Le 46e président des États-Unis a pris la plume pour écrire une tribune, publiée dans le Wall Street Journal, dans laquelle il enjoint Démocrates et Républicains à “s’unir contre les grandes entreprises technologiques”.
Joe Biden poursuit la guerre commerciale envers les entreprises chinoises initiée par son prédécesseur, Donald Trump, mais semble également décidé à contenir les pouvoirs des géants de la tech dans son propre pays. Le 46e président des États-Unis a publié une tribune dans le Wall Street Journal dans laquelle il expose ses griefs contre la Big Tech (Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft). Joe Biden espère rassembler Démocrates et Républicains pour légiférer ; un vœux pieu peut-être, mais une initiative qui reste symptomatique.
Dans sa tribune, le président se garde bien sûr de nommer expressément ses cibles. Son argumentaire s’articule essentiellement autour de deux axes : la protection de la vie privée et la lutte contre les monopoles. Sur un plan plus politique, il sous-entend que les algorithmes jouent un rôle important dans la polarisation des opinions.
Joe Biden écrit : « Certains acteurs du secteur collectent, partagent et exploitent nos données les plus personnelles, accentuent l’extrémisme et la polarisation dans notre pays, font basculer les règles du jeu de notre économie, bafouent les droits civils des femmes et des minorités, et mettent même nos enfants en danger. »
Le monopole, un frein à l’innovation qui inquiète Joe Biden
Concernant la protection de la vie privée, il précise : « Nous avons besoin de protections fédérales sérieuses pour la vie privée des Américains. Cela signifie des limites claires sur la façon dont les entreprises peuvent collecter, utiliser et partager des données hautement personnelles – votre historique Internet, vos communications personnelles, votre localisation et vos données sanitaires, génétiques et biométriques. Il ne suffit pas que les entreprises ne divulguent pas les données qu’elles collectent. La plupart de ces données ne devraient pas être collectées en premier lieu. Ces protections devraient être encore plus fortes pour les jeunes, qui sont particulièrement vulnérables en ligne. Nous devrions limiter la publicité ciblée et l’interdire complètement pour les enfants. »
À propos de la concurrence, Joe Biden explique : « Lorsque les plates-formes technologiques deviennent trop puissantes, beaucoup d’entre elles trouvent le moyen de promouvoir leurs propres produits tout en excluant ou en désavantageant leurs concurrents – ou font payer une fortune aux concurrents pour vendre sur leur plate-forme […]. Afin de s’assurer que la technologie américaine continue de mener le monde en matière d’innovation de pointe, nous avons besoin de règles de conduite plus équitables. La prochaine génération de grandes entreprises américaines ne doit pas être étouffée par les opérateurs historiques dominants avant d’avoir eu la chance de décoller. »
Des géants de la tech indomptables ?
L’avenir nous dira si Joe Biden parvient à changer la situation à sa convenance. Si ces géants de la tech peuvent sembler intouchables, ces dernières années montrent qu’ils restent impactés par des décisions politiques. L’exemple le plus récent n’est autre qu’Apple, vivement critiquée, autant par les Démocrates que par les Républicains, en raison de ses accointances avec l’entreprise chinoise YMTC. La marque à la pomme aurait soutenu le développement de cette société en l’aidant à recruter des ingénieurs occidentaux.
Si le but premier d’Apple était économique avant d’être politique (augmenter son nombre de fournisseurs pour faire pression sur les prix), cette attitude est mal passée dans un contexte où les États-Unis mettent tout en œuvre pour entraver le développement technologie de la Chine, et ce depuis maintenant plusieurs années. Et de fait, Apple a dû revoir une partie de ses chaînes d’approvisionnement en raison de la guerre commerciale avec la Chine.
Reste qu’il est plus facile de fédérer contre un ennemi commun, et qu’entraver le développement de la Chine est certainement une résolution plus consensuelle aux États-Unis que le respect « des droits civils des femmes et des minorités », pour reprendre les mots de Joe Biden.
Sources : Wall Street Journal, WCCFTech, 9to5mac