Introduction
Quand étudie les cartes-mères modernes, voire pas si modernes que cela, on peut en toute légitimité se demander s’il est bien utile d’acheter un contrôleur RAID séparé. Après tout les ports SATA 3 Gbits rapides sont aujourd’hui la norme, au même titre que la puce son et le port réseau. Mieux encore : les cartes-mères de dernière génération, comme celles reposant sur le chipset AMD A75, sont même équipées de ports SATA 6 Gbits. Dès lors qu’une carte-mère contient des régulateurs de tension haut de gamme, un processeur quad-core et une demi-douzaine de ports SATA, une question se pose : est-il nécessaire d’y ajouter un contrôleur RAID dédié ? Ou, en d’autres termes : quels sont les scénarios dans lesquels un tel achat est utile, à supposer qu’il en existe encore ?
Dans la plupart des cas, les cartes-mères pour particuliers permettent de monter une configuration RAID 0, 1, 5 et 10 à l’aide de leurs ports SATA et d’obtenir de bonnes performances. Pour mettre en place un RAID plus évolué comme le 6, 50 ou 60, par contre, il ne fait aucun doute qu’une solution « maison » sera vite inadaptée et qu’il faudra passer à un produit professionnel ; même chose si l’on désire bénéficier d’une gestion des disques plus poussée ou laisser la porte ouverte à une future expansion de la grappe. Qui plus est, lorsqu’on décide d’opter pour un contrôleur RAID dédié, on n’est plus limité aux seuls disques SATA : les modèles SAS (Serial-Attached SCSI) et FC (Fibre Channel), qui offrent chacun des avantages spécifiques, deviennent également une option.
RAID professionnels : SAS et FC
Les trois connectiques possibles, à savoir SATA, SAS et FC, ont chacune leurs forces et leurs faiblesses, tant et si bien qu’il est impossible de déterminer laquelle est « la meilleure ». Les avantages du SATA résident dans la grande capacité et le faible coût des disques, sans oublier les débits élevés. Le SAS se démarque par son évolutivité et ses performances en E/S. Le FC, quant à lui, met en avant des débits à la fois rapides et soutenus. Certaines entreprises utilisent encore parfois de l’Ultra-SCSI, une vieille connectique ne pouvant gérer que 16 périphériques au total (par exemple un contrôleur et 15 disques) et n’affichant qu’une bande passante totale de 320 Mo/s au maximum, un chiffre qui fait pâle figure par rapport aux trois solutions présentées ci-avant.
À une époque l’Ultra-SCSI était pourtant la solution par excellence en matière de stockage professionnel. Il a depuis lors été remplacé par le SAS, qui offre non seulement des débits considérablement plus élevés, mais également plus de flexibilité, notamment parce qu’il autorise le branchement de disques SAS et SATA au sein de la même installation (les contrôleurs SAS sont capables de transmettre à la fois des paquets SAS et SATA). En outre, les disques SAS possèdent généralement deux ports, ce qui permet de mettre en place une solution de redondance et donc de créer des configurations à haute disponibilité. Enfin, le SAS n’est pas seulement un protocole point à point entre un contrôleur et un périphérique de stockage : il prend également en charge un maximum de 255 périphériques de stockage par câble SAS, gérés à l’aide « d’expandeurs SAS ». Une structure SAS à deux niveaux d’expandeurs permet donc théoriquement de connecter 255 x 255 (soit un peu plus de 65 000) périphériques par canal SAS… pour autant que le contrôleur soit capable de gérer une telle quantité de liaisons.
Adaptec, Areca, HighPoint et LSI : quatre contrôleurs RAID SAS en test
Dans cet article, nous nous sommes focalisés sur les performances des contrôleurs RAID SAS, ici représentés par quatre produits : l’Adaptec RAID 6805, l’Areca ARC-1880i, le HighPoint RocketRAID 2720 et le LSI MegaRAID 9265-8i. Pourquoi le SAS et non le Fibre Channel ? D’une part, comme nous l’avons expliqué plus haut, le SAS est l’architecture la plus intéressante, ne serait-ce que grâce à ses nombreuses fonctions, telles le zonage, qui peuvent se révéler extrêmement utiles pour les professionnels. D’autre part, les études montre que le rôle du Fibre Channel sur le marché du stockage professionnel est en plein déclin, certains analystes prévoyant même son arrêt futur au vu du nombre de disques durs livrés dernièrement. L’avenir du FC semble bien terne, tandis que selon IDC, les disques durs SAS représenteront 72 % du marché des disques durs professionnels en 2014.
Adaptec RAID 6805
Le fondeur PMC-Sierra a lancé sa gamme de contrôleurs RAID « Adaptec by PMC Series 6 » à la fin de l’année 2010. Les cartes de la série 6 sont axées sur un contrôleur dual-core SRC 8x6G, une puce ROC (RAID on Chip) dotée de 512 Mo de cache et capable de gérer une bande passante (SAS/SATA) de 6 Gbit/s par port. Trois modèles différents sont disponibles : l’Adaptec RAID 6405 (quatre ports interne, prix public d’environ 320 €), l’Adaptec RAID 6445 (quatre ports internes et quatre ports externes, prix public d’environ 470 €) et celle que nous testons aujourd’hui, l’Adaptec RAID 6805, qui compte huit ports internes et coûte environ 450 €. Toutes prennent en charge le JBOD ainsi que les RAID 0, 1, 1E, 5, 5EE, 6, 10, 50 et 60.
Interfacée en PCI Express 2.0 8x, l’Adaptec RAID 6805 peut gérer jusqu’à 256 périphériques à l’aide d’expandeurs. Selon les données avancées par le fabricant, son débit soutenu peut atteindre 2 Go/s et ses performances de pointe peuvent s’élever à 4,8 Go/s sur l’ensemble des ports SAS et 4,0 Go/s sur l’interface PCI Express (c’est-à-dire le maximum théorique d’une liaison PCIe 2.0 8x).
Un ZMCP au lieu d’un BBU (à vos souhaits)
Notre exemplaire de test contenait un élément nommé Adaptec Flash Module 600, un système de sécurité qui fait appel à la technologie Zero Maintenance Cache Protection (ZMCP) et qui rend obsolète la traditionnelle Battery Backup Unit (BBU). Le module ZMCP est un circuit imprimé contenant une puce de flash NAND de 4 Go qui sauvegarde le contenu du cache RAID en cas de panne de courant. La copie du cache à la mémoire flash s’effectuant très rapidement, il est possible d’utiliser un condensateur au lieu d’une batterie BBU, ce qui amène un avantage de taille : contrairement à un condensateur, une BBU n’a une durée de vie que de deux ans, après quoi elle doit être recyclée et remplacée. Son niveau de charge doit également être vérifié à intervalles réguliers et, de toute façon, elle ne permet pas de préserver les données du cache en cas de panne de courant prolongée (c’est une batterie, son autonomie est donc limitée). À titre de comparaison, le ZMCP ne nécessite, comme son nom l’indique, aucun entretien : on l’installe et on l’oublie, même en cas de panne de courant prolongée.
Performances
Avec des débits de 640 Mo/s et 680 Mo/s en lecture et écriture séquentielles en mode RAID 0, l’Adaptec RAID 6805 s’est montrée plus lente que ses concurrentes, et plus particulièrement que la LSI MegaRAID 9265-8i, mais il faut avouer que le RAID 0 n’est probablement pas le scénario d’utilisation le plus probable. La carte se débrouille mieux en RAID 5, 6 et 10 même si elle ne termine jamais en première place. Dans nos tests ne faisant appel qu’à des SSD, elle ne monte qu’à 530 Mo/s et se fait donc dépasser par les contrôleurs Areca et LSI.
Par contre, le contrôleur Adaptec reconnaît automatiquement les « RAID hybrides », c’est-à-dire les configurations contenant à la fois des disques durs et des SSD, auquel cas il propose les modes RAID 1 et 10, dans lesquels le fabricant affirme pouvoir faire mieux que la concurrence via une technique de lecture/écriture particulière. Cette technique consiste à diriger les opérations de lecture vers les SSD uniquement tandis que les opérations d’écriture, évidemment, continuent à s’effectuer sur les disques durs et les SSD. En théorie, les performances en lecture devraient donc s’approcher de celles d’une configuration ne contenant que des SSD tandis que les performances en écriture ne seront pas pires que celles d’une configuration ne contenant que des disques durs. Nos tests on malheureusement démontré que cela ne semblait pas être le cas en pratique : à l’exception notable du benchmark de type « serveur web », dans le cadre duquel les débits se sont effectivement approchés de ceux de la configuration « purement SSD », la configuration hybride est toujours restée très loin des débits attendus.
Heureusement pour Adaptec, son contrôleur a nettement mieux tiré son épingle du jeu dans les tests de performances en E/S sur disques durs : quel que soit le benchmark (base de données, serveurs de fichiers, serveur web ou station de travail), le RAID 6805 a fait jeu égal avec l’Areca ARC-1880i et le LSI MegaRAID 9265-8i et a donc toujours terminé en première ou deuxième place. Le HighPoint RocketRAID 2720 est par contre à la traîne dans ces tests ; à l’inverse, il suffit de remplacer les disques durs par des SSD pour que le LSI MegaRAID 9265-8i laisse les trois autres concurrents sur le carreau.
Adaptec : logiciel RAID et configuration
Adaptec et LSI livrent leurs cartes avec des outils de gestion bien organisés et simples d’emploi qui permettent même aux administrateurs d’accéder aux contrôleurs via le réseau.
Configuration de la grappe
Areca ARC-1880i
Areca s’est récemment lancé sur le segment des contrôleurs RAID 6 Gbit/s avec la série ARC-1880. Selon le fabricants, les cartes de cette gamme sont prévues pour les applications les plus variées : NAS, serveurs, supercalculateurs, sauvegarde de proximité, systèmes de sécurité, streaming et même cloud computing.
Notre modèle de test, l’ARC-1880i, est proposée à un prix public d’environ 600 €, possède huit ports SAS internes et s’interface en PCI Express 2.0 8x. La carte demi-hauteur est la seule de ce comparatif à comporter un système de refroidissement actif et héberge un ROC cadencé à 800 MHz et assorti d’un cache de 512 Mo de DDR2-800. L’ARC-1880i peut gérer jusqu’à 128 périphériques de stockage via un expandeur SAS. Il est possible d’y ajouter un BBU (Battery Backup Unit) afin de préserver le cache en cas de panne de courant. Outre les modes JBOD et disques individuels, ce contrôleur gère les RAID 0, 1, 1E, 3, 5, 6, 10, 30, 50 et 60.
Performances
L’Areca ARC-1880i a affiché de très bonnes performances dans nos tests de lecture et écriture séquentielles en RAID 0 : 960 Mo/s en lecture et 900 Mo/s en écriture. Seule la carte LSI MegaRAID 9265-8i s’est montrée plus rapide. Le contrôleur d’Areca ne nous a pas non plus déçu dans les autres tests : tant avec des disques durs qu’avec des SSD, il s’approche toujours du résultat du vainqueur. Bien qu’il n’ait remporté qu’un seul test, celui de lecture séquentielle en RAID 10, il s’y est démarqué de manière brillante, atteignant un débit de 793 Mo/s alors que son concurrent le plus rapide, le LSI MegaRAID 9265-8i, n’affiche que 572 Mo/s.
Les débits séquentiels ne font toutefois pas tout : il faut également tenir compte des performances en E/S. Ici aussi, l’Areca ARC-1880i brille par sa célérité et suit de près l’Adaptec RAID 6805 et le LSI MegaRAID 9265-8i (le classement typique étant Adaptec, LSI puis Areca). De la même manière qu’il a remporté la victoire dans un test de débit, le contrôleur Areca termine en première place dans benchmark d’E/S, celui simulant un profil de type « serveur web », scénario pour lequel le fabricant semble avoir optimisé son produit. Notons toutefois que, bien que le contrôleur Areca domine ce benchmark en modes RAID 0, 5 et 6, l’Adaptec 6805 parvient à le dépasser en RAID 10 (certes de peu). La carte HighPoint RocketRAID 2720 termine bonne dernière dans tous les benchmarks.
Areca : interface web et configuration
Comme le contrôleur Highpoint RocketRAID 2720, l’Areca ARC-1880i se configure et se gère via une interface web bien conçue.
Interface web
Configuration de la grappe
HighPoint RocketRAID 2720
Le HighPoint RocketRAID 2720 est un contrôleur RAID SAS doté de huit ports SATA/SAS internes gérant chacun un débit de 6 Go/s. D’après le fabricant, cette carte PCI Express 2.0 8x au format demi-hauteur (la plus courte de ce comparatif) s’adresse aux PME ayant des besoins avancés en termes de stockage ou de stations de travail. Son cœur est une puce RAID Marvell 9485. Elle gère le JBOD et les modes RAID 0, 1, 5, 6, 10 et 50.
Outre le modèle 2720, la série Highpoint 2700 comporte quatre autres modèles : les RocketRAID 2710, 2711, 2721 et 2722, qui diffèrent essentiellement par le nombre (4 ou 8) et type (internes/externes) de ports qu’ils hébergent. Notre exemplaire de test, le RocketRAID 2720, est le moins cher de la gamme et de ce comparatif, avec un prix public approchant les 270 € en Europe (mais moins de 200 $ outre-Atlantique). Notons qu’il existe un modèle encore moins cher, le RocketRAID 2720SGL, mais celui-ci est livré sans le moindre câble.
Performances
Lors de notre test de lecture/écriture séquentielle en RAID 0 sur une grappe composée de huit disques durs Fujitsu MBA3147RC, le HighPoint RocketRAID 2720 a atteint un débit en lecture de 971 Mo/s et est donc arrivé deuxième, derrière le LSI MegaRAID 9265-8i. En écriture, par contre, son débit ne s’est élevé qu’à 697 Mo/s, soit à peine mieux que l’Adaptec RAID 6805, dont nous avons déjà évoqué les soucis en RAID 0. Le RocketRAID 2720 semble être adepte des résultats mitigés comme celui-là : en RAID 5 et 6, il fait mieux que tous les autres contrôleurs, mais en RAID 10, son débit chute à 485 Mo/s et lecture et même à 198 Mo/s en écriture, ce qui représente le pire résultat de ce comparatif et fait bien peine à voir.
Ce contrôleur n’a par ailleurs clairement pas été conçu pour les SSD : ses débits plafonnent à 332 Mo/s en lecture et 273 Mo/s en écriture.Même l’Adaptec RAID 6805, qui n’est lui-même guère brillant en la matière, se montre deux fois plus rapide ; le contrôleur Highpoint n’a donc aucune chance contre les deux autres concurrents, à savoir l’Areca ARC-1880i et le LSI MegaRAID 9265-8i, qui se montre environ trois fois plus rapides que lui.
Comme nous l’avons déjà mentionné pour les contrôleurs précédents, nous avons évalué les performances en E/S en plus des débits séquentiels. Le mot qui décrit le mieux les performances du contrôleur Highpoint en entrées/sorties est sans doute « correct »… sans plus. Le genre de performances qui lui valent la dernière place dans les quatre benchmarks sous IOmeter (base de données, serveur de fichiers, serveur web et station de travail). Il parvient presque à suivre les autres contrôleurs dans le test « serveur web », mais est nettement à la traîne dans les trois autres. Cela se remarque encore plus dans les tests avec SSD, où le RocketRAID 2720 montre qu’il n’est absolument pas prévu pour gérer cette technologie, qui ne lui apporte absolument aucun avantage par rapport aux disques durs. À titre d’exemple, il atteint 17 378 IOPS dans le benchmark « base de données » alors que le LSI MegaRAID 9265-8i fait près de quatre fois mieux : 75 037 IOPS.
HighPoint : interface web et configuration
L’interface web du Highpoint RocketRAID 2720 est intuitive et pratique ; aucun problème à signaler sur ce plan. Tous les paramètres RAID se configurent facilement et rapidement.
Interface web
Configuration de la grappe
LSI MegaRAID 9265-8i
LSI considère que le MegaRAID 9265-8i est prévu pour les PME et le présente comme adapté au cloud computing, à la sécurité et aux applications professionnelles. Commercialisé à un prix d’environ 700 €, ce contrôleur est le plus cher de ce comparatif, mais comme vont le montrer les résultats des tests, vous en avez pour votre argent. Avant de passer aux résultats, abordons toutefois les caractéristiques techniques de ce produit ainsi que ses logiciels complémentaires, « Fastpath” et « Cachecade ».
La carte LSI MegaRAID 9265-8i héberge un ROC dual-core nommé LSI SAS2208 et se connecte à l’ordinateur hâte via une interface PCIe 2.0 8x. Le suffixe « 8i » indique que ce produit possède huit ports SATA/SAS internes, tous capables d’atteindre un débit de 6 Gbit/s ; notons qu’il est possible de lui attacher un maximum de 128 périphériques de stockage via un ou plusieurs expandeurs. La carte est au format demi-hauteur, est dotée d’un gigaoctet de cache (DDR3-1333) et gère les modes RAID 0, 1, 5, 6, 10 et 60.
Les utilitaires Fastpath et Cachecade
Selon LSI, le logiciel Fastpath peut accélérer considérablement les opérations d’entrées/sorties sur SSD. Le fabricant ne donne aucun détail, si ce n’est quelques indices semblant indiquer que les accès aux SSD se font à l’aide de commandes de bas niveau. LSI affirme que la fonction Fastpath fonctionne avec tous les SSD et améliore les performances en lecture/écriture des grappes qui en sont composées par un facteur de 2,5 en écriture et de 2 en lecture (on atteindrait quelque chose comme 465 000 IOPS). Lors de nos tests, nous n’avons toutefois même pas dû installer ce logiciel, car le contrôleur disposait, de base, de suffisamment de marge pour gérer à pleine vitesse l’ensemble de notre grappe, composée de cinq SSD Samsung SS1605.
L’autre logiciel accompagné le MegaRAID 9265-8i s’appelle Cachecade et permet d’utiliser un SSD comme cache dans un grappe de disques durs. Selon LSI, cela permettrait de multiplier par 50 la vitesse de traitement des opérations de lecture ; un chiffre maximal qui dépend évidemment du volume de données à transférer, de l’application et du scénario d’utilisation. Nous avons essayé cet utilitaire en créant une grappe RAID 5 composée de sept disques durs et d’un SSD utilisé comme cache en lecture. La comparaison entre cette configuration et un RAID 5 composé de huit disques durs a effectivement démontré de manière évidente que Cachecade améliorait non seulement les performances en E/S mesurées, mais également la réactivité perçue du système, et ce, d’autant plus que le jeu de données à traiter était de petite taille. Lors de nos tests sur un jeu de données de 25 Go, nous avons obtenu un résultat de 3877 IOPS sous IOmeter en mode « serveur web » alors qu’une grappe RAID normale n’atteint que 894 IOPS.
Performances
Si l’on veut résumer, on peut sans ambages dire que LSI MegaRAID 9265-8i est, en termes de performances en E/S, le contrôleur RAID SAS le plus rapide de ce comparatif. En matière de débit en lecture/écriture séquentielle, néanmoins, ses performances ne sont que moyennes, car elles varient énormément en fonction du mode RAID employé. En RAID 0, par exemple, son débit en lecture séquentielle est nettement supérieur à celui de ses concurrents : 1080 Mo/s. Même chose en écriture séquentielle, où il grimpe jusqu’à 927 Mo/s. En RAID 5 et 6, par contre, il se fait distancer par tous les autres produits de ce comparatif. Il se rattrape toutefois en RAID 10. Dans le test avec SSD, enfin, le MegaRAID 9265-8i termine premier en écriture séquentielle (752 Mo/s) et deuxième, derrière l’Areca ARC-1880i, en lecture séquentielle.
Bref, si vous recherchez un contrôleur RAID gérant bien les SSD et affichant d’excellentes performances en E/S, le contrôleur proposé par LSI est fait pour vous. À quelques rares exceptions près, il termine toujours en première place dans les benchmarks IOmeter. C’est toutefois lorsque la grappe se compose de SSD qu’il se lâche véritablement et fait mordre la poussière à ses concurrents. Le meilleur exemple est probablement le benchmark « station de travail », où le MegaRAID 9265-8i termine avec un score incroyable de 70 172 IOPS alors que la médaille d’argent, l’Areca ARC-1880i, ne parvient à obtenir que la moitié, à savoir 36 975 IOPS.
LSI : logiciel RAID et configuration
Tout comme Adaptec, LSI livre son contrôleur RAID avec un utilitaire de gestion bien conçu, dont voici quelques captures d’écran :
Logiciel Cachecade
Logiciel de gestion du RAID
Configuration de la grappe
Tableau comparatif et configuration de test
Tableau comparatif
Fabricant | Adaptec | Areca |
---|---|---|
Modèle | RAID 6805 | ARC-1880i |
Format | MD2 / Demi-hauteur | MD2 / Demi-hauteur |
Nombre de ports SAS | 8 | 8 |
Bande passante par port SAS | 6 Gbit/s (SAS 2.0) | 6 Gbit/s (SAS 2.0) |
Ports SAS internes | 2x SFF-8087 | 2x SFF-8087 |
Ports SAS internes | – | – |
Cache | 512 MB DDR2-667 | 512 MB DDR2-800 |
Interface | PCIe 2.0 (x8) | PCIe 2.0 (x8) |
Moteur XOR / Fréquence | PMC-Sierra PM8013 / k. A. | k. A. / 800 MHz |
Modes RAID pris en charge | 0, 1, 1E, 5, 5EE, 6, 10, 50, 60 | 0, 1, 1E, 3, 5, 6, 10, 30, 50, 60 |
OS pris en charge | Windows 7, Windows Server 2008/2008 R2, Windows Server 2003/2003 R2, Windows Vista, VMware ESX Classic 4.x (vSphere),Red Hat Enterprise Linux (RHEL), SUSE Linux Enterprise Server (SLES), Sun Solaris 10 x86, FreeBSD, Debian Linux, Ubuntu Linux | Windows 7/2008/Vista/XP/2003, Linux, FreeBSD, Solaris 10/11 x86/x86_64, Mac OS X 10.4.x/10.5.x/10.6.x, VMware 4.x |
Batterie | Non | En option |
Ventilateur | Non | Oui |
Fabricant | HighPoint | LSI |
---|---|---|
Modèle | RocketRAID 2720 | MegaRAID 9265-8i |
Format | MD2 / Demi-hauteur | MD2 / Demi-hauteur |
Nombre de ports SAS | 8 | 8 |
Bande passante par port SAS | 6 Gbit/s (SAS 2.0) | 6 Gbit/s (SAS 2.0) |
Ports SAS internes | 2x SFF-8087 | 2x SFF-8087 |
Ports SAS externes | – | – |
Cache | k. A. | 1 GB DDR3-1333 |
Interface | PCIe 2.0 (x8) | PCIe 2.0 (x8) |
Moteur XOR / Fréquence | Marvell 9485 / N.A. | LSISAS2208 / 800 MHz |
Modes RAID pris en charge | 0, 1, 5, 6, 10, 50 | 0, 1, 5, 6, 10, 60 |
OS pris en charge | Windows 2000, XP, 2003, 2008, Vista, 7, RHEL/CentOS, SLES, OpenSuSE, Fedora Core, Debian, Ubuntu, FreeBSD bis 7.2 | Microsoft Windows Vista/2008/Server 2003/2000/XP, Linux, Solaris (x86), Netware, FreeBSD, Vmware |
Batterie | Non | En option |
Ventilateur | Non | Non |
Configuration de test
Nous avons branché sur chaque contrôleur RAID huit disques durs SAS Fujitsu MBA3147RC (147 Go chacun) puis avons lancé une série de tests en modes RAID 0, 5, 6 et 10.Les tests sur SSD ont été effectué à l’aide de cinq Samsung SS1605.
Matériel | |
---|---|
Composants | Details |
Processeur | Intel Core i7-920 (45 nm, 2,66 GHz, 8 Mo de cache L2) |
Carte-mère | Supermicro X8SAX |
(socket 1366) | Révision : 1.0 Chipset : Intel X58 + ICH10R BIOS : 1.0B |
Contrôleur | LSI MegaRAID 9280-24i4e Firmware : 12.12.0-0037 Pilote: 4.32.0.64 |
RAM | 3 x 1 Go de DDR3-1333 Corsair CM3X1024-1333C9DHX |
Disque dur système | Seagate NL35 400 Go ST3400832NS 7 200 tr/min, SATA/150, 8 Mo de cache |
Alimentation | OCZ EliteXstream 800 watts OCZ800EXS-EU |
Benchmarks | |
Mesure des performances | CrystalDiskMark 3 |
Performances en E/S | IOMeter 2006.07.27 Benchmark « serveur de fichiers » Benchmark « serveur web » Benchmark « serveur de base de données » Benchmark « station de travail » Lecture en streaming Écriture en streaming Lecture aléatoire de blocs de 4 Ko Écriture aléatoire de blocs de 4 Ko |
OS et pilotes | |
OS | Windows 7 Édition Intégrale |
Performances en E/S : RAID 0 et 5
RAID 0
Les tests en mode RAID 0 ne permettent pas de déceler de grands écarts entre les contrôleurs, à l’exception du Highpoint RocketRAID 2720, qui est d’ores et déjà à la traîne.
RAID 5
Le contrôleur Highpoint ne se démarque pas non plus dans les test en RAID 5 ; que du contraire. Par contre, à l’inverse de ce qui s’était passé lors du test en RAID 0, les trois autres concurrents révèlent ici leurs forces et faiblesses respectives.
Performances en E/S : RAID 6 et 10
RAID 6
On voit ici clairement que LSI a optimisé son MegaRAID 9265 pour les utilisations en serveurs de base de données, serveurs de fichiers et stations de travail. Le benchmark « serveur web » est quant à lui géré de manière assez similaire par tous les concurrents, les écarts étant faibles.
RAID 10
En RAID 0, Adaptec et LSI entament un duel au sommet tandis que le HighPoint RocketRAID 2720 montre ses limites.
Performances en E/S : SSD
Difficile de faire plus clair que ce test : dès qu’on lui donne des SSD à gérer, le LSI MegaRAID 9265 prend une considérable longueur d’avance sur ses plus proches concurrents.
Débits : RAID 0, 5 et 5 dégradé
RAID 0
Une fois encore, le LSI MegaRAID 9265 termine en première place d’un benchmark, cette fois-ci le RAID 0. L’Adaptec RAID 6805, par contre, ne parvient pas à suivre.
RAID 5
Dénué de cache, le HighPoint RocketRAID 2720 gère bien les opérations séquentielles en RAID 5 et termine en première place, suivi de l’Areca ARC-1880i. L’Adaptec RAID 6805 et le LSI MegaRAID 9265-8i semblent à l’inverse manquer de souffle dans ce benchmark.
RAID 5 dégradé
Débits : RAID 6, 6 dégradé et 10
RAID 6
Aucun changement : en RAID 6 comme en RAID 5, le HighPoint RocketRAID 2720 affiche les meilleurs débits séquentiels, suivi de l’Areca ARC-1880i. Il semblerait que le LSI MegaRAID 9265-8i n’aime guère ce mode RAID, par contre.
RAID 6 dégradé
RAID 10
C’est la journée à l’envers : le LSI MegaRAID 9265-8i, qui n’affiche que des performances médiocres en RAID 5 et 6, se rattrape à l’évidence en RAID 10. En lecture séquentielle, c’est toutefois l’Areca ARC-1880i qui se démarque, et de très loin.
Débits : SSD
Si vous comptez monter un RAID de SSD, le LSI MegaRAID 9265-8i et l’Areca ARC-1880i constituent d’excellents candidats. Évitez par contre le HighPoint RocketRAID 2720.
Performances : RAID hybride Adaptec
Performances : LSI CacheCade
Conclusion
Dans l’ensemble, nos tests ont démontré que les contrôleurs RAID SAS évalués affichaient de bonnes performances, qu’il ne leur manquait aucune fonction et qu’ils faisaient parfaitement l’affaire pour un serveur d’entrée ou de milieu de gamme. Ce qui les distingue des solutions intégrées aux cartes-mères, outre leurs performances, ce sont leurs fonctionnalités, à commencer par la possibilité d’utiliser indifféremment des disques SAS ou SATA ou celle de brancher un nombre considérable de disques à l’aide d’expandeurs SAS. Par ailleurs, la norme SAS 2.0, prise en charge par les quatre contrôleurs testés aujourd’hui, fait non seulement passer la bande passante disponible de 3 à 6 Gbit/s (par canal), mais introduit également de nouvelles fonctions comme le zonage SAS et bien d’autres encore. Le zonage SAS permet à plusieurs contrôleurs d’accéder aux ressources de stockage connectées à un SAS donné en fonction des besoins des serveurs qui hébergent ces contrôleurs.
En dépit de leurs fonctionnalités et de leur apparence semblables (format demi-hauteur, interface PCI Express 2.0 8x, huit ports SAS 2.0), nos quatre concurrents possèdent chacun leurs forces et leurs faiblesses, raison pour laquelle nos recommandations dépendent du scénario d’utilisation prévu.
Globalement, le LSI MegaRAID 9265-8i est le contrôleur le plus rapide de ce comparatif, particulièrement en matière d’entrées/sorties. Bien qu’il possède quelques points faibles, notamment des débits en RAID 5 et 6 un peu faiblards, il remporte la palme dans la plupart des tests et s’affiche comme un produit professionnel, bien fini et polyvalent. Son prix public de 700 €, par contre, est également le plus élevé des quatre ; mais si vous êtes à la recherche d’une bête de course, et surtout si vous prévoyez de monter une grappe de SSD, vous avez devant vous un contrôleur paré pour l’avenir qui laisse ses concurrents sur le carreau et qui dispose sans le moindre doute de bonnes réserves en termes de performances. Bon à savoir si vous envisagez d’ajouter plus tard des disques à votre grappe. Il est par ailleurs possible d’améliorer encore les performances du MegaRAID 9265-8i en faisant l’acquisition des logiciels Fastpath et Cachecade, mais il convient de mentionner que ceux-ci sont payants.
Les contrôleurs Adaptec RAID 6805 et Areca ARC-1880i affichent quant à eux des performances et un prix relativement similaires. Leurs débits sont tous deux valables et leurs performances en E/S ne sont pas en reste. Dans l’ensemble, le modèle Adaptec s’est révélé un petit rien plus rapide que l’Areca, mais le point qui pourrait véritablement faire la différence en sa faveur est sa fonction Zero Maintenance Cache Protection (ZMCP), qui remplace la Backup Battery Unit (BBU) par une module de mémoire flash NAND et un condensateur.
Le HighPoint RocketRAID 2720, enfin, est le modèle le moins onéreux de ce comparatif ; ses performances sont acceptables avec des disques durs, bien qu’assez clairement en retrait par rapport aux trois autres, mais nous le déconseillons formellement pour tout emploi avec des SSD.