Introduction, caractéristiques
Avec sa gamme Threadripper, AMD vise clairement le marché haut de gamme/professionnel. Toutefois, le 1900X et ses 8C/16T se positionne comme le moins cher des processeurs compatibles avec le chipset X399. D’après la marque texane, ce processeur peut jouer un rôle de ticket d’entrée le plus accessible possible vers une plateforme capable d’accueillir des processeurs plus puissants, si le besoin s’en ressent.
Nous sommes maintenant tous habitués aux grands principes de rapport performances/prix chez AMD : plus de coeurs pour moins cher, des cartes mères plus accessibles ainsi que l’intégralité des fonctionnalités inhérentes à l’architecture CPU. Le Threadripper 1900X s’inscrit dans cette philosophe, tout en sachant que son plus proche concurrent chez Intel, le Core i7-7820X, embarque le même nombre de coeurs tout en coûtant environ 70 euros de plus. En revanche, le 1900X nécessite l’achat d’une carte mère X399 particulièrement onéreuse, ce qui créé un risque de cannibalisation au sein de l’offre AMD: le Ryzen 7 1800X propose également 8C/16 tout en coûtant moins cher, ce qui est également vrai pour les cartes mères basées sur le chipset X370.
Caractéristiques techniques
Le Threadripper 1900X propose une fréquence par défaut de 3,8 GHz, la plus élevée de tous les Threadripper, laquelle peut grimper jusqu’à 4,2 GHz grâce à l’XFR boost sous réserve que le système de refroidissement soit à la hauteur. En associant deux contrôleurs mémoire double canal, le 1900X permet une gestion quadruple canal de la mémoire (capacité maximale de 512 Go), soit le double de ce dont le 1800X est capable. En outre, les Threadripper sont compatibles avec la mémoire ECC et AMD propose une connectivité maximale : le 1900X propose ainsi 64 lignes PCIe 3.0 (contre 16 pour le 1800X) ainsi qu’un plus grand nombre de ports USB.
Cette connectivité PCIe accrue est susceptible de constituer un argument très appréciable pour tous ceux parmi nous ayant des besoins importants en la matière : plusieurs cartes filles (GPU ou streaming) ou de multiples périphériques de stockage NVMe. Exemple supplémentaire de la générosité d’AMD en matière de fonctionnalités, la firme texane permet de configurer un RAID 0,1 ou 10 de périphériques NVMe dans la limite de 10 SSD, tandis qu’Intel fait payer son utilitaire vROC (Virtual RAID On CPU) permettant de libérer cette fonctionnalité (dans la limite de 20 SSD).
Les différences architecturales entre 1900X et Ryzen 7 1800X sont nombreuses. Pour aller à l’essentiel, les Threadripper haut de gamme répartissent leurs coeurs actifs sur leurs deux dies ainsi que les quatre CCX quad-core, tandis que le 1900X confine ses coeurs actifs au sein d’un seul CCX dans chaque die afin de minimiser les latences.
Chaque CCX embarque 8 Mo de cache L3 partagés, ce qui veut dire que la désactivation de deux CCX diminue la quantité de mémoire cache disponible. De ce fait, le 1900X se contente de 16 Mo de cache L3 au total, tandis que les modèles supérieurs en proposent jusqu’à 32 Mo. Fort heureusement, le 1900X conserve tout de même la gestion mémoire quad-channel ainsi que l’ensemble des contrôleurs E/S propres à Threadripper.
Threadripper 1950X | Threadripper 1920X | Core i7-7820X | Threadripper 1900X | Ryzen 7 1800X | |
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Prix | 929 € | 780 € | 600 € | 530 € | 416 € |
Socket/Chipset | TR4/X399 | TR4/X399 | LGA 2066/X299 | TR4/X399 | AM4/X370 |
Cores/Threads | 16/32 | 12/24 | 8/16 | 8/16 | 8/16 |
TDP | 180 Watts | 180 Watts | 140 Watts | 180 Watts | 95 Watts |
Fréquence par défaut (GHz) | 3,4 | 3,5 | 3,6 | 3,8 | 3,6 |
Fréquence Boost (GHz) | 4 (4,2 XFR) | 4 (4,2 XFR) | 4,3 / 4,5 (TB 3.0) | 4 (4,2 XFR) | 4 (4,1 XFR) |
Cache (L2+L3) | 40 Mo | 38 Mo | 19 Mo | 20 Mo | 20 Mo |
Compatibilité mémoire | DDR4-2666 | DDR4-2666 | DDR4-2666 | DDR4-2666 | DDR4-2666 |
Gestion mémoire | Quad Channel | Quad Channel | Quad Channel | Quad Channel | Dual Channel |
Coefficient multiplicateur débloqué | Oui | Oui | Oui | Oui | Oui |
Lignes PCIe | 64 | 64 | 28 | 64 | 16 |
Notons qu’AMD recommande toujours l’utilisation de la fonctionnalité du mode « game » pour le 1900X. Celle-ci aborde l’architecture mémoire distribuée de Threadripper en forçant l’exécution des données sur le die directement relié à un contrôleur mémoire (NUMA). En outre, le mode « game » désactive un die au niveau logiciel pour éliminer la latence inter-die. Ceci veut dire que le 1900X fonctionne alors en quad-core avec SMT (4C/8T), comme le Ryzen 5 1500X. Nous verrons les répercussions de ce mode en jeu sur les pages qui viennent.
AMD annonce un TDP de 180 Watts pour le 1900X, c’est-à-dire la même valeur que celle communiquée pour les 1920X et 1950X, lesquels embarquent pourtant 12 et 16 cores respectivement. On remarque également que ce TDP est pratiquement deux fois plus important que les 95 Watts du Ryzen 7 1800X et supérieur aux 140 Watts affichés pour le Core i7-7820X. Comme c’est le cas pour tous les Threadripper, le dissipateur doit être acheté en plus du processeur, mais le joint d’Indium entre die et capsule facilite les choses là où Intel persiste à utiliser de la pâte thermique de mauvaise qualité.
Les cartes mères à chipset X399 (Threadripper) entrainent toujours un surcoût important par rapport aux modèles X370 (Ryzen), de même que l’offre est moins riche. En clair, si le but est avant tout de jouer, mieux vaut tabler sur le rapport performances/prix avec un Ryzen 7, une carte mère AM4 nettement moins chère (outre le X370, le chipset B350 est particulièrement intéressant) plutôt que de payer aux prix fort une configuration dont on ne tirera pas pleinement parti.
Organisation du CPU : Infinity Fabric
La conception MCM (Multi-Core Module) permet à AMD de produire des processeurs nettement moins chers, mais cette approche nécessite une interconnexion baptisée Infinity Fabric qui a des conséquences sur les performances, point que nous avons évoqué en détail lors du test du Ryzen 5 1600X.
Le Ryzen 7 s’appuie sur un seul die, là où les Threadripper en embarquent quatre dont seulement deux sont actifs. En clair, le 1900X et ses 8C/16T s’appuie sur deux dies comptant chacun quatre coeurs actifs.
La première illustration ci-dessous représente l’agencement du Threadripper 1950X (16C/32T). Chaque die embarque deux CCX (blocs comptant quatre coeurs) souffrant d’une latence supplémentaire lorsqu’ils communiquent avec le CCX voisin (nommés CCX0 et CCX1). La latence s’alourdit encore plus lorsque ces derniers communiquent avec les CCX situés sur le second die (Die1). En clair, la latence die à die est bien plus élevée que celle entre deux CCX au sein du même die, la distance qui les sépare étant plus importante.
Les Threadripper plus haut de gamme répartissent leurs cores actifs sur les deux CCX au sein de chaque die. La seconde illustration montre comment AMD désactive un coeur par CCX (en bleu) de manière à proposer le 1920X (12C/24T).
AMD a fait un tout autre choix pour le 1900X comme on peut le voir sur la troisième illustration : afin de réduire la latence, la firme texane confine les cores actifs du 1900X à un seul CCX dans chaque die. Ce choix fait sens dans la mesure où une répartition égale des coeurs au sein des quatre CCX augmente le risque de latence entre CCX voisins.
Malheureusement, la désactivation de deux CCX a d’autres effets. Les coeurs inactifs sont en mesure d’absorber une partie de l’émission thermique des coeurs actifs lorsqu’ils sont à côté de ces derniers, améliorant au passage le maintien des fréquences boost dans le temps ainsi que le potentiel d’overclocking. De ce fait, le 1950X est souvent moins bon en overclocking que le 1920X, ce dernier ayant deux coeurs inactifs à côté de ses coeurs actifs.
Configuration du test
Composants & logiciels |
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AMD Socket SP3 (TR4) AMD Ryzen Threadripper 1950X, 1920X, 1900X Asus X399 ROG Zenith Extreme 4x 8 Go G.Skill Ripjaws V DDR4-3200 @ 2666 et 3200 MT/s Intel LGA 2066 Intel Core i7-7820X MSI X299 Gaming Pro Carbon AC 4x 8 Go G.Skill Ripjaws V DDR4-3200 @ 2666 et 3200 MT/s AMD Socket AM4 AMD Ryzen 7 1800X MSI X370 Xpower Gaming Titanium 2x 8 Go G.Skill RipJaws V DDR4-3200 @ 3200 MT/s Intel LGA 1151 Intel Core i7-7700K MSI Z270 Gaming M7 2x 8 Go G.Skill RipJaws V DDR4-3200 @ 2666 et 3200 MT/s Toutes configurations EVGA GeForce GTX 1080 FE SSD Samsung PM863 1 To Alimentation SilverStone ST1500, 1500 Watts Windows 10 Creators Update Version 1703 Corsair H115i |
Latences et overclocking
Tests de latences
Quelques tests rapides d’efficience multi-core sous SiSoft Sandra mettent en lumière les conséquences de ces choix architecturaux : lorsque le 1900X fonctionne en mode « creator » avec 8 coeurs actifs, on relève trois sources de latence. En comparaison, on en compte quatre sur le 1950X à mode de fonctionnement identique.
En mode « game », le 1900X désactive un de ses dies : on se retrouve ainsi avec un processeur 4C/8T qui n’a plus que deux sources de latence. Fort logiquement, le 1950X cumule trois sources de latence à conditions de test identiques, ce qui se ressent sur les performances. Notons que le 1900X affiche par contre le plus faible débit Fabric de notre panel de processeurs AMD en mode « game ».
Enfin, les deux dies désactivés du 1900X se traduisent par la perte de 16 Mo de cache L3. Ceci veut dire que le 1900X ne propose que la moitié du débit cache multithreadé du 1950X en mode « game » comme « creator ». Dans le premier de ces deux modes, son débit cache multithreadé est même inférieur à celui du Ryzen 7 1800X. Précisons toutefois que le 1800X propose 8C/16T avec 16 Mo de cache L3 là où le 1900X se transforme en processeur 4C/8T avec seulement 8 Mo de cache L3 en mode « game ». Bon nombre de jeux étant sensibles aux performances mémoire et cache, il sera intéressant de voir quelles sont les conséquences de cette configuration.
Overclocking
L’overclocking du 1900X s’est avéré particulièrement simple. Nous avons commencé par ajuster notre mémoire en DDR4-3200 avec des timings de 14-14-14-34 pour ensuite augmenter le vCore à 1,39 Volt, une valeur raisonnable sachant qu’AMD conseille de ne pas aller au-delà de 1,45 Volt. Enfin, nous avons augmenté la tension du SoC à 1,1 Volt. La fréquence du 1900X a ainsi pu être stabilisée à 4 GHz en charge maximale sur une longue période. En revanche, il s’est avéré impossible d’atteindre 4,1 GHz de manière stable comme nous l’avions fait avec le Threadripper 1920X (12C/24T) et ce malgré le fait d’avoir essayé des tensions allant au-delà de 1,45 Volt. Le fait de baisser la fréquence DRAM ne nous a malheureusement été d’aucune utilité. Sachant qu’AMD n’utilise que 5% de ses meilleurs die pour fabriquer les Threadripper, on peut imaginer que l’agencement des cores en grappe n’est peut-être pas étranger à cette limite. Toutefois, l’écart se limite à 100 MHz : il est donc plus vraisemblable que notre exemplaire de test ne soit tout simplement pas exceptionnel.
Notons enfin que l’overclocking à 4 GHz peut diminuer les performances du 1900X lorsqu’il s’agit de traiter des tâches pas ou peu threadées, essentiellement en raison de la perte du XFR boost (4,2 GHz) sur quatre coeurs maximum.
VRMark et 3DMark
Les processeurs Threadripper s’appuient sur une architecture singulière, laquelle peut s’avérer pénalisante sur certains jeux. Afin de contrebalancer ces situations, AMD propose un nouveau mode « game », lequel fait basculer le processeur en configuration NUMA (Non-Uniform Memory Access) et désactive un de ses dies.
Avec Threadripper, AMD s’adresse aux créateurs de contenus, utilisateurs ayant des besoins conséquents en multitâche et enfin, aux joueurs qui streament leurs sessions. La firme texane affirme par ailleurs que Threadripper est idéal pour jouer en haute définition. Ces processeurs ne sont en revanche pas conçus pour jouer en faible définition, tout particulièrement sur des jeux datés ne faisant pas ou peu appel au multithreading. Ceci étant dit, nous avons tout de même conduit les tests en 1920×1080 afin de mettre l’accent sur les écarts entre les différents processeurs plutôt que d’afficher des résultats qui auraient été essentiellement limités par les ressources graphiques.
VRMark & 3DMark
Nous ne sommes pas franchement partisans des tests synthétiques pour mesurer les performances en jeu, mais les tests CPU de 3DMark en DX11 et DX12 apportent un éclairage appréciable sur les ressources disponibles pour les moteurs de jeux.
Autre produit de Futuremark, le benchmark VRMark permet quant à lui d’évaluer la compatibilité d’une configuration avec le HTC Vive ou l’Oculus Rift, et ce quand bien même on ne possède aucun de ces deux casques. Le test Orange Room se base sur les configurations recommandées pour le HTC Vive et l’Oculus Rift : Futuremark estime qu’à partir de 109 ips, la configuration permet de jouer en réalité virtuelle.
Comme l’on pouvait s’y attendre, VRMark permet de constater que le Threadripper 1900X offre le meilleur de lui-même en mode « game », surpassant donc le mode « creator » malgré ses optimisations. Sachant que ce benchmark tend à favoriser les fréquences élevées, il n’est pas surprenant de voir le Ryzen 7 1800X souffrir avec ses fréquences d’origine, bien qu’il ne soit pas loin d’égaler le 1900X après overclocking.
Le 1900X en mode « creator » domine largement la concurrence avec les tests DX12, battant au passage le Core i7-7820X, mais se retrouve par contre en souffrance lorsque l’on utilise le mode « game ». Ceci n’a rien d’étonnant vu que l’on désactive alors la moitié des ressources en calcul dans un test dont les performances s’échelonnent bien en fonction du nombre de coeurs disponibles. Les résultats des tests DX11 tournent en faveur du Core i7-7820X, ces derniers appréciant d’une part le nombre de coeurs disponibles et d’autre part les fréquences élevées. Toutefois, le 1900X est particulièrement compétitif en mode « creator ».
AotS: Escalation et Civilization VI
Ashes of the Singularity: Escalation
Ashes of the Singularity est un cas d’école pour les moteurs de jeux misant sur le parallélisme. Si le Core i7-7820X avec ses 4,6 GHz termine en tête, on peut voir que le Ryzen 7 1800X lui fait de la concurrence malgré sa fréquence de 4 GHz. De son côté, le 1900X est à la peine en mode « game », mais nous avons également répété le test en mode « creator » afin de mettre en avant ses performances une fois que ses 8C/16T sont sollicités.
Même avec des jeux particulièrement multithreadés, le fait est que les processeurs grand public comme le Ryzen 7 1800X proposent le meilleur rapport performances/prix.
Civilization VI – Test AI
Le benchmark Civilization VI AI mesure les performances CPU sur ce qui est un jeu de stratégie en tour par tour. Une fois overclocké, l’i7-7820X prend les commandes, tandis que le Threadripper 1920X est le plus performant des processeurs AMD. Le 1900X est plus à son avantage en mode « game », mais l’overclocking n’apporte qu’un très modeste gain de performances.
Civilization VI – test GPU
Nous savons que les Threadripper offrent le meilleur d’eux-mêmes sur ce test en mode « game ». Avec ce dernier, le 1900X se place en 1ère position en devançant même le Core i7-8700K (Coffee Lake). En parallèle, les bonnes performances du Ryzen 7 1800X nous permettent de rappeler qu’entre son prix plus accessible et la différence de coût non négligeable entre une carte mère X370/B350 (Ryzen) et X399 (Threadripper), Ryzen propose un rapport performances/prix particulièrement intéressant. Le Ryzen 7 1700 overclocké propose des performances similaires à celles du 1800X pour un prix désormais inférieur à 300 €.
Battlefield 1 et Dawn of War III
Battlefield 1 (DX11)
Comme d’habitude, les résultats de Battlefield 1 témoignent d’un goulet d’étranglement au niveau des ressources graphiques. Le Ryzen 7 1800X overclocké est le plus performant des processeurs AMD, bien que le Threadripper 1900X parvienne également à un bon résultat en mode « creator ». En revanche, ce dernier perd du terrain en mode « game » : même avec overclocking, le Ryzen 7 1800X reste hors d’atteinte.
Warhammer 40,000: Dawn of War III
A fréquence d’origine et en mode « game », le Threadripper 1900X parvient curieusement à surpasser le Ryzen 7 1800X. Il faut overclocker ce dernier pour le voir passer devant le 1900X, le 1920X restant de son côté le plus performant des processeurs AMD.
Si le Threadripper 1900X domine le Core i7-7820X à fréquence d’origine, l’overclocking permet de faire décoller les performances du processeur d’Intel.
Grand Theft Auto V et Hitman
Grand Theft Auto V
Pour GTA V, 1900X et 1800X se valent aussi bien à fréquence d’origine qu’avec overclocking. En mode « creator », le 1900X prend le meilleur sur le Ryzen 7 1800X. Avec overclocking, le 1920X surpasse le Core i7-7820X, mais ce dernier reprend encore une fois la tête dès lors que l’on augmente ses fréquences. Enfin, le Core i7-8700K fait quasiment jeu égal avec le Core i7-7820X overclocké : on imagine donc sans aucun mal le processeur basé sur Coffee Lake mettre tout le monde d’accord une fois amené à 4,9 GHz.
Hitman (2016)
Le 1900X n’apprécie pas franchement Hitman, au point d’être surclassé en débit d’image moyen comme minimum par un Ryzen 7 1800X pourtant moins cher. Notons également que l’écart entre les processeurs AMD et Intel est bien plus net ici, même s’il faut préciser qu’il diminuerait avec une définition plus élevée. On remarque également, que le 1900X connait quelques pics de latence inter-images en mode « creator ».
Shadow of Mordor et Project CARS
Middle-earth: Shadow of Mordor
Les Threadripper 1920X et 1900X se placent cette fois au sommet, avec un léger avantage pour le premier grâce à une fréquence plus élevée avec overclocking. Sachant que Middle-earth: Shadow of Mordor tend à favoriser les fréquences élevées, cette courte victoire est d’autant plus remarquable que le Core i7-7820X est battu malgré une fréquence de 4,6 GHz.
Project CARS
Le Core i7-8700K sort vainqueur ici, tandis que le 1900X en mode jeu figure au milieu du peloton. Le mode « creator » permet de proposer plus de coeurs et des threads au moteur MADNESS, mais de toute évidence, ce dernier ne parvient pas à exploiter le plein potentiel de l’architecture distribuée MCM qui caractérise Threadripper.
Far Cry Primal et Rise of the Tomb Raider
Far Cry Primal
Le moteur DUNIA 2 de Far Cry Primal s’accomode mal des processeurs proposant plus de 24 threads, au point que le jeu refuse tout simplement de se lancer avec le Threadripper 1950X en mode « creator ». En revanche, ce problème ne se retrouve pas avec les 1900X et 1920X. Comme on peut le constater, le 1900X ne profite pas du mode « creator », tandis que le mode « game » réussit bien au moteur DUNIA 2, lequel apprécie également l’overclocking. Si le Core i7-7820X est distancé par les Threadripper en mode « game », l’overclocking lui permet de passer aux choses sérieuses. Notons enfin que les écarts sont minces au sommet du classement, ce qui s’explique par le fait que les performances graphiques constituent alors le goulet d’étranglement.
Rise of the Tomb Raider
Rise of the Tomb Raider constitue depuis longtemps un exercice difficile pour l’architecture Ryzen, mais les patchs successifs ont contribué à combler les écarts conséquents que l’on mesurait au lancement par rapport aux processeurs d’Intel. Ces derniers figurent toujours en tête, mais l’on note également qu’une fois overclocké, le Ryzen 7 1800X parvient à devancer d’un souffle les Threadripper.
Bureautique et productivité
Nous avons utilisé le mode « creator » du Threadripper 1900X pour les tests applicatifs, ce dernier permettant au processeur d’utiliser l’intégralité de ses 8C/16T. Toutefois, certains programmes peu threadés peuvent bénéficier des modes NUMA/UMA et Legacy.
Adobe Creative Cloud
La majeure partie de la suite de test Adobe Creactive Cloud met en avant les processeurs d’Intel parce qu’elle privilégie la performance par coeur. Si le Threadripper 1900X se montre compétitif et profite de l’overclocking, le potentiel légèrement supérieur du 1920X en la matière lui permet de finir mieux placé sur la plupart des tests.
After Effects répond bien à l’augmentation du nombre de cœurs, d’où un rapport de force plus équilibré. Notons que le Ryzen 7 1800X se comporte moins bien que d’habitude ici, largement distancé par un 1900X proposant le même nombre de coeurs et threads. L’explication vient de la mémoire : After Effects tire parti de la configuration quad channel de Threadripper. Nous avons répété le test en n’installant que deux barrettes sur notre configuration Threadripper pour constater que l’écart se limitait alors à ~6 secondes, mettant ainsi 1900X et Ryzen 7 1800X à quasi égalité. Cette tendance se retrouve également sur les benchmarks Photoshop (Heavy) et InDesign.
Navigateurs Internet
Les tests des navigateurs Internet dépendent essentiellement de la performance par coeur : fréquence et débit en instructions par cycle sont donc primordiaux. Ces tests assez peu threadés illustrent également le seul inconvénient engendré par l’overclocking du 1900X.
En effet, la fréquence maximale stable atteinte (4 GHz) est identique à celle atteinte en Precision Boost sur quatre cores : l’overclocking n’a donc d’intérêt qu’à partir du moment où les tâches sollicitent plus de quatre coeurs. Toutefois, le 1900X est capable d’atteindre à l’origine 4,2 GHz sur quatre coeurs grâce à l’XFR, pourvu que le refroidissement le permette. Le processeur entre et sort de divers profils de consommation (P-States) afin d’atteindre ces fréquences, sachant par ailleurs que les commandes pour ces profils envoyées par l’OS, en particulier pour les tâches générant des charges par à-coups, peuvent atténuer les gains de performances. Autrement dit, la fréquence XFR boost à 4,2 GHz du 1900X ne se traduit pas forcément par des gains de performances sur ce même processeur overclocké, mais dans le cas de tâches faiblement threadées et soutenues dans le temps, le 1900X overclocké sera dépassé par la fréquence XFR du processeur sans overclocking.
En pratique, le 1900X s’en tire mieux sans overclocking sous Kraken JavaScript et MotionMark, mais les écarts sont assez faibles. Notons que le Ryzen 7 1800X avec overclocking surpasse le 1900X. De leur côté, les processeurs Intel s’appuient sur leurs fréquences et débits en instructions par cycle pour figurer au sommet des classements.
Le chiffrage est un domaine particulièrement important pour sécuriser de nombreux usages comme les transactions en ligne. On note que les Threadripper affichent une avance confortable sur les processeurs Intel en matière de performances en hachage SHA2-256 sur un coeur. Ils sont également compétitifs dans les tests AES-256 sur un coeur, contexte dans lequel le Core i7-7820X tire clairement parti de ses performances AVX2 par rapport au Core i7-8700K.
Les tests AEX-256 multicoeurs offrent des résultats qui dépendent très largement du nombre de coeurs et des fréquences, bien que le 1900X ne voie pas ses performances significativement améliorées par l’overclocking dans le test SHA-256.
Productivité
Nous avons inclus des portions de la suite de test PCMark 10 dans notre protocole. Comme son nom l’indique, le test « application start-up » mesure la vitesse de chargement de plusieurs types de programmes comme éditeurs de texte, GIMP et navigateurs Internet, aussi bien dans un contexte de démarrage à froid qu’en reprise. Le Core i7-7820X domine les Threadripper overclockés de peu, mais lorsque l’on overclocke à son tour le processeur d’Intel, l’écart se creuse de manière importante. Notons par ailleurs que l’overclocking n’apporte quasiment pas de performances supplémentaires au Core i7-8700K.
Le benchmark de visioconférence mesure les performances des programmes mono et multi-utilisateurs utilisant Windows Media Foundation pour la lecture vidéo et l’encodage dans ce domaine. Il simule également la reconnaissance faciale au cours du test afin de représenter le plus fidèlement possible les performances en conditions réelles. Notons que le benchmark s’appuie sur l’accélération matérielle et l’accélération OpenCL, raison pour laquelle on constate un léger gain de performances dans le deuxième cas. Les Threadripper 1900 et 1920X sont en milieu de peloton, tandis que le Ryzen 7 1800X overclocké se comporte mieux en accélération matérielle qu’en OpenCL.
Le benchmark en retouche d’image mesure les performances avec les binaires de Futuremark qui font appel à la librairie ImageMagick. L’accélération OpenCL apporte des gains considérables, de même que les processeurs proposant les fréquences les plus élevées sont généralement ceux qui proposent les meilleures performances.
Le 1900X profite de l’overclocking, mais le Ryzen 1800X fait encore mieux. Remarquons qu’en accélération matérielle, le Threadripper fait parler la force brute de ses 12C/24T. Le 1900X parvient à battre le Core i7-7820X à fréquences d’origine, mais l’overclocking inverse le rapport de forces.
Rendu, transcodage, compression & AVX
Rendu
Comme l’on pouvait s’y attendre, le Threadripper 1900X offre des performances similaires à celles du 1800X dans le test multicore de Cinebench, affichant même une légère avance grâce à sa fréquence légèrement plus élevée. Le 1920X tire parti de ses 12C/24T pour faire encore mieux. En mode monocore, le 1900X est en milieu de peloton et l’on note une fois encore que le XFR boost s’avère plus intéressant que l’overclocking. De leur côté, les processeurs Intel tirent parti de leur fréquence et de leur débit en IPC pour l’emporter.
Corona utilise tous les coeurs et threads disponibles et l’on voit donc des performances comparables entre 1900X et Ryzen 7 1800X, le premier ayant encore une fois un léger avantage du fait de sa fréquence de fonctionnement plus élevée. Notons que le test POV-RAY sur un seul coeur montre à nouveau que l’overclocking du 1900X ne se traduit pas forcément par des gains de performances.
Les tests multicoeurs sous POV-RAY et Blender apprécient les fréquences d’origine du 1900X par rapport à celles du Ryzen 7 1800X. Nous avons en revanche pu constater que l’architecture mémoire quad channel de Threadripper ne faisait pratiquement aucune différence, preuve en est que 1900X et Ryzen 7 1800X sont très proches lorsqu’ils sont amenés à fréquences égales. Les tests de rendu et de visualisation sous PCMark 10 permettent de faire le même constat.
Le 1900X propose de très bonnes performances dans les tests CPU OpenCL de LuxMark, surpassant les deux Ryzen. Notons que l’absence de résultats pour le Core i7-7820X n’a rien d’un oubli : nous avons passé un temps considérable à essayer de mener ce test sur tous les Skylake-X présents au labo sans succès. Intel a par la suite confirmé notre hypothèse : OpenCL ne sait pas encore utiliser le jeu d’instructions AVX-512. Il va donc falloir attendre une mise à jour pour ces tests, laquelle viendra après une nouvelle version du SDK Intel OpenCL.
Transcodage & compression
LAME met lui aussi 1900X et Ryzen 7 1800X sur un pied d’égalité ou presque, constat qui vaut également pour le test HandBrake x264. L’écart entre les processeurs AMD et Intel se creuse en x265, car cette norme de codage tire pleinement parti des instructions AVX. Naturellement, le 1920X parvient à tirer son épingle du jeu compte tenu de ses 12C/24T. Nous avons également inclus les résultats obtenus sous Y-Cruncher : ce test, à la fois monothread et multithread, calcule Pi à l’aide des instructions AVX. Précisons que nous avons utilisé la version 0.7.3.9474, laquelle apporte des optimisations spécifiques à Ryzen.
Les tâches de compression apprécient particulièrement les architectures multicore, sous réserve que la partie stockage de la configuration parvienne à alimenter le processeur assez rapidement pour qu’il utilise son plein potentiel. Notons que le 1900X à fréquence d’origine propose des performances similaires à celles du 1800X overclocké, ce qui traduit la supériorité de l’architecture mémoire quad-channel du premier sur ce test. Le Core i7-7820X overclocké finit en tête, suivi de peu par le 1920X overclocké lui aussi.
Le benchmark de décompression bénéficie des performances en calcul d’entiers, tout en sachant que les 24 threads du 1920X lui confèrent un énorme avantage par rapport au reste du panel. L’échelonnement des performances est presque parfait : avec 50 % de threads supplémentaires par rapport au 1900X et 1800X, le 1920X parvient quasiment à 50 % de performances en plus lorsque les trois processeurs fonctionnent à fréquences égales.
Perfs moyennes et conclusion
Performances moyennes
On constate que les performances moyennes du 1900X dans les jeux ne sont pas significativement supérieures à celle du 1800X, plus classique et moins cher. Pas vraiment de quoi acheter une plateforme plus chère, ni un kit de RAM quad channel…
Conclusion
Revenons quelques mois en arrière : en juillet dernier, Intel lançait son Kaby Lake-X Core i7-7740X à 390 €, donnant ainsi l’impression d’un processeur haut de gamme accessible alors que celui-ci nécessite une carte mère X299 hors de prix. Le Threadripper 1900X nous laisse un sentiment similaire. Cependant, là où le 7740X enlevait tout intérêt à la nouvelle plateforme d’Intel en raison d’une limitation à 16 lignes PCIe ainsi que la moitié des canaux mémoire désactivés, le 1900X débarque avec l’intégralité des fonctionnalités inhérentes à son architecture. Les 64 lignes PCIe ainsi que la gestion mémoire quad-channel avec compatibilité ECC pourraient rendre ce processeur attractif dès lors que l’on souhaite installer plusieurs cartes filles, ou bien que l’on travaille sur des programmes particulièrement sensibles à la bande passante mémoire. Mais le 1900X n’est pas franchement plus séduisant qu’un Ryzen 7 1800X, également compatible avec la DRAM ECC, tout en faisant nettement moins mal au portefeuille, aussi bien au niveau processeur que carte mère et mémoire.
Nous avons déterminé la performance avec le débit moyen en images par seconde ainsi que la moyenne géométrique de la latence inter-images au 99ème centile (un bon indicateur de la fluidité), laquelle a été convertie en mesure d’ips. Notre suite de test comprend six jeux sortis en 2016 et cinq lancés entre 2014 et 2015. Les cores supplémentaires proposés par Threadripper pourraient se traduire par un gain de performances à l’avenir, raison pour laquelle nous avons également inclus un graphique avec des jeux plus récents. Toutefois, cette perspective ne peut pas constituer un véritable argument en faveur du 1900X sachant que le 1800X propose le même nombre de cores et threads.
Si l’on utilise son PC pour jouer en premier lieu et que l’on ne gère pas de tâches semi-professionnelles, alors les Ryzen 5 et 7 sur socket AM4 constituent un investissement bien plus adapté que les Ryzen Threadripper. Un Ryzen 5 1600 modérément overclocké permet d’atteindre des performances équivalentes pour seulement 200 €. Naturellement, Intel pourrait faire valoir le fait que ses Core i5 Coffee Lake situés entre 200 et 300 € font encore mieux. Le fait est qu’il existe de nombreuses options parfaitement adaptées aux jeux avant même de penser à se délester de 500 € pour un 1900X sans même parler de la carte mère adaptée.
La véritable concurrence se joue au niveau des tâches applicatives. Le plus accessible des Threadripper ne parvient pas vraiment à égaler le Core i7-7820X dans la plupart des cas, ce qui fait pencher la balance en faveur d’Intel malgré un coût supérieur. Le Ryzen 7 1800X propose souvent des performances comparables à celles du 1900X pour environ 115 € de moins. N’oublions pas le Core i7-8700K, capable de concurrencer le plus performant des Ryzen 7 pour moins de 400 €, mais encore faudrait-il pouvoir le trouver dans le commerce …
Le fait que le 1900X gère la mémoire sur quatre canaux se traduit par la nécessité d’acheter quatre barrettes de DDR4, soit l’équivalent d’un rein à l’heure actuelle. Enfin, la carte mère X399 la plus accessible coûte la bagatelle de 330 €, le prix moyen tournant quant à lui aux alentours de 400 €.
AMD affirme que le Ryzen Threadripper 1900X constitue le ticket d’entrée le plus accessible vers sa plateforme X399 … ce qui est vrai. Néanmoins, il est difficile de s’emballer pour un tel produit de niche : on peut trouver plus performant si tel est le but, ou moins cher si l’on souhaite mettre l’accent sur le rapport performances/prix. En bref, le Threadripper 1900X ne nous a pas franchement emballés, en partie parce que le 1800X a placé la barre trop haut pour lui.