Introduction
Les moniteurs incurvés suscitent encore des interrogations parmi nous : certains se demandent tout simplement pourquoi ces produits existent, d’autres hésitent à investir compte tenu du surcoût engendré par cette caractéristique. En parallèle, les fabricants semblent bien plus sûrs de leur affaire puisque l’on voit régulièrement de nouveaux modèles arriver sur le marché. Notons également que le ratio 21:9 a trouvé un public suffisant pour être considéré comme une catégorie à part entière sur les moniteurs, laquelle semble avoir vocation à durer.
Les moniteurs ultra wide ont commencé à débarquer il y a environ un an et depuis, nous avons pu en tester quelques-uns, plats comme incurvés. Leur prix est clairement conséquent, mais le fait est qu’ils jouent un rôle de vitrine technologique pour leurs constructeurs respectifs en s’appuyant sur les meilleures dalles ainsi que de multiples fonctionnalités. A vrai dire, nous ne sommes pas encore tombés sur un moniteur incurvé que l’on pourrait qualifier de raté.
Les premiers écrans de ce genre visaient les milieux professionnels bien que leur conception semblait déjà mieux convenir aux jeux, contexte dans lequel on gagne à voir autant que possible son environnement. Les écrans ultra wide proposant 1440 lignes en hauteur ayant tendance à se généraliser, l’ajout d’une courbure renforce encore un peu plus les sensations d’immersion et de réalisme.
Le premier écran incurvé dédié aux jeux que nous ayons testé est le BenQ XR3501. Ce moniteur s’appuie sur une superbe dalle AMVA (Advanced Multi-Domain Vertical Alignment) proposant un fort contraste ainsi qu’une excellente colorimétrie. En revanche, il est limité à 1080 lignes en hauteur et fait l’impasse sur FreeSync comme G-Sync. Rappelons tout de même que le BenQ XR3501 propose une fréquence maximale de 144 Hz.
Le XR341CK que nous testons aujourd’hui fait partie des moniteurs orientés jeux chez Acer. Entre sa dalle IPS 75 Hz, sa définition WQHD ainsi que FreeSync, il pourrait bien séduire tous ceux parmi nous qui recherchent une plus grande immersion.
Pour le moment, les dalles 34 pouces incurvées sont exclusivement produites par LG et Samsung. Acer a choisi une dalle du premier des deux constructeurs pour son XR341CK, laquelle s’avère être la même que celle du Dell U3415W. On tient ici une dalle proposant une courbure de 3800R, bien moins accentuée que sur la dalle du BenQ XR3501 (2000R).
Un des premiers freins à l’adoption des moniteurs 21:9 était leur trop faible résolution : il est difficile de faire avec 1080 lignes en hauteur, surtout sur une diagonale de 34 à 35 pouces. Le BenQ XR3501 parvient à partiellement compenser ce défaut en proposant une dalle exceptionnelle, mais il s’agit tout de même d’un compromis que nous ne serons pas tous prêts à faire. Fort heureusement, Acer a choisir une dalle 1440p qui permet de conserver le même échelonnement et la même hauteur d’écran que sur les 27 pouces WQHD, ces derniers devenant par ailleurs le nouveau standard en lieu et place des moniteurs 1080p.
Le rétroéclairage est assuré par des LED blanches qui ne scintillement pas : le PWM n’est pas utilisé et ce quel que soit le niveau de luminosité. Si la majorité des écrans PWM ne nous posent aucun souci, le fait est que nous ne sommes pas tous insensibles au phénomène de scintillement qui en découle : certains en souffrent y compris lorsqu’il se produit à raison de 20 000 fois par seconde. Quoi qu’il en soit, le rétroéclairage constant du XR341CK préservera donc les yeux de tous.
La dimension ludique du moniteur est évidente. FreeSync fonctionne de 75 à 30 Hz, fréquence en-dessous de laquelle il est toujours possible d’activer la V-sync. En outre, le XR341CK propose trois réticules qui font écho au GamePlus d’Asus, ainsi qu’un compteur d’ips activable via l’interface utilisateur dans le coin supérieur gauche de l’écran.
Compte tenu de ses caractéristiques et de son prix (1200 euros) le XR341CK est clairement une vitrine technologique à tous points de vue. La question est donc la suivante : est-ce que l’on en a pour son argent ?
Emballage, ergonomie et accessoires
Tous les moniteurs incurvés que nous avons testés jusqu’ici nous sont parvenus dans de grands cartons, protégés par de multiples couches de protection. L’Acer XR341CK s’inscrit lui aussi dans cette tendance et bien que notre exemplaire de test ait déjà connu plusieurs voyages, il est arrivé intact à la rédaction. Précisons que le moniteur est déjà monté : il ne reste plus qu’à le sortir de son emballage.
Le jeu d’accessoires est composé d’un transformateur externe, des câbles HDMI et DisplayPort ainsi que d’un connecteur USB 3.0 A vers B. Au lieu du classique CD de pilotes, Acer inclut un guide d’utilisation en cinq langues.
Le pied du moniteur pourrait paraitre un peu trop minimaliste sur les photos, mais il est constitué d’une seule pièce en aluminium. Cette structure métallique s’étend jusqu’au dos de l’écran et encadre une section intérieure en plastique noir dans laquelle s’insère le mécanisme d’ajustement. Outre le fait que l’ensemble respire la qualité, le XR341CK fait partie des très rares écrans ultra wide permettant un ajustement en hauteur : on peut ainsi régler la position de l’image sur 150 mm, en plus de la plage d’inclinaison (35° vers l’arrière et -5° vers l’avant).
Les commandes, situées sous la bordure inférieure droite de l’écran, ne sont pas une réussite : leur mouvement d’activation n’est pas aussi ferme que souhaité et il faut appuyer à trois reprises pour faire apparaitre l’interface. Il faut bien dire qu’à force d’avoir été gâtés par un système de joystick chez BenQ, LG et Asus, nous espérions que ce genre de boutons ne soit plus qu’un lointain souvenir.
Le revêtement de la dalle est classique : efficace pour ce qui est de limiter les reflets, il ne souffre pas de grain ou autre effet indésirable. L’image est ainsi précise et lumineuse, y compris avec un éclairage artificiel omniprésent.
Vu de dessus, la courbure est subtile mais bien présente. On est toutefois bien loin des 2000R aperçus sur le BenQ XR3501, ce qui a pour effet positif d’empêcher toute distorsion de l’image : la courbure se contente d’ajouter à l’immersion tout en s’affirmant comme complément idéal du format 21:9.
Voici une vue complète du pied et de la base en aluminium : c’est un des plus beaux supports que l’on ait pu voir à ce jour. On distingue au sommet une poignée qui rend la manutention beaucoup plus facile qu’en attrapant l’écran par les côtés, sachant que le XR341CK frise tout de même les 10 Kg. Le carénage ne se distingue pas par sa finesse puisque l’on approche les 10 cm d’épaisseur.
Les grilles d’aération sont disposées en chevron, tandis que le logo de la marque est proéminent dans le coin supérieur gauche. Notons l’espace rectangulaire au-dessus du pied de l’écran facilitant la gestion du câblage : son utilisation est d’autant plus pratique que les connecteurs sont orientés vers l’arrière et non pas vers le sol.
Les deux haut-parleurs 7 Watts labellisés « DTS » diffusent le son vers le sol. Ils se montrent plus clairs et nerveux par rapport à ce que l’on a l’habitude d’entendre sur un moniteur : nous les avons trouvé tout à fait utilisables pour jouer quoique le son manque de coffre, y compris au maximum. D’une manière générale et a fortiori pour un film, on préfèrera bien entendu un casque ou des haut-parleurs plus musclés.
La connectique se répartit des deux côtés au dos de l’écran et comme évoqué plus tôt, elle présente l’avantage d’être orientée vers l’arrière, facilitant ainsi les branchements. Attention tout de même aux câbles DisplayPort quelque peu volumineux : les connecteurs plein format sont assez proches du branchement dédié à l’alimentation.
Le XR341CK propose deux entrées HDMI version 2.0 dont une compatible MHL. Les prises DisplayPort sont quant à elles en version 1.2a et déclinées en taille standard (entrée & sortie) ainsi qu’au format mini (entrée). La sortie DisplayPort plein format permet notamment le chainage de plusieurs écrans.
Sur le côté droit du panneau E/S, on trouve un port Kensington ainsi qu’un hub USB : les cinq ports (un ascendant et quatre descendants) sont tous en révision 3.0.
Interface utilisateur et calibration
Il faut donc trois pressions de bouton pour faire apparaitre l’interface utilisateur mais passé cette étape, la navigation s’avère heureusement assez facile.
Le premier menu contient les réglages de luminosité, contraste et profondeur du noir. Ce dernier, franchement rare pour un moniteur, est pourtant agréable : dans un environnement lumineux, il est possible de faire ressortir les détails de l’image dans les zones sombres. Attention toutefois à ne pas descendre en-dessous de 5 sous peine de ne plus distinguer les teintes les plus sombres.
La commande Blue Light, réglable sur cinq positions, augmente légèrement la température des couleurs. L’ACM correspond à l’éclairage dynamique chez Acer et comme pour toutes les marques, nous recommandons de le désactiver vu qu’il fausse le gamma et brûle les détails de l’image dans les zones les plus claires/sombres. Enfin, Super Sharpness accentue légèrement les contours au prix d’une petite baisse de contraste. Là encore, il s’agit d’un effet que l’on conseille de désactiver.
Le menu couleurs contient tous les réglages nécessaires à la calibration, y compris une balance des blancs à deux curseurs ainsi qu’un gestionnaire de couleurs. Le mode sRGB bloque tous les réglages y compris la luminosité et le contraste. Il produit de bons résultats en termes de colorimétrie et d’échelle de gris, mais le gamma est trop léger, ce que l’on verra en page cinq. Enfin, trois profils de gamma sont proposés : 1,8, 2,2 et 2,4. Ce dernier s’avère être le plus proche de la valeur de référence.
Le profil de température de couleurs utilisateur propose des réglages gain & bias, ce qui veut dire que l’on peut ajuster indépendamment les deux extrémités de l’échelle de gris. Ceci étant dit, le XR341CK est si proche de la perfection à la sortie du carton que l’on pourra laisser ces réglages tels quels.
Le gestionnaire de couleurs sépare les réglages de teinte (hue) et de saturation. Nous avons utilisé la teinte pour ajuster le magenta, seule manipulation qui s’est avérée nécessaire à ce niveau. Les commandes de saturation sont bien fonctionnelles, mais elles ont également pour effet d’influer sur la luminance et doivent donc être utilisées avec modération.
Disponible en 15 langues, l’interface peut être maintenue à l’écran jusqu’à 120 secondes avant de disparaitre. Refresh Rate Num est tout simplement une version matérielle de FRAPS : le débit en ips est alors affiché dans le coin supérieur droit de l’image. La police étant d’un jaune lumineux, on ne l’affichera pas systématiquement mais il s’agit là d’une fonctionnalité bienvenue.
La transparence proposée ici (sur cinq niveaux) s’applique à l’interface utilisateur. Game Mode regroupe quatre préréglages qui ne vont pas dans le sens d’une image fidèle tandis qu’Aim Point fonctionne comme le GamePlus d’ Asus : trois réticules sont proposés, lesquels sont fixes au centre de l’écran.
Le dernier jeu de réglages se trouve au sein du menu outils. On peut y changer l’entrée, l’overdrive (« Off, Normal et Extreme »), activer le DTS sur les hauts parleurs, modifier la révision du signal DisplayPort, paramétrer le chainage de moniteurs, modifier la profondeur du noir pour les signaux HDMI (Normal est la valeur à choisir pour un PC) et enfin accéder aux fonctions PIP/PBP.
Les écrans ultra wide sont idéaux pour afficher plusieurs sources en simultané. Le XR341CK propose PIP comme PBP avec tout ce qui peut être branché sur ses quatre entrées. La fenêtre en mode PIP peut être agrandie/rapetissée ainsi que déplacée, de même qu’il est possible de choisir la source audio que l’on souhaite écouter.
Au premier coup d’œil, l’Ambiant Light nous semblait être un capteur de luminosité, mais il s’agit en fait d’une série de LED assez douces qui éclaire de la tranche inférieure du moniteur vers sa base. Les réglages sont multiples : rouge, vert ou bleu, émission continue ou par flashs, intensité et même balayage d’un côté vers l’autre. Cette fonctionnalité est sans précédent à notre connaissance et après l’avoir utilisé en jeux, nous avons commencé à l’apprécier. Précisons qu’il est tout à fait possible de désactiver complètement ces LED.
Concis, le menu information affiche l’entrée utilisée, définition, fréquence, état FreeSync (activé/désactivé) et enfin le numéro de série du moniteur.
Calibration
L’image procurée par le XR341CK à la sortie du carton est l’une des plus fidèles que l’on ait vue à ce jour. Il suffit de paramétrer le gamma sur 2,4 avant de régler la luminosité à l’envie pour obtenir un excellent résultat. Comme nous allons le voir sur les pages qui suivent, la colorimétrie, l’échelle de gris et le gamma sont au niveau de ce que l’on relève sur de nombreux moniteurs professionnels.
Le mode utilisateur nous a permis d’aller encore un petit peu plus loin avec l’échelle de gris et le gamut, mais il faut une sonde pour percevoir les gains. Quoi qu’il en soit, nous proposons comme d’habitude nos réglages pour tous ceux qui souhaitent les tester.
Réglages de calibration | |
---|---|
Profil d’image | Utilisateur |
Contraste | 48 |
Luminosité à 200cd/m2 | 57 |
Luminosité à 120cd/m2 | 28 |
Luminosité à100cd/m2 | 21 |
Luminosité à 80cd/m2 | 14 |
Luminosité à 50cd/m2 | 3 |
Profondeur du noir | 5 |
BlueLite | Désactivé |
ACM | Désactivé |
Super Sharpness | Désactivé |
Gamma | 2.4 |
Température des couleurs | Rouge – Gain 51, 50 pour les autres couleurs |
Teinte | Magenta 53, 50 pour les autres couleurs |
Saturation | 50 |
Overdrive | Extreme |
Niveau de noir HDMI | Normal |
Faible latence | Activé |
Luminosité et contraste
Avant calibration – rétroéclairage au maximum
Nous opposons l’Acer XR34341CK à une sélection de cinq moniteurs FreeSync et/ou ultra wide très récents, dont quelques modèles incurvés. BenQ est représenté par le XR3501, tandis que le Dell U3415W nous sert de référence comme moniteur à usage professionnel. Le LG 34UC97 est à surveiller : bien qu’il s’agisse là aussi d’un écran destiné à un usage professionnel, le fait est que le moniteur d’Acer utilise la même dalle en ajoutant FreeSync ainsi que 15 Hz au passage. Le panel est complété par deux autres écrans FreeSync à savoir l’Acer XG270HU et l’Asus MG279Q.
D’après Acer, le XR341CK propose une luminosité de 300 cd/m2, mais nous avons mesuré un peu plus de 326 cd/m2. Ceci est suffisant pour contrebalancer la baisse de luminosité provoquée par l’ULMB, mais cette fonctionnalité n’est malheureusement pas proposée ici ni sur les autres écrans FreeSync.
Le seul écran TN du panel est décroché sur la profondeur des noirs principalement en raison de son rétroéclairage intense. Le BenQ reste au sommet grâce à sa superbe dalle AMVA ; espérons que l’on finira par voir un moniteur associer cette technologie à une fréquence de rafraichissement variable sous peu.
Le XR3501 est sans rival en matière de contraste, mais l’Acer XR341CK s’en tire tout de même bien avec un ratio de 1111,6:1 : il s’agit du meilleur résultat relevé à ce jour pour un écran IPS ultra wide. Nous maintenons le fait que le contraste est le critère le plus important pour avoir une belle image et ce n’est donc pas un hasard si l’écran d’Acer se comporte très bien.
Avant calibration – rétroéclairage au minimum
On obtient donc 41.7485cd/m2 après avoir réglé la luminosité au minimum, ce qui est tout juste utilisable. Une fois les lumières éteintes, les jeux deviennent alors très immersifs. Précisons qu’il suffit d’augmenter la luminosité de trois crans pour arriver exactement à 50 cd/m2.
L’XG270HU et l’U3415W marquent ici les deux extrêmes entre lesquels les quatre autres moniteurs finissent quasiment à égalité. La valeur affichée par le moniteur de Dell s’explique par son rétroéclairage très sombre tandis que l’on constate l’opposé sur l’Acer XG270HU. Ceci étant dit, les six moniteurs du jour proposent tous une profondeur de noir suffisante pour tous types de contenus.
Le contraste se montre assez stable puisque l’on passe de 1111,6:1 à 1083,1:1. Signalons que l’on ne voit presque plus de moniteurs s’effondrer après calibration, ce qui ne devrait jamais être le cas. Le XR341CK proposant une excellente colorimétrie, chacun peut régler la luminosité comme il l’entend tout en profitant d’un contraste avoisinant les 1100:1 avec des couleurs fidèles. Difficile de faire plus simple.
Après calibration à 200cd/m2
La calibration fait du bien à l’XR341CK qui grimpe dans la hiérarchie. Naturellement, il ne peut rivaliser avec une dalle AMVA mais le 0,1883 cd/m2 relevé constitue un très bon résultat.
Le contraste connait une légère baisse après calibration, ce qui s’explique principalement par le fait que nous avons baissé le curseur de contraste pour optimiser l’échelle de gris. Il s’agit toutefois d’un ajustement pour les perfectionnistes vu qu’aucune amélioration n’est alors visible à l’œil nu.
Contraste ANSI
Le contraste ANSI étant influencé par l’uniformité de la dalle, nous avons relevé une baisse de 11 % qui est due aux zones un peu plus claires dans les coins de l’écran. La dérive n’est pas visible à l’œil nu, mais nos instruments relèvement bien un écart. Rappelons que ces mesures s’appliquent uniquement à notre exemplaire de test : un autre XR341CK pourrait faire légèrement mieux/moins bien.
Echelle de gris et gamma
Le XR341CK affiche donc des résultats proches de la perfection à la sortie du carton. Le bleu augmente légèrement au fur et à mesure que l’on augmente la luminosité, mais le Delta E reste inférieur à 2, ce qui veut dire que la dérive est imperceptible à l’œil nu. Ce résultat est d’autant plus impressionnant que Acer ne joint pas de certificat de calibration à son moniteur.
Comme évoqué plus tôt, le fait de passer en mode sRGB bloque tous les réglages y compris la luminosité et le contraste. L’échelle de gris reste alors impressionnante, mais on ne peut pas en dire autant du gamma comme on peut le voir ci-dessous.
La calibration permet d’améliorer encore un peu ce qui est déjà un excellent résultat à la base. Concrètement, nous avons simplement baissé le Gain du rouge d’un cran et le contraste de deux crans. Seuls quelques moniteurs professionnels arrivent à faire mieux.
Rapportons ces résultats à notre panel de test.
Le Dell U3415W reste notre référence pour ce qui est de l’échelle de gris sans calibration, mais le fait qu’il soit talonné par un moniteur orienté jeux en dit long sur la qualité de ce dernier. La dalle LG choisie par Acer est de très bonne qualité, c’est une évidence.
On aurait beau mettre les six moniteurs du panel côte à côte, il serait impossible de relever une différence au niveau de leurs échelles de gris respectives. Le fait que quatre d’entre eux se positionnent sur un usage ludique est révélateur du chemin parcouru par les derniers écrans en date sur ce segment : on ne peut raisonnablement pas demander beaucoup mieux.
Gamma
La courbe de gamma constitue la seule fausse note par rapport aux excellents résultats relevés jusqu’ici : assez régulier sur l’ensemble des niveaux de luminosité, il est toutefois trop clair, ce qui est visible. Fort heureusement, il suffit de passer la valeur du gamma de 2,2 à 2,4 pour faire rentrer les choses dans l’ordre.
Le résultat est bien meilleur, au point de friser la perfection : on relève une légère dérive de 1,8 cd/m2 à 90 % de luminosité. Ceci étant dit, cet écart est invisible à l’œil nu et il faut bien rappeler que le résultat observé ici est digne d’un moniteur professionnel.
Malgré cette petite dérive à 90 % de luminosité, l’Acer XR341CK reste dans le groupe de tête.
Voyons maintenant la dérive du gamma exprimée en pourcentage d’écart par rapport à la valeur cible de 2,2.
Le gamma atteint une valeur moyenne de 2,19, soit une dérive de 0,04 % par rapport à la valeur cible de 2,2. Encore une fois, il suffit de sélectionner le profil 2,4 pour arriver à ce résultat.
Couleurs et gamut
Les couleurs sont globalement fidèles dans le mode Standard par défaut, mais quelques dérives méritent d’être détaillées : le magenta est hors cible au niveau de la teinte, le rouge est sous-saturé jusqu’à 80 % de même que le bleu accuse un déficit de saturation de 40 à 100 %. Au niveau de la luminance, le bleu est un peu excessif, ce qui engendre une dérive tout juste visible à l’œil nu pour cette couleur primaire. Notons qu’à 2,19, le Delta E moyen reste satisfaisant.
Les résultats obtenus en mode sRGB sont quasiment identiques. Le Delta E moyen grimpe légèrement puisqu’il s’établir à 2,35, mais le problème vient surtout du gamma. Fort heureusement, il suffit de passer à une valeur de 2,4 dans l’interface pour changer la donne.
Le gamut s’en trouve largement amélioré. Par ailleurs, le fait d’ajuster le gamma permet de résoudre les problèmes de saturation pour le rouge et le bleu, tandis que le gestionnaire de couleurs aide à corriger la teinte du magenta. La seule chose que nous n’ayons pas pu améliorer est le vert primaire légèrement trop saturé, ce qui se voit à peine sur l’écran. D’une manière générale, le XR341CK se tire des tests de gamut avec brio.
Aucun des six écrans du panel ne présente de dérive colorimétrique visible à l’œil nu. Le moniteur d’Acer finit dans le trio de tête mais il faut surtout souligner le très bon niveau moyen ici. Rappelons que l’écran de Dell est officiellement calibré en usine, ce qui n’est pas le cas pour les cinq autres.
Gamut Adobe RGB 1998 et sRGB
L’Acer XR341CK dépasse les 100 % de couverture de l’espace sRGB grâce à ses valeurs sur le rouge et le vert. S’il avait eu un réglage de gamut Adobe RGB, le moniteur d’Acer aurait pu être utilisé sans encombre pour du graphisme professionnel.
Angles de vue, uniformité, réactivité, input lag et FreeSync
Le montage ci-dessus est caractéristique d’une dalle IPS : les couleurs restent stables lorsque l’on se décale sur les côtés, mais la luminosité baisse d’environ 50 %. A la verticale, on constate une dérive sur le vert en plus de la même baisse de luminosité. A nos yeux, ce résultat est largement meilleur par rapport à ce que propose n’importe quel écran TN, mais aussi préférable au rendu des dalles AMVA à fort contraste. La seule technologie qui propose de meilleurs angles de vue actuellement est l’AHVA.
Uniformité de l’écran : luminance
L’Acer XR341CK s’est distingué de par sa colorimétrie sur la page précédente et ici, c’est l’uniformité de sa dalle qui mérite d’être saluée. Notre exemplaire de test est assez exceptionnel de ce point de vue : pas de fuites de lumière ni de zones claires à signaler. Ce benchmark est de plus en plus important au fur et à mesure que la profondeur des noirs s’améliore sur les moniteurs, puisque les défauts deviennent apparents.
Voyons maintenant les résultats sur fond blanc.
La dérive augmente légèrement, mais le constat reste inchangé : nous ne voyons pas de défauts à l’œil nu sur notre exemplaire de test. Ceci prouve une fois encore que le contrôle qualité est satisfaisant.
Uniformité de l’écran : couleurs
Rares sont les moniteurs à proposer un Delta E moyen < 2. Rappelons qu’en dessous de 3, on considère la dérive inférieure à l’œil nu : le XR remplit donc largement le contrat.
Réactivité et input lag
Proposant une fréquence de rafraichissement (75 Hz) assez inhabituelle, le XR341CK est un peu moins sujet au flou de mouvement que les moniteurs de LG et Dell ici, lesquels se cantonnent à 60 Hz. Les trois modèles au sommet du panel de test grimpent jusqu’à 144 Hz, mais la fréquence de rafraichissement ne doit pas être pris comme seul indicateur de performance quand on sait quel est l’apport de G-Sync et FreeSync.
Comme pour le benchmark de réactivité, le XR341CK finit ici en milieu de peloton du fait de sa fréquence. Ce résultat est plus que suffisant pour la grande majorité d’entre nous ; malgré plusieurs essais sur différents jeux, nous n’avons jamais pu mettre le moniteur à défaut. En parallèle, l’absence de tearing fait plus que compenser l’input lag de 18 ms qui n’est pas décelable à la base.
FreeSync : ressenti
Dans notre cas, l’expérience a été une franche réussite. FreeSync a été testé sur notre configuration munie d’une Radeon R9 285 avec notre suite de jeux habituelle (Far Cry 4, Tomb Raider et Battlefield 4). Le moniteur a été détecté immédiatement (via DisplayPort bien entendu), après quoi nous avons pu vérifier son bon fonctionnement via l’interface de l’écran. Nous pouvons également confirmer que l’overdrive fonctionne sans problème lorsque FreeSync est activé.
Lorsque l’on fait apparaitre cette interface au cours d’une partie, la fréquence de rafraichissement verticale varie en fonction de ce qu’il se passe à l’écran. La capture ci-dessus a été réalisée avec le bureau Windows en seul arrière-plan. Rappelons qu’il est possible d’activer un compteur d’ips depuis l’interface utilisateur, lequel s’affiche alors dans le coin supérieur droit de l’image. La police de caractères est un peu trop grosse à nos yeux, mais ce compteur est plus simple à utiliser que Fraps, sachant que l’on peut notamment l’activer/désactiver sans avoir à sortir du jeu.
Sous Battlefield 4 avec détails medium, notre Radeon R9 285 débite plus de 75 ips, ce qui engendre du tearing vu que le XR341CK se rafraichit de manière asynchrone par rapport à la carte graphique faute de pouvoir suivre la cadence. Il faut donc activer la V-sync afin de bloquer le débit de la R9 285 à 75 images.
Far Cry 4 est autrement plus exigeant que le fps de DICE : en medium nous sommes juste au-dessus de 30 ips minimum. Cependant, FreeSync permet une expérience de jeu fluide malgré un débit d’image allant de 35 à 45 ips suivant les scènes. Nous avons relevé un peu de motion blur, mais pas de quoi regretter une fréquence de rafraichissement plus élevée ou l’absence d’ULMB.
Certains parmi nous se demandent dans quelle mesure quelques dizaines de Hertz en plus peuvent changer la donne. Le fait d’arriver dans une fourchette allant de 90 à 100 Hz garantit des mouvements plus nets, mais la différence est assez subtile et coûtera cher en termes de ressources graphiques, a fortiori en définition QHD et au-delà. Ceci étant dit, G-Sync et FreeSync permettent d’améliorer grandement le rendu des mouvements entre 40 et 60 ips : le fait d’avoir un GPU suffisamment musclé pour proposer un débit d’image supérieur n’est donc plus aussi important qu’auparavant.
Conclusion
En alliant une dalle IPS haute qualité à FreeSync, il semblerait bien qu’Acer propose une fois encore un moniteur orienté jeux qui en fera rêver plus d’un. Le XB270HU (144 Hz, IPS, QHD) nous avait conquis de par sa qualité d’image et voilà maintenant une alternative en 21:9.
A nos yeux, ratio 21:9 et écran incurvé sont parfaitement complémentaires. Pour peu que l’on utilise un écran de cette taille à une distance standard (allant de 60 cm à 1m), la courbure parait naturelle : non seulement cela renforce la sensation d’immersion en jeu, mais en plus nous y trouvons un gain de confort lorsqu’il s’agit d’utiliser plusieurs fenêtres en usage courant. Après avoir testé plusieurs écrans ultra wide plats et incurvés, il est clair que la seconde catégorie a notre préférence.
Un des tours de force de cet écran est d’avoir utilisé la même dalle que le Dell U3415W. Ce dernier est actuellement notre référence absolue pour ce qui est de la colorimétrie à la sortie du carton, ce qui s’explique par son certificat de calibration en usine. Acer n’inclut pas de document analogue pour son XR341CK, mais il est évident que la dalle utilisée propose une image particulièrement fidèle. Nos tests montrent que l’écran d’Acer est capable de rivaliser avec la plupart des modèles haut de gamme destinés aux professionnels de l’image.
L’ajout de FreeSync ainsi qu’une fréquence un peu plus élevée (75 Hz contre 60 Hz pour le Dell U3415W) constitue la cerise sur le gâteau, sans oublier les quelques extras comme les réticules, le compteur d’ips ainsi que les quatre profils utilisateur. La seule chose qui manque au XR341CK est l’ULMB.
La réduction de flou de mouvement est toutefois une fonctionnalité qui n’existe pas encore sur les écrans FreeSync, mais il nous semble que cela n’est pas dramatique pour autant. En effet, les moniteurs G-Sync ont beau la proposer, elle n’est pas utilisable de concert avec la fréquence de rafraichissement variable. Rappelons par ailleurs que le but premier du rafraichissement synchronisé est d’optimiser le rendu des mouvements entre 30 et 60 Hz : au-delà, le tearing se fait beaucoup plus rare et influe moins sur la qualité d’image.
Sans aller trop loin dans les différences entre G-Sync et FreeSync, il nous semble important de rappeler que la technologie d’AMD est ouverte et utilisable sans frais de licence, ce qui veut dire que n’importe quelle marque peut l’implémenter dans ces produits. C’est pour cela que l’on voit des plages de rafraîchissement différentes d’un moniteur à l’autre, ainsi qu’un avantage tarifaire aux écrans FreeSync : les moniteurs G-Sync coûtent 100 à 200 € plus cher.
Au-delà du débat sur ces deux technologies, l’Acer XR341CK nous a vraiment plu : sa qualité d’image est l’une des meilleures à l’heure actuelle, l’implémentation de FreeSync est irréprochable et sa courbure est pour nous une réelle qualité au vu de son format. Compte tenu de ses performances, sa qualité de fabrication ainsi que du plaisir ressenti à l’usage, nous lui attribuons une distinction.
On aime : Dalle IPS, fréquence 75 Hz, FreeSync, compteur d’ips et réticules au niveau moniteur, définition WQHD, ratio 21:9, courbure, base complètement métallique, profils utilisateur, qualité sonore.
On n’aime pas : Absence d’ULMB, fréquence limitée à 75 Hz, commandes vieillottes.
Verdict : Le XR341CK n’a pas grand-chose à se reprocher. Son statut de vitrine technologique se ressent au niveau tarifaire, mais il nous semble que ses qualités sont en adéquation avec son prix. Outre le fait de proposer une image très fidèle, sa dalle profite d’un contrôle qualité minutieux. Les 75 Hz proposés sont bons à prendre et il s’agit tout simplement de l’unique moniteur incurvé ultra wide avec FreeSync à ce jour.