Miracast, AirPlay, WiDi : l’affichage déporté en test

Miracast, AirPlay and co.

L’affichage déporté est-il le prochain Graal ? C’est ce que pensent les constructeurs, avec de plus en plus d’appareils qui intègrent des technologies permettant d’utiliser un téléviseur (ou même un écran) sans fil, avec une source provenant d’un smartphone, d’un PC, d’une tablette, etc.

Image 1 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testMiracast, une technologie Wi-FiPour le moment, plusieurs technologies s’affrontent : AirPlay chez Apple (avec une compatibilité limitée sur d’autres appareils), Miracast dans le monde Android et — bientôt — Windows et BlackBerry, WiDi chez Intel et la technologie du Chromecast chez Google. Pour ce test, nous avons essayé Miracast, WiDi et AirPlay.

Copie d’écran ?

Le but est donc bien de copier le contenu de l’écran d’un appareil mobile directement sur un téléviseur ou un écran. On affichera donc l’interface de l’appareil sur un grand écran, pour — par exemple — regarder une vidéo. Dans certains cas, il est possible d’utiliser le téléviseur comme second écran, avec un contenu qui n’est pas le même, mais cette fonction est assez rare. Quelques jeux iOS (Real Racing, Rage, etc.) le proposent, mais dans la majorité des cas, on a une copie de l’écran. Attention, donc, aux bandes noires : seuls les appareils dont l’écran a un ratio 16:9 (certains smartphones et tablettes) rempliront l’écran du téléviseur. Dans la majorité des cas, on aura donc des bandes noires.

Image 2 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testLes bandes noires sur iPhone en mode portrait

Le matériel

Avant d’entrer dans les détails, un peu d’informations sur les possibilités. La technologie WiDi d’Intel nécessite un ordinateur équipé d’un processeur Intel récent (un Core ix), une carte Wi-Fi 802.11n compatible (Intel, Broadcom, etc.) et bien évidemment d’un récepteur WiDi, comme le Netgear PTV3000 que nous avons utilisé.

La technologie Miracast, plus ouverte, demande un smartphone Android (Windows Phone et BlackBerry 10 ne sont pas encore compatibles) sous Android 4.2, première version d’Android qui intègre pleinement Miracast. L’appareil doit aussi être équipé d’une puce Wi-Fi compatible 802.11n et il faut, comme pour WiDi, un récepteur compatible. Notre Netgear PTV3000 est compatible Miracast, mais il en existe d’autres.

AirPlay, chez Apple, demande un appareil iOS récent (à partir de l’iPad 2, de l’iPhone 4S et de l’iPod touch 5G) pour la copie d’écran, même si certaines fonctions comme la lecture de vidéo fonctionnent avec des appareils plus anciens. Il est aussi possible d’utiliser un ordinateur sous Mac OS X (Mountain Lion et Core ix Sandy Bridge obligatoire) pour la copie d’écran et un appareil équipé d’iTunes pour la vidéo. En réception, Apple propose l’Apple TV.

Enfin, le Chromecast est un appareil Google qui sert de récepteur pour quelques services depuis YouTube (Android/iOS), Netflix ou Chrome.

Comment ça marche ?

Dans tous les cas, le fonctionnement est assez proche : l’émetteur compresse son framebuffer en H.264 puis envoie le flux au récepteur qui va l’afficher.

Bande passante

Image 3 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testSi une connexion Wi-Fi 802.11g est utilisable en théorie, les constructeurs recommandent d’utiliser un réseau filaire (quand c’est possible) ou un réseau Wi-Fi à la norme 802.11n. Dans certains cas, notamment avec notre boîtier Netgear de test, le récepteur émet son propre réseau, sur lequel l’émetteur va se connecter : ce mode de fonctionnement pose moins de soucis de bande passante et simplifie la configuration.

La vidéo

Le fonctionnement, comme nous l’avons dit, repose sur le codec H.264. Le prérequis dans presque tous les cas est donc de posséder un appareil capable d’encoder matériellement en H.264, ce qui est le cas chez Intel depuis les processeurs Core ix de seconde génération (Sandy Bridge). Dans le monde des tablettes et des smartphones, la majorité des SoC est capable d’encoder matériellement en H.264. 

Apple propose dans certains cas de passer outre cette limite, du moins pour regarder des vidéos : l’appareil peut envoyer la vidéo directement au récepteur, qui décodera l’image. La Freebox Révolution, qui est en partie compatible AirPlay, utilise cette technique, et il existe plusieurs applications Android capables d’envoyer de la vidéo à un Apple TV de cette façon.

Le son

Si les différentes normes permettent d’envoyer un flux audio classique (2 canaux, PCM, 44 ou 48 kHz), Miracast, AirPlay et WiDi peuvent aussi envoyer de l’AC3, de l’ALAC (compression sans pertes) ou de l’AAC, en fonction cas. 

Latence et définition

Enfin, il y a deux points importants : la latence et la définition. Pour la latence, elle dépend d’énormément de choses, mais est — selon nos tests — toujours perceptible. Pour regarder une vidéo, ce n’est pas un problème, étant donné qu’on regarde essentiellement le téléviseur. Pour un jeu, elle est plus ou moins gênante en fonction des appareils et des types de jeux. Elle reste cependant sensiblement la même que ce soit pour le WiDi, Miracast ou Airplay. Pour la définition, si toutes les technologies supportent le 1080p, la réalité est un peu différente. WiDi nous a limités à du 1 280 x 768 dans le meilleur des cas, Miracast est resté en 720p, tout comme AirPlay depuis un appareil iOS. Avec un ordinateur de bureau, AirPlay peut par contre passer en 1080p.

Intel WiDi

Image 4 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testLe boîtier de NetgearCommençons par WiDi, la technologie d’Intel. Elle nécessite plusieurs choses pour être prise en charge. Premièrement, un ordinateur équipé d’un processeur Core ix de seconde génération (Sandy Bridge) en version mobile ou d’un processeur de troisième (Ivy Bridge) ou quatrième (Haswell) génération en version de bureau. Deuxièmement, un GPU Intel HD de type 2000 ou 3000 en version mobile ou de type 2500/4000 en version desktop. Enfin, une carte Wi-Fi Intel 802.11n ou une carte Wi-Fi Broadcom 802.11n (la liste est disponible chez Intel) est obligatoire. Pour terminer, WiDi ne fonctionne que sous Windows 7 ou 8.

Le test

Nous avons utilisé le Netgear PTV3000, un petit adaptateur qui se branche en HDMI et s’alimente en USB. Ce boîtier est compatible WiDi et émet son propre réseau Wi-Fi, sur lequel l’ordinateur se connecte.

Image 5 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testUn message peu compréhensibleAu niveau de la connexion, c’est assez laborieux : il faut ajouter l’adaptateur dans les périphériques Windows, lancer l’application WiDi Intel, se connecter sur l’appareil, entrer un code (à la première connexion uniquement) et attendre. La connexion prend entre 10 et 20 secondes et nous avons eu, dans tous les cas, un message d’erreur abscons, par ailleurs sans effet.

La définition

Nous avons branché le PTV3000 sur un téléviseur 1080p Samsung, et utilisé un ordinateur portable Dell équipé d’une dalle 1080p. En WiDi, la définition maximale proposée est 1 280 x 768, une définition qui n’est pas au format 16:9. Dans ce cas-là, le téléviseur travaille en 1 920 x 1 080 avec un upscale effectué par le boîtier. Quand on passe en 720p (format 16:9), le boîtier envoie une image 720p, upscalée par le téléviseur.

Au niveau du son, le boîtier envoie du PCM au téléviseur. Nous n’avons pas pu passer en AC3 car notre téléviseur de test ne gère pas le 5.1 en pass trough : les flux en 5.1 sont traités en stéréo avant d’être envoyé sur notre ampli via une sortie S/PDIF.

Bonne nouvelle, le logiciel d’Intel prend en charge l’overscan. En effet, beaucoup de téléviseurs (donc le nôtre) ont tendance à zoomer dans l’image et donc à couper une partie de l’information. Si on ne branche pas le boîtier sur la seule prise (sur quatre) qui n’effectue pas de redimensionnement, on perd donc une partie de l’image. Heureusement, le logiciel Intel permet de régler ce problème.

Image 6 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testL’interface de WiDi

Image 7 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testOn peut configurer le boîtier

À noter que la sortie est protégée via la technologie HDCP, il est impossible de capturer l’image provenant de l’ordinateur.

Miracast

Image 8 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testLe chargeur du PTV3000

Passons à Miracast, une technologie ouverte qui est notamment prise en charge par les appareils sous Android. Miracast fonctionne très bien et ne demande normalement qu’une chose : un smartphone sous Android 4.2. Techniquement, une carte Wi-Fi 802.11n compatible Wi-Fi Direct et un encodeur H.264 matériel sont obligatoires, mais la majorité des smartphones sous Android 4.2 disposent de ces fonctions.

Le test

Nous avons utilisé le même boîtier Netgear, avec un Galaxy S 4 de chez Samsung mais aussi un HTC One, un Nexus 4, etc. Le fonctionnement est simple : on va dans le centre de notifications, on active le Screen Mirroring et on se connecte sur le boîtier. La connexion en elle-même prend 5 à 10 secondes.

Image 9 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testCopie d’écran

La définition

Avec un Samsung Galxy S 4, Miracast transporte un flux en 720p, alors que le smartphone a un écran en 1080p. Au niveau du son, on est en PCM et nous n’avons pas pu tester la possibilité de travailler en 5.1.

Le principal problème de Miracast vient de l’overscan : Android ne prend pas en compte le problème et l’image est donc coupée dans notre cas, sauf à utiliser la seule prise qui n’effectue pas de traitements. C’est un point à prendre en compte dans certains jeux, surtout ceux qui affichent des informations en haut et en bas de l’écran.

Image 10 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testLe résultat avec une Nexus 7

À noter que la sortie est protégée via la technologie HDCP, la connexion est coupée dès qu’un périphérique non compatible (comme la majorité des cartes d’acquisition) est connecté.

Et Windows 8.1 ?

Windows 8.1 (et Windows RT 8.1) devrait prendre en charge Miracast, et permettrent d’utiliser la sortie déportée avec n’importe quel ordinateur équipé d’un encodeur matériel. Pour le moment, les pilotes ne sont pas encore compatibles, mais nous mettrons à jour ce dossier quand ce sera le cas.

AirPlay

AirPlay, chez Apple, fonctionne de deux façons. Soit l’émetteur envoie une vidéo qui sera lue en local par l’Apple TV, soit on travaille en mode AirPlay Mirroring. Dans le premier cas, il existe des récepteurs alternatifs, comme la Freebox Révolution, et des émetteurs pour Android par exemple. Dans le second cas, il faut un appareil iOS avec un processeur A5 au minimum ou un ordinateur sous Mountain Lion avec un processeur Sandy Bridge au minimum.

Image 11 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en test

Le test

Avec un Apple TV 3G (1080p), il suffit de presser le bouton AirPlay sur un appareil compatible pour obtenir une image en quelques secondes.

La définition

Avec un appareil iOS, on a une image en 720p qui est upscalée en 1080p par le boîtier. Avec un ordinateur, on peut avoir du 1080p ou du 720p (au choix). Apple a intégré une gestion de l’overscan dans le boîtier, avec la possibilité de désactiver le redimensionnement, par exemple quand on utilise un écran qui n’effectue pas d’overscan. A note que le flux n’est pas protégé en HDCP, sauf quand on lit une vidéo en HD achetée sur iTunes.

Conclusion

Le test du boîtier de Netgear et plus généralement des solutions testées a été une partie de plaisir, ce qui est finalement assez rare dans la vie d’un testeur. En effet, il suffit de brancher le PTV3000 et… ça marche. Pas de problèmes de configurations, de reconnaissance hasardeuse, de fonctionnement erratique. En dehors de quelques petits soucis sous Windows avec WiDi et d’une gestion hasardeuse de l’overscan (un problème lié aux téléviseurs), tout est parfait. Et, chose toujours appréciable, l’appareil n’est pas très cher : le PTV3000 veut environ 65 €.

Image 12 : Miracast, AirPlay, WiDi : l'affichage déporté en testNetgear

À terme, on ne devrait normalement plus avoir besoin d’un boîtier externe : les téléviseurs récents sont de plus en plus souvent compatibles Miracast, les rumeurs parlent depuis des années d’un téléviseur Apple et Intel essaye de forcer la main aux fabricants d’écrans et de téléviseurs pour qu’ils intègrent WiDi.

Au final, l’affichage déporté est donc une solution fiable, simple, et surtout pratique.