Introduction
Une souris Microsoft noire, illuminée de bleus artifices ? Non, vous ne rêvez pas, la firme de Redmond ne pense pas qu’aux férus de bureautique, utilisateurs des plus calmes s’il en est. La fièvre du jeu a pris les ingénieurs de Microsoft Hardware, et ça se voit : on aura rarement connu une souris Microsoft aussi haute en couleurs, à part peut-être certains modèles exotiques, comme ceux dessinés par un certain Philippe Starck, qui n’ont ceci dit connu qu’un succès tout à fait relatif.
La charge qui repose sur les épaules de ce petit dernier est loin d’être négligeable. Les références actuelles des souris pour joueurs ne sont en effet rien d’autre que des souris Razer, comme la Copperhead, ou pour certains l’éternelle Diamondback. Pour présenter un quelconque intérêt face à ces dernières, la Habu a donc fort à faire. Combine-t-elle le meilleur des souris Microsoft et Razer pour proposer une digne succession ou une alternative de poids à la solide Copperhead ? En d’autres termes, cette union impossible a-t-elle porté ses fruits, ou n’est-elle qu’un simple élément marketing destiné à booster les ventes de Razer en profitant de la renommée de Microsoft ? C’est à ces questions que l’on tentera de répondre.
Design et ergonomie
Design et ergonomie, suite
En termes d’efficacité, la Habu ne pourra donc convaincre face à sa grande sœur made in Razer que par une plus grande efficacité lors des déplacements la main ou les doigts couchés sur la souris. Ici, les emprunts au design de la célèbre IntelliMouse Explorer 3.0 et d’autres modèles plus récents sont particulièrement efficaces : la Habu remplit bien la main et ses commandes tombent sous les doigts, sans à nouveau qu’aucun élément ne vienne rendre inconfortable la prise en main. Si ses dimensions plus que généreuses la rendent moins adaptée à un déplacement du bout des doigts qu’une Copperhead par exemple, la Habu s’avèrera parfaite pour tous ceux qui déplacent leur mulot les doigts couchés dessus.
Il en va de même pour des utilisations plus calmes que le jeu, tout à fait envisageables avec la Habu. Si celle-ci ne fait pas adopter à la main une position aussi naturelle qu’une Logitech MX Revolution par exemple — celle-ci restant clairement la référence en termes d’ergonomie —, elle s’avère néanmoins confortable même sur des utilisations de longue durée. En réalité, le principal reproche que l’on pourrait lui faire est son renflement trop prononcé au niveau de la base du bouton principal gauche ; celui-ci rentre trop fermement et donc inconfortablement en contact avec la base de l’index et du majeur. De fait, il est donc nécessaire de reculer davantage la main sur la souris.
La collaboration des deux constructeurs a donc eu pour conséquence, certes relativement prévisible, de tempérer l’orientation résolument agressive de Razer par des emprunts aux souris Microsoft d’hier et d’aujourd’hui. Sans réellement être en recherche d’un compromis confort/efficacité à l’image des souris G de Logitech, le design de la Habu se pose en alternative à celui de sa grande sœur Copperhead, qui conserve dans ce domaine toute sa légitimité, notamment auprès des joueurs purs et durs qui pourront regretter les dimensions trop généreuses insufflées par Microsoft.
Boutons et molette : commandes de base
La Microsoft Habu est comme on l’a vu une souris asymétrique. Ainsi, si la Copperhead était bien dotée de sept boutons, c’est parce qu’elle en disposait de deux supplémentaires sur chaque flanc de la souris. En prévoyant un flanc censé accueillir annulaire et auriculaire, on aurait pu s’attendre à voir son nombre de boutons tomber à cinq. Que nenni ! Deux petits boutons supplémentaires ont été intégrés à l’arrière de la molette et permettent donc à la nouvelle venue de tenir tête à la référence, ne serait-ce que dans les chiffres.
Boutons et molette : commandes additionnelles
De manière générale, les commandes de la Habu sont tout à fait convaincantes et parfaitement adaptées à une utilisation nerveuse. Il convient cependant de ne pas oublier qu’elles sont par voie de conséquence immédiatement moins adaptées à des utilisations calmes comme la bureautique, ce qui relativise quelque peu les orientations prises par la Habu sur le plan de l’ergonomie. Bien sûr, ces commandes sont tout à fait utilisables en bureautique, mais elles conservent surtout une visée d’efficacité sans grands compromis. C’est en ce point qu’elles se différencient du design de la souris dans son ensemble, plus polyvalent.
Performances
Une solution simple pour détailler les performances de la Habu serait de faire un simple copier/coller de la section que nous avions consacré à la Copperhead lors de son test. L’électronique embarquée des deux souris est en effet tout à fait identique. On retrouve à la barre un capteur Agilent ANDS-6010 doté de caractéristiques toujours impressionnantes et d’une efficacité encore au top. Sa capacité à effectuer plus de 7000 captures de surface associée à un laser pour son éclairage mettent la Habu largement à l’abri de tout risque de décrochage, tout en lui offrant une compatibilité avec un maximum de supports. Sa définition de 2000 dpi au maximum lui offre quant à elle une précision inégalée. Il est cependant bien sûr nécessaire de tempérer la vitesse de déplacement du pointeur tenté par défaut dans ce mode de parcourir près de 800 pixels par centimètre de déplacement du mulot. Toutes les informations perçues par ce brillant capteur sont transférables jusqu’à une fréquence de 1000 Hz via une simple connexion USB grâce à l’intégration au sein des pilotes eux mêmes de la possibilité d’overclocker très simplement la fréquence de collecte des informations sur le port USB de la souris, par défaut de 125 Hz. En pratique, cette fréquence est tout à fait atteinte puisque lors de mouvements rapides, les échanges dépassent largement les 800 voire 900 Hz.
Tous ces éléments confèrent à la Habu des performances d’exception et il est quasiment impossible de la prendre en défaut sur le terrain des performances brutes. En introduisant les caractéristiques ergonomiques et le poids de la souris, les choses en vont cependant légèrement différemment. En effet, la Habu est non seulement et comme on l’a vu une souris imposante, mais elle est de surcroît lourde pour une souris destinées aux joueurs. Ce beau bébé dépasse en effet les 100 grammes, avec en réalité une dizaine de grammes supplémentaires par rapport à une Copperhead. Ce supplément de poids nuit quelque peu à la réactivité de la souris, certes de façon relativement négligeable à la longue. Vient de plus s’ajouter le problème du volume de la souris et de l’absence d’arrêtes saillantes permettant son bon contrôle du bout des doigts. En définitive, la Habu conviendra parfaitement à ceux qui reposent leur doigts et leur paume sur la souris, même dans le cadre d’une utilisation nerveuse, c’est à dire généralement les amateurs de faibles sensibilités. Ceux-ci trouveront par ailleurs une grande utilité au réglage de sensibilité à la volée intégré à la souris. Pour tous les autres joueurs déplaçant leur mulot du bout des doigts, toute souris de plus petite taille semblera plus adaptée. Pour des utilisations plus calmes que le jeu d’action, mais tout aussi exigeantes en termes de précision, le constat est cette fois bien sûr nettement plus homogène et à l’avantage de la Habu dont le design procure un confort tout à fait appréciable. Elle intéressera donc tout particulièrement ceux qui attachent une grande importance au jeu mais ne limitent pas exclusivement à cette seule utilisation et passent également une bonne partie de leur temps à surfer, etc. C’est une ouverture conséquente de sa cible qu’opère la Habu par rapport aux anciennes souris Razer qui se voulaient véritablement axées sur une utilisation ludique pure. Ici aussi, le réglage facilité de la sensibilité pourra avoir son importance. On appréciera par exemple une sensibilité plus élevée en navigation ou en bureautique, afin de limiter l’amplitude nécessaire des déplacements, tandis qu’une sensibilité plus faible fera mouche au cours d’une utilisation ludique. En poussant encore plus loin le concept d’adaptabilité, on pourrait même se résoudre à changer la disposition des boutons latéraux entre les différents types d’utilisation, en fonction des différentes positions adoptées par la main.
On le voit bien, la Habu se veut être une souris polyvalente sans pour autant sacrifier une trop grande part de son efficacité dans les jeux. C’est un pari plutôt réussi, voire franchement réussi pour tous ceux qui ne déplacent pas leur souris du bout des doigts tout en ayant besoin de précision. Pour les autres, la Habu reste sur le plan des performances une bonne souris, mais pas du niveau d’une Copperhead.
Finition, pilotes, divers
Finition, divers
Les produits Razer et Microsoft ont toujours fait preuve d’une bonne finition et la Habu ne vient pas déroger à la règle, puisque la majorité de ses matériaux sont de bonne qualité. Ainsi, le toucher des boutons principaux qui reprend celui des souris Razer précédentes est particulièrement agréable tout en étant excessivement peu collant. Sous la paume on retrouve un plastique des plus classiques, de qualité tout à fait acceptable. Inévitables, les habituelles bandes de caoutchouc translucide chères à Razer sont toujours présentes sur les bords de la souris, mais n’ont ici qu’une utilité esthétique puisqu’elles ne sont en contact qu’avec une partie extrêmement limitée de la main.
En revanche, un élément de cette finition est nettement plus sujet à caution, à savoir le plastique noir que l’on retrouve sur les flancs. Celui-ci est identique au plastique sous la paume, mais pose ici problème car trop lisse, et n’empêchant pas les doigts de glisser, ce qui nuit à la précision des déplacements. Il en va de même pour le plastique de l’élément latéral amovible, lui aussi trop glissant.
Partie logicielle, support
Du côté des pilotes, l’apport de Razer se fait une nouvelle fois fortement sentir. En effet, les pilotes de la Habu sont directement inspirés de ceux de la Copperhead qu’ils reprennent quasiment point pour point, en dehors de quelques nouvelles fonctions (comme le contrôle — essentiel il faut bien l’avouer — des lumières censées mettre en valeur la souris). Du reste, on retrouve le traitement habituel de Razer avec des choix esthétiques discutables, une impression parfois brouillonne mais globalement une exhaustivité totale et la concentration au sein de panneaux dépliants, visualisables simultanément, de tous les paramètres disponibles.
Observons au passage un détail agaçant plus qu’amusant. Si l’on retrouve bien les pilotes pour la Habu sur le site de Razer (ce qui est logique dans la mesure où leur contribution semble écrasante dans le domaine logiciel), le support technique s’effectue lui sur le site de Microsoft. On retrouve ce cas de figure même pour des questions d’ordre logiciel . Difficile d’y voir une quelconque cohérence, si ce n’est la volonté de justifier la présence majoritaire de Microsoft sur l’emballage !
Conclusion
Microsoft et Razer, une alliance fructueuse ? C’est incontestable au vu du bilan de la Habu. Ses performances toujours au top et son design résolument différent des productions précédentes de Razer en font assurément une alternative de poids face à la Copperhead. Elle affiche en effet une orientation sensiblement différente et moins radicalement destinée aux joueurs que cette dernière et propose une forme plus ergonomique, apportant davantage de confort tout en restant adaptée pour les jeux rapides. L’ensemble des commandes et en particulier les boutons latéraux interchangeables contribuent eux aussi efficacement à la réussite de cette ergonomie.
Au chapitre des regrets, on peut néanmoins signaler les pilotes employés, toujours un peu brouillons malgré l’expérience de Microsoft dans ce domaine, et la dissémination assez hasardeuse des pilotes et du support technique de la souris entre les deux fabricants. On peut également signaler le prix, à la hauteur des performances de la souris et qui pourra en décourager plus d’un.
Du reste, la Habu est à positionner tout à fait au niveau de sa soeur Copperhead. Il restera uniquement à choisir en fonction de ses préférences et de la position de la main généralement adoptée sur la souris. Pour un déplacement du bout des doigts, on préférera toujours la Copperhead, plus petite et plus maniable grâce notamment à ses arrêtes, même si la Habu n’est bien sûr pas totalement inadaptée. Pour un repos des doigts ou de la main sur la souris, la Habu prend l’avantage et se démarque par son design tout en arrondis. Généralement, on la préférera également pour des utilisations plus calmes mais nécessitant une grande précision, comme le graphisme, en raison de son agrément d’usage qui permettra des travaux de longue durée sans fatigue excessive.
En somme, cette union n’est vraisemblablement pas si impossible qu’on pouvait le penser !
- Les plus
- Les moins
- Excellentes performances
- Conception réussie et ergonomique
- Commandes en nombre et bien pensées
- Efficacité malgré un design ergonomique qui rend la souris adaptée à des utilisations calmes
- Un peu trop massive (poids, dimensions…)
- Inefficacité de la coopération dans le domaine logiciel et du support technique