La première chaîne d’info présentée par une IA défie les médias traditionnels

Les chaînes de télévision d’information en continu vont aussi subir la concurrence de l’IA. Channel 1 va diffuser du contenu généré par l’intelligence artificielle, avec des avatars en guise de présentateurs ; en coulisses, ce sont quand-même des journalistes qui tirent les ficelles.

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© Channel 1

Nul besoin d’être visionnaire pour le penser, la place de l’intelligence artificielle ne va cesser de croître dans nos sociétés développées, avec des bouleversements un peu plus conséquents que la simple identification de son animal de compagnie : elle va remplacer les scénaristes des jeux Microsoft, convertir nos pensées en vidéo, ou encore créer des avatars intelligents capables de s’exprimer à notre place.

De fait, vous pouvez déjà lire du contenu généré par l’intelligence artificielle dans plusieurs domaines, et vous allez prochainement aussi en visionner. Du moins, c’est ce qu’ambitionnent les dirigeants de la startup Channel 1 : ils souhaitent diffuser des contenus élaborés par l’IA et introduits par des présentateurs artificiels.

Nous avons un aperçu de ce futur pas si lointain dans la séquence publiée sur le réseau social X. Au programme, plus de 22 minutes d’un « journal » balayant divers sujets, du show-biz à la politique en passant par le sport.

Une forme plus convaincante qu’il y a 23 ans

La séquence rappellera peut-être des souvenirs aux plus anciens d’entre vous, qui remontent à l’an 2000 ; des réminiscences d’une certaine Ananova, la présentatrice virtuelle d’un service d’information en ligne qui était programmée pour lire des bulletins d’information aux utilisateurs 24 heures sur 24. Les prémisses du projet de Channel 1 et de la finalité des chaînes d’information en continu en quelque sorte.

Naturellement, 23 ans plus tard, la technologie offre un résultat nettement plus convaincant et crédible, sur la forme en tout cas.

Des informations qui restent fournies et vérifiées par des journalistes

Concernant le fond, les deux fondateurs de cette société (Scott Zabielski et Adam Mosam ; Channel 1 emploie dix personnes) ont assuré que le contenu s’appuierait sur des sources fiables et des faits vérifiés. Ils prétendent que « les valeurs fondamentales du journalisme, à savoir l’intégrité et la responsabilité » sont au cœur de tout ce qu’ils font.

En pratique, l’approvisionnement en informations s’effectuera auprès de plusieurs sources ; à savoir un « réseau de journalistes indépendants » et les grandes agences de presse internationales.

De vraies images mélangées à de fausses séquences

À propos des images, là encore, Channel 1 utilisera des images réelles, fournies par des journalistes, associées à des séquences générées pour les situations « où les caméras n’ont pas pu filmer l’action ». Les deux responsables comparent cette méthode à celle des croquis des salles d’audience montrés lors des procès à huis clos. Pour distinguer le réel du virtuel, Scott Zabielski et Adam Mosam ont assuré que les séquences générées par l’IA seraient étiquetées comme telles.

Ces garde-fous ne règlent pas le problème de la responsabilité en revanche. Un journaliste ou un présentateur est responsable de ce qu’il écrit ou diffuse (citons l’exemple récent de Rachid M’Barki pour les présentateurs) ; or, dans le cas de Channel 1, cette démarcation s’annonce plus complexe.

Quoi qu’il en soit, Channel 1 vise à devenir une chaîne de télévision d’information en continu financée par la publicité dès le printemps 2024 ; « nous faisons de notre mieux pour nous placer dans un train qui roule à toute allure, de la manière la plus responsable possible », résume Adam Mosam.

Il prévient néanmoins qu’en dépit de l’utilisation massive de l’IA, la quantité de contenu diffusé restera très dépendante de la technologie mais aussi de la capacité de traitement de l’information (vérification des faits, réécriture et édition) de chaque employé ; autrement dit, le processus ne sera pas du tout autonome, du moins dans un premier temps.

Les deux dirigeants donneront plus de détails le mois prochain à l’occasion d’une nouvelle levée de fonds.

Source : The Register