’IPS 1.5. Sans trop rentrer dans les détails, le Super PLS est une évolution relativement mineure de l’IPS qui marque une progression au niveau des angles de vue, de la fidélité des couleurs et de la luminosité.
Par rapport à l’ensemble des tablettes en IPS, la luminosité maximale sur fond blanc est équivalente. C’est au niveau de la profondeur des noirs que la Galaxy Tab 10.1 se distingue, ce qui lui permet d’afficher un meilleur contraste.
Notons que ces mesures nécessitent quelques précautions au préalable. Nous commençons par désactiver la luminosité dynamique parce qu’elle ne permet pas de prendre des mesures fiables (ou reproductibles) de l’écran. Deuxièmement, la luminosité est au maximum. A défaut de partir avec les mêmes réglages que les nôtres, on ne trouvera pas le même gamut qu’ici.
Voici la seule faiblesse de la dalle Super PLS utilisée ici : à 8900 K, les couleurs sont beaucoup trop froides, ce qui est évident avec les images blanches en arrière plan qui apparaissent bleutées. Le faible gamma permet de compenser le problème avec les autres couleurs mais Samsung ferait bien de corriger ce point à court terme.
Soulignons le fait que le gamma n’influe pas sur le rendu des noirs et blancs, mais sur les tons intermédiaires : avec un gamma trop élevé, ces derniers seront trop sombres et inversement. Adobe, Apple et Microsoft recommandent tous un gamma de 2.2. C’est une valeur arbitraire transposée du standard NTSC choisie à l’origine parce qu’elle permettait d’obtenir des couleurs plus naturelles dans des environnements légèrement sombres.
Qualité de l’écran : uniformité des noirs & blancs
Samsung Galaxy Tab 10.1 | ||
---|---|---|
Luminance du blanc en cd/m2 | ||
345,6031 | 352,6490 | 351,8149 |
331,9288 | 360,4424 | 347,1947 |
321,4645 | 347,6201 | 365,9216 |
Luminance du noir en cd/m2 | ||
0,3403 | 0,3230 | 0,3160 |
0,3152 | 0,3210 | 0,2978 |
0,3179 | 0,3239 | 0,3419 |
Au niveau des blancs, l’uniformité est satisfaisante quoi qu’un peu irrégulière dans les angles inférieurs. En revanche, l’uniformité des noirs est globalement mauvaise à cause de la luminosité inférieure sur la partie droite de l’écran. Fort heureusement, on ne constate pas de fuites de lumière (backlight bleeding) contrairement à certains iPad 2 s’appuyant sur une dalle Samsung IPS.
Caméra
La caméra en façade est suffisante pour une visioconférence mais il faudra tout de même un éclairage ambiant correct pour éviter de se retrouver avec un streaming granuleux. La caméra arrière souffre moins d’un mauvais éclairage, mais elle n’est pas pour autant au niveau de celles que l’on retrouve sur la Motorola Xoom ou encore l’Acer Iconia A500.
L’activation du flash permet de gagner en qualité mais dans le cas des photos rapprochées, la lumière émise est mal diffusée par rapport à ce que l’on obtient avec d’autres tablettes.
Par beau temps en extérieur, la Galaxy Tab 10.1 se comporte aussi bien qu’un APN compact entrée de gamme en mode automatique. La différence tient essentiellement à l’absence de zoom, le recadrage post-photo ayant ses limites.
Tests pratiques
L’utilisation d’une caméra est encore l’approche la plus simple pour évaluer la réactivité. Bien entendu, hors de question d’utiliser une caméra normale compte tenu des limitations en termes d’images par seconde qui empêcheraient d’effectuer des mesures précises, tout comme l’utilisation d’un chronomètre qui induirait un facteur d’erreur humaine trop important. Nous utilisons donc une caméra capable de filmer 1000 images par seconde qui facilite d’autant plus les mesures qu’une image correspond alors à une milliseconde.
Exception faire du premier iPad, toutes ces tablettes emploient un Cortex A9 dual core. Les écarts relevés au niveau du temps de démarrage suggèrent donc qu’iOS est plus léger. Soulignons que nous relevons ici la performance globale, ce qui veut dire que l’écran peut lui aussi avoir une influence vu que le temps de réponse est pris en compte. La tendance reste la même pour ce qui est du lancement de navigateur : Safari démarre bien plus rapidement que Chrome.
L’input lag représente ici le temps écoulé entre l’activation d’une touche et l’apparition du texte à l’écran. Sachant qu’en moyenne, un lycéen a un temps de réaction de 200 ms à un stimulus visuel, l’input lag est donc perceptible quand on saisit du texte sur la Galaxy Tab 10.1.
Notons que la tablette de Samsung présente un input lag similaire à celui de l’Eee Pad Transformer, ce qui pourrait signifier que le Super PLS souffre d’un temps de réponse élevé tout comme l’IPS.
Autonomie et durée de rechargement
La mesure de l’autonomie est complexe parce que très variable à moins de contrôler le test du début à la fin. De plus, les gestes sur l’écran n’influent pas beaucoup sur l’autonomie contrairement à la charge CPU/GPU, la luminosité, le volume et l’utilisation du Wi-Fi. Nous avons donc codé un script qui lit automatiquement des MP3 à 50 % de volume tout en parcourant différentes pages sur Wikipédia toutes les 12 minutes. Ce benchmark est particulièrement exigeant et donne donc une idée de l’autonomie dans un des pires cas de figure.
Durée de rechargement
Dans l’idéal, mieux vaut faire des recharges complètes pour éviter de faire souffrir la batterie prématurément. Le rechargement se ralentit généralement aux alentours de 80 à 95 %, ce qui explique pourquoi il est plus rapide de passer de 0 à 10 % que de 90 à 100 % de batterie.
Si son autonomie est dans la moyenne, on tient ici le talon d’Achille de la Galaxy Tab 10.1 : il faut presque le quart d’une journée pour recharger la tablette lorsque la batterie est à plat. C’est un problème majeur quand on cherche un maximum de mobilité.
Performances Wi-Fi
Les tests sont conduits suivants deux cas de figure :
- 1,5 mètre de distance (5 ft), conditions idéales : aucun obstacle ne vient entre la tablette et le routeur Wi-Fi
- 6 mètres de distance (20 ft), conditions courantes : la tablette et le routeur sont à 6 mètres de distance, séparés par trois plaques de placo. La dégradation du signal peut donc être représentative de conditions réelles d’utilisation en intérieur
Toutes les tablettes sont en idle durant deux minutes avant de lancer le test pour éviter qu’un dispositif d’économie d’énergie logiciel ne vienne perturber le signal.
A proximité du point d’accès, la Galaxy Tab 10.1 affiche de très bonnes performances mais il est assez rare d’utiliser une tablette dans des conditions aussi optimales. Dans un contexte plus réaliste, la tablette de Samsung affiche des performances assez exceptionnelles et tout particulièrement sur la bande 5 GHz en Wi-Fi 802.11n. Quand bien même on utilise un réseau 802.11g plus ancien, il n’y a pas de souci à se faire : le débit comme le temps de réponse restent excellents par rapport à la moyenne des tablettes Honeycomb.
Conclusion
La Galaxy Tab 10.1 apporte à peu près tout ce qui lui fallait pour sérieusement rivaliser avec l’iPad 2. L’écran Super PLS est assez incroyable, au point d’en faire la nouvelle référence parmi les tablettes même si l’on est bien loin des moniteurs wide gamut. L’ouverture des angles de vision et l’étendue du gamut sont nettement supérieures à ce que l’on trouve chez la concurrence.
TouchWiz UX améliore l’expérience visuelle sous Android en apportant une interface utilisateur plus poussée. Néanmoins, Samsung devrait laisser aux utilisateurs la possibilité de personnaliser les habillages ou encore de complètement désactiver TouchWiz pour tous ceux qui préfèrent l’interface d’origine sous Honeycomb. Certaines fonctionnalités gagneraient aussi à évoluer, comme par exemple l’application Social Hub : malgré tout le bien que l’on en pense, elle reste plus un lecteur de fils RSS évolué qu’autre chose. Pour être vraiment utile, il faudrait qu’elle fonctionne plutôt comme Synergy sous webOS.
Prix moyen des tablettes | 16 Go | 32 Go | 64 Go |
---|---|---|---|
iPad 2 (Wi-Fi) | 490 € | 590 € | 690 € |
Xoom (Wi-Fi) | – | 400 € | – |
Iconia Tab A500 (Wi-Fi) | 350 € | 450 € | – |
Eee Pad Transformer (Wi-Fi) | 390 € | 450 € | – |
Galaxy Tab 10.1 (Wi-Fi) | 490 € | 590 € | – |
La dernière tablette de Samsung a beaucoup pour elle, mais son prix est dissuasif à ce stade même si l’on espère toutefois que son recensement très récent contribue à ce positionnement. Acer, Asus et Motorola ont tous récemment baissé le prix de leurs produits dans un contexte très concurrentiel, alors que Samsung semble s’aligner avec les prix d’Apple. Concrètement, on se retrouve dans une situation où une Galaxy Tab 10.1 16 Go coûte plus cher qu’un Eee pad Transformer 32 Go.
La Galaxy Tab 10.1 est par ailleurs une vraie réussite sur le plan esthétique mais elle accuse aussi quelques manquements par rapport à la concurrence : l’Acer Iconia A500 propose par exemple un vrai port USB, l’Eee Pad Transformer peut faire notebook/tablette grâce à son clavier en option et la Motorola Xoom dispose d’une caméra un cran au-dessus. Au-delà de ces différences, notre principal reproche tient à la durée du rechargement : alors que la tablette de Samsung dispose d’une autonomie comparable à celles des autres modèles Honeycomb, la batterie met trois fois plus de temps à charger. C’est d’autant plus frustrant quand on sait qu’il n’est pas possible de passer par l’USB. Au vu de la concurrence, le constructeur coréen devrait baisser son prix d’une centaine d’euros pour que la Galaxy Tab 10.1 sorte vraiment du lot.
A l’heure actuelle, l’iPad 2 nous semble encore supérieur sur le marché des tablettes haut de gamme grâce au soutien des développeurs tierce partie. La Galaxy Tab 10.1 se positionne quant à elle en deuxième place grâce à son écran phénoménal. Maintenant que Samsung a prouvé qu’il savait rivaliser avec Apple sur le plan matériel, c’est Google qui doit suivre sur le plan logiciel.
L’écart qui sépare Apple de ses concurrents ne se comblera que si Google se montre plus agressif vis-à-vis du développement sous Honeycomb : la dernière mouture d’Android a beau avoir six mois, on ne trouve même pas 300 applications dédiées aux tablettes à ce jour. La sélection parait un peu plus grande sur l’App Market du fait que de nombreuses applications sont tout simplement adaptées pour fonctionner sur une tablette mais il ne faut pas s’y tromper : très peu de programmes sont spécifiquement conçus pour les tablettes sous Honeycomb.
De son côté, Apple a le luxe de contrôler le développement matériel et logiciel. Si cette situation est frustrante pour beaucoup de développeurs, le fait est que la firme de Cupertino se taille la part du lion dans le marché des tablettes. C’est un problème significatif pour Google qui doit donc accélérer le mouvement du côté des applications dédiées aux tablettes : les partenaires auront beau commercialiser des produits très réussis sur le plan technique, ils ne pourront pas s’imposer à grande échelle si le support logiciel est limité. Le webOS d’HP est un cas d’école sur la destinée d’une plateforme mobile quand les développeurs ne suivent pas. Samsung peut encore apporter quelques améliorations, mais la partie matérielle de la Galaxy Tab 10.1 est d’ores et déjà une réussite dans l’ensemble. La balle est donc clairement dans le camp de Google.