La CMA estime que l’achat d’Activision Blizzard par Microsoft serait néfaste pour le développement du cloud gaming. L’organisme considère que les garanties affichées par Microsoft sont insuffisantes ; les deux sociétés vont faire appel de cette décision.
Il y a un peu plus d’un an, en janvier 2022, Microsoft affichait son souhait de racheter Activison Blizzard pour un montant de 68,7 milliards de dollars. Depuis, cette acquisition est examinée par plusieurs organismes de contrôle, dont l’autorité britannique de la concurrence (CMA – Competition and Markets Authority). Cette dernière vient de la bloquer, estimant qu’elle menacerait la concurrence dans le secteur du cloud gaming.
Dans un tweet, l’organisme écrit : « Nous avons empêché @Microsoft d’acheter @Activision car nous craignons que cette opération ne nuise à la concurrence sur le marché du #CloudGaming, ce qui réduirait les possibilités d’innovation et de choix pour les #gamers britanniques ».
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La justification de la CMA
Dans son communiqué, la CMA explique que le marché britannique du cloud gaming connaît une croissance rapide. En effet, le nombre d’utilisateurs actifs mensuels au Royaume-Uni a plus que triplé entre le début de l’année 2021 et la fin de l’année 2022. La CMA estime que ce marché pèsera jusqu’à 11 milliards de livres sterling au niveau mondial et 1 milliard de livres sterling au Royaume-Uni d’ici 2026. À titre de comparaison, les ventes de musique enregistrée au Royaume-Uni en 2021 s’élevaient à 1,1 milliard de livres.
Or, la CMA considère que Microsoft représente déjà 60 à 70 % des parts de marché mondiaux du cloud gaming, en plus d’avoir divers atouts dans le domaine (marque Xbox, système d’exploitation Microsoft et infrastructures Azure et Xbox Cloud Gaming). En conséquence, l’organisme considère que l’acquisition « renforcerait l’avantage de Microsoft sur le marché en lui donnant le contrôle d’importants contenus de jeux tels que Call of Duty, Overwatch et World of Warcraft ».
Les garanties de Microsoft jugées insuffisantes
La proposition de Microsoft de s’associer au GeForce Now pendant dix ans en garantissant la mise à disposition de plusieurs licences phares sur le service de NVIDIA ainsi que l’accord passé avec Nintendo visant à porter Call of Duty sur la console de la firme nippone n’ont donc pas convaincu la CMA.
Ses membres estiment que la proposition de Microsoft comportait plusieurs « lacunes importantes » (l’organisme en liste trois : une couverture de modèles commerciaux insuffisante, un manque de liberté pour les développeurs en dehors de Windows et enfin une normalisation de l’accès aux jeux).
Le deal proposé par Microsoft comportait ainsi des « risques importants de désaccord et de conflit entre Microsoft et les fournisseurs de services de jeux en nuage, en particulier sur une période de dix ans dans un marché qui évolue rapidement », conclut la CMA, pour laquelle « accepter la solution proposée par Microsoft nécessiterait inévitablement un certain degré de surveillance réglementaire de la part de la CMA » tandis « qu’empêcher la fusion permettrait aux forces du marché de continuer à fonctionner et à façonner le développement des jeux en nuage sans intervention réglementaire ».
Microsoft et Activision vont faire appel de cette décision
Brad Smith, président de Microsoft, a annoncé que l’entreprise ferait appel de cette décision. « Nous restons pleinement engagés dans cette acquisition et nous ferons appel. La décision de la CMA rejette une voie pragmatique pour répondre aux problèmes de concurrence et décourage l’innovation technologique et l’investissement au Royaume-Uni. Nous avons déjà signé des contrats pour rendre les jeux populaires d’Activision Blizzard disponibles sur 150 millions d’appareils supplémentaires, et nous restons déterminés à renforcer ces accords par des mesures correctives réglementaires. Nous sommes particulièrement déçus qu’après de longues délibérations, cette décision semble refléter une mauvaise compréhension de ce marché et de la manière dont la technologie du nuage fonctionne réellement ».
Même son de cloche du côté d’Activision Blizzard. Le PDG, Bobby Kotick, a déclaré : « Au côté de Microsoft, nous pouvons contester cette décision et nous le ferons. Nous avons d’ailleurs déjà commencé à faire appel auprès du Tribunal d’appel de la concurrence du Royaume-Uni. Nous sommes confiants dans notre dossier car les faits sont de notre côté : cet accord est bon pour la concurrence. »
Décisions des autres organismes
Plusieurs autorités d’autres pays, notamment du Japon, ont déjà approuvé l’opération de rachat. L’UE doit rendre sa décision d’ici le 22 mai, mais selon les informations de Reuters, la validation est actée.
Outre-Atlantique, l’enquête de la FTC (Federal Trade Commission) des États-Unis d’Amérique est toujours en cours.
Dans tous les cas, la conclusion de cette opération, initialement prévue en juillet prochain, devrait prendre du retard.
Source : CMA