Présentation du kit
Aujourd’hui nous allons tester un kit proposé par Grosbill, qui à la particularité d’être monté en direct-die directement chez le vendeur. Le système consiste à se passer de la capsule du processeur pour optimiser le transfert thermique et donc améliorer le refroidissement du CPU.
Mais c’est surtout le pré-montage qui est ici très intéressant : il dispense d’avoir à le faire soi-même (et d’acheter le matériel et les accessoires nécessaires) et permet surtout de conserver une garantie de trois ans pour tout le matériel acheté. En faisant cette manipulation vous-même, dîtes adieu à la garantie du processeur, et prenez le risque de tout flinguer. Voilà pourquoi cette offre est très intéressante sur le papier. Elle mérite donc d’être testée par nos soins, pour en avoir le coeur net.
Grosbill a réagit très rapidement à notre article pour mettre à jour son offre suite à nos tests. Voir les détails sur cette page.
Pour faire simple, voilà en quoi ces kits Titanium by Grosbill consistent :
- Carte mère + Processeur + Watercooling AiO
- Tout est assemblé, pré-monté
- Garantie de deux ans
- Capsule (IHS) du CPU retirée
- Contact direct entre le waterblock et le die du CPU
- Système de fixation spécial Direct-Die
- Pâte thermique métal liquide Thermal Grizzly Conductonaut
Composition
Sur le papier le kit est homogène et devrait satisfaire les utilisateurs les plus exigeants. Un processeur idéal pour le jeu, une carte mère solide, un AIO imposant et, cerise sur le gâteau, le tout en Direct-Die ! Il faut avouer que ça envoie du rêve !– Carte mère Asus MAXIMUS X HERO
– Watercooling Antec Mercury 360
– Pâte thermique interne : Métal Liquide
– Système de fixation spécifique direct-die
Emballage… original
L’ensemble pré-monté nous est livré dans un carton imposant rempli de mousse. Aucun dommage à déplorer, un bon point pour l’emballage global.
Si nous regardons de plus près, les boites d’origines des produits ont été utilisées pour le transport, mais n’étant pas prévu à cet effet (kit pré-monté), il a fallut créer des ouvertures dans celle-ci. Sur le fond aucun problème puisque le matériel est fonctionnel, mais…
S’agissant d’un kit affiché à presque 1000€, et en tant que passionnés, nous aurions aimé un peu plus de douceur et de précision dans les découpes. Si vous êtes collectionneur ou que vous aimez conserver des boites en bon état, vous comprendrez ce que nous avons ressenti. Rien de bien grave pour les autres, toutefois.
La boite de la carte mère n’a pas été épargnée, et que dire de celle du processeur ? Il n’est pourtant pas difficile de faire une petite incision et de la plier un peu plus proprement.
Ce n’est certes pas grave, mais la première impression est importante… Et à cet instant nous commencions à craindre pour la qualité de l’assemblage.
Composants et prix du kit
L’objet du test n’est pas de passer en revue chaque composant à la loupe, mais il semble tout de même important d’évaluer ce que nous allons tester.
ASUS MAXIMUS X HERO
Il s’agit d’une carte mère vendue généralement autour des 280 euros. Du bon haut de gamme avec toute l’artillerie nécessaire pour de l’overclocking solide.
Appartenant à la gamme ROG, celle-ci dispose de nombreuses fonctions utiles à l’overclocking. Bouton Start, Reset, Retry, Debug LED, etc. Et comme nous le verrons par la suite, le BIOS est assez riche.
Côté bundle, nous ne sommes pas aussi gâtés qu’avec les modèles ROG les plus haut de gamme, mais le prix n’est pas non plus le même !
ANTEC Mercury 360
Les tuyaux sont souples, ce qui vous permettra de positionner les composants sans trop de difficultés.
Notez qu’un petit bouchon rouge de bouteille s’est glissé dans le bundle, difficile de savoir pourquoi !
Ceux-ci possèdent des patins anti-vibration sur les deux faces, un bon point également.
Core i7-8700K
La facture en détail :
– 8700 K = 330 euros
– Antec Mercury 360 = 125 euros
– ASUS MAXIMUS X HERO = 270 euros
– Thermal Grizzly Conductonaut = 15 euros
– ICE Delid Die Guard = 25 euros
=> 765 euros
989 – 765 = 224 euros pour la main d’oeuvre et la garantie de deux ans.
Un tarif encore un peu élevé, selon nous, même s’il faut encore déduire 30 euros pour ceux qui veulent utiliser un outil de delid comme le Delid Die Mate 2.
Protocole de test
Pour juger de la qualité de ce kit et de la préparation de Grosbill, nous avons utilisé celui-ci dans 4 conditions.
- BIOS « automatique » Direct-die : Nous avons effectué nos premiers tests sans modifier le BIOS, sans overclocker manuellement, sans démonter l’AIO, sans modifier la pâte thermique… dans les conditions ou le kit est arrivé. En « auto » la carte mère effectue un overclocking à 4700 MHz lorsque les instructions AVX ne sont pas utilisées, et 4400 MHz avec l’AVX. Pour tenir ces fréquences, la tension d’alimentation est de 1,31 V au repos, 1,26 V en charge et 1,29 V en charge AVX.
- BIOS « automatique » avec IHS : Afin de juger de l’intérêt du Direct-Die, nous avons voulu dupliquer les essais en remettant un IHS. De la Thermal Grizzly Conductonaut a été utilisée entre le DIE et l’IHS et également entre l’IHS et le waterblock.
- BIOS « manuel » Direct-die : Les 8700K étant très à l’aise en overclocking, nous avons poussé un peu notre exemplaire à l’aide d’un overclocking manuel. La fréquence utilisée était de 5100 MHz pour 1,4 V en utilisation classique, et 4900 MHz pour 1,35 V avec AVX. Nous expliquerons cette baisse de Vcore pour l’AVX lors de nos tests.
- BIOS « manuel » avec IHS : IHS remis en place et processeur overclocké.
Astuce : Si certaines options sont difficiles d’accès, cachées dans des sous-menus, et que vous les utilisez régulièrement, pensez à utiliser le menu « MyFavorite(F3) ».
Pour personnaliser celui-ci (image de gauche) appuyez sur F3 dans le BIOS, ensuite retirez les favoris que vous n’utilisez pas et ajoutez les vôtres. Il suffit de trouver l’option souhaitée dans le menu et de cliquer sur le « + ».
Une fois configurés, vos favoris sont accessibles (image de droite) dans l’onglet « My Favorites ».
Pour ce test nous avons ajouté la fréquence RAM, le Vcore, le coefficient du processeur et le Load-line calibration. Même si ce n’est pas une révolution, cela permet de gagner de précieuses minutes.
Matériel
Benchmark
Démontage et remontage
Le système étant livrés montés, nous n’avons pas pu faire d’image avant le test. Une fois tous les premiers tests effectués avec le système tel qu’il nous a été livré par Grosbill, nous avons pu démonter le système.
Démontage
Une fois les mesures de températures et les benchmarks terminés, nous nous sommes attelés au démontage du système. Celle-ci est assez simple, il suffit de dévisser les 4 écrous de fixation situés autour du bloc de refroidissement.
Une fois le métal liquide retiré, une zone opaque apparait sur le die du processeur. Autour de cette zone, des traces similaires à celle laissées par une empreinte digitale peuvent être observées. Ayant nettoyé le processeur avec un produit particulièrement efficace, cela ne peut pas être une simple trace de doigt, la réponse se trouve de l’autre côté du montage.
Remontage avec IHS
Aucun IHS n’étant fourni, montage en direct-die oblige, nous avons utilisé l’IHS d’un autre 8700K. Cette capsule est 100% d’origine Intel, elle n’a pas été polie ou usinée, elle n’est pas en argent ou en diamant… un simple IHS comme celui qui devait couvrir ce DIE avant le décapsulage dans les ateliers de Grosbill. Notez qu’il est dommage que l’IHS retiré à l’origine par Grosbill ne soit pas fourni dans le bundle du kit.
Nous avons appliqué de la Thermal Grizzly Conductonaut sur le DIE est à l’intérieur de l’IHS. Nous n’avons pas jugé utile de recoller l’ensemble, le processeur devant être à nouveau démonté quelques jours plus tard pour être restitué. Même chose entre l’AIO et le dessus de l’IHS, du métal liquide.
Astuce : Le scotch bleu visible sur l’image permet d’éviter que du métal, conducteur ne coule dans le socket ou sur la carte mère. Cela n’influence en rien les performances, il s’agit juste d’une précaution pour conserver le système propre et fonctionnel.
Remontage sans IHS
Pour finir, nous avons une nouvelle fois tout démonté, nettoyé, et remis le processeur en direct-die afin de vérifier quelques mesures.Problème de fréquence RAM
Alors que nous établissions les réglages que nous allions utiliser pour l’overclocking manuel, nous nous sommes heurtés à un problème assez ennuyeux. En effet, nous ne parvenions pas à démarrer le système avec notre kit de G.Skill 4000 C18. Pourtant ce kit tient son XMP assez facilement et même d’avantage sur d’autres plateformes.
Malgré nos efforts, impossible de parvenir à faire démarrer le système. Nos tentatives avec des fréquences plus basses, 3933, 3866, 3733… se solderont par des échecs également.
Nous avons alors changé de barrette pour le kit 3600 C16, mais là encore, des difficultés… A 3600 MHz, la config XMP parvient à booter, de temps en temps, mais chaque redémarrage est un combat…
Pression du socket inadapté ?
Comme vous le savez sans doute, le processeur échange des informations avec la RAM. Ces informations transitent par la carte mère et pour ce faire elles doivent passer par les broches du socket, vous savez, tous ces petits contacts en or si fin que l’on a peur de tordre lorsque l’on positionne le processeur.L’IHS en sauveur
Nous avons effectué de nouveaux essais après avoir remis un IHS, et miracle… plus de problème. 3600, 3733, 3866 même à 4000 MHz, tout s’est révélé très stable.Problème récurent ?
Températures : Direct-die vs IHS
En noir et rouge les résultats avec le montage en Direct-die : Couvercle de protection retiré, contact direct entre le refroidissement et la surface du processeur (DIE).
En gris et bleu les résultats avec un IHS après décapsulage : Couvercle de protection retiré puis remis en place avec une pâte thermique métal liquide.
BIOS « automatique »
Dans un premier temps nous nous contentons d’utiliser les paramètres par défaut de la configuration et de tester le processeur avec cinq types de charge.BIOS « manuel »
Lors de nos premiers essais, nous souhaitions conserver le même Vcore pour l’ensemble des tests, mais nous avons dû nous résoudre à réduire celui-ci sur le test AVX à cause du cœur numéro 4, toujours lui, qui faisait throttler le processeur.Overclocking : évolution des fréquences
Lors de l’overclocking d’un processeur, il arrive toujours un moment où celui-ci cesse d’être stable. Le résultat le plus connu est le célèbre écran bleu. Arrivé à ce point, l’utilisateur dispose alors de trois approches :
Cœurs vs Vcore
Dans cette section, nous allons étudier l’influence de l’augmentation du Vcore sur la fréquence des cœurs. Pour cela, nous avons testé le Core i7-8700K à différentes tensions d’alimentation pour chercher la fréquence maximale à laquelle le processeur pouvait passer Cinebench R15. Les paliers en tension sont de 0,1 V. La montée en fréquence se fait par saut de 10 MHz.Astuce : la MAXIMUS X HERO ne disposant pas de point de mesure dédié pour le Vcore et autres tensions d’alimentation, et ne faisant pas confiance au logiciel pour cet aspect, nous avons relevé nos valeurs en sortie de bobine à l’aide d’un voltmètre. ATTENTION de ne pas créer de court-circuit en touchant plusieurs composants avec les touches du voltmètre !!!
Cache vs Vring
Même principe, mais nous nous intéressons à la fréquence du cache lorsque nous augmentons le Vcore, en effet sur cette architecture le Vring et le Vcore sont liés.L’évolution du cache est similaire à la fréquence des cœurs. Sur notre exemplaire il n’est pas possible de synchroniser les deux valeurs, mais cela n’est de toute manière pas nécessaire. En comparant les courbes nous observons un gap de 200 à 300 MHz. Si vous ne voulez pas perdre de temps, essayer donc pour ce processeur une formule du type : Fréquence cache = Fréquence cœur – 300 MHz.
Consommation et température
Intéressons-nous maintenant à l’effet de l’overclocking sur la consommation et sur la température du processeur. Dans le cas d’un overclocking « bien fait », l’augmentation du Vcore ne se fait que pour atteindre une fréquence plus élevée. Nous avons donc repris notre processeur et l’avons testé à chaque point de fonctionnement optimisé.Astuce : Au niveau des températures, il est à noter que les VRM de la carte mère chauffent beaucoup. Rien de dramatique, mais si possible envoyez lui un petit flux d’air.
Effet du Load-Line Calibration
Si le test est très lourd, la tension peut même tomber d’avantage. Evidemment, pour la stabilité du système cela n’est pas souhaitable. Certaines cartes mères possèdent donc une fonction appelée Load-Line Calibration. Une fois activée, le LLC va augmenter artificiellement la tension d’alimentation pour limiter cet effet.
En Level 1 le Vcore s’écroule complètement avec une chute de 0,15 V par rapport à la valeur souhaitée.
Astuce : En Automatique nous avons constaté des résultats similaires au level 0 ou 7… Pensez donc à régler cette option pour ne pas envoyer plus de Vcore qu’il n’en faut à votre système. Et souvenez vous de l’importance du LLC lorsque quelqu’un vous dis que son processeur tient 5,2 GHz à 1,4 V. 1,4 V dans le BIOS peut aussi bien donner 1,48 que 1.24 V avec un LLC mal réglé.
Conclusion
Le Kit CPU 8700K Titanium EDITION By Grosbill ASUS Mercury 360 vendait du rêve, mais il ne nous a pas vraiment convaincus. Nous retiendrons surtout le problème de montée en fréquence de la mémoire, certainement causé par le système de fixation en mode direct-die. Mais un second problème est aussi à retenir : la température beaucoup plus élevée sur un des cœurs du CPU, que nous pensons être aussi causé par la complexité d’assurer un contact homogène en direct-die.
IHS préférable
Enfin, nous avons constaté un faible gain de température par rapport à un montage avec IHS, et le retour d’une RAM stable à pleine fréquence avec IHS. De quoi nous faire conclure que la présence d’un IHS (avec pâte thermique remplacée) est beaucoup plus simple à gérer. Nous recommandons à Grosbill de ne pas se compliquer la vie avec du Direct-Die, et de proposer le même genre de kit, avec pâte thermique métal liquide entre le die et la capsule, mais aussi entre la capsule et le waterblock. De quoi assurer des montages plus faciles, et finalement plus efficaces en pratique.
Côté prix, le surcoût de ce kit spécial (environ 200 euros, calcul en page 3), nous semble encore trop élevé. Grosbill pourrait faire plus simple et moins cher, toujours avec la fameuse garantie de 3 ans, en gardant l’IHS (voire un IHS en cuivre pur, même si le gain de température ne sera pas énorme, selon nous).Notez que si vous achetez vos pièces au détail, la prestation Titanium coûtera environ 100 euros de moins.
Derniers regrets, lors des tests de fonctionnement du kit, Grosbill aurait pu mettre à jour le BIOS de la carte mère dans le cadre de cette offre haut de gamme. Nous nous passerons d’exiger un processeur trié, ce serait beaucoup trop lourd pour Grosbill, mais une offre encore plus Premium pourrait le proposer, à un prix adapté.
Sincères encouragements
Nous étions très enthousiastes quant à cette initative de Grosbill, et nous continuons à l’être. Nous saluons toujours l’effort de Grosbill pour se démarquer de la concurrence, et servir au mieux les amateurs d’overclocking. Certes, ce n’est pas parfait, mais notre test pourrait aussi permettre à Grosbill de faire un compromis pour assurer une offre plus efficace et un peu moins chère. Nous en sommes certains : un kit Titanium 2.0 sera désiré de tous les gamers et overclockeurs de France !