Introduction
Outre le fait de mêler des éléments de FPS et RPG, le premier Deux Ex offrait une vraie liberté d’action permettant au joueur d’influer sur le gameplay en fonction de ses choix. Presque dix ans après sa sortie (21 septembre 2000), ce titre est encore considéré comme étant un des meilleurs jeux PC de tous les temps.
Son successeur, Deux Ex : Invisible War, est sorti le 5 mars 2004 sur PC et Xbox. L’accueil fut assez mitigé notamment en raison d’une simplification excessive par rapport au premier volet.
Il aura donc fallu attendre plus de sept ans pour voir le troisième opus arriver, lequel est un redémarrage de la saga. En plus de s’appuyer sur une licence incontournable, le jeu d’Eidos Montréal est le premier titre à gérer l’AMD HD3D en natif sans passer par une couche middleware. En outre, Deux Ex : Human Revolution est également le premier jeu à proposer l’anti-aliasing morphologique (MLAA) d’AMD qui a le mérite d’être fonctionnel sur les Radeon comme les GeForce. Tout ceci en fait donc un titre DirectX 11 particulièrement intéressant à analyser.
Gameplay
Il suffit de vouloir décrire Deus Ex : Human Revolution pour que l’on fasse spontanément le lien avec plusieurs références de la culture populaire, à commencer par le héros. Adam Jensen a clairement quelque chose du Neo de Matrix, mais aussi de Clint Eastwood (surtout la voix en V.O). Le paysage urbain d’un Detroit dystopique fait penser à Blade Runner, tout comme les thèmes/dilemmes autour de la déshumanisation. La trame assez brutale au début du jeu fait écho avec Robocop (premier du nom) sans aller dans le mélodramatique pour autant : l’introduction nous agrippe littéralement, on s’attache immédiatement aux personnages vu les épreuves qu’ils traversent. A vrai dire, on ne s’était pas sentis captivés par un jeu à ce point depuis bien longtemps.
Au niveau du gameplay, les fondamentaux sont bien présents : phases de combat correctes, évolutions type RPG, possibilités d’infiltration et enfin de hacking pour s’enrichir en expérience et autres bonus. Le menu d’augmentations offre suffisamment d’options pour faire évoluer son personnage en fonction de son style de jeu, sachant qu’il n’est pas possible de toutes les acheter. La partie combat est assez satisfaisante, bien que l’IA ne soit pas à la hauteur. On retrouve un système de couverture hérité de Gears of War qui permet donc de se régénérer, mais il n’est pas aussi bien pensé que celui du TPS d’Epic Games. Ceci dit les projectiles ennemis causent rapidement des dégâts significatifs, ce qui donne un côté gratifiant aux combats même si l’on sent que cette partie du jeu aurait pu être meilleure.
A vrai dire, les combats ne constituent pas le cœur du jeu. Deus Ex : Human Revolution s’appuie avant tout sur les dialogues, les personnages, les choix laissés au joueur ainsi que la trame. En termes de ressenti global, on pourrait faire un parallèle avec Mass Effect 2 qui tourne à l’avantage du plus récent des deux, notamment parce que l’on s’attache plus à Adam Jensen qu’au commandant Shepard. Les motivations personnelles du premier paraissent même plus importantes que le sauvetage de l’Humanité par le second.
Les développeurs ont fait très fort en termes d’interaction avec les personnages non jouables ainsi que les choix au cours des dialogues. Alors que les jeux se limitent souvent à un dilemme A/B, il faut ici faire un choix et bien souvent interagir avec un PNJ pour que le scénario aille bien dans le sens voulu. On a par exemple une situation de prise d’otage au cours du jeu, durant laquelle on peut soit combattre le terroriste ou bien le laisser filer : quand bien même on opte pour la seconde option, il faudra s’employer pour éviter que la situation ne dérape. Que le résultat soit prédéterminé ou pas, on a vraiment l’impression que nos choix conditionnent l’issue de la rencontre et que la psychologie du PNJ doit être prise en compte. Il nous semble qu’il s’agit là d’un de ces rares moments où le jeu vidéo arrive à se transcender, ce qui mérite vraiment d’être salué.
En somme, Deus Ex : Human Revolution nous semble vraiment incontournable même si les combats sont un peu en retrait par rapport à l’ensemble du jeu. Voyons maintenant ce qu’il en est du côté des performances.
Qualité d’image et anti-aliasing
Deus Ex : Human Revolution s’appuie sur une version modifiée d’un moteur conçu par Crystal Dynamics, lequel a notamment servi sur Lara Croft et le Gardien de Lumière (spin-off de Tomb Raider). Le moteur a gagné des fonctionnalités propres à DirectX 11 comme les ombres adoucies et la tesselation, ainsi que la gestion de l’anti-aliasing FXAA et MLAA. Pour ne rien gâcher, le jeu reste très agréable en mode DirectX 9 comme on peut le voir ci-dessous :
On peut apercevoir en bas à gauche l’influence des ombres adoucies, même si l’effet reste léger. La tesselation est également un plus mais honnêtement, ces deux fonctionnalités se remarquent vraiment peu en cours de partie. Ce n’est pas ce jeu qui poussera les possesseurs de cartes DirectX 9 ou 10 à faire des dépenses.
D’un point de vue visuel, le jeu est très impressionnant au niveau de la direction artistique alors que la technique n’est pas exceptionnelle. On pense tout particulièrement à la modélisation des personnages qui peut avoir un aspect primitif par moments, surtout au cours des dialogues où ils sont en plein cadre.
FXAA et anti-aliasing morphologique (MLAA) DirectX 11
Le mode DirectX 9 propose bien entendu un anti-aliasing standard, mais le FXAA comme le MLAA sont propres à DirectX 11. Dans les deux cas, il s’agit de filtrages post-process qui s’appuient sur les pixels shaders pour analyser l’image, repérer le crénelage et l’adoucir autant que possible.
Tandis que NVIDIA propose le code du FXAA aux développeurs depuis quelques temps, le MLAA n’était disponible que sur les seules Radeon en forçant son activation via les Catalyst. C’est donc la première fois qu’AMD partage le code du MLAA avec un développeur de jeux.
Cette approche présente deux avantages : non seulement le MLAA devient donc compatible avec les GeForce comme les Radeon, mais en plus le développeur peut alors éviter d’appliquer ce filtrage au texte ainsi que d’autres éléments à l’écran (ce qui risque de les rendre flous).
On peut voir ici les différences entre l’Edge AA, FXAA et MLAA :
On note que le rendu avec MLAA est assez proche de celui obtenu avec l’Edge AA vu que les textures tendent à rester majoritairement aliasées. A l’opposé, le FXAA adoucit bien plus les textures au prix d’une légère perte de détails. Quoi que l’on préfère, le jeu propose les deux modes et comme on le verra plus loin, la répercussion sur les performances ne varie pas énormément d’un mode à l’autre.
Configuration du test
Deus Ex : Human Revolution n’intégrant pas de benchmark, nous répétons une séquence de jeu à Detroit tout en utilisant Fraps pour relever les performances. Le Core i5-2500K est overclocké à 4 GHz pour éviter des limitations CPU, sachant que nous ferons tout de même deux benchmarks spécifiques au processeur pour voir comment se situent le Core i3-2100 ainsi que les Phenom II X3, X4 et X6.
Configuration du test | |
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Processeur | Intel Core i5-2500K (Sandy Bridge) O/C @ 4 GHz, 6 Mo de cache L3, économies d’énergie actives, Turbo Boost désactivé. |
Carte mère | MSI P67A-GD65, chipset Intel P67 |
DRAM | OCZ DDR3-2000, 2x 2 Go, CAS 9-9-9-20-1T |
Stockage | Western Digital Caviar Black 750 Go, 7200 tr/min, 32 Mo de cache, SATA 3Gb/s Samsung 470 Series 256 Go, SATA 3Gb/s |
Cartes graphiques | GeForce GT 430 GeForce GT 240 GDDR5 GeForce GTX 550 Ti GeForce GTX 460 1 Go GeForce GTX 570 Radeon HD 6450 Radeon HD 5570 Radeon HD 6670 Radeon HD 5770 Radeon HD 6970 |
Ecrans | Acer HN274H, 27″ compatible 3D Vision (DVI) et HD3D (HDMI 1.4a) Samsung LE40B7000, 40″ 1080p LED 3D (HDMI 1.4a) |
Alimentation | Seasonic X760 SS-760KM: ATX12V v2.3, EPS12V, 80 PLUS Gold |
Dissipateur | Cooler Master Hyper TX 2 |
Logiciels et pilotes | |
Os | Microsoft Windows 7 Ultimate 64 bits |
DirectX | version 11 |
Graphiques | ForceWare 280.26 WHQL |
Catalyst 11.8 Prerelease |
DirectX 9, détails bas
Nous commençons donc en DirectX 9 avec des cartes entrée de gamme. Les ombres sont paramétrées en normal vu qu’elles améliorent franchement le rendu visuel de Deux Ex: Human Revolution.
Bonne nouvelle, le jeu n’est pas trop exigeant avec les cartes graphiques. En 1280×720, toutes les cartes sont capables d’afficher 29 ips ou plus dans le pire des cas à l’exception de la Radeon HD 6450. Une fois passés en 1680×1050 ce sont les HD 5570 et GT 430 qui décrochent, tandis qu’en 1920×1080, on peut jouer dans des conditions assez satisfaisantes avec une HD 6570.
DirectX 11, détails moyens
Le panel de cartes monte en gamme pour tester le jeu avec un niveau de détails que l’on qualifiera de moyen. Le post-processing est activé, ainsi qu’un AF 8x et la tesselation. Les ombres restent en normal.
Là encore, les résultats sont encourageants. Même la HD 6570 est capable d’afficher un minimum de 31 ips en 1920×1080, sachant que les cartes supérieures ou égales à la HD 6850 permettent une expérience de jeu idéale.
DirectX 11, détails maximum et anti-aliasing
La dernière série de benchmarks GPU étant la plus exigeante, on sélectionne les ombres adoucies tandis que le filtrage anisotropique passe en 16x. Nous activons également l’anti-aliasing en FXAA et MLAA pour évaluer les répercussions respectives sur les performances.
Le MLAA est manifestement plus éprouvant que le FXAA sur les cartes entrée de gamme en 1280×1024, ce qui n’est plus vrai dès que l’on monte en résolution vu que les deux filtrages sont alors aussi exigeants. Du côté des cartes milieu de gamme, c’est en 1920×1080 que l’on voit les écarts se creuser : autant les Radeon affichent un comportement similaire quelque soit le type d’AA activé, autant les GeForce gèrent plus facilement le MLAA.
En fin de compte, ce sont surtout les performances globales qui importent ici : de toutes les cartes testées, seule la HD 6570 n’est pas capable d’atteindre un minimum de 30 ips en 1920×1080.
Performances CPU
Deus Ex : Human Revolution apprécie clairement la montée en fréquence : les performances moyennes du Phenom II X4 progressent par exemple de 57 % lorsqu’il passe de 2 à 3,5 GHz. L’autre constat est la nette supériorité de Sandy Bridge vu qu’à 3 GHz, le Core i5-2500K reste nettement plus performant que le Phenom II X4 à 3,5 GHz. On note cependant qu’un Phenom II X4 à 2 GHz suffit à atteindre un minimum de 40 ips.
Outre le fait d’apprécier la montée en fréquence, le titre d’Eidos Montréal est aussi largement optimisé multithread : on constate par exemple qu’il y a un écart considérable entre le Core i5-2500K et le Core i3-2100 à fréquence égale (3 GHz). Ceci étant dit, le jeu ne gère pas plus de quatre cores physiques comme en témoigne l’écart infime entre le Phenom II X4 et le Phenom II X6.
Autant le dual core d’Intel s’en tire bien ici, autant le Phenom II souffre considérablement dès que l’on passe en dessous de 4 cores. Le dual core d’AMD n’est tout simplement pas au niveau.
Conclusion
Deus Ex : Human Revolution est une réussite incontestable qui offre un gameplay aussi singulier que satisfaisant. Le ressenti global fait penser à celui de Mass Effect 2, mais le titre d’Eidos Montréal a quelque chose de plus personnel pour lui : la manière dont l’histoire se déroule ainsi que les choix impliquant le joueur sont par exemple mieux gérés dans Deus Ex. On lui reprochera tout de même une AI quelconque qui gâche un peu les combats, mais l’expérience de jeu est suffisamment riche pour être inoubliable.
Les performances graphiques constituent une excellente nouvelle, puisqu’une GT 240 avec GDDR5 ou une HD 6570 suffisent à jouer en DirectX 9, 1680×1050 avec détails bas (sachant qu’avec avec ces réglages le jeu reste agréable visuellement parlant). Une HD 5770 ou GTX 550 Ti suffira à assurer un minimum de 35 ips en 1920×1080 avec détails au maximum et anti-aliasing. Certes, ce n’est pas un jeu extrêmement impressionnant sur le plan technique, mais il est tout de même très plaisant de pouvoir y jouer dans de bonnes conditions avec une carte graphique entrée de gamme.
En revanche, Deux Ex : Human Revolution est plus exigeant du côté processeur. Un dual core récent avec Hyper-Threading chez Intel fera bien l’affaire, par contre il faudra un processeur tri-core à 2,5 GHz minimum chez AMD.
Premier jeu a gérer nativement l’AMD HD3D
Quelques mots sur la compatibilité AMD HD3D pour finir. Deus Ex : Human Revolution est donc le premier jeu à le gérer nativement (Battlefield 3 devrait suivre, tandis que DiRT3 vient d’en bénéficier via un patch). Malheureusement, il faut impérativement une Radeon HD 5000 ou 6000 pour pouvoir jouer à Deus Ex : Human Revolution en 3D stéréoscopique vu que le jeu n’est pas compatible 3D Vision à ce stade (à vrai dire on peut s’y risquer en DirectX 9 au prix de bugs d’éclairage dissuasifs). Reste donc à voir si NVIDIA sortira un profil compatible à terme.
Nous avons brièvement essayé la HD3D en 1080/24 ips et 720p/60 ips (un moniteur 3D paré d’une connexion DisplayPort est nécessaire pour jouer en 1080p/60 ips) avec une HD 6790 et l’expérience s’est montrée agréable même si nous avons été contraints de désactiver le SSAO sous peine de bugs au niveau des ombres. Il faudra toutefois être attentif au choix d’écran si l’on veut jouer en 3D stéréoscopique vu que les moniteurs compatibles HD3D sont assez rares.