ASML soupçonne la Chine d’un nouveau vol de données

Rien de très inhabituel : déjà en 2021, l’entreprise accusait la société chinoise DongFang JingYuan Electron de vol. Le fournisseur de machines de photolithographie, leader mondial, ne plus livrer de scanners EUV à la Chine ; forcément, les ingénieurs du pays vont s’efforcer de créer les leurs.

Fondée en 1984, l’entreprise hollandaise ASML s’est imposée en moins de trois décennies comme le principal fournisseur de machines de photolithographie pour l’industrie des semi-conducteurs. La société fournit notamment TSMC et Intel en scanners EUV. Dans le cadre de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, qui se joue beaucoup sur le terrain des semi-conducteurs, ASML est donc un pion important : fin janvier, la société, « invitée » par l’administration Biden à cesser toute livraison d’équipements lithographiques à la Chine depuis plusieurs mois, a d’ailleurs dû céder aux injonctions de l’Oncle Sam. Dans ce contexte, Bloomberg rapporte qu’ASML a été victime d’un vol de données de la part de la Chine.

Depuis 2021, ASML contrôle plus de 90 % du marché mondial des équipements lithographiques ; et c’est le seul fournisseur de scanners EUV. Forcément, cette excellence suscite les convoitises, d’autant plus de ceux qui en sont arbitrairement privée. Dans son rapport annuel de 2022, ASML indique avoir constaté un « détournement non autorisé de données ». L’entreprise ne considère pas que les données détournées soient préjudiciables à ses activités en cours. Elle a toutefois signalé cette violation aux autorités compétentes et « mis en œuvre des mesures correctives supplémentaires à la lumière de cet incident ».

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Certains volent, d’autres persuadent

Ce n’est pas la première fois qu’ASML soupçonne la Chine de vol de données. Déjà dans son rapport annuel de 2021, l’entreprise hollandaise avait accusé l’entreprise DongFang JingYuan Electron de vol technologique.

Bien sûr, il est complexe de transformer de tels soupçons en faits avérés, et la présomption débouche rarement sur une culpabilité démontrée. Néanmoins, la Chine est souvent au banc des accusés. Par le passé, Airbus par exemple a annoncé avoir déjoué des tentatives d’espionnage, accusations toujours réfutées par Pékin.

Quoi qu’il en soit, si certains volent, d’autres “persuadent”. Ainsi, comme indiqué en début d’article, le gouvernement américain a récemment obtenu du gouvernement néerlandais qu’il retire à ASML sa licence d’exportation vers la Chine. Peter Wennink, président-directeur général de l’entreprise, n’adhère pas vraiment à la stratégie américaine. Il a déclaré à Politico : « Si vous excluez les Chinois avec des mesures de contrôle des exportations, vous les obligerez à s’efforcer d’atteindre la souveraineté technologique, dans leur cas une véritable souveraineté technologique. Dans 15 ans, ils seront capables de le faire tout seuls – et leur marché [pour les fournisseurs européens] aura disparu. »

Sources : CNBC, Reuters, Politico