Wacom et les tablettes graphiques
Il y a quelques jours, Wacom annonçait sa nouvelle gamme de tablettes graphiques, baptisée sobrement Intuos4. Nous vous proposons aujourd’hui le test de cette nouvelle tablette, dans sa version M (équivalente à l’ancienne version A3). Est-ce que Wacom a amélioré sa tablette ? Qu’a-t-elle de mieux que la version 3, un outil très apprécié des professionnels de l’image ? C’est ce que nous allons voir dans ce petit dossier.
Wacom et sa technologie électromagnétique
Avant de parler de la tablette en elle-même, quelques explications sur la technologie. Une tablette graphique est un système de pointage destiné avant tout au graphiste et aux professionnels de l’image : en simplifiant, la tablette est livrée avec un stylet et ce qui est dessiné avec ce dernier est retranscrit à l’écran. Contrairement à une idée reçue, les tablettes graphiques ne sont pas tactiles : le stylet est nécessaire et contient de l’électronique (ce n’est pas comme sur les PDA ou sur les smartphones). La technologie utilisée est de type électromagnétique : le support de la tablette contient une grille très fine qui est capable de capturer la position du stylet et donc de le positionner sur l’écran. Chez Wacom, c’est la tablette qui alimente le stylet (il ne nécessite pas de pile) par un système de résonance magnétique, alors que d’autres marques utilisent des stylets intégrant une batterie. La technologie utilisée par Wacom est aussi utilisée dans certains TabletPC ainsi que dans des écrans. Notons que le fonctionnement d’une tablette peut être assez perturbant au début : le pointeur est positionné de façon absolue. Dans les faits, si vous êtes dans le coin de la tablette, le pointeur se place dans le coin de l’écran, contrairement à l’affichage relatif utilisé avec des systèmes de pointage plus classique comme la souris.
Wacom, une société appréciée par les professionnels
Wacom est une société japonaise qui travaille dans le monde de la tablette depuis de très nombreuses années (1983). Les produits de la marque sont très appréciés dans le monde du graphisme, et pour cause : il n’y a pas réellement de concurrence dans le haut de gamme. La technologie est très bien maîtrisée, les tablettes sont très solides et le support adapté au monde professionnel, il est encore possible de trouver des accessoires pour les premiers modèles d’Intuos, qui ont 10 ans. Reste que la société propose des produits très efficaces, mais aussi très onéreux : alors qu’on trouve une tablette d’entrée de gamme A4 pour 100 € chez certains constructeurs, une Intuos de la même taille vaut pas loin de 500 €. Même les produits semi-pros de Wacom restent très onéreux (environ 200 € pour une tablette A5).
Dans la page suivante, nous allons nous intéresser à la nouvelle tablette de Wacom, ce qu’elle apporte, les avantages et les défauts.
L’Intuos4 M
Passons maintenant à la tablette en elle-même : L’Intuos4 M. Avec la nouvelle gamme, Wacom abandonne la nomenclature basée sur les formats de papier (A4, A5, etc.). Pour se faire une idée, un modèle S est globalement une A6, une M est une A5, etc. (la gamme propose aussi du L et du XL). Premier défaut, la surface active diminue nettement : une Intuos3 A5 offrait une surface de 308 cm2 (20 x 15 cm), la version Wide était plus grande, avec 432 cm2 (27 x 16 cm environ) alors que la nouvelle Intuos4 M ne mesure que 22 x 14 cm environ (310 cm2). Les tablettes de la série 4 sont toutes dans un format large, adapté aux écrans actuels, contrairement aux modèles précédents, disponibles dans les deux rapports. L’avantage est évident : en positionnement absolu, une partie d’une tablette 4/3 est inutilisée si on veut éviter les déformations de l’image.
Un design et une ergonomie sans failles ?
La nouvelle Intuos4 est très sobre, avec une robe noire, matte sur la partie tablette et brillante sur les boutons. Contrairement aux anciens modèles, les touches de commandes ne sont placées que d’un seul côté. Au lieu de doubler les boutons pour adapter la tablette aux gauchers, l’ensemble de la tablette est réversible, toutes les commandes étant placées de façon symétrique. Soucis du détail, même le connecteur USB du câble est présent deux fois et le logo Wacom est disponible dans les deux sens (une option du pilote permet de basculer la tablette en mode gaucher). Les touches de commandes sont la partie la plus innovante : Wacom propose 8 boutons, totalement programmables, qui sont couplés à des écrans OLED indiquant la fonction programmée. Inutile, mais totalement indispensable. Plus intéressant, une molette tactile est présente, à la manière de celle de l’iPod. Par défaut, elle est réglée sur la gestion du zoom dans les programmes de retouche d’images, mais l’ensemble est programmable (elle est aussi utilisable comme une molette de défilement).
Les nouveautés techniques
Parlons technique : Wacom n’a pas amélioré la précision de sa tablette sur l’Intuos4. La résolution reste de 5080 lpi (line per inch). Cette valeur, difficilement comparable à celle en dpi des souris, est environ deux fois plus élevée que sur les tablettes d’entrée de gamme (Bamboo). Tout à fait suffisante pour un usage classique, elle va surtout permettre de proposer des lignes fluides, sans effet d’escalier. Par contre, grosse nouveauté, la sensibilité à la pression augmente : on passe de 1 024 niveaux de pression à 2 048 (l’entrée de gamme se limite à 512 niveaux). Dans la pratique, ça veut dire que plus vous pressez le stylet sur la tablette et plus le trait est épais. Très utile dans des programmes comme Flash, la gestion de la pression est un des gros points forts des modèles Wacom. Notons aussi que le styler reste évidemment sensible à l’inclinaison, ceux qui utilisent des pinceaux dans des programmes comme Photoshop apprécieront.
Les petits plus
Terminons par les petits plus : Wacom offre des programmes avec sa tablette, dont par exemple Adobe Photoshop Elements. Autre point intéressant, différentes mines sont disponibles pour le styler (une dizaine dans la boîte) ainsi qu’un grip de rechange pour le stylet. Autre bonne nouvelle, le câble USB est amovible et utilise une connectique totalement standard (mini-USB), ce qui est toujours pratique. Enfin, notons que les pilotes pour Windows et pour Mac OS X sont disponibles et que, petit bonus, les suppléments TabletPC de Vista sont utilisables directement avec la tablette.
Ce qui fâche
Le plus gros problème de la tablette vient de son prix : une tablette Intuos4 S (A6) vaut 225 €, une version M (A5, celle testée) est vendue 370 €, la version L (A4) est proposée pour 480 € et les deux modèles XL (A3) valent chacun 800 € (le dispositif de pointage diffère en fonction de l’usage). De plus, ceux qui possèdent une tablette Intuos3 ou une Cintiq avec des accessoires seront déçus : la nouvelle technologie de l’Intuos4 rend a priori les accessoires incompatibles.
L’avis de deux utilisateurs
Pour terminer cette présentation, nous vous proposons l’avis de deux utilisateurs. Le premier est votre serviteur, qui utilise une tablette Graphire (entrée de gamme semi-pro) depuis quelques années pour remplacer sa souris, le second est un graphiste qui travaille sur une Intuos3.
L’avis de l’utilisateur
L’Intuos4 est une tablette plus précise et plus efficace que la Graphire. Le format de la zone de travail, au format large, est plus pratique que le 4/3 des modèles plus anciens, et très bien adapté aux écrans actuels. La molette et les différents boutons, associés aux écrans OLED, semblent pratiques, même si l’intérêt est finalement assez faible. Point intéressant, le toucher est très différent de celui de la Graphire, nettement plus doux sur l’Intuos4, dont la surface est totalement différente. Notons tout de même que l’orientation professionnelle est assez évidente : tant le bundle que les fonctions ne sont pas adaptées au grand public. La Graphire proposait par exemple une vitre de protection permettant de placer une image entre la tablette et le stylet, pour effectuer une retouche directe, ce qui n’est pas prévu sur l’Intuos4. Dans l’absolu, et même si l’Intuos4 est plus performante, une Bamboo est bien plus adaptée à un usage classique, composé d’un peu de dessin et de retouche.
L’avis du graphiste
La tablette est très agréable, même si la surface active est plus faible. La nouvelle disposition des boutons, d’un seul côté, et l’abandon des touches tactiles de l’Intuos3 est un plus : ces derniers s’activaient parfois automatiquement simplement en survolant la tablette de trop près. La tablette est aussi nettement plus sensible et la nouvelle gestion de la pression semble plus efficace. Point intéressant pour ceux qui travaillent en pixelart, une fonction permet de diminuer volontairement la précision pour travailler au pixel près.
En conclusion, sans que cette nouvelle soit une révolution, l’Intuos4 est un produit très complet et très abouti. Le seul reproche vient du fait que, pour le même prix, la surface active diminue assez nettement.