GeForce 9800 GTX : mieux que la 8800 GTX ?

Introduction

La genèse de la GeForce 9 n’est sans doute pas la meilleure décision qu’ait pris le département marketing de nVidia ces derniers temps. C’est en effet la première fois que le constructeur a lancé une nouvelle génération de cartes graphiques en reprenant exclusivement une puce déjà existante sur la génération précédente et n’évoluant absolument pas tant sur le plan du jeu d’instructions que des unités de calcul.

Après la GeForce 9600 GT en milieu de gamme et la 9800 GX2 en très haut de gamme, le constructeur se voit donc obligé de sortir un nouveau haut de gamme, la GeForce 9800 GTX, mais qui s’apparente plus à une n-ième déclinaison du G92, après les différentes 8800 GT et GTS. Cela n’a toutefois pas empêché la 9600 GT d’être une très bonne carte et même de lui ouvrir un nouveau segment du marché, se positionnant à un tarif inférieur à la GeForce 8800 GT 256 Mo et plus proche de l’offre AMD. La 9800 GTX fera-t-elle de même ?

GeForce 9800 GTX : du neuf avec du vieux

Une fois n’est pas coutume, comparons les spécifications techniques de la GeForce 9800 GTX à ses concurrentes avant d’étudier plus en détails la carte.

Un élément saute immédiatement aux yeux : la grande similarité entre cette 9800 GTX et la 8800 GTS 512 Mo. Même GPU (G92) et nombre d’unités activés, même quantité et type de mémoire, mêmes fonctionnalités… Seule différence ? Les fréquences de fonctionnement légèrement supérieures de la 9800 GTX, résultants en une puissance de calcul un peu moins de 4 % plus élevée, et plus important, en une bande passante mémoire 13 % supérieure. Celle-ci reste cependant bien inférieure à celle d’une 8800 Ultra ou même d’une simple 8800 GTX (86,4 Go/s, et ce avec 768 Mo bien sûr), ce qui constitue un autre non-sens pour cette “GeForce 9800 GTX”.

Aussi, pour tenter de trouver une justification à ce nom, nVidia met en avant le support du Triple SLI (qui n’était jusque là supporté que par les vieillissantes 8800 Ultra et GTX), ainsi que celui plus intéressant de l’Hybrid Power. Reste à attendre la sortie des cartes mères compatibles, et bien sûr opter pour elles par la suite, ce qui du coup ne constitue pas vraiment un argument en faveur de la 9800 GTX que ce soit en cas d’achat d’une nouvelle configuration aujourd’hui ou de mise à jour de sa carte graphique puisque votre carte mère ne prendra pas en charge cette fonctionnalité.

A noter enfin la présence d’une LED d’indication située sur l’équerre, mais qui ne témoigne que du bon fonctionnement de la carte une fois la configuration sous tension (contrairement à celles de la 9800 GX2 qui indiquaient si tous les connecteurs d’alimentations étaient correctement branchés).

Point Of View 9800 GTX

Comme pour la GeForce 9800 GX2, Point Of View a une nouvelle fois été le plus prompt de tous les constructeurs à nous proposer de tester sa 9800 GTX. Cela étant dit, ce modèle répond comme tous les autres au design de référence, une habitude pour le haut de gamme (même si contrairement à la 9800 GX2 qui concerne un volume de vente trop limité pour amortir des frais supplémentaires, il est probable de voir apparaître dans un deuxième temps des modèles plus personnalisés).

Il faut bien avouer que même au niveau du design de sa carte, nVidia n’a rien fait pour éloigner la comparaison entre la 9800 GTX et la 8800 GTS 512 Mo. Design double-slot, jupe noir permettant de guider l’air sur le radiateur pour l’extraire en-dehors du boîtier (contrairement à la 9800 GX2 donc), ventilateur radial de 4,08 W dont l’axe légèrement penché permet de souffler l’air au plus près de la base du radiateur, présence de deux sorties DVI-I dual-link et d’une sortie TV… Au jeu des trois différences, on notera tout de même la présence du deuxième connecteur SLI (nécessaire au support du Triple SLI), d’un deuxième connecteur d’alimentation PCI Express 6 broches (et non 8 broches comme sur la 9800 GX2), témoin d’une consommation plus élevée, et enfin d’un taille revue à la hausse : on retrouve malheureusement les 26,7 cm des 8800 GTX, Ultra, 9800 GX2 et 3870 X2, contre 23 cm pour la 8800 GTS 512 Mo. De quoi ne pas rentrer dans certains boîtiers.

La carte est fournie avec un adaptateur DVI vers VGA, mais également avec un adaptateur DVI->HDMI, supportant en effet cet adaptateur actif au moyen d’un petit connecteur d’entrée HDMI pour rappel. On retrouve également l’adaptateur 2 Molex -> PCI Express 6 broches, utile pour ceux qui ne disposent qu’un connecteur de ce type sur les deux nécessaires. Toujours pas de jeu.

Le test

Après celui de la 9800 GX2, ce test est le premier de milieu/haut de gamme à utiliser Windows Vista, avec le SP1. Comparativement à ce dernier, les résolutions ont cependant été revues à la baisse pour être cohérentes avec les performances des cartes testées. En revanche, tous les réglages restent au maximum et Fraps et les scènes de gameplay constituent toujours notre méthodologie de référence.

Configuration de test :

• Asus P5E3 Deluxe (Intel X38)
• Intel Core 2 Quad QX6850 (3 GHz)
• Crucial 2 x 1 Go DDR3 1333 MHz 7-7-7-20
• Western Digital WD5000AAKS
• Lecteur DVD Asus 12x
• Coolermaster RealPower Pro 850W

• Windows Vista SP1
• ForceWare 174.53 beta (9800 GTX)
• ForceWare 169.44 beta (GeForce 8)
• Catalyst 8.3 WHQL

Flight Simulator X

Flight Simulator X est souvent considéré, à raison, comme une application limitée par le processeur. Si cela reste vrai à de nombreux égards vu les performances similaires de la plupart des GeForce 8 et ce dans toutes les résolution hormis le 1920*1200 + filtres, on constate aussi que le driver a son importance. Ainsi AMD est largement en retrait et plafonne en-dessous de 22 images/seconde même avec la 3870 X2 (soit 25 % de moins que les 8800 GTX/Ultra).

A l’inverse, le pilote 174.53 semble extraire un peu plus de performances du G92 puisque la 9800 GTX s’avère ici 10 % plus performante que la 8800 GTS 512 Mo (et même 24 % en 1920*1200 + filtres !), ce alors que cette dernière ne parvient jamais à se distinguer de la 8800 GT dont les spécifications sont pourtant plus éloignées. Or la 8800 GTS 512 Mo et la 8800 GT partagent le même driver.

Call of Duty 4

Relativement optimisé, Call of Duty 4 tourne de manière fluide sur la plupart des cartes et témoigne bien de leur densité actuelle dans le segment milieu/haut de gamme. Dans ce contexte, la 9800 GTX s’en sort plus que bien puisqu’elle s’avère systématiquement la plus rapide hors filtre, et au niveau de la 3870 X2 avec, c’est-à-dire devant la 8800 GTX et donc la 8800 GTS 512 Mo. Son avance sur cette dernière, atteignant jusqu’à 16 et 18 %, est plus élevée que l’écart de spécifications (pour rappel de 4 % pour le GPU et 13 % pour la mémoire), signe que là encore les drivers expliquent une partie de ces performances.

Test Drive Unlimited

Sous Test Drive Unlimited, la 9800 GTX vient s’intercaler entre la 8800 Ultra, qui demeure intouchable, et la 8800 GTX. On note toutefois que la 8800 GTS parvient à prendre l’ascendant sur cette dernière en 1920*1200 + filtres pour venir mourir à moins de 6 % de la 9800 GTX, un écart qui grimpe jusqu’à 11 % au maximum.

Crysis

Si l’on veut jouer à Crysis avec la plupart des détails au maximum, même en baissant d’un cran les résolutions, il faut oublier l’antialiasing avec l’ensemble de ces cartes (hormis la 3870 X2 en 1280*1024. Dans ce contexte, la 9800 GTX s’en tire une nouvelle fois avec les honneurs puisqu’en deuxième position dans tous les cas, se positionnant juste devant ou derrière la HD 3870 X2 ce qui est une performance vu son prix inférieur. Sans antialiasing toujours, son avance sur la 8800 GTS 512 Mo atteint 12 %.

World In Conflict

Lui aussi très gourmand, mais tout de même moins que Crysis (nous n’avons pas été contraints de baisser les résolutions ici), World In Conflict n’est fluide que sans antialiasing sur le dernier niveau, très gourmand. Si la HD 3870 X2 tient enfin son rang dans ses conditions, la 9800 GTX se trouve une nouvelle fois encadrée par les cartes de la précédente génération (du moins selon le choix de nVidia…), à savoir la 8800 Ultra et GTX. Qui repassent toutes deux largement devant une fois l’antialiasing activé du fait de leur quantité de mémoire supérieure. Quand à la 8800 GTS 512 Mo, son retard sur la 9800 GTX varie entre 5 et 10 %.

Supreme Commander

Hormis la 3870 X2 dont l’augmentation de performances par rapport à la HD 3870 est proche des 100 % dans la plus haute résolution, on remarque ici les bonnes performances de la 9800 GTX qui parvient à surpasser de peu la 8800 Ultra dans toutes les situations. Son avance sur la 8800 GTS 512 Mo est on ne peut plus régulière puisque de 11 % dans tous les cas également.

Enemy Territory : Quake Wars

Attention, Quake Wars a du être testé via une timedemo et les scores obtenus icisont donc bien plus élevés que lorsque l’on joue au jeu.

Si en 1680*1050 nous sommes du coup limités par le processeur (ce qui n’est pas le cas dans le jeu), en 1920*1200 la 9800 GTX retrouve son positionnement habituel, du moins une fois l’antialiasing activé. Elle se retrouve ainsi 6 % plus performante que la 8800 GTS 512 Mo et à peine devant la 8800 GTX, qu’elle est pourtant sensée remplacer.

Unreal Tournament III

Si la HD 3870 X2 refuse toujours étrangement d’appliquer l’antialiasing sous Unreal Tournament III (au contraire de la HD 3870), elle s’en sort pourtant avec les honneurs au niveau des performances obtenues, même si elles sont inutiles vu le niveau déjà atteint par les autres cartes. La 9800 GTX est pour sa part particulièrement à son aise sur ce jeu, parvenant à surpasser la 8800 Ultra et dépassant la 8800 GTS 512 Mo de tels écarts (27 % en moyenne et jusqu’à 40 %) que l’explication ne peut une nouvelle que provenir du manque d’optimisation des drivers de la 8800 GTS 512 Mo.

Consommation, température

Nous avons comme d’habitude relevé la consommation de l’alimentation (intégrant donc la consommation de toute la configuration ainsi que les pertes de l’alimentation, d’environ 18 % sur la plage concernée).

Alors qu’elle nécessite un connecteur d’alimentation 6 broches supplémentaire, sans surprise la consommation de la 9800 GTX est en réalité très proche de celle de la 8800 GTS 512 Mo : équivalente au repos, elle est très légèrement supérieure en charge (sous Test Drive Unlimited), conformément à ses spécifications. Officiellement, nVidia parle de 156 W pour la 9800 GTX seule contre “< 150 W" pour la 8800 GTS 512 Mo, ce que confirment nos résultats.

Une alimentation de 350 W de marque saura donc satisfaire une configuration basée sur cette carte. A noter que malgré la baisse de la quantité de mémoire et le changement de finesse de gravure, la baisse de consommation par rapport à la génération précédente n’est pas probante : elle n’excède pas 21 W une fois retirées les pertes de l’alimentation. En revanche, le rendement performances/watt est évidemment bien meilleur (de 52 %) comparativement à la Radeon HD 3870 X2, pour laquelle nous avons pris la consommation sous Unreal Tournament III, puisqu’elle est largement sous-exploitée sous Test Drive Unlimited pour rappel (235 W relevés soit moins que la 8800 GT !).

Température

Malgré une limite traditionnellement fixée à 105°C (température à partir de laquelle les fréquences sont abaissées afin de préserver l’intégrité du GPU), la vitesse de rotation du ventilateur de la 9800 GTX a manifestement été ajustée assez agressivement pour rester le plus loin possible de cette valeur. Ainsi nous n’avons jamais dépassé les 71°C au cours de nos tests, soit à peine quelque degrés d’augmentation par rapport au repos. Il n’y a donc aucune surchauffe à craindre de cette carte.

Bruit, overclocking

Voici les valeurs relevées à l’aide de notre sonomètre à 5 cm en face de la carte, tous les autres ventilateurs étant arrêtés durant les mesures.

Surprise ! Si le G92 de la GeForce 9800 GTX est si bien refroidi cela se fait au détriment de la nuisance sonore puisque bien que le ventilateur soit le même que celui de la 8800 GTS 512 Mo, sa vitesse de rotation est toute autre au repos comme en charge. Seule la HD 3870 X2 s’avère plus bruyante en charge (un triste record !), mais même celle-ci reste plus silencieuse au repos, s’établissant à un niveau similaire à la 8800 GTS et sur lequel devrait s’aligner cette 9800 GTX. En pratique, la carte n’est pas insupportable au repos mais son ventilateur s’accélère très rapidement dès qu’un jeu est lancé et parfois même au repos, pour atteindre un niveau sonore franchement gênant.

Il est pourtant amusant de constater que bien au contraire, nVidia prend soin de qualifier sa carte d’extrêmement silencieuse même dans les jeux. Habituellement, le département marketing juge plus opportun de passer sous silence les points négatifs d’un produit, rarement de les souligner, surtout concernant un point aussi flagrant.

A priori seul le driver est responsable de ces vitesses plus rapides, mais il est peu probable de voir nVidia revenir en arrière, ce refroidissement étant probablement nécessaire afin de garantir la stabilité aux fréquences de la 9800 GTX avec un maximum de GPU.

Overclocking

Côté GPU, nous avons pu pousser les fréquences de 1688 MHz (stream processors) et 675 MHz (tout le reste du GPU) à 1998 MHz et 810 MHz soit environ 19 %. Un gain impressionnant pour le G92 le plus rapidement cadencé d’origine et dont l’ensemble des unités sont utilisées, et qui est très certainement lié à l’efficacité de son refroidissement : notre 8800 GTS 512 Mo plafonne en effet un peu plus bas, à 776 MHz.

Côté mémoire, nous avons pu passer de 1100 MHz à 1252 MHz, soit un gain attendu de 14 %. Au final, le gain de fluidité sous Quake Wars en 1920*1200 antialiasing 4X atteint 16 % ce qui est plus que raisonnable pour cette carte haut de gamme (même si nVidia dispose visiblement de la marge nécessaire pour créer une hypothétique GeForce 9800 Ultra).

Conclusion

Au final, nVidia a assuré l’essentiel avec cette GeForce 9800 GTX : obtenir de très bonnes performances, enfin supérieures à celles de la 8800 GTX (de 7 % en moyenne) et proches de la 8800 Ultra (surtout sans antialiasing). Des performances qui parviennent également à faire oublier la 8800 GTS 512 Mo, avec une petite surprise : malgré un GPU identique et des fréquences proches (+4 % pour la puissance brute et +13 % pour la bande passante mémoire), le gain dans les jeux atteint parfois jusqu’à 40 % (en moyenne : 13 %), du fait de drivers plus anciens au moment du test et qui seront donc rattrapés quand nVidia se décidera à mettre à jour ses drivers pour GeForce 8 (ce qu’il vient juste de faire avec les ForceWare 174.74, en version beta toutefois). Cerise sur le gâteau, le prix de cette 9800 GTX est assez bas puisque compris entre 250 et 300 €, soit moins que la HD 3870 X2 ou même la plupart des autres cartes de ce comparatif hormis la 8800 GT, la HD 3870, et la 8800 GTS 512 Mo. De plus, le support de la technologie HybridPower est assez prometteur même s’il faudra encore attendre pour en bénéficier.

Reste que comme pour la 9800 GX2, nVidia donne l’impression de se reposer sur ses lauriers et de se contenter du minimum. La première interrogation concerne la légitimité même de cette carte vu ses faibles différences avec les autres (8800 GTX et Ultra, 8800 GTS 512 Mo), le constructeur s’embourbant un peu plus dans les contradictions qu’il a engendré en lançant la série GeForce 9. Son prix est d’ailleurs notablement plus élevé que celui de la 8800 GTS 512 Mo que l’on retrouve entre 220 € et 250 €. Plus grave, la GeForce 9800 GTX souffre de deux vrais défauts. En premier lieu une quantité de mémoire limitée à 512 Mo, un comble pour cette remplaçante de la 8800 GTX qui en est dotée de 768 Mo, et qui limite à la fois les performances en haute résolution/antialiasing dans certains jeux et supprime tout intérêt d’un éventuel montage en SLI ou triple SLI (pourtant supporté !).

Pire, la 9800 GTX dispose d’une caractéristique que l’on avait fini par croire quasiment banni des cartes milieu ou haut de gamme de nVidia : elle s’avère bruyante en charge, son ventilateur accélérant très rapidement et parfois même au repos !

Monsieur nVidia, est-ce là tout ce dont vous êtes capable de faire 17 mois après la 8800 GTX ?

Récapitulatif des performances

Attention : Les 2 moyennes obtenues pour la Radeon HD 3870 X2 en antialiasing incluent un jeu de moins que les autres cartes, Unreal Tournament III, d’où une moyenne plus faible, ce jeu disposant d’un framerate bien supérieur à la moyenne.