Rugged ?
Rugged : |ˈrʌɡɪd| adj. strongly made and capable of withstanding rough handling. (Oxford Dictionary of English)
Autrement dit : renforcé et capable de supporter d’être malmené. L’adjectif va comme un gant au Dell Latitude 7404, alias Latitude 14 Rugged Extreme, dernier né de la gamme “renforcée” de Dell. Selon son constructeur, ce pavé de 3,54 kg et 5,2 cm d’épaisseur est censé résister aux chutes, aux vibrations, à la poussière, aux températures extrêmes et, bien sûr, à l’eau (il est certifié IP 65 et MIL-STD-810). Ses composants sont ceux d’un Ultrabook de milieu de gamme : Core i5 4300U, SSD de 256 Go, 8 Go de RAM et un écran de 14″ tactile (résistif). Vous nous connaissez, nous adorons torturer les appareils annoncés comme résistants. Nous n’avons donc pas pu résister à l’envie de l’ouvrir et de le chahuter.
Antichoc
Le Latitude Rugged Extreme présente un physique imposant. Aux coins de son châssis des renforts en “ultrapolymère” font office de parechocs. Sous ses protections se trouve une coque en plastique qui entoure le châssis. Le châssis en lui-même est métallique, fait d’un alliage de magnésium, un matériau qui concilie légèreté et rigidité. À l’intérieur, tous les composants sont solidement arrimés, comme le SSD serré dans un berceau ou les barrettes de mémoire vive, maintenues en place par des cales en mousse.
Et ça marche !
Selon Dell, ces précautions sont suffisantes pour permettre au Latitude 7404 d’encaisser des chutes de 1,83 m si l’écran est fermé ou de 91 cm écran ouvert.
Vrai ? Nous n’avons pas mesuré au centimètre près, mais oui, le Latitude Rugged Extreme 14 a bien tenu les chocs et les chutes que nous lui avons fait subir.
Réparable
Le Latitude Extreme 14 mesure 5,2 cm d’épaisseur. C’est énorme si on le compare aux Ultrabooks et Dell ne marque pas des points sur les critères de maniabilité ou de facilité de transport. Mais la machine se rattrape largement du point de vue de la maintenance. Contrairement aux Ultrabook les plus fins, tous les composants sont ici démontables et réparables : mémoire vive, carte fille WiFi/Bluetooth, SSD, lecteur optique, batterie. Ils sont facilement accessibles soit directement par une trappe (comme la batterie) soit en dévissant la plaque de fond du châssis. Il faut juste un peu de patience, celle-ci étant maintenue par 31 vis !
Pas étanche, mais presque
Le Latitude Extreme résiste à l’eau. Il n’est pas totalement étanche, mais il répond à la norme IP -x5, ce qui signifie que – fermé – il tolère des jets d’eau provenant de toutes les directions. En fonctionnement, Dell garantit une conformité à la norme MIL-STD 810G (Méthode 506.5, procédure I) qui essaie de simuler une utilisation sous la pluie (147 mm d’eau par heure sous un vent de 112 km/h).
En pratique, le Rugged Extreme a encaissé sans broncher un gobelet renversé sur son clavier, un passage sous le robinet ou une pluie battante. Ses 3,5 kg en font malheureusement un assez mauvais parapluie.
Le prix de l’étanchéité
Cette résistance à l’eau est obtenue grâce à un ensemble de joints. La plaque de fond du châssis donnant accès à tous les composants est ainsi bordée d’un joint qui vient se loger dans une gorge sur le châssis. Le ventilateur est dans un compartiment séparé du reste des composants, le caloduc le reliant au processeur passant par un orifice scellé à la colle. Le clavier est aussi protégé et tous les ports sont protégés derrière des trappes munies de loquets et de joints de compression. Ces trappes sont sans doute la meilleure solution mais elles nuisent grandement à l’agrément d’utilisation.
Un nettoyage s’impose
Résistant ne veut pas dire indestructible. Le Latitude Extreme finira par casser s’il subit un choc trop important. De même, il cèdera aux attaques de l’eau si on n’en prend pas un minimum soin. Lorsque nous l’avons ouvert après nos tests d’étanchéité, nous avons ainsi découvert un important dépôt calcaire sur les pâles du radiateur CPU. Rien de surprenant à cela : l’eau a rapidement séché sur cet élément chaud. Ce phénomène pourrait poser problème à long terme le calcaire étant un excellent isolant thermique. Les utilisateurs devront donc prendre soin de nettoyer le Latitude 14 Extreme après une utilisation en environnement humide.
Un écran fait pour l’extérieur
Le Latitude 14 Extreme n’est pas seulement fait pour résister aux mauvais traitements. Il est conçu pour être utilisé à l’extérieur, donc parfois au soleil. Dell a donc porté une attention particulière à l’écran, afin qu’il reste lisible en toutes circonstances. Premier atout : l’écran est mat. Les reflets seront donc diffusés sur sa surface et gêneront moins l’utilisateur. Deuxième atout : il est de type IPS et propose des angles de vision ouverts. Troisième atout : nous avons mesuré une luminosité maximale de 580 cd/m2. C’est excellent, au niveau des meilleurs smartphones et loin devant la moyenne des écrans d’ordinateurs portables, aux alentours des 300 cd/m2. Quatrième atout : le taux de contraste atteint 1740:1 ! Là encore, il s’agit d’un record : le meilleur des ultrabooks de notre comparatif était à 1360:1, un taux déjà excellent.
Au final l’écran du Latitude 14 Extreme est bel et bien excellent. On pourra néanmoins lui reprocher une température de couleur trop froide (7142 K), une résolution assez faible (1366 x 768) et une colorimétrie peu fidèle. Mais vu le public visé, ce n’est pas un grave défaut.
Performances ? Un bon 15 W
Notre modèle de test est la configuration de base du Latitude Extreme 14. Elle est munie d’un Core i5 4300U, un double coeur Haswell avec HyperThreading, tournant entre à 1,9 GHz de base et jusqu’à 2,9 GHz en mode Turbo. Il intègre aussi un GPU Intel HD 4400. On trouve encore 8 Go de DDR3L-1600, un SSD Lite-On L9S 256 Go et une puce WiFi ac Intel 7260.
Les performances sont bonnes, mais ce PC Dell reproduit un comportement que nous avons vu sur nombres d’autres machines du constructeur. Lorsqu’on stresse au maximum le CPU et son GPU, la consommation atteint 25 W pendant une vingtaine de secondes, puis elle est ramenée à 15 W qui est le TDP officiel du processeur. Le seuil de 15 W correspond aussi à la consommation maximum du CPU seul, qui peut donc fonctionner à plein régime si on ne stresse pas le GPU en même temps. Par contre, ne comptez pas sur un CPU à 2,9 GHz dans des applications puisant dans le GPU. Vu le volume intérieur du châssis, on aurait pu espérer que Dell installe un processeur plus costaud, par exemple le Core i5-4258U, dont le TDP n’est que de 28 W et qui possède un GPU nettement plus puissant.
2900 € pour un monde de brutes
Terminons par un tour d’horizon des équipements spécifiques du Latitude Rugged Extreme 14. Dell a prévu un lecteur d’empreintes digitales, une puce NFC et un lecteur de smartcard ; voilà de quoi couvrir la plupart des solutions d’authentification utilisées dans les entreprises. On trouve aussi un lecteur PC Card/Express Card pour ajouter des accessoires ou des cartes d’extensions particulières.
La connectique standard comprend deux ports USB 3.0, deux USB 2.0, une sortie vidéo HDMI et une VGA, un lecteur de cartes SD, un lecteur DVD, deux ports Ethernet Gigabit et deux ports série RS-232. En option, Dell propose d’ajouter une carte 3G (HSPA+).
La batterie de base est une 6 cellules (65 Wh) mais on peut opter pour une 9 cellules (97 Wh). L’autonomie de la batterie standard est estimée à environ 3h20 dans le test PC Mark 8 (en usage conventionnel, écran calibré à 110 cd/m2). Dans le cadre d’une utilisation moins exigeante, comme la lecture de vidéo, on pourra compter sur une autonomie plus généreuse encore.
Le Latitude Rugged Extreme 14 est au final un bel outil qui tient ses promesses. Reste qu’il s’adresse à une petite niche de professionnels ayant besoin d’une machine dans des environnements hostiles. Ce public pourra plus facilement fermer les yeux sur la facture de 2 500 € HT.
