Le Microsoft Surface Book : c’est bien, mais ça pique !

Image 1 : Le Microsoft Surface Book : c'est bien, mais ça pique !

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Surface Book

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On aime
  • • la polyvalence • la puissance de calcul • l'autonomie • l'écran • le clavier • le trackpad • le stylet
On n’aime pas
  • • le prix • l'absence de rangement pour le stylet • l'absence d'USB C et de Thunderbolt
Verdict :

Le Surface Book est un excellent PC portable et une très bonne tablette. Il est puissant, offre une excellente autonomie et sa carte graphique dédiée est unique sur ce segment de marché. Mais son prix est trop élevé.

En lançant son Surface Book à la rentrée 2015, Microsoft a fait grand bruit. Non seulement parce qu’il venait batailler sur un marché nouveau, exclusivement contrôlé par ses clients, les constructeurs de PC, mais aussi parce qu’il venait le faire avec une machine de conception réellement  inédite, potentiellement révolutionnaire. La France n’a malheureusement pas fait partie des pays de lancement du Surface Book, il ne nous arrive donc qu’aujourd’hui. Nous nous sommes empressés de le tester.

La gamme Surface Book est composée – en France – de quatre modèles, dont les tarifs s’échelonnent de 1649 € à 2919 €. Microsoft s’adresse donc à un public aisé, public qui achète aujourd’hui en majorité des produits Apple. Microsoft a d’ailleurs axé sa communication sur la comparaison avec le MacBook Pro 13″. Face au portable d’Apple, le Surface Book se présente avec les arguments suivants :

  • Une conception hybride, autorisant soit une utilisation classique, en forme de PC portable, soit une utilisation tablette, grâce à l’écran tactile, détachable.
  • Un stylet.
  • Une puissance bien supérieure grâce à une carte graphique dédiée, cachée dans le clavier.
  • Une meilleure autonomie.

Voyons plus en détail si les prétentions de Microsoft sont fondées.

Ergonomie, poids et connectique

De prime abord, le Surface Book séduit. Son châssis métallique est parfaitement fini et rigide. Fermé, il offre une apparence particulière, due à la charnière de l’écran. Celle-ci ne laisse pas l’écran reposer à plat sur le clavier, comme sur tous les autres PC portables. Non, le Surface Book se referme plutôt comme un bon vieux classeur à anneaux. Cela surprend au début, mais on s’y fait très vite, car cette conception n’introduit aucun jeu supplémentaire et car l’épaisseur maximum, à la charnière, demeure faible (2,3 cm).

Image 3 : Le Microsoft Surface Book : c'est bien, mais ça pique !

Une fois ouvert, le Surface Book séduit encore. Entamons notre analyse par le clavier. Microsoft tire parti de l’espace disponible entre clavier et écran pour proposer des touches à la course plus longue que sur les autres PC portables. Les amateurs de ce type de claviers apprécieront. Les touches offrent par ailleurs une réponse plus ferme que sur un clavier de MacBook, par exemple. Au final, la frappe est très agréable et on trouve vite ses repères.

Ce clavier surmonte un pavé tactile lui aussi de très bonne qualité. Sa surface de belle taille (identique à celle de trackpad Apple) et en verre glisse aussi bien que les meilleures. Sans bouton, elle offre un clic ferme dans sa partie basse. Surtout, le suivi des gestes à plusieurs doigts est réalisé sans erreur – du moins n’en avons nous pas constaté pendant le court temps où nous avons pu l’utiliser. C’est sans doute le meilleur trackpad que nous ayons croisé sur PC.

Ce clavier a encore un avantage : il est lourd. Comprenez que lorsqu’on utilise le Surface Book sur ses genoux, celui-ci reste stable, comme un PC portable classique. Malgré la présence de la plupart des composants dans l’écran, le Surface Book ne bascule pas en arrière. Et contrairement à l’autre machine Microsoft, la Surface Pro 4, il permet une frappe confortable, sans contorsion.

Si le besoin s’en fait sentir, l’écran peut être détaché du clavier pour devenir une tablette. Une grande tablette de 13,5 pouces (c’est encore un peu plus grand que l’iPad Pro), mais une tablette légère (733 g) pour sa taille et très fine (8 mm). En mains, on a l’impression de tenir un bloc de feuille A4, impression encore plus forte lorsqu’on utilise le stylet inclus. Identique à celui de la Surface Pro 4, ce stylet sensible à la pression fait partie des meilleurs. Il est bien aidé par l’écran “PixelSense” qui minimise le décalage entre le déplacement de la pointe du stylet et sa transcription à l’écran. Reste le problème du rangement : on peut accrocher le stylet magnétiquement sur le bord de l’écran ou du clavier, mais pour le transport, il faut lui trouver un emplacement mieux protégé.

L’écran détachable peut être fixé aussi bien en mode recto que verso : utile pour réaliser des présentations. Fermé, il repose incliné sur le clavier à la manière d’une feuille sur un pupitre.

Surface Book : à l’endroit ou l’envers

La connectique est assez légère, quoique suffisante pour une machine de ce type, et fait l’impasse sur les dernières nouveautés. On trouve ainsi deux ports USB 3.0 de type A, une sortie vidéo mini-DisplayPort et un lecteur de cartes SD. Pas d’USB C, pas de Thunderbolt. La connectivité sans fil est de meilleur aloi, avec un chipset WiFi ac.

Des performances haut de gamme

N.B. Tous les tests ont été effectués avec un Surface Book à jour au mardi 16 février. Microsoft a publié jeudi 18 une mise à jour de firmware et de pilotes pour le Surface Book, censée résoudre certains problèmes (notamment des bugs en sortie de veille) et qui pourrait influencer les performances.

La configuration que nous avons testée est la plus puissante du catalogue Microsoft, la plus haut de gamme, la plus chère aussi. Vendue 2919 €, elle rassemble un Core i7 6600U, 16 Go de DDR4, un SSD de 512 Go et le GPU Nvidia dans le clavier. Cet ensemble de composants très puissants permet au Surface Book de terminer sans surprise sur le podium aux épreuves de performance – sur le podium, mais pas à la première place.

Au test d’encodage vidéo, le Surface Book se fait ainsi dépasser (de très peu) par… la Surface Pro 4, pourtant munie d’un processeur bien moins onéreux. Le problème est que le Surface Book bride son CPU. Alors que le Core i7 6600U est censé pouvoir maintenir ses deux coeurs à 3,2 GHz (et un seul à 3,4 GHz), nous avons constaté qu’il plafonnait à 2,87 GHz durant notre test. De son côté, la Surface Pro 4 laisse son Core i5 6300U s’exprimer librement et maintenir ses deux cœurs à 2,9 GHz. Au final, les deux machines affichent donc les mêmes performances à 2% près. Mais l’une est beaucoup plus chère que l’autre. Par rapport au MacBook Pro Retina 13″ ciblé par Microsoft, le gain n’est pas beaucoup plus significatif : le Surface Book s’est montré simplement 3% plus rapide.

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Les tests du sous-système de stockage tournent nettement plus en faveur du Surface Book. Son SSD de 512 Go sur bus PCI-Express et interface NVMe dépasse tous les autres SSD que nous avons croisés dans les Ultrabook, à l’exception de celui du MacBook Pro Retina d’Apple. Et encore, l’écart est faible et le SSD “Microsoft” bat le SSD “Apple” sur certains critères. Globalement, le Surface Book sait réaliser des copies de fichiers deux fois plus rapidement qu’un Ultrabook classique à SSD SATA.

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Une vraie carte graphique

Nous ne pouvons pas refermer le chapitre performance sans évoquer le principal argument du Surface Book : sa carte graphique. Dissimulé sous le clavier, ce GPU est très proche d’une GeForce 940M. Très proche, mais pas identique, puisque Microsoft a commandé une puce particulière à Nvidia, aux fréquences adaptées et utilisant de la GDDR5 au lieu de DDR3. Avec ce GPU dédié, le Surface Book n’ira donc pas chasser sur les terres des PC “Gaming”, mais il sera nettement plus à l’aise que les autres Ultrabook qui doivent se contenter du cGPU Intel. À quel point plus à l’aise ?

Hé bien, dans le benchmark SkyDiver de 3D Mark, le Surface Book obtient 6225 avec sa GeForce, mais seulement 3052 avec son Intel HD 520. Hors d’un benchmark, la différence ne sera pas toujours d’un facteur 2, mais grâce à cette carte graphique dédiée, il devient envisageable de jouer. Une référence comme Tomb Raider (2013) tourne ainsi sans problème sur l’écran interne pour peu qu’on se limite aux niveaux de détail “bas” ou “normal”.

Écran : un petit faux-pas

Microsoft avait signé un quasi-sans-faute avec l’écran de la Surface Pro 4, le Surface Book fait un peu moins bien. Commençons par les points positifs. La résolution de 3000 x 2000 pixels est très précise et confortable, les reflets sont minimisés. De même, l’excellent taux de contraste maximum de 1881:1 et la luminosité maximum de 444 cd/m2 assurent qu’on pourra distinguer l’affichage même dans des environnements lumineux.

Mais les utilisateurs les plus attentifs au respect des couleurs seront un peu déçus. Alors que la Surface Pro 4 a démontré une justesse parfaite avec un deltaE 94 inférieur à 2, le Surface Book affiche de petites dérives. Le deltaE 94 moyen se situe à 4,12. La correction gamma est également perfectible : nous l’avons mesurée à 2, assez loin de la cible 2,2.

Image 6 : Le Microsoft Surface Book : c'est bien, mais ça pique !

Ces résultats restent très bons, mais on s’attendait à voir Microsoft maintenir le même niveau de qualité entre la Surface Pro et le Surface Book, compte tenu de la similitude de leurs écrans.

La meilleure autonomie

Le Surface Book ne contient pas une, mais deux batteries. La première, située derrière l’écran n’emmagasine que 18 Wh. La seconde, stockée dans la base clavier, est presque trois fois plus généreuse, avec 51 Wh. Au total, le Surface Book emporte 69 Wh, ce qui est largement plus que les Ultrabook habituels. Le résultat est à la hauteur : le Surface Book a la meilleure autonomie de tous les Ultrabook PC que nous avons testés, soit 7 h 43 minutes. Il n’est devancé que par le MacBook Air d’Apple, qui, dans sa version 2013 avait résisté 9 h 13 minutes à notre test.

Image 7 : Le Microsoft Surface Book : c'est bien, mais ça pique !

Même si on souhaite utiliser uniquement la tablette, on peut bénéficier d’environ 2 h de liberté. Bravo, donc, à Microsoft d’offrir réellement une journée de travail loin des prises de courant.

Température et bruit

Le Surface Book est puissant et fin. Sait-il convenablement gérer sa montée en température, sans faire trop de bruit ? Globalement, oui ! En charge (à la fois du processeur et de la carte graphique), le niveau sonore n’a pas dépassé 41 dBA. Cela place le Surface Book dans la fourchette plutôt haute, mais il faut prendre en compte la présence du GPU dédié dont sont dépourvus d’autres machines. La Surface Pro 4, sans GPU externe, se limitait à 39,4 dBA. Le MacBook Pro 13″ Retina, monte lui à 44 dBA.

En échange d’un niveau sonore assez élevé, le Surface Book contient correctement sa température. Malgré la présence d’une carte graphique “externe”, notre caméra thermique n’a ainsi mesuré que 46,2 °C au point le plus chaud. Comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessous, la base clavier est froide, la chaleur est principalement concentrée dans l’écran. Lorsqu’on utilise le Surface Book en PC portable, le confort est donc très appréciable.

Image 8 : Le Microsoft Surface Book : c'est bien, mais ça pique !Image 9 : Le Microsoft Surface Book : c'est bien, mais ça pique !

Qualité audio

La partie tablette du Surface Book contient des haut-parleurs stéréo d’une qualité assez surprenante vu la taille, et une prise casque au format 3,5 mm. Celle-ci est bizarrement située dans le coin droit, en haut. C’est une position assez logique quand on manipule l’écran comme une tablette, mais elle pose souci quand l’écran est fixé sur le clavier.

Techniquement, cette sortie audio est de qualité correcte. Elle reproduit fidèlement presque toute la bande passante audible (de 41 Hz à 20 000 Hz). Mais le rapport signal/bruit de 71,7 dB ou la distorsion de 69 dB sont moyens.

Un PC hybride d’élite, vendu à prix élitiste

À l’issue du test, le profil du Surface Book se confirme. C’est une véritable réussite technique. Microsoft a brisé le moule traditionnel du PC portable pour le transformer en une tablette avec carte graphique externe. Cela pouvait poser des problèmes : l’écran aurait pu être trop lourd et devenir instable, la liaison avec la carte graphique aurait pu ne pas fonctionner de manière fiable, sa puissance aurait pu grever l’autonomie, etc. Mais les équipes menées par Panos Panay ont réussi à éviter tous ses écueils et pour le client final, le Surface Book s’utilise comme un PC portable classique.

La qualité perçue est  par ailleurs excellente grâce au choix de matériaux nobles. Pour couronner le tout, on profite d’une tablette, certes très grande, mais étonnamment agréable grâce à sa finesse et sa légèreté. Techniquement on ne peut donc faire que peu de reproches au Surface Book.

Cependant, ce n’est pas suffisant pour que nous puissions le recommander sans hésitation. Toutes ses qualités, le Surface Book les fait payer très cher. La première configuration coûte déjà 1649 €, soit 200 € de plus  que le premier MacBook Pro Retina. Mais elle est livrée sans carte graphique dans son clavier, ce qui supprime à nos yeux presque tout son intérêt.

Le véritable tarif minimum du Surface Book est selon nous 2069 €, celui de la première version avec GPU. On peut trouver bon nombre d’Ultrabook de très bonne facture pour bien moins que ça : le Dell XPS 13 par exemple, débute à 1 300 €. Il reste encore 769 €, que l’on pourrait investir dans un véritable PC de jeux.

Le choix d’un Surface Book se fera donc plus par conviction personnelle que sur sa fiche technique. Et personnellement, nous, on l’aime bien !