GeForce GTX 275 : le bon compromis ?

Introduction

Si vous faites parti de ces dangereux extrémistes adeptes de la multiplication des déclinaisons de cartes graphiques proposées dans des intervalles d’à peine 10 €, ces derniers jours ont été plutôt fastes. Après la sortie de la Radeon HD 4890 jeudi dernier, proposée à un tarif de 220-230 €, c’est aujourd’hui NVIDIA qui lance sa GeForce GTX 275, qui se place – ô surprise – entre la GeForce 260+ et la GeForce 285 en termes de tarifs. C’est fou ce que la vie réserve comme coïncidences parfois !

Blague à part, si le lancement de la Radeon HD 4890 répondait à l’impératif pour AMD de combler un trou dans sa gamme de prix et de disposer d’un produit à plus forte marge, la tâche pour NVIDIA est plus lourde. L’objectif pour le caméléon est en effet de prouver qu’il est toujours capable de produire des cartes à excellent rapport performances/prix – chose qui n’est plus arrivée depuis la sortie de la GeForce 8800 GT maintenant, et alors que les importantes baisses de prix des GeForce GTX n’ont jamais réussit à faire oublier la réussite des Radeon HD 4800. Objectif atteint avec cette GeForce GTX 275 ?

Pourquoi une telle carte ?

NVIDIA avait déjà utilisé l’approche “Je désactive un thread de stream processors” avec sa puce phare, la GT200. Cela a donné naissance à la GeForce GTX 260+ (avec 216 stream processors), qui rivalise avec la Radeon HD 4870 1 Go. Le constructeur avait donc besoin de quelque chose à la fois nouveau et plus rapide.

Du coup, il ne restait pas beaucoup de choix pour une carte qui soit à la fois plus rapide que cette GTX 260+ mais sans parvenir à atteindre la GeForce GTX 285. La GeForce GTX est donc une carte dotée de 240 stream processors comme la GTX 285, mais limitée à 28 ROP, 896 Mo de GDDR3 et au bus mémoire 448 bits de la GeForce GTX 260+. Soit le même GPU que l’on retrouve sur la GeForce GTX 295.

Evidemment et contrairement à AMD, NVIDIA a tout fait pour retenir les informations cruciales sur cette GeForce GTX 275 jusqu’à la dernière minute. S’il ne l’avait pas fait, AMD aurait eut le temps d’ajuster le prix de sa Radeon HD 4890 dès son lancement. On parle aujourd’hui d’un prix d’environ 220-230 € pour cette GeForce GTX 275, soit très légèrement en-dessous de la Radeon HD 4890. L’Europe devrait par ailleurs et pour une fois être la première servie avec une disponibilité attendue pour la fin de semaine, contre le 14 Avril aux Etats-Unis.

La carte, spécifications

Comme vu précédemment, la GeForce 275 est donc une demi-GeForce GTX 295, reprenant le même GT200 gravé en 55 nm et intégrant 240 stream processors et 80 unités de texturing, comme la GeForce GTX 285.

La réduction des unités du back-end et de la mémoire ajoutée aux améliorations apportées à la consommation du GPU (issues du développement de la GeForce GTX 295) devraient cependant permettre une consommation plus faible que celle de la GTX 285. Comme les Radeon HD 4870 et 4890 et à l’inverse de la GeForce GTX 280 (mais pas de la 285), cette GeForce GTX 275 ne nécessite d’ailleurs que 2 connecteurs d’alimentation 6 broches.

Côté fréquences, elles sont en très légère baisse comparativement à la GeForce GTX 285, mais en hausse par rapport à la GTX 295. Sans doute du fait de l’amélioration des yields (rendement de production du GT200b) et des contraintes de refroidissement et de consommation moins importantes dans le cadre d’un single-GPU.

Une carte familière

Alors que la GeForce GTX 285 dispose de deux sorties DVI dual-link et d’une sortie composite, la GeForce GTX 275 se limite aux connecteurs numériques, ce qui ne devrait plus poser problème à grand monde vu l’hégémonie du HDMI.

La carte en elle même nous paraît très familière. Elle est basée sur le même PCB de 26,7 cm que les autres cartes dual-slot de NVIDIA comme la GTX 260+ et la GTX 285. Il faut également souligner la discrétion relative de cette carte qui même en charge se révèle moins bruyante que le ventilateur 12 cm surmontant notre Thermalright Ultra 120 Extreme (ventirad CPU).

Quid du PhysX ?

Pour faire écho à la mise en avant des jeux DirectX 10.1 lors du lancement de la Radeon HD 4890, NVIDIA qui ne supporte toujours pas ce standard réplique ici en mettant plus particulièrement l’accent sur PhysX.

Mirror’s Edge fut le premier jeu attendu à introduire un rendu significativement différent lors de l’activation du PhysX, même s’il reste plus un gadget qu’autre chose. Un autre jeu important vient par ailleurs d’être lourdement patché pour recevoir le support de cette technologie : Sacred 2. Un jeu un peu difficile d’accès pour tout habitué de longue date à World of Warcraft, mais aux graphismes autrement plus intéressants et qui rencontre tout de même un certain succès.

Nous avons ainsi monté la résolution en 2560*1600 avec les réglages au maximum, et testé le jeu avec et sans PhysX. Il en ressort que les améliorations apportées par l’activation du PhysX sont très spécifiques et subtiles. Par exemple chaque classe dispose de deux sorts différents qui sont améliorés avec l’apparition de centaines de particules, et les combats avec les boss sont également légèrement tunés. L’environnement bénéficie également d’améliorations avec le vent qui arrache désormais les feuilles de façon naturelle. S’habituer à ce rendu “PhysX” pour le désactiver ensuite laisse irrémédiablement la sensation d’un manque.

Comme on peut le voir, ces améliorations interviennent au prix d’une perte de performances certaine : elle varie entre 21 et 24 % suivant le niveau de performance de la GeForce utilisée. Il est toutefois à noter que le PhysX peut également être activé de façon software sur les configurations n’intégrant ni le PPU ni une GeForce : sur notre Radeon HD 4890, nous sommes ainsi passé de 47 fps à 8 fps…

Bien sûr, il est assez légitime d’avoir des doutes sur la futur de PhysX sachant qu’elle reste une technologie propriétaire et vu les récentes démonstrations faites par Havok sous OpenCL. Il faut donc se borner à ne prendre du PhysX que ce qu’il permet aujourd’hui, et non les jeux dont on rêverait qu’il supporte dans le futur. Si vous jouez à Mirror’s Edge et Sacred 2, PhysX permet de rendre ces jeux plus immersifs et doit être considéré (sans devenir non plus absolument incontournable).

Quand à CUDA, nous nous repencherons plus en détails sur les applications supportées aujourd’hui d’ici quelques jours.

Les apports des ForceWare 185

Comme vous le verrez dans les résultats, la GeForce GTX 275 se rapproche parfois très près du niveau de performance atteint par la GeForce GTX 285. Ceci est en partie (et en partie seulement) du au nouveau driver utilisé avec la GeForce GTX 275, les ForceWare 185. NVIDIA affirme qu’il améliore la compression de l’antialiasing, l’efficacité du z-culling et comme toujours les performances en SLI dans certains jeux.

Nous avons été contraints vu les délais à tester les GeForce actuellement disponibles avec les ForceWare 182 et la GeForce GTX 275 avec ces nouveaux ForceWare 185. Afin d’isoler les gains apportés par les seuls ForceWare 185, voici les performances de la GeForce GTX 285 avec les anciens et les nouveaux drivers.

Comme on le voit et comme d’habitude, les variations sont non seulement minimes mais irrégulières, les performances étant améliorées sous certains titres et diminuées sous d’autres. En moyenne, le gain apporté par les ForceWare 185 est inférieur à 2 % en 1680*1050 (filtres activés) et à 0,5 % en 2560*1600 (toujours avec les filtres).

Ce nouveau driver apporte également le support de l’ambient occlusion pour les jeux ne proposant pas une option pour l’activer dans les menus. Pour rappel, cette technique simule la façon dont la lumière se propage dans la réalité, renforcant ainsi les ombres dans les zones où elles devraient l’être. En résulte un coût en performances lors de son activation, qu’il convient de déterminer afin de savoir si elle est possible/souhaitable.

Dans un jeu comme World in Conflict et en 1920*1200, le contrecoup est réel : la baisse de performances varie entre 32 % et 34 % suivant la GeForce utilisée. Dans le même temps, la différence en terme de qualité de rendu est relativement significative, permettant par exemple de bien distinguer les brins d’herbes lors d’un zoom (ils occultent en effet bien plus la lumière). C’est donc à vous de voir, mais si vous avez le choix entre l’activation de l’antialiasing et celle de l’ambiant occlusion, le recours à l’antialiasing nous paraît plus évident.

Le test

Far Cry 2

Le premier résultat est en faveur d’AMD, puisque la Radeon HD 4890 parvient sous Far Cry 2 à faire jeu égal avec la GeForce GTX 275. Celle-ci reste cependant impressionnante avec seulement 5 % de performances en moins que la nettement plus onéreuse (100 €) GeForce GTX 285 !

Une fois l’antialiasing activé, la Radeon HD 4890 s’avère cette fois moins performante que la GeForce GTX 275 qui la surpasse de 11 % en moyenne. Il est à noter que si la GeForce GTX 275 reste ici aussi très proche de la GTX 285, c’est en partie grâce à la différence de drivers qui comme nous l’avons vu n’est réellement significative et constante qu’avec Far Cry 2. Avec les nouveaux, la GTX 285 aurait été 3,5 % plus performante.

Crysis

Bien que le match soit relativement serré, à chaque résolution la GeForce GTX 275 surpasse la Radeon HD 4890, en moyenne de 6 % sur Crysis.

A l’inverse de ce que nous avons observé sur Far Cry 2, ici l’activation de l’antialiasing se révèle plus préjudiciable à la GeForce GTX 275 qui se fait du coup dominer dans les trois résolutions par la 4890. L’avance ne dépasse par 5,5 % au mieux ceci dit. Et si la GeForce GTX 275 se révèle incapable de terminer le test en 2560*1600, le framerate obtenu par la Radeon HD 4890 n’est pas plus utile.

Left 4 Dead

Toujours peu gourmand, les résultats obtenus sous Left 4 Dead sans filtres ne sont exploitables qu’en 2560*1600. La GeForce GTX 275 s’y révèle 7 % moins performante que la GTX 285 et près de 8 % devant la Radeon HD 4890.

Cette fois-ci, l’activation de l’antialiasing ne change pas la hiérarchie, la GTX 275 conservant une avance de 5,7 % en moyenne (certes légèrement réduite donc) sur sa rivale directe.

Stalker : Clear Sky

Configuré en mode DX10 (pour ne pas pénaliser les cartes AMD qui calculent un rendu plus réaliste), Stalker ne déroge pas à la règle en reflétant l’irrémédiable légère supériorité de la GTX 275 sur la Radeon HD 4890 hors filtres.

Une supériorité qui ne se voit pas contestée une fois l’antialiasing activé, puisque dans la seule résolution encore à peu près jouable (1680*1050), la GeForce GTX 275 reste légèrement devant. Heureusement pour NVIDIA, les autres résolutions ne sont jouables sur aucune carte (hormis la 4870 X2), car dès le 1920*1200 la Radeon HD 4890 rattrape son retard, avant de surpasser nettement la GeForce en 2560*1600.

Grant Theft Auto IV

GTA IV ne supportant pas l’antialiasing, il n’a pas été activé. Malgré son mauvais portage qui le rend surtout limité par le processeur, il affiche une nette domination de la GeForce GTX 275 sur la Radeon HD 4890, avec une avance qui commence à 5 % en 1680*1050, pour atteindre pas moins de 25 % en 2560*1600. A noter que dans cette même résolution, cette GTX 275 ne s’avère que 12 % moins performante que la GTX 285.

World in Conflict

8,7 % : c’est la supériorité moyenne de la GeForce GTX 275 sur la Radeon HD 4890 sous World in Conflict, hors filtres donc.

Une fois n’est pas coûtume, cette avance augmente lors de l’activation de l’antialiasing pour atteindre 14 %.

Consommation

Du côté de la consommation totale de la configuration (intégrant les inévitables pertes de l’alimentation pour rappel), les résultats sont là aussi intéressants. Au repos, la GeForce GTX 275 consomme nettement plus que la GTX 285 tout comme la GTX 260+, pour atteindre un niveau identique à la Radeon HD 4890. Décevant pour NVIDIA donc, mais vu la grosse consommation des Radeon au repos, il ne prend pas de retard sur sa rivale ici.

En charge, il était évidemment inévitable que la GTX 275 consomme moins que la GTX 285, même si l’écart reste faible avec seulement 5 W. Et surtout 27 W de moins que la Radeon HD 4890, la GTX 275 étant basé sur la version 55 nm du G200.

Conclusion

Lancée dans la précipitation et avant sa disponibilité réelle (qui ne sera effective qu’à la fin de la semaine au mieux), cette GeForce GTX 275 n’était pas désirée par NVIDIA dont la main a été forcée par AMD et sa Radeon HD 4890. Le caméléon ne disposait en effet d’aucune carte dotée d’un niveau tarifaire équivalent, bien que sa GeForce GTX 260+ était relativement proche du côté des performances avec moins de 10 % d’écart comme nous l’avions vu. Un affront tellement immense qu’il ne pouvait bien sûr demeurer…

Reste que cette arrivée est plutôt une bonne chose pour le joueur, car elle inaugure une nouvelle bataille tarifaire qui devrait faire rage dans les semaines à venir sur le fameux segment tarifaire 200-240 €.

Version à peine émasculée de la GeForce GTX 285, la GeForce GTX 275 obtient in fine 96 % des performances de cette dernière sans antialiasing (cf page suivante), et 90 % avec, alors que son prix est annoncé à 240 € soit 90 € (ou 27 %) de moins aujourd’hui. Un tableau idyllique qui ne vaut que grâce au rapport performances/prix moins bon des cartes haut de gamme toutefois : comparée à sa rivale directe la Radeon HD 4890, la GeForce GTX 275 s’avère seulement 5,6 % plus performante hors filtre et 2,3 % une fois les filtres activés. Or son tarif est annoncé à 240 € soit 9 % de plus.

Si le rapport performances/prix de cette GeForce GTX 275 est donc un peu moins bon que la Radeon HD 4890 (et surtout que la Radeon HD 4870 qui conserve définitivement notre préférence), son utilité nous apparaît paradoxalement un peu plus évidente. Tout simplement parce que son niveau de performances reste très proche de celle de la GeForce GTX 285 pour un prix tout autre, et qui va donc également forcer NVIDIA à une baisse importante de sa GTX 285. Dans ce cas là, cette dernière carte redeviendra intéressante et sinon, l’acquisition d’un GTX 275 pourra alors se justifier si vous voulez absolument des performances supérieures à celles d’une Radeon HD 4870 1 Go.

Reste l’inconnue de la disponibilité (non seulement au niveau de la date d’apparition de la carte, mais surtout de la durée et des quantités), même si tous les partenaires du caméléon se sont empressés d’annoncer leur modèle. Souvenons-nous en effet de l’épisode de la GeForce 8800 GT dont la disponibilité après son annonce et avant noël 2007 était inacceptable.

Récapitulatif des performances

Voici la somme des performances obtenues sous l’ensemble des jeux pour chacune des cartes.