Introduction
LaCie est un fervent supporter du Thunderbolt et à ce titre continue à développer son portefeuille de produits compatibles. Mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir un PC compatible, alors LaCie a fait ce que tous les constructeurs de produits Thunderbolt devraient faire : associer au port TB, un port USB 3.0, universel. Le résultat ? Un disque externe portatif, robuste et rapide : le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series.
“Series” car le modèle est décliné en plusieurs variantes : une équipée d’un disque dur 1 To, une autre équipée d’un SSD de 128 Go et la dernière équipée d’un SSD de 256 Go. LaCie nous a fait parvenir la 120 Go, que nous vous invitons à découvrir dans ce test.
120 Go SSD | 256 Go SSD | 1 To (disque dur) | |
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Vitesse de rotation | – | – | 5400 tr/min |
Taille | 89 x 140 x 24 mm | ||
Poids | 260 g | ||
Débit maximum (constructeur) | 385 Mo/s | 110 Mo/s | |
Contenu de la boîte | Disque, câble USB 3.0, câble Thunderbolt 50 cm, notice | ||
Logiciels fournis | Genie Timeline Free (Windows), Intego Backup (Mac), LaCie Private-Public, Wuala | ||
Prix (TTC) | 200 € | 350 € | 260 € |
Le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt reprend la design utilisé par la famille Rugged LaCie depuis de longues années. Si vous n’aimez pas l’orange vif, passez votre chemin. Si la couleur de votre disque dur externe n’est pas un de vos critères de choix, restez. On peut aussi regretter le poids et l’encombrement importants de ces périphériques, surtout pour les versions SSD. Si un boîtier renforcé offrant une protection importante contre les chocs est souhaitable sur un disque dur, l’absence de toute fragilité mécanique dans les SSD rend ces protections tout à fait superflues. LaCie aurait pu dès lors proposer un design beaucoup plus fin !
Démontage
Sous la coque orange, nous découvrons un boîtier en aluminium fermé par deux couvercles en plastique bardé de renforts métalliques. La carte mère supportant le SSD est fixée dans le boîtier par 4 vis. Une fois celles-ci ôtées, l’ensemble coulisse. Le SSD utilisé par LaCie dans ce modèle est un Crucial C400, la version “OEM” du M4. Il s’agit par conséquent d’un modèle de 128 Go, et non pas 120 Go comme annoncé par LaCie. Il est probable que LaCie utilise plusieurs fournisseurs de SSD sur ses Rugged, dont certains équipés de contrôleurs SandForce et n’offrant que 120 Go de capacité, ce qui explique la prudence de la fiche technique.
La carte mère embarque trois puces principales : un contrôleur Intel Thunderbolt Port Ridge, un contrôleur SATA 6Gb/s PCI-Express ASMedia 1061 et un contrôleur SATA 6Gb/s USB 3.0 ASMedia 1051E. La carte mère est inhabituellement soignée, protégée par une feuillure de cuivre sur la totalité de sa face inférieure. Il s’agit sans doute pour LaCie de minimiser les interférences électromagnétiques qui peuvent nuire au bon fonctionnement du bus Thunderbolt. On remarque également l’imposante plaque métallique faisant office de radiateur. Le contrôleur Thunderbolt tout comme les contrôleurs SATA 6 Gbit/s consomment en effet une quantité d’énergie non négligeable (près d’1 W) qu’il faut bien évacuer.
Globalement l’ensemble est très bien construit. Le Rugged USB3 Thunderbolt n’offre cependant pas la meilleure protection parmi la gamme Rugged de LaCie. Il prétend résister à des chutes de 1,2 m quand les Rugged Triple USB 3.0, Hard Disk et Safe protègent contre des chutes de 2,2 m. Le Rugged mini protège en outre d’un écrasement par une voiture d’une tonne ou de la pluie et de la poussière (IP52).
Ce démontage nous aura enfin permis de constater qu’il est très facile de remplacer le disque fourni d’origine. L’évolutivité du LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series est ainsi assurée : rien n’empêche d’acquérir le modèle 120 Go aujourd’hui pour y installer un SSD de 512 Go, voire 1 To dans quelques mois.
Performances : l’USB 3.0 plus rapide que le Thunderbolt !
L’interface Thunderbolt a fait fantasmer dès son apparition par son débit maximum théorique de 10 Gbit/s soit 1 Go/s effectif (pour 8 bits de données à transmettre, 10 bits sont envoyés). C’est tout simplement deux fois plus que l’USB 3.0, qui plafonne à 5 Gbit/s, soit 500 Mo/s (pour la même raison). Mais en pratique, retrouve-t-on la même différence ? Pour le savoir nous avons branché le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series sur un MacBook Air de dernière génération, offrant à la fois un port Thunderbolt et des ports USB 3.0 gérés par un chipset Intel série 7.
Les tests furent effectués par l’utilitaire AJA Sytem test, qui ne mesure que des débits séquentiels. Verdict ?
L’avantage théorique de l’interface Thunderbolt n’existe tout simplement pas sur le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series : c’est l’interface USB 3.0 qui délivre les meilleures performances, en lecture. En écriture, les deux bus maximisent les capacités du SSD intégré par LaCie. La relative lenteur du Thunderbolt incombe très probablement au contrôleur ASMedia 1061, moins performant que son cousin 1051E, qui limite le potentiel du SSD.
On remarque également que si les performances en Thunderbolt correspondent à peu près exactement aux estimations de LaCie, les performances en USB 3.0 sont largement au delà (420 Mo/s contre 385 Mo/s annoncés). L’explication tient dans la diversité des SSD qu’est amené à utiliser LaCie. Les débits annoncés par le constructeur sont le minimum garanti, mais certains modèles, comme notre exemplaire de tests seront plus rapides.
Attention au contrôleur USB 3.0 !
Sur notre MacBook Air, l’USB 3.0 est plus rapide que le Thunderbolt. Mais toutes les machines ne sont pas capables de délivrer d’aussi bons débits ! Les premiers contrôleurs USB 3.0 sont malheureusement bien plus limités. Voici les performances que nous relevées sur trois contrôleurs différents : celui intégré au chipset Intel Z77, un NEC µPD720200 équipé de son dernier firmware et un Texas Instrument TUSB7320.
Le contrôleur le plus récent donne les meilleurs résultats, identiques à ceux relevés sur le MacBook Air. Sur la puce NEC, la plus ancienne, le Rugged est 30 % moins rapide en lecture et 17 % moins rapide en écriture. Les plus mauvais résultats sont obtenus par la puce Texas Instruments. Celle-ci gère les ports USB 3.0 d’un ordinateur portable Dell XPS 14z de l’année dernière. Il est possible que cette puce ait un meilleur potentiel, qu’elle soit dans ce cas bridé par une connexion PCI-Express 1.0 1x. À défaut de plus d’informations, nous ne pouvons que regretter qu’il existe des implémentations aussi ratées. Heureusement, l’USB 3.0 est désormais intégré aux chipsets Intel et AMD.
Mais même avec un contrôleur rapide, on peut ne pas obtenir les meilleurs débits : encore faut-il avoir un OS à jour compatible UAS.
UAS et influence de l’OS
UAS : USB Attached SCSI. Derrière cet acronyme se cache une gestion plus intelligente des écritures sur le port USB. L’UAS introduit deux changements majeurs par rapport au mode historique, Bulk Only Transport (BOT) :
- Quatre canaux parallèles : en BOT, les signaux de commandes partagaient le même canal que les données. L’UAS introduit quatre canaux dédiés chacun à un type de données : commandes, requêtes d’état, écriture de données, lecture de données.
- Une file d’attente (Command Queuing) : en UAS, les commandes ne sont plus exécutées séquentiellement, mais parallélisées et réordonnées de manière optimum.
L’apport de l’UAS peut être très important, mais toutes les configurations ne peuvent pas en tirer parti. Pour que l’UAS soit actif, il faut une chaîne complètement compatible du PC hôte au périphérique. Ceci inclut :
- un contrôleur hôte (PC) matériellement compatible et doté d’un firmware compatible,
- un contrôleur client (périphérique) compatible et doté d’un firmware compatible,
- un pilote de contrôleur hôte compatible,
- un pilote USB compatible.
Or, Windows 7 ne possède pas de pilote UAS. Microsoft réserve ce privilège à Windows 8, pour le moment du moins. On peut espérer qu’un prochain SP2 corrige cet oubli. Il existe heureusement une solution de secours. Certains constructeurs de cartes mères, tels Asus, proposent un pilote UAS pour certains modèles de leur gamme. Côté Linux, l’UAS est supporté depuis le noyau 3.5. Côté Mac, OS X Lion 10.7.4 et supérieur gèrent l’UAS.
Nous ne saurions trop recommander de choisir votre carte mère en fonction de la disponibilité de ce pilote, ou alors de vous forcer à la mise à jour vers Windows 8. Les gains en USB 3.0 en valent la peine.
Sans UAS (sous Windows 7), le disque LaCie n’atteint que 255 Mo/s en lecture et 177 Mo/s en écriture sur le chipset Intel. C’est respectivement 40 % et 6 % de moins qu’avec l’UAS actif (sous Windows 8) !
Dans un test précédent, notre collègue américain Andrew avait également vérifié l’efficacité du pilote UAS d’Asus. Le pilote UAS Asus était presque aussi performant en lecture que celui de Windows 8 Release Preview et même légèrement plus performant en écriture. Les deux étaient largement en tête devant le mode BOT.
Conclusion
Le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series 120 Go SSD est un très bon produit. Que ce soit sur son interface Thunderbolt ou sur son interface USB 3.0 il délivre des performances aussi bonnes que l’annoncent LaCie soit au minimum 385 Mo/s en lecture séquentielle. Certains exemplaires comme le nôtre seront même plus rapides, LaCie se fournissant en SSD chez divers fabricants.
Le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series est un des rares boîtiers externes à proposer aujourd’hui les deux interfaces. Il est en outre résistant aux chocs et devrait subir sans se plaindre de nombreuses années d’utilisation. Tout ceci à des prix très raisonnables, ce qui n’est pas vrai de tous les produits LaCie. Si l’on désirait se monter un boitier équivalent à partir de pièces détachées, on dépenserait à peu près le prix demandé par LaCie. Un SSD de 128 Go se trouve aujourd’hui à 80 € minimum. Ajoutons le prix d’un câble Thunderbolt (50 €), d’un câble USB 3.0 (10 €) : on arrive à 140 €. Le LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series SSD 120 Go étant vendu 200 €, il ne reste que 60 € pour un boîtier externe USB 3.0 + Thunderbolt nu… pas encore disponible à l’achat.
L’addition est un peu moins favorable pour le modèle SSD 256 Go, vendu 150 € plus cher alors qu’un SSD 256 Go n’est que 90 € plus cher. De même, le modèle à disque dur est vendu 250 € alors qu’un disque dur 1 To 2,5″ à 5400 tr/min ne vaut que 80 €.
Ce modèle à disque dur est selon nous le moins intéressant. Plus cher que le modèle SSD 120 Go, il ne bénéficie presque pas de ses interfaces à haute vitesse puisqu’il plafonne, d’après LaCie, à 110 Mo/s. Autant opter alors pour un boitier USB 3.0 simple, voire un boîtier Firewire 800 pour ceux qui auraient une machine compatible.
Le seul reproche que nous pourrions faire au LaCie Rugged USB3 Thunderbolt Series est de ne pas proposer un second port Thunderbolt afin de permettre le chaînage de plusieurs périphériques, ou la connexion d’un écran externe DisplayPort. LaCie n’offre cette possibilité que sur son Little Big Disk Thunderbolt… qui est dépourvu d’USB 3.0 ! Allez encore un petit effort…