Elbrus-4C : un processeur russe qui émule un CPU x86

Image 1 : Elbrus-4C : un processeur russe qui émule un CPU x86Le processeur Elbrus-4CUne compagnie russe nommée (Moscow Center for SPARC Technologies ou MSCT) a montré son Elbrus–4C, un processeur avec une architecture censée émuler le fonctionnement d’un processeur x86. La puce utilise une architecture VLIW propriétaire nommée Elbrus qui exécute ses instructions dans l’ordre (pas question de out-of-order) en fonction des optimisations du compilateur. La puce tourne à 800 MHz, selon le fabricant qui affirme que les performances sont supérieures à un Atom D510 ou à un Pentium III M 1000. Le premier date du premier trimestre 2010, contre juillet 2001 pour le second. Bref, le processeur russe est donc loin d’être performant.

Une approche différente et pas très performante

La puce est intéressante pour deux grandes raisons. Tout d’abord, au lieu que ce soit le processeur qui décide l’ordre de l’exécution des instructions à l’aide d’un scheduler, l’étape est prise en charge par le compilateur. Cela permet de réduire le nombre de composants au sein de la puce et abaisser les coûts de production qui doivent être déjà bas puisqu’elle est gravée en 65 nm seulement. La puce peut aussi faire tourner des systèmes d’exploitation x86, selon les informations du fabricant qui ne donne pas plus de précision et son TDP de seulement 65 W signifie que les machines utilisant ce processeur peuvent être relativement simples et petites. La compagnie dispose aussi d’une distribution Linux compatible avec son architecture.

Nous noterons que le concept d’une puce émulant le fonctionnement d’un CPU x86 et utilisant le compilateur pour ordonner l’exécution des instructions est identique au Crusoe de Transmetta qui a mis la clé sous la porte en 2005 (cf. « Transmeta arrête définitivement les processeurs »). La raison d’être de cette puce semble être plus économique et politique que technologique. Il est fort possible que le gouvernement russe ait envie de moins dépendre d‘AMD et d’Intel, mais qu’il ne puisse pas complètement se défaire des applications et systèmes d’exploitation x86. Ce ne serait pas la première fois que le pays essaierait de développer son propre processeur (cf. « La Russie veut son propre processeur ARM, le Baikal ») ou de fabriquer ses propres semiconducteurs (cf. « La Russie veut produire ses puces en 45 nm »). Néanmoins, dans les faits, ces projets sont avant tout anecdotiques.