Au coeur du reseau Free

Introduction

Un certain nombre d’entre vous lisent quotidiennement nos pages avec une connexion Internet assurée par Free. Le trublion des fournisseurs d’accès ADSL a très aimablement accepté d’ouvrir ses portes à Presence PC et plus largement au groupe Bestofmedia pour un reportage photo. La visite est particulièrement complète et couvre le siège en passant par les fameux nœuds de raccordement dégroupés (NRA) pour finir au cœur du réseau Free : le Data Center (dorsale réseau) du numéro 2 de la fourniture d’accès en France.

L’occasion pour beaucoup d’entre vous de mettre enfin des images sur cet acteur majeur d’Internet en France, car la société a le culte du secret et communique depuis longtemps avec parcimonie. Suivez notre guide tout au long de cette journée où le niveau de confidentialité et de sécurité n’a fait que monter crescendo.

  • Si vous désirez avoir un regard différent sur ce dossier, notre confère Infos-du-Net publie également un dossier complémentaire sur Free accompagné de photos différentes pour certaines.

Le siège de Free

Paris, 8h du matin. Près du cœur de la capitale, au détour d’un bâtiment typiquement haussmannien, une petite rue très discrète d’un arrondissement hupé abrite le siège d’Iliad, la maison mère de Free.

Le FAI inventeur du triple play et initiateur du phénomène « set top box » en France occupe un imposant bâtiment moderne où sont regroupés tous les services administratifs et plus encore.

La décoration de l’entrée est dans l’ère du temps avec une ambiance sérieuse et épurée laissant la part belle aux immenses bannières rouges Iliad. Derrière le « Desk » des petits panneaux en verre rappellent qu’Iliad, ce n’est pas seulement Free, mais également Centrapel, Onetel ou encore Kertel. Mais soyons honnêtes, seul le fer de lance d’Internet haut débit en France attire les regards. C’est donc avec la plus grande logique qu’il sera principalement question de Free tout au long de notre visite éclairée par les commentaires d’Isabelle Audap, notre guide pour l’occasion et « accessoirement » responsable de la communication du groupe.

Isabelle nous accueille pour une visite commençant par une étape qui intrigue probablement un très grand nombre d’entre vous : Centrapel. Il s’agit de la filiale d’Iliad qui s’occupe de la relation utilisateur de Free. Très loin des clichés de call center délocalisé dans les pays pudiquement désignés comme émergents, le centre d’appel et de support technique de Free est bel et bien situé en France et près du cœur de la capitale : ce n’est donc pas une simple légende inventée par le marketing.

L’ascenseur nous mène quelques étages plus haut. En arrivant dans la salle déjà comble à cette heure, on note d’emblée l’atmosphère sérieuse, mais agréable que dégagent les lieux. Certes les postes d’appels et de support sont alignés de façon très cartésienne dans ce vaste open space, mais on est loin de la promiscuité de certaines situations déjà vues dans ce type de service. Free garde son SAV dans l’un des quartiers les plus chics de Paris et veille à ce que ses téléconseillers aient un espace de travail en rapport avec le standing de l’arrondissement.

Le SAV

Isabelle nous présente alors Angélique Berge, PDG de Centrapel alors que notre regard est attiré par le panneau de statistiques des appels en cours. Probablement consciente de l’image jadis véhiculée par le SAV du FAI, Angélique nous explique rapidement les principaux axes d’organisation du plateau. Si le SAV de Free a eu par le passé mauvaise réputation, reconnaissons qu’il est aujourd’hui bien plus satisfaisant et c’est très probablement grâce aux nombreux téléconseillers déjà au téléphone à 8h. On nous explique que tous les postes sont équipés d’un logiciel de suivi clientèle fait maison pour s’adapter plus rapidement aux évolutions rapides de l’offre du FAI. Petit détail pour les plus curieux : tous les ordinateurs fonctionnent sous Linux ou Mac OS X (pour la hotline Mac).

Les téléconseillers sont polyvalents et capables de répondre aux questions techniques tout comme d’assurer le suivi d’un dossier. Ce sont par exemple eux qui, en cas de souci de dégroupage, gèrent les tickets « GAMOT » (guichet d’accueil maintenance opérateurs tiers) en interaction avec l’opérateur historique des télécommunications. Cependant, cette polyvalence est rationalisée par une spécialisation des téléconseillers par support de réponse. Certains s’occupent des e-mails, d’autres des appels et depuis peu (juin 2006) une partie est chargée d’animer le canal de « Chat » sur le site de Free.

On remarque rapidement et sans réelle surprise une majorité d’hommes (93%), que notre interlocutrice explique aisément par le fait qu’il s’agit d’un secteur d’activité traditionnellement masculin. La moyenne d’age est de 25 ans et les milieux sociaux représentés variés. Les statistiques internes montrent que 30 pour cent des téléconseillers sont surqualifiés et possèdent un niveau bac +4/5. C’est pourquoi, précise-t-elle, il existe de nombreuses passerelles vers des postes plus responsabilisés du groupe. Ce dont nous ne pouvons pas douter sur l’instant, mais qui reste difficile à vérifier.

Le SAV de niveau 2

Au fond de l’open space nous remarquons des bureaux différents qui servent aux téléconseillers de niveau 2. Moins nombreux, mais plus expérimentés, ils s’occupent des nouveaux problèmes ou des soucis techniques plus avancés. C’est probablement pourquoi nous remarquons qu’ils ont près d’eux une bibliothèque garnie de dossiers rouges comportant des documentations techniques sur le réseau de l’opérateur –précisons tout de même que chaque téléconseiller a son dossier rouge dédié, mais que les ressources semblent accessibles à tous-.

Ce grand nombre de collaborateurs et le trafic important d’un tel centre justifient une politique de suivi qualité dédiée complémentaire aux normes et dispositifs systémiques mis en place. Ainsi un responsable qualité effectue un audit permanent et aléatoire sur des échantillons de traitement de dossier et d’appel.

C’est le moment que nos interlocutrices choisissent pour nous mener à l’étage du dessous où un autre open space de taille équivalente vient renforcer la capacité d’accueil de Centrapel. Le choix de l’étage est laissé à la libre décision des collaborateurs qui font en fonction de l’ambiance qui leur convient le mieux.

Côté chiffres, on nous révèle que pas moins de plusieurs téléconseillers passent par ces bureaux dans la journée. Rappelons que le service est ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, ce qui semble étrangement échapper à la grande majorité des clients de Free. Pour preuve, les répartitions des appels plutôt inattendues : trois pics d’appels habituels sont constatés dans le journée à 11h du matin, 13h et 17h30. Beaucoup de clients appellent de leur lieu de travail, ce qui ne facilite pas les échanges, car ils n’ont pas leur ordinateur et leur ligne à portée de main ! Autre incongruité, les appels dominicaux sont très peu nombreux… Si jamais vous avez un souci, vous connaissez maintenant les bons horaires !

Un point sur la Freebox et la R&D

La visite se poursuit au rez-de-chaussée dans le « showroom » d’Iliad où là encore, il n’est quasiment question que de Free. Notre guide s’absente alors quelques instants ce qui nous laisse le temps d’observer les quelques « collectors » que sont les premières Freebox et de constater l’évolution qui nous conduit à la version bicéphale actuelle et compatible HD. Le calme et l’absence d’éléments « typiques » de l’environnement constituent alors l’occasion pour nous de faire le point avec Isabelle sur les services actuels et futurs de Free.

Sur le présent : les chiffres habituellement communiqués comme le nombre de chaînes disponibles sur Freebox TV ou encore le parc installé de 300 000 Freebox HD ne tardent pas à débouler dans la conversation sans pour autant constituer des informations de premier ordre même s’il est parfois bon de faire une piqûre de rappel.

D’ailleurs, le parc de Freebox dernière génération est l’occasion pour nous de dévier vers les dernières nouvelles de la téléphonie par Wi-Fi. Rien d’exclusif ne filtre à ce sujet, Isabelle est une professionnelle et ne nous cède pas plus d’informations que ce qui est déjà connu sur ce sujet. Rien ? Ou peut être qu’au détour d’une phrase, elle nous apprend que l’équipe de Recherches et Développements de Free travaille dans les locaux et qu’ils sont pas moins de… 20 chercheurs et ingénieurs ! À leur charge, la mise au point de la Freebox et de ses évolutions matérielles comme logicielles, mais également des DSLAM dont le design et la conception sont faits maison tout comme la production. À notre humble avis, ils ne doivent pas chômer.

Internet par fibre optique selon Free

Quant à l’avenir, on parle sans trop rechigner de la fibre optique. Rien de plus normal, vous en conviendrez tant le groupe Iliad a communiqué dernièrement sur ce sujet. Le directeur, M. Boukobza, avait déjà longuement évoqué le sujet dans les médias. Pour ceux qui auraient raté la première séance, sachez que le déploiement de la fibre optique pour la fourniture de service est pour le moment en cours d’essai dans le XVe arrondissement de Paris. La raison, simple, est que Iliad vient de racheter l’opérateur Citéfibre, une petite société spécialisée dans le domaine et qui officiait principalement dans ce secteur de la capitale.

Pour ce qui est du lancement des opérations, le premier semestre 2007 devrait voir les premières « taches de léopard » apparaître de-ci de-là à Paris, en région parisienne et dans quelques grandes villes de province. La promesse de ce déploiement est un service à débit symétrique constant et garanti de 50 Mbps indépendamment de la distance au nœud de raccordement. Rien de moins… Le multiposte en HD ou encore le « Web 2.0 » comme se plaisent à l’appeler certains devraient en tirer des bénéfices immédiats. Bien entendu, Free ne ferme pas la porte à des débits encore plus élevés, mais tout comme le calendrier de déploiement, rien n’est encore définitivement fixé pour l’heure si ce n’est le tarif de l’abonnement qui devrait rester inchangé a contrario de la Freebox(ADSL)qui sera remplacée automatiquement par une Freebox optique.

Les bureaux du siège de Free

En quittant le showroom, nous insistons pour voir les étages de bureaux du bâtiment. Isabelle finit par accéder à notre demande malgré sa réticence initiale. Quelques étages plus hauts, nous nous retrouvons dans des couloirs où salles de réunions (très) modernes jouxtent des bureaux somme toute assez classiques. Au moins, les plus curieux d’entre vous le sauront : Iliad n’est pas un adepte forcené de l’open space pour ce qui est de l’administratif.

Isabelle nous indique que les formations des techniciens se font au sein même des locaux. Cela résume assez bien la politique maison : tout doit être fait en interne. Ce qui occasionne à certaines heures de la journée la présence simultanée de plusieurs centaine de personnes. Ce chiffre laisse songeur quand on voit la cafétéria, certes agréable, mais clairement trop exiguë pour accueillir tout le monde.

Voici que notre visite du siège s’achève et nous avons probablement omis de vous parler du service courrier qui est chargé de traiter toutes les demandes d’abonnements, rassurez-vous, ce sont bel et bien des êtres humains qui se chargent de cette tâche.

Voilà que s’achève notre tour du siège d’Iliad, direction maintenant un NRA de Free.

L’accès au NRA dégroupé

Situé non loin du siège, Isabelle a eu la gentillesse de nous ouvrir les portes d’un nœud de raccordement dégroupé de Free (NRA). Certes, il ne s’agit pas du plus grand NRA mais il a la bonne idée d’être assez proche du siège ce qui pour des raisons pratiques est appréciable.

Dans une rue anonyme du quartier, nous avançons vers le lieu, tenu secret par Free, qui abrite les DSLAM. Si jusqu’à maintenant les photos étaient relativement faciles, le degré de confidentialité est monté d’un cran et on le constate aisément devant l’entrée du local : seul un petit écriteau laconique indique vaguement qu’il s’agit bel et bien de l’entrée du NRA.

Badge d’accès et portes blindées sont bien entendu de la partie. Nous nous engouffrons dans le bâtiment en compagnie de notre guide du jour.

Premier constat : le degré de sécurisation des installations est élevé aussi bien contre les intrusions que contre les pannes éventuelles. Redondances et mesures de précautions sont très visibles. À gauche on remarque à l’entrée de la salle de dégroupage, les installations électriques en charge d’alimenter tous les DSLAM des FAI dégroupés.

La salle de dégroupage total

En évidence dans la pièce on remarque d’abord les arrivées des paires de cuivre qui constituent la boucle locale. Arrivant de l’autre côté du mur en provenance des installations de l’opérateur historique, ces nombreux câbles sont centralisés et redistribués vers les armoires alignées dans le reste de la pièce. C’est là que les fameuses « broches » permettant de câbler une ligne dégroupée sont accessibles. Devant la taille et la profusion de celles-ci, on peut mieux comprendre pourquoi l’erreur –bien humaine- de câblage de la broche reste le cauchemar légitime de bien des abonnés.

Dans les allées d’armoires, entre deux FAI bien connus de tous, les DSLAM de Free nous sont présentés. Premier constat : une armoire peut contenir plusieurs DSLAM grâce à la compacité de ceux-ci. Isabelle nous rappelle que les équipements du réseau Free sont conçus en interne par les équipes de R&D de Free. L’installation est propre et toutes les petites diodes qui clignotent nous confortent dans l’idée que nous nous faisions de la chose.

Quelques échanges nous font prendre connaissance des principaux chiffres sur les abonnés : sur les 2 millions de Freenautes au 30 septembre 2006, 72,3 % d’entre eux sont raccordés en dégroupé et bénéficient d’installations analogues à celle qui nous est accessible. La part ayant optée pour le dégroupage total représente la moitié de ces 72,3 %.

Voilà que notre visite intra-muros s’achève, direction l’emplacement ultra secret du cœur de réseau de Free.

La pression monte d’un cran avec la paranoïa

Image 1 : Au coeur du reseau FreeEllipse temporelle et spatiale tant nous avons de choses à remettre dans l’ordre et nous sommes alors en banlieue parisienne. Le taxi prend une sortie d’autoroute direction un bâtiment des plus communs, peut être trop d’ailleurs au point d’éveiller des soupçons chez les plus suspicieux. La Mercedes se gare et nous effectuons les cent derniers mètres à pieds.

Là dans une cour à l’abri des regards, nous découvrons une imposante parabole. Quelques collaborateurs sont en pause cigarette devant le bâtiment. L’extérieur est loin d’évoquer le contenu high-tech de l’intérieur tant il ressemble à un entrepôt comme il y a en a des milliers dans le coin.

On nous averti d’entrée sur la discrétion exigée sur les lieux, d’ailleurs dès notre premier geste pour photographier la banale façade, nous sommes priés d’interrompre immédiatement notre initiative. Le mot d’ordre est clair : aucune photo de l’extérieur. La dorsale réseau de Free est en effet à quelques mètres et l’on comprend aisément la sensibilité d’éventuels clichés pouvant servir à la localisation du centre. -Google Earth étant un bon outil de repérage accessible à tous-

Image 2 : Au coeur du reseau Free

Haute sécurité pour un site secret

D’emblée dans l’entrée on constate que la notion de sécurité n’est pas prise à la légère et en levant la tête on remarque rapidement les nombreuses caméras qui équipent le site. Notre guide des installations, Arnaud, nous précise qu’il y a 300 caméras de vidéosurveillance réparties sur tout le site de façon à ce qu’aucun angle mort ne soit possible. Chaque mètre carré est couvert par au moins deux caméras qui ont la faculté de pivoter à 360°.

Responsable de l’offre Dedibox, Arnaud commence par nous présenter les quelques collaborateurs alors présents dans les bureaux.

On distingue au loin quelques techniciens qui s’affairent autour de composants. Arnaud nous explique qu’il s’agit d’une mini-chaîne de montage pour les Dédibox en cours de déploiement. Les photos sont bien entendues prohibées pour des raisons de secret industriel.

Nous commençons notre visite et notre attention est à nouveau rapidement attirée sur le niveau élevé de protection physique du site. Toutes les portes sont blindées et les vitres sont pare-balles. Qui plus est, nous précise Arnaud, des rideaux métalliques de protections sont là en cas de d’attaque extérieure.

Biométrie et confidentialité

Des sas avec accès contrôlé par biométrie compartimentent rigoureusement toutes les zones du site et a fortiori la salle des machines. Sont contrôlés non seulement les empreintes digitales, mais également la taille de la main, les traits de la paume, la chaleur dégagée ainsi que le poids de la personne. On suppose que cette mesure est sensée parer aux entrées frauduleuses avec l’aide –sous la contrainte- d’une personne habilitée. Heureusement, ce jour là, notre venue était prévue de longue date et on nous accorde un laissez-passer exceptionnel pour l’occasion.

On passe devant le poste de contrôle du site qu’il nous est bien entendu interdit de photographier. Cette fois, nous avons définitivement conscience que le niveau de sécurité est à son paroxysme. On distingue par les vitres de l’autre côté les installations du cœur de réseau de Free. Cette vision a un côté réjouissant, qui nous devons bien l’avouer, nous donne un sentiment privilégié.

Des kilomètres de serveurs

Nous poursuivons notre chemin dans les installations en passant devant de nombreuses cages destinées à accueillir toujours plus de serveurs. Apparaît alors devant nous ce qui semble être des kilomètres de serveurs. Il s’agit en fait des Dedibox –service d’hébergement d’un serveur à distance d’Iliad.

Le bruit de fond est assourdissant, et nous peinons à entendre les paroles d’Arnaud. Il nous explique que le site est divisé en deux grandes parties : la dorsale réseau de Free et la salle dédiée au Dedibox pour une surface totale de 6300 m² (soit un terrain de football et demi). Chaque partie occupe une surface égale et symétrique et bénéficie des mêmes installations électriques, sécuritaires et de maîtrise des conditions d’exploitation. Si les photos sont bel et bien proscrites pour la partie backbone, nous pouvons témoigner qu’il n’y apparemment pas de différence fondamentale dans les installations si ce n’est la nature des machines qui y sont. Notons par ailleurs que le parc des machines de Free est très varié, probablement dans un souci de ne pas tout miser sur un constructeur.

Zoom sur ce qui sera le leitmotiv de notre visite : la sécurité des installations assurée par la redondance de chaque organe fonctionnel. C’est vrai pour les machines (les Dedibox sont un concept de machines « remplaçables » qui, en cas de défaillance de l’une d’entre elles, basculent automatiquement en quelques secondes sur une Dedibox libre qui vient prendre le relais avec une interruption de service minime), c’est également vrai pour toute la chaîne d’alimentation du centre qui est capable d’assurer le service même en cas de panne EDF.

Alimentation et contrôle de l’atmosphère

Première manifestation de ces précautions, les armoires électriques qui alimentent les serveurs. Elles ont une puissance totale individuelle de 400 kVA avec 400 V en entrée et des sorties en trois fois 240 V déphasées. Un processus de basculement est prévu pour qu’en cas de panne d’une unité d’alimentation, la continuité du service soit assurée grâce au transfert automatique vers une autre source.

L’autre obsession du site est le contrôle des conditions d’exploitation. Soit la température et la maîtrise des paramètres de l’atmosphère. Arnaud nous mène alors vers une armoire de climatisation et nous explique que là aussi pour assurer une température de 19°C en toutes circonstances, chaque armoire est dotée de deux compresseurs de 96 kW chacun qui fonctionnent à 50 % de charge. En cas de défaillance de l’un, l’intégralité de la charge est reportée sur l’autre.

En sortie du climatiseur, l’air frais est injecté dans la salle par le –faux- plancher et l’air chaud aspiré par des extracteurs situés au plafond. Bien entendu la climatisation est contôlée au plus précis et l’essentiel des installations se situe sur le toit du bâtiment.

Pour un tel site, la consommation d’énergie pour le maintien de la température et du taux d’humidité est quasiment équivalente à celle des machines de production. Sachant que cet immense centre (parmi les plus grands en France) a une capacité globale de 5 MW, cela donne un ordre d’idée.

Pour survivre en cas de black out

Avec une telle installation et les impératifs de continuité de service en cas de panne EDF, il faut bien entendu assurer le fonctionnement de toutes ces machines en toute autonomie. Le premier maillon de la chaîne qui entre en fonctions en cas d’interruption de courant est bien entendu l’onduleur. Mais on ne parle pas là des petits boîtiers que certains ont probablement chez eux. Il s’agit d’une zone entière dédiée à l’alimentation du site qui regroupe 90 tonnes de batteries réparties en 12 unités dont 4 sont des « spare » afin de suppléer à une éventuelle défaillance des autres. Là encore, la redondance est de mise.

Chaque unité est composée de nombreuses batteries au gel fournissant chacune pas moins de 160 Ah ! Le tout est maintenu à 20°C pour une conservation optimale. Bien entendu ce type de montage n’est pas sans aller avec des soucis de synchronisation, c’est pourquoi toutes les unités sont dotées d’un boîtier de synchronisation sauf une qui est le point référant.

Les arrivées électriques sont bien entendu dimensionnées en conséquence et les courants en jeu sont si importants que les câbles ne suffisent plus pour transmettre de telles puissances. C’est pourquoi on remarque ci et là d’énormes barres de cuivre qui assurent la transmission du courant en lieu et place de câbles au demeurant déjà très imposants.

A l’épreuve du feu

Enfin pour que tout le processus de relais entre l’onduleur et la source EDF se passe sans accroc, une partie de la pièce est dédiée aux armoires de disjoncteurs et autres inverseurs. L’intégralité est bien entendu automatisée au point que l’accès au contrôle manuel soit scellé pour éviter toute erreur humaine.

Nous vous passons les détails techniques pointus et les subtilités qu’Arnaud (ci-contre) nous explique. Relevons juste qu’il y a un autre circuit qui assure la transition avec les groupes électrogènes, car l’onduleur n’est là que pour assurer l’intérim de l’alimentation par groupe électrogène. Vous pouvez bien entendu demander des éclaircissements sur le topic dédié du forum.

Après avoir regardé de près tous les dispositifs de sécurité d’exploitation, nous sommes invités à visiter la structure anti incendie du site. Une pièce à l’écart des autres renferme une cuve d’eau distillée (1 mètre cube) et traitée pour l’usage.

Cette cuve fait partie d’un circuit complet sous haute pression qui couvre la totalité du site. En guise de sortie, des têtes spéciales assurent l’atomisation de l’eau en cas d’incendie. Le fonctionnement est simple, chaque tête renforcée (épaisseur de métal de 5 mm sur les têtes et sur tout le circuit) est dotée d’une pièce thermosensible qui rompt à 70°C créant une dépression. Cette dépression déclenche l’atomisation de l’eau sous 200 bars qui forme alors une brume qui « étouffe » le feu tout en permettant aux machines encore en service de continuer à fonctionner sans encombre. Un dispositif de détection de fumée permet également d’amorcer cette procédure. Tout cet équipement est réparti tous les 4 m² pour quadriller au mieux toute la surface du centre et isoler au plus proche tout départ d’incendie.

5 moteurs V16 pour un site gigantesque

Plus à l’écart encore nous sommes amenés à jeter un coup d’œil sur l’arrivée EDF de 20000 volts traitée par 4 énormes transformateurs qui ont à charge d’alimenter le site en temps normal sous 400 V. Ces équipements sont bien entendus à la charge de Free et non pas d’EDF.

Pour boucler cette visite des installations, nous sortons complètement du bâtiment pour nous diriger vers les groupes électrogènes (nous passons rapidement le dispositif de simulation de charge qui sert mensuellement à tester le bon fonctionnement des circuits de secours). Ils sont au nombre de cinq et leurs caractéristiques –identiques- sont impressionnantes. Tout d’abord, il y a en a très peu au monde : 10 tout au plus. Ce sont en fait des motrices de bateaux couplées à des alternateurs de centrale électrique. Chaque moteur est composé de 16 cylindres en V pour une consommation de 600 l/h par groupe pour une puissante individuelle de 2,5 MVA.

Vous l’avez remarqué, l’installation de groupes électrogènes est surdimensionnée par rapport aux besoins théoriques du site. Là encore, la sécurité offerte par la redondance explique cela en plus de la forte densité des machines sur le site. Car de façon plus conventionnelle, ce type de centre utilise des groupes de 1,5 MW.

L’alimentation en carburant provient de deux cuves souterraines de 60 000 l de fuel au total dont le contenu est aspiré par 6 pompes (le surnombre ne vous étonne plus) qui alimentent les nourrices situées au dessus de chaque groupe électrogène. Ceux-ci sont maintenus en permanence à température pour une mise en route rapide : moins de 10s ce qui laisse une grosse marge de sécurité puisque l’onduleur du site assure une autonomie de 20 minutes. L’allumage utilise des batteries grandes capacités situées dans chacun des groupes. Théoriquement 4 motrices suffisent à fournir le site en électricité pendant 24h. La cinquième étant principalement là en spare.

Conclusion

Après tous ces sites et nombre de précautions, nous quittons le site pour retourner dans le monde libre dénué de toute surveillance et de toute redondance. La pression retombe et nous restons rêveurs sur les nombreuses scènes qui nous ont été données à voir alors que le taxi retourne vers Paris.

Cette visite des principaux sites qui font la vie de Free a été riche en informations. Beaucoup d’entre elles étant confidentielles, nous sommes conscients que de nombreuses zones d’ombre subsistent et demanderaient à elles seules des articles entiers.

Si un bilan devait être dressé de cette journée, nous conclurions qu’en tant qu’agitateur du monde de la fourniture d’accès, Free se donne les moyens de ses ambitions. En témoigne la capacité d’accueil du backbone qui est loin de la saturation. En attendant vos réactions, toute notre équipe espère que ce reportage aura au moins assouvit une partie de la curiosité suscitée par cette société si virtuelle dans son contact et sa communication.

  • Si vous désirez avoir un regard différent sur ce dossier, notre confère Infos-du-Net publie également un dossier complémentaire sur Free accompagné de photos différentes pour certaines.
  • Enfin pour les moins assidus d’entre vous, il y a toujours notre comparatif des FAI qui détaille l’offre de Free.

L’album photo

N’hésitez pas à visiter notre galerie photo haute définition qui comporte nettement plus de photos de cette journée que celles présentés dans le texte de ce dossier.