Les ordinateurs biologiques sont-ils l’avenir de l’intelligence artificielle ?

FinalSpark, une entreprise suisse, propose aux universitaires de louer des « biocomputers » faits de cellules cérébrales humaines pour 450 euros par mois. Cette technologie pourrait transformer notre approche de l’intelligence artificielle.

FinalSpark cluster biocomputers
Un cluster de neurosphères en plein travail – ©FinalSpark

L’informatique serait-elle sur le point de subir une nouvelle révolution grâce à l’émergence des « biocomputers », des ordinateurs biologiques constitués de neurones humains ? FinalSpark, une entreprise suisse, a développé la première plateforme en ligne permettant aux chercheurs d’accéder à distance à ces processeurs biologiques. Pour 450 euros par mois, les universitaires peuvent louer un accès à quatre organoïdes cérébraux partagés, permettant de conduire des recherches sur la bio-informatique.

Ces organoïdes sont capables d’apprendre et de traiter des informations de manière exceptionnellement efficace. Ils sont également beaucoup moins énergivores que les processeurs numériques traditionnels (FinalSpark avance le chiffre -peut-être exagéré- d’un million de fois plus efficient), ce qui aurait un impact positif sur l’environnement. Les biocomputers pourraient ainsi permettre de réaliser des économies d’énergie considérables lors de tâches intensives telles que l’entrainement de modèles linguistiques, chers aux IA.

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Comment fonctionnent les biocomputers ?

Les biocomputers de FinalSpark sont basés sur une architecture « wetware » qui combine hardware, software et biologie. Les organoïdes cérébraux sont cultivés dans des laboratoires et placés dans un système de soutien microfluidique. Ils sont ensuite interfacés avec des électrodes pour stimuler les neurones, tandis que des caméras surveillent l’activité neuronale. FinalSpark offre d’ailleurs la possibilité d’observer en temps réel plusieurs neurosphères en plein travail.

FinalSpark organoide neuronal
Un organoïde neuronal grossi 1000 fois, composé de 10000 neurones humains – ©FinalSpark

Les chercheurs peuvent alors saisir des variables de données et interpréter la sortie du processeur biologique grâce à une interface logicielle spécifique composée d’une API de programmation en Python, d’un carnet de recherche numérique et d’un espace de stockage de données, le tout avec une assistance technique pour faciliter les recherches.

L’utilisation de biocomputers pourrait à terme transformer radicalement le paysage technologique. Les ordinateurs biologiques pourraient remplacer les CPU et GPU traditionnels et offrir une alternative plus économe en énergie pour les systèmes d’intelligence artificielle.

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Implications éthiques et avenir des biocomputers

Cette technologie soulève tout de même un certain nombre de questions éthiques : l’utilisation de neurones humains à des fins non médicales est un sujet délicat et controversé. FinalSpark collabore actuellement avec des philosophes pour respecter les principes bioéthiques tout en innovant.

Une autre préoccupation est la durée de vie limitée des organoïdes cérébraux. Actuellement, ils ont une durée de vie d’une centaine de jours avant de se dégrader, ce qui nécessite des transferts périodiques vers de nouveaux clusters. Les chercheurs travaillent actuellement pour améliorer la longévité des organoïdes et permettre une interaction plus efficace avec les systèmes d’IA classiques basés sur le silicium.

  • Une entreprise suisse propose de louer l’accès à des biocomputers.
  • Composés de neurones humains, ces processeurs biologiques seraient très largement plus efficaces que les puces de silicium.
  • L’entrainement des modèles linguisitiques est une cible privilégiée de ce type de technologie.