NEC V801 : 80 pouces pour un Home Cinéma parfait ?

Introduction

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le NEC MultiSync V801 tranche avec les moniteurs que nous avons l’habitude de voir passer au labo. Cet écran LED/LCD de 80 pouces (200 cm en diagonale) cible un usage commercial tout en répondant à un besoin général de forte visibilité. Le V801 est particulièrement susceptible de trouver sa place dans les aéroports par exemple, afin d’afficher du contenu dynamique ou des flux d’actualités. Bien entendu, personne ne va s’amuser à installer un écran de ce format sur son bureau.

Etant donné que notre laboratoire est tout de même plus confidentiel qu’un terminal d’aéroport, nous avons plutôt voulu voir comment le V801 se comportait en tant que téléviseur. Notre suite de benchmarks reste tout à fait pertinente pour ce test, mais le travail aurait été incomplet sans une plaisante séance de films et séries TV.

Quelques années auparavant, la seule manière de profiter d’une diagonale supérieure à 50 pouces était d’opter pour un vidéoprojecteur, produit qui reste aujourd’hui la meilleure solution si l’on veut aller au-delà de 80 pouces : l’immersion provoquée par une image qui remplit complètement la vision périphérique est une expérience sans égal.

Ceci étant dit, les vidéoprojecteurs ont des limites et posent quelques difficultés à l’installation : il est par exemple nécessaire d’avoir une pièce avec un contrôle total sur la luminosité ambiante pour avoir la meilleure image possible. Notre pièce dédiée au laboratoire est ainsi peinte en noir du sol au plafond et complètement hermétique à la lumière. Si l’on utilisait encore des appareils photo argentiques, cette pièce servirait également de chambre noire.

Notre installation est composée d’un écran de projection mesurant 92 pouces en diagonale, accompagné d’un vidéoprojecteur Anthem LTX500 LCoS. L’ensemble a coûté environ 10 000 dollars il y a quatre ans. Malgré un contrôle très strict de la luminosité ambiante, nous plafonnons à  54 cd/m² de luminosité, valeur qui est devenue notre minimum de référence.

En 2009, notre graal en matière d’écran extra-large était un plasma Panasonic de 100 pouces. Nul doute qu’il nous aurait offert une expérience inoubliable avec ses 137 cd/m², mais avec un prix de 80 000 $, cet écran n’est resté qu’un doux rêve ! Un produit comme le NEC V801 fait un excellent écran pour le cinéma à domicile : son prix lui permet de concurrencer les vidéoprojecteurs milieu de gamme comme les LCoS de JVC. Affiché à moins de 10 000 € en prix public, il coûte par ailleurs moins cher qu’un vidéoprojecteur Runco ou Sim2 DLP.

Les caractéristiques techniques confirment que le V801 est immense. Concrètement, il nous est arrivé sur une palette et il a fallu un chariot pour lui faire franchir le pas de la porte. Alors que la superficie d’un moniteur peut encore se mesurer en cm² (environ 2000 pour un moniteur de 27 pouces), la superficie du V801 est mieux exprimée en m² : environ 1,77 (pour mémoire, 1 m² = 10000 cm²). La résolution maximale de 1920×1080 parait faible en comparaison des moniteurs QHD et UHD, mais il faut savoir que l’on ne distingue plus les pixels à environ 2,5 mètres de distance et au-delà. Par ailleurs, les contenus vidéo grand public étant encore en 1920×1080, l’intérêt d’une densité de pixels supérieure est encore insignifiant.

La dalle du V801 est d’un type que nous n’avons pas encore abordé sur Tom’s Hardware : l’UV²A est une technologie de Sharp à l’origine, laquelle permet un contrôle plus précis de l’angle des molécules de cristaux liquides au sein de chaque sous-pixel. Les principaux avantages de cette technologie sont notamment un contraste élevé ainsi qu’un rendement énergétique amélioré. La précision accrue du contrôle des cristaux liquides préfigure les dalles 4K, lesquelles nécessitent des pixels nettement plus petit que ceux des dalles 1080p à taille équivalente.

Ergonomie, connectivité et accessoires

Le V801 est clairement orienté vers le monde professionnel : son style neutre fait d’autant plus ressortir l’image sans qu’aucun détail n’attire l’œil au niveau de son châssis. Le bezel ainsi que la plaque arrière de l’écran sont en acier estampé. Mis à part l’image, on ne voit pas grand-chose de face : tout ce qui nous intéresse est à l’arrière ou sur le côté de l’écran.

Le refroidissement du V801 est assuré par plusieurs ventilateurs intégrés, lesquels sont thermorégulés et paramétrables depuis l’interface à l’écran. A l’arrière de ce dernier, on trouve deux points de montage VESA 400 mm situés sur les côtés du logo NEC. La marque japonaise propose même un support mural qui nécessite quelques précautions : les chevilles doivent pouvoir supporter un minimum de 68 Kg !

On trouve également deux points de montage supplémentaires au sommet du moniteur : avec le matériel adéquat, il est possible de suspendre l’écran en l’air. Ce type d’installation fait rêver, mais l’idée d’avoir un moniteur de 60 Kg au-dessus de sa tête n’est pas des plus rassurantes.

La connectique exhaustive montre à quel point le V801 est un écran particulièrement versatile. De gauche à droite, on trouve des connecteurs RGBHV BNC analogiques, DisplayPort, HDMI, DVI en entrée et sortie permettant le chaînage vidéo, VGA et composite. Sur l’extrémité droite, on distingue un port LAN ainsi que des E/S RS-232. On peut donc relier presque n’importe quel appareil au V801 pourvu que la source génère un signal vidéo compatible.

Les commandes ci-dessus sont utilisables si l’écran est monté sur un cadre, plutôt qu’au mur. Il est possible de contrôler l’alimentation, choisir la source vidéo et naviguer dans le menu, mais on ne voit pas ce que l’on fait lorsque l’on manipule ces commandes compte tenu de la taille de l’écran. Fort heureusement, NEC fournit une télécommande similaire à celle d’un téléviseur.

Cette télécommande est parfaitement fonctionnelle mais l’absence de rétro-éclairage rend son utilisation difficile dans une pièce obscure. Outre les boutons marche/veille immédiatement identifiables, on trouve un unique bouton pour changer de source, des réglages pour le mode d’image, son ratio et le son. Au milieu, les classiques commandes de navigation et contrôle du volume, ainsi que plusieurs réglages pour les modes PIP (image dans l’image). Une seule télécommande permet de contrôler jusqu’à cent V801 en attribuant à chacun un identifiant unique.

Quatre poignées comme celle-ci sont vissés au dos de l’écran pour en faciliter la manutention. Dans le cadre de notre laboratoire, elles nous ont parues indispensables.

Voici les connecteurs pour haut-parleurs externes. Immédiatement au-dessus, on trouve un espace protégé par une trappe amovible qui permet d’accueillir un PC de type « Slot-in » (vendu en option). Cette possibilité pourrait s’avérer extrêmement utile lorsque l’on utilise régulièrement le V801 pour faire des présentations tout en ayant la volonté d’intégrer au maximum son installation.

Les haut-parleurs intégrés sont au dos de l’écran, abrités par un carénage métallique. Annoncés à 10 Watts, ils produisent un son décevant qui conviendra aux sons de l’ordinateur sans vraiment pouvoir prétendre à mieux. La reproduction sonore est limitée à la moitié supérieure du spectre.

NEC vend également un pied en option, composé de deux parties qui viennent se loger dans les emplacements prévus à cet effet à l’arrière de l’écran. Nous les avons trouvés très utiles pour notre utilisation, mais pensons néanmoins que la plupart des utilisateurs monteront cet écran d’une façon ou d’une autre plutôt que de le poser.

Signalons enfin que NEC fournit le V801 avec câble d’alimentation, câble DVI, un CD contenant guide utilisateur et pilotes sans oublier les piles pour la télécommande.

Configuration et calibration

Le fait de dire que le V801 est un moniteur extrêmement versatile est un euphémisme : nous ne savons même pas s’il existe une source analogique ou numérique qu’il ne soit pas capable de gérer. C’est pour cette raison que nous avons décidé de le traiter comme un téléviseur plutôt qu’un moniteur. Par ailleurs, son interface à l’écran est si riche que nous avons délibérément choisi de nous concentrer sur les réglages pertinents dans une optique de loisirs et d’informatique.

Voici le premier écran de l’interface, sur lequel on trouve l’ensemble des réglages nécessaires à la calibration. On ne peut que féliciter NEC d’avoir regroupé tous ces paramètres au sein d’un seul et unique menu, qui plus est agencé de manière très intuitive. Comme c’est le cas pour la plupart des téléviseurs HD, le rétroéclairage et la luminosité se règlent de manière distincte. Les tests ont révélé que le contraste comme la luminosité ont besoin d’être réglés avec minutie sous peine de brûler les détails de l’image ou d’avoir des noirs bouchés. Pour régler l’intensité lumineuse, il faut en fait agir sur le rétroéclairage.

Bien que les curseurs RGB soient labellisés « gain », on ne peut gérer le « bias ». Lorsque l’on touche ces réglages, la température des couleurs passe de 6500K à « custom ». C’est en calibrant l’échelle des gris du V801 avec une fenêtre à 80 % de blanc que l’on obtient d’excellents résultats.

Voici le sous-menu dédié à la gestion des couleurs. Etant donné que seule la teinte est réglée, nous n’avons pu qu’optimiser les couleurs secondaires cyan et magenta. Fort heureusement, les couleurs ne nécessitent pas de réglage particulier étant donné qu’elles sont déjà très fidèles d’origine.

Le gamma est réglé par défaut à 2,4, valeur que nous avons abaissée à 2,2. Les autres réglages se destinent à des contenus spécifiques : DICOM est un standard en imagerie médicale par exemple. Si le gamma est réglé sur programmable, le logiciel du V801 gère lui-même le réglage.

Le « Telecine » est également une fonctionnalité empruntée aux TV HD, à savoir un algorithme de traitement vidéo qui convertit un film en 24 ips à une fréquence de 60 Hz. On la connait également sous le nom de « 3:2 pulldown ». Le contraste adaptatif dérègle complètement le gamma en plus d’écraser des détails, en les brûlant ou en les perdant dans le noir en fonction des contenus. Mieux vaut donc laisser cette option désactivée.

Parmi les six modes d’image proposés, Standard, Cinema et HighBright sont entièrement paramétrables. Les deux modes « Ambiant » utilisent le capteur de luminosité intégré pour moduler le rétroéclairage, tandis que le mode sRGB bloque la température des couleurs ainsi que les réglages du CMS (système de gestion de contenu).

Sans surprise, le meilleur mode d’image pour utiliser au mieux la définition du V801 est le 1:1 étant donné qu’il n’y a alors aucune mise à l’échelle ou overscan. Nos tests ont été conduits avec un câble HDMI, choix qui laisse un cadre gris autour de l’image représentant environ 5 % de sa superficie. Pour le supprimer, il faut aller dans les options avancées et désactiver l’overscan. Les réglages d’ajustement de l’image dans le coin inférieur droit permettent quant à eux d’effectuer un zoom sur une partie de l’image.

Les haut-parleurs internes de 10 Watts ont le droit à des possibilités de réglages étendues. Il est possible de gérer le volume d’une installation sonore dédiée avec la télécommande du V801, en paramétrant « Line Out » sur « Variable ».  L’option « Surround » joue sur la phase (latence) des deux haut-parleurs pour qu’ils simulent la présence de cinq haut-parleurs : en pratique, le son nous a paru un peu creux et artificiellement résonant. Mieux vaut donc se contenter du simple mode stéréo.

Le V801 permet de définir jusqu’à sept profils, chacun pouvant bénéficier d’horaires spécifiques pour la mise en route/arrêt, source au démarrage et mode d’image. Cette fonctionnalité est très appréciable pour une utilisation professionnelle, puisqu’elle permet par exemple de limiter le fonctionnement de l’écran aux plages horaires travaillées.

Le menu PIP offre lui aussi un nombre considérable de réglages. Il est possible d’afficher une deuxième source soit en mode fenêtre, soit en écran partagé, sachant que la fenêtre peut être déplacée n’importe où sur l’écran. De plus, on peut profiter d’un menu bandeau déroulant qui peut être activé partout à l’image.

Ce bandeau est particulièrement bienvenu pour des fils d’informations générales ou encore financières, puisque l’on peut donc faire dérouler des informations tout en affichant une vidéo. En plus de pouvoir régler sa position et sa taille, il est possible de jouer sur sa transparence avec le réglage « Blend ».

L’interface propose un choix de neuf langues.

Imaginons un mur composé de cent moniteurs de 80 pouces : le V801 peut justement gérer jusqu’à 100 exemplaires pour afficher une seule image ! Bien entendu, il faut pour cela un amplificateur de répartition ainsi qu’une installation électrique capable de tenir le choc. Chaque V801 dispose de son propre identifiant, lequel peut être déterminé ici.

En configuration « mur d’images », les moniteurs peuvent être aussi bien contrôlés par Ethernet grâce au port RJ-45 intégré qu’avec leur port série (RS-232), interface la plus courante pour la communication en série aussi bien au niveau grand public que professionnel. Notons que le port série permet le chainage de moniteurs : concrètement, il est possible de copier les réglages d’un écran vers tous les autres. 

Les réglages de cette page méritent d’être évoqués. « Power Save » permet d’éteindre le moniteur en l’absence de signal d’entrée après une durée définie au préalable. Les ventilateurs internes peuvent être paramétrés en automatique avec un seuil de température que l’on détermine soi-même. A ce propos, nous n’avons jamais entendu les ventilateurs fonctionner en conditions d’utilisation normale si ce n’est à l’allumage du moniteur. « Screen Saver » et « Side Border Color » sont des réglages qui permettent d’éviter le marquage de la dalle ou encore la rétention d’images. Ce problème n’affecte pas vraiment les dalles LCD, mais un moniteur ayant été conçu pour tourner 24h/24h pourrait tout de même en souffrir dans la durée.

La fonction « Alert Mail » est assez appréciable : un V801 connecté par port LAN peut envoyer un email à son possesseur en cas de disfonctionnement.

La dernière rubrique, « Advanced Option », offre des réglages pour la gestion des sources, l’overscan ainsi que d’autres possibilités bienvenues dès lors que le moniteur est utilisé comme téléviseur. Le désentrelacement est activé par défaut et devrait rester tel quel afin que le V801 puisse traiter correctement les signaux vidéo entrelacés. On peut trouver le réglage « HDMI black level control » dans l’entrée « Terminal Setting », sachant qu’il doit rester à sa valeur par défaut (« Extend ») dans le but d’afficher les 256 valeurs permises par l’espace de couleur. « Color System » permet de modifier le système de codage des couleurs : le mode automatique fonctionne correctement mais il possible de forcer des signaux en NTSC, PAL, SECAM, NTSC 4.43 et PAL 60.

Calibration

La calibration du V801 a été très simple dans la mesure où nous l’avons traité comme un téléviseur : Grâce aux réglages distincts du rétroéclairage et de la luminosité,  nous avons pu correctement définir les niveaux de blanc et noir, après quoi l’intensité lumineuse a été ajustée avec le curseur du rétroéclairage. Concrètement, le contraste était parfait d’origine tandis qu’il a suffi d’un cran de plus au niveau de la luminosité pour atteindre un niveau juste. Le réglage du rétroéclairage est particulièrement fort, ce qui permet au V801 d’être correctement adapté en fonction de l’environnement.

Les réglages de l’échelle de gris ne permettant d’influer que sur la partie la plus claire, nous avons utilisé une blanche à 80 % pour atteindre une température de 6500K au niveau du point blanc. On peut voir en page 7 les excellents résultats à la clé. Le CMS a été testé mais étant donné qu’il ne contrôle que la teinte, il s’est avéré assez inutile. Fort heureusement, le gamut de couleurs par défaut est assez proche du standard Rec. 709 et ne nécessite donc pas vraiment d’être réglé. Nos paramètres figurent dans le tableau ci-dessous. Deux niveaux de rétroéclairage ont été utilisés : l’un pour atteindre 200 cd/m² et l’autre pour une cible de 170 cd/m², valeur que nous considérons comme idéale pour regarder la télévision. Notons que la luminosité (profondeur des noirs) a été réglée différemment suivant que les contenus affichés étaient d’origine PC ou vidéo : pour les benchmarks, la luminosité était plus intense (adaptée aux signaux PC), tandis qu’elle était moins intense pour les tests en utilisation cinéma (adaptée aux signaux vidéo).

Le NEC V801 en utilisation cinéma

Pour les tests en utilisation home cinéma, le moniteur est directement relié à un lecteur Blu-ray Oppo BDP-93, lequel est paramétré en mode « Source Direct » afin que tout traitement vidéo nécessaire soit effectué par le V801 et non pas par la platine.

Le contraste est un critère extrêmement important qui permet de distinguer les bons des très bons téléviseurs. Notre test préféré pour évaluer le contraste est Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, un film riche en scènes particulièrement sombres qui met à rude épreuves les capacités d’un téléviseur à restituer les détails de l’image. Un téléviseur moyen tend à rendre une image qui manque de profondeur et de détails. Le V801 s’en sort brillamment grâce à des niveaux de noir très profonds ainsi qu’un gamma juste. Dans la scène d’ouverture du film, Harry Potter et Dumbledore marchent ensemble au sein d’un environnement nocturne : l’image est très détaillée au niveau des tuiles et briques par exemple, tandis que les niveaux de noir restent aussi riches que profonds. Les bandes noires générées par le format 2.40:1 ne sont pas complètement imperceptibles dans notre salle de test, mais on n’en n’est pas loin. Une légère lumière ambiante les rend invisibles. Le V801 a beau ne pas détrôner le meilleur écran plasma, il surpasse la grande majorité des téléviseurs LCD grand public que nous avons vus jusqu’ici.

Ce premier test a permis d’identifier LE défaut du V801 : le moniteur accepte les signaux 24p d’un lecteur Blu-ray, mais il les convertit en 60p avant de les afficher. 60 n’étant pas un multiple de 24, les films souffrent d’artéfacts liés aux mouvements à moins de paramétrer le lecteur Blu-ray en 60p. Ces artéfacts se manifestent par de petites saccades lors des changements de scène ainsi qu’un ressenti de fluidité excessive en mouvement, du fait de l’insertion d’images pour respecter la cadence de 60p. Bien entendu, l’immense majorité des téléviseurs HD vendus aujourd’hui sont capables d’afficher une source 24p en utilisant un multiple de 24, comme 120 ou même 240 ips.

Autre élément que nous prenons en considération avec les téléviseurs : leur capacité à gérer le bruit vidéo. Le Blu-ray Le Dernier samouraï constitue un excellent test vu que le transfert du film n’est pas très bon, souffrant notamment d’images bruitées et de renforcement des contours. Le fait est que le NEC V801 nous a impressionnés avec ce Blu-ray. Même le renforcement des contours est plus supportable que d’habitude, alors qu’il est exclusivement causé par le transfert vidéo. Notons que le bruit est réduit au minimum et ce malgré le fait que le réglage correspondant ait été paramétré sur 0 dans le menu du V801, signe qu’un traitement de l’image est tout de même effectué. Ce Blu-ray a beau ne pas bien passer sur la plupart des téléviseurs, le V801 le gère très bien.

Pour évaluer la capacité du V801 à rendre les couleurs, nous nous appuyons sur l’excellent transfert vidéo du Blu-ray de Seabiscuit. Le film a été tourné avec de nombreux tons chauds, ce qui lui permet de bien restituer la période de la grande dépression aux Etats-Unis. De ce fait, on repère assez facilement les téléviseurs qui affichent des couleurs délavées ou saturées. Le simple fait de rechercher une scène riche en couleurs automnales avec un soleil brillant nous a fait replonger dans le film. Les couleurs sont riches, éclatantes tout en paraissant naturelles. Les teintes chair, particulièrement importantes, sont équilibrées (sans dérive vers le rouge).

Passons maintenant à notre protocole de test habituel.

Configuration du test

Nous utilisons un spectrophotomètre i1Pro ainsi que la version 5.1.2 de SpectraCal CalMAN pour effectuer les mesures et calibrer les moniteurs.

Les images de référence sont envoyées par un générateur de mires AccuPel DVG-5000 : en éliminant carte graphique et pilotes vidéo de la chaine d’affichage, les moniteurs reçoivent des mires aussi fidèles que possible. Les connections sont faites en HDMI.

L’AccuPel DVG-5000 peut grimper jusqu’en 1920×1080 à 60 Hz. Outre les mires statiques, il peut afficher des séquences en mouvement afin d’évaluer le traitement vidéo d’un moniteur, y compris en 3D. Nous sommes donc en mesure d’évaluer colorimétrie, échelle des gris, crosstalk et ghosting des contenus 3D avec des lunettes 3D.

L’i1Pro est placé au centre de l’écran (à moins de mesurer l’uniformité de ce dernier) et isolé afin de bloquer toute luminosité ambiante. Le générateur de mires (au-dessus de la télécommande sur la photo) est contrôlé via USB par CalMan, logiciel exécuté depuis un portable Dell XPS.

Notre version de CalMAN Ultimate permet à l’utilisateur de générer des écrans ainsi qu’un flux de travail personnalisé. C’est précisément ce que nous avons fait de A à Z afin d’être assurés de collecter toutes les données nécessaires avec une série de mesures aussi courte qu’efficace.

Les graphiques nous donnent les niveaux RGB, la réponse gamma et le Delta E d’erreur pour chaque cran de luminosité allant de  0 à 100 %. Le tableau fait quant à lui apparaitre tous les relevés bruts. En haut à gauche apparaissent la luminance, le gamma moyen, le Delta E et le taux de contraste. Chacun des éléments peut être copié vers le presse-papier Windows, ce qui nous permet de créer aisément nos propres graphiques pour nos tests.

Chaque couleur primaire ou secondaire est mesurée à 20, 40, 60, 80 et 100 % de saturation. Le niveau de saturation des couleurs est tout simplement l’écart avec le point blanc sur l’espace CIE (à droite de l’image). On voit les cibles (carrés) s’éloigner du point blanc central en formant une ligne : plus un point est éloigné du centre et plus la saturation est importante jusqu’à atteindre 100 % aux extrémités du triangle coloré représentant le gamut. Nous voyons donc la réponse de l’écran sur plusieurs échantillons de couleur.

Pour bon nombre de moniteurs, les résultats ne sont satisfaisants qu’à partir du moment où l’on ne mesure qu’avec une saturation de 100 %. En effet, il est bien plus difficile d’atteindre les cibles avec des niveaux de saturation moins élevés, ce qui rentre en compte dans le calcul du Delta E moyen (et explique pourquoi nos valeurs Delta E sont parfois plus élevées que celles rapportées sur d’autres sites pour un même produit).

Notre protocole de test est pertinent pour n’importe quel écran, qu’il s’agisse d’un moniteur ou d’un téléviseur. La seule différence est l’inclusion d’un TV de référence à fins de comparaison, à savoir le Pioneer Elite PRO-111FD issu de la fameuse série Kuro.

Luminosité et contraste

Avant de calibrer n’importe quel écran, nous effectuons des mesures avec la luminosité réglée à 0 puis à 100 %, ce qui nous permet de voir comment le contraste est affecté par les capacités de luminance extrêmes d’un moniteur. Le contraste n’est pas augmenté au-delà du seuil à partir duquel les détails sont brûlés, le but étant d’arriver à la luminosité maximale sans que l’image ne soit dégradée.

Le panel d’écrans est constitué des 5 derniers modèles parvenus au laboratoire ainsi que du Pioneer PRO-111FD. Ce dernier n’est plus fabriqué, mais il représente encore le summum des écrans plats. Nous avons utilisé son port série pour accéder à la calibration ISF, cette dernière donnant accès au « Day mode » qui a été utilisé pour toutes les mesures.

Une dernière remarque s’impose avant d’aborder les résultats : grâce aux réglages séparés de la luminosité et du rétroéclairage, l’intensité lumineuse du V801 a pu être adaptée en ne touchant qu’au rétroéclairage. Les niveaux de luminosité et contraste sont restés inchangés tout au long des benchmarks.

Le V801 étant un moniteur destiné à la présentation de contenus, il se doit d’être aussi lumineux que possible. On peut voir qu’il ne déçoit pas sur ce terrain. L’intensité lumineuse parait aveuglante dans notre pièce dédiée, mais elle est adaptée à une large pièce traversée par des rayons de soleil ou d’autres sources lumineuses intenses, comme par exemple dans un centre commercial ou hall d’immeuble. Le Pioneer PRO-111FD est assez lumineux … à l’échelle d’un plasma. Même les plus sombres des moniteurs LCD s’avèrent plus lumineux que la majorité des plasmas.

Les résultats qui suivent sont particulièrement intéressants.

Issue de la neuvième et dernière génération de la série Kuro chez Pioneer, le PRO-111FD a été commercialisé en 2008 et malgré son âge, il parvient à afficher des noirs d’une profondeur presque sans égal aujourd’hui quel que soit le type d’écran. Le V801 parvient à surpasser le Samsung S27B970D, mais il est cependant loin du plasma de Pioneer. Il ne faut cependant pas s’y méprendre : compte tenu de son intensité lumineuse, il s’agit d’un excellent résultat.

Voici le résultat final pour le contraste.

Pour situer le contexte, nous sommes très satisfaits d’un contraste supérieur à 1000:1 pour un moniteur. V801 et PRO-111FD évoluent donc à un niveau incroyable. Même avec la luminosité au maximum, l’image produite par ces deux écrans donne une véritable sensation de relief. Nous sommes fermement convaincus du fait que la plage dynamique (profondeur des noirs et luminosité des blancs) est le premier des critères à déterminer la qualité d’image.

Il nous a fallu légèrement revoir notre procédure pour les tests avec une luminance minimale. Au lieu d’agir sur le réglage de luminosité, nous avons baissé le rétroéclairage : il s’avère que la réduction de la luminosité en dessous de 51 fait perdre des détails sur les scènes sombres, tandis que la baisse du rétroéclairage les préserve. L’intensité lumineuse du Pioneer PRO-111FD a quant à elle été réduite en abaissant le contraste à 0.

Le plasma fournit encore une image présentable, ce qui n’est pas le cas du NEC V801. Afin d’avoir des valeurs plus réalistes en termes de profondeur de noir et de contraste, nous avons également effectué des mesures avec une intensité lumineuse de 53,3502 cd/m².

Voici les résultats pour la profondeur du noir.

Avec une luminosité minimale, le V801 coiffe le plasma sur le poteau avec un écart insignifiant de 0,0009 cd/m². Lorsque le niveau des blancs est augmenté à 53,3502 cd/m², les noirs restent très profonds : 0,013 cd/m².

Pour finir, voici le contraste minimum des différents écrans.

Le V801 parvient à un résultat impressionnant, quand bien même le Pioneer PRO-111FD évolue dans une toute autre catégorie. Il y a encore mieux : lorsque l’intensité lumineuse est réglée à 53,3502 cd/m², le contraste augmente pour atteindre 4091:1.

Résultats post-calibration

Etant donné que nous considérons la valeur de 200 cd/m² comme idéale (à moins d’être dans l’obscurité), tous les moniteurs sont calibrés pour l’atteindre. Dans une pièce avec un éclairage ambiant normal (comme un bureau par exemple), cette luminosité permet d’avoir une image précise, vivante avec un maximum de détails et un minimum de fatigue visuelle. C’est également le niveau idéal pour le gamma et l’échelle des gris que nous verrons sur la page suivante.

Comme nous l’avons vu sur le benchmark en luminance maximale, le Pioneer PRO-111FD n’est pas tout à fait capable d’atteindre 200 cd/m², raison pour laquelle nous avons effectué une deuxième mesure sur le V801 avec un niveau de 171,3207 cd/m². L’intensité lumineuse est alors plus acceptable pour regarder des contenus vidéo dans une pièce obscure.

Après calibration, il arrive que le noir perde en profondeur. Nous considérons que la légère perte de contraste est largement justifiée par la fidélité accrue des couleurs.

Le V801 est donc notre nouvelle référence du côté des écrans LCD pour la profondeur du noir après calibration. Les plasmas de Pioneer sont connus pour afficher des noirs très profonds, ce qui se manifeste concrètement : lorsque le PRO-111FD affiche une image complètement noire, on a l’impression qu’il est éteint. La profondeur du noir est très impressionnante sur le V801 (0,0475 cd/m²) sans pour autant atteindre la perfection constatée sur le plasma.

Voici le contraste après calibration.

Le NEC V801 affiche donc un contraste quasiment triplé par rapport à son plus proche concurrent parmi les moniteurs LCD, à savoir le ViewSonic VX2770Smh. La profondeur de l’image sur cet écran est vraiment impressionnante et c’est pour cette raison qu’il fait un très bon téléviseur.

Taux de contraste ANSI

Autre mesure importante pour le contraste, l’ANSI (Institut de normalisation américaine). Pour ce test, nous utilisons un damier à seize cases : le benchmark est donc un peu plus réaliste que des mesures effectuées écran allumé/éteint vu que l’on apprécie alors la capacité d’un écran à maintenir simultanément des niveaux de blanc/noir complets, ce qui prend donc en compte l’uniformité de la dalle. La moyenne de huit mesures de blanc complet est divisée par la moyenne de huit mesures de noir total pour parvenir au résultat ANSI.

Au premier abord, on s’étonne du décalage entre contraste noir/blanc et contraste ANSI sur le Pioneer PRO-111FD. Cet écart s’explique par les contraintes d’alimentation inhérentes à ce type d’écran : Il faut énormément de courant pour alimenter un plasma aussi grand, raison pour laquelle le courant disponible baisse au fur et à mesure que la luminosité augmente. S’il est possible de relever 170 cd/m² sur un damier réduit, on tombe à environ 46 cd/m² s’il s’agit d’un damier recouvrant intégralement l’image, soit une luminosité en baisse de 75%. Les LCD n’étant pas sujets à ce problème, la différence entre contraste noir/blanc et contraste ANSI est minime.

Echelle de gris et gamma

La plupart des moniteurs actuels, a fortiori les plus récents, affichent une excellente échelle de gris d’origine. Il est important que le blanc reste neutre quel que soit le niveau de luminosité. L’échelle des gris influe sur la colorimétrie au niveau des couleurs secondaires, à savoir cyan, magenta et jaune. Vu que les moniteurs sont généralement dépourvus de réglage pour les couleurs ou la teinte, la justesse de l’échelle de gris est essentielle.

D’origine, les couleurs du V801 sont à 10 000K. Cette valeur est tolérable dans un environnement lumineux, mais l’intensité lumineuse de l’écran est largement suffisante pour abaisser la température des couleurs à 6500K. Si le but est d’utiliser le V801 en tant que téléviseur, il est indispensable d’abaisser ces températures, sans quoi l’image tire vers le bleu quelle que soit la lumière ambiante.

Bonne nouvelle : le V801 peut être calibré selon n’importe quel standard.

L’abaissement de la température des couleurs à 6500K ainsi que les ajustements au niveau des couleurs RGB permettent d’obtenir une excellente échelle de gris, du plus sombre au plus clair. Comme en témoigne le graphique, l’absence de réglages pour le bas du signal ne pose aucun problème : le Delta E est de 2.0 au maximum en haut du signal et descend à 0,16 en bas du signal.

Un Delta E de 7,71 pour l’échelle de gris d’origine constitue une dérive assez considérable, mais elle est intentionnelle. En effet, certaines situations nécessitent une luminosité supplémentaire du point blanc. Le plasma de Pioneer affiche même une dérive encore plus importante, ce qui illustre bien la tendance des fabricants de téléviseurs à rendre leurs écrans aussi tape à l’œil que possible dans les surfaces de vente. L’essentiel est d’avoir une réelle marge de manœuvre pour rectifier le tir.

La calibration du V801 permet de limiter le Delta E à seulement 1,23, un très bon résultat. Sachant que la teinte la moins juste limite son écart à une valeur de 2 par rapport à la cible, aucun défaut n’est visible à l’écran et ce quelle que soit la luminosité. A défaut de sonde colorimétrique, le simple fait de baisser la température des couleurs à 6500K permet de se rapprocher du standard D65.

Gamma

Derrière le gamma se cache la mesure des niveaux de luminance pour chaque variation de la luminosité, de 0 à 100 %. Cette notion est particulièrement importante puisqu’un mauvais gamma peut se traduire par une image dont le détail souffre ou subit un phénomène de délavage, ce qui la rend plate ou terne. Un gamma satisfaisant produit au contraire une impression de 3D, plus profonde et plus incisive. En parallèle, l’image d’un moniteur proposant un fort contraste peut souffrir à cause d’un mauvais gamma.

Sur les graphiques ci-dessous, la courbe jaune représente un gamma de 2,2, valeur considérée comme standard pour la télévision, les films et l’imagerie. Il s’agit donc de la cible.

La courbe de gamma du V801 est presque parfaite. On apprécie tout particulièrement le fait d’atteindre ce résultat après avoir tout simplement choisi une valeur de 2,2 dans le menu de l’écran. Notons que la valeur par défaut de 2,4 ne dégrade pas franchement la qualité d’image mais n’est pas tout à fait conforme au gamma d’origine des contenus.

Voici les résultats pour les sept écrans.

Avec un écart de 0,12, le V801 fait partie de l’élite. La différence avec le plasma de Pioneer et le moniteur de Planar est quasiment imperceptible : il faut une sonde pour constater la différence.

Nous calculons ensuite la dérive du gamma, simplement exprimée en pourcentage par rapport à la valeur cible de 2,2.

Là encore, le V801 frise la perfection avec une dérive infime de 0,45 %. Suivant la tonalité, les valeurs extrêmes sont inférieures de 2,14 % ou supérieures de 2,27 % par rapport au gamma idéal. Concrètement, les anomalies en termes de luminosité sont à 2 cd/m² dans le pire des cas, un excellent résultat.

Couleurs et gamut

Le gamut de couleurs est mesuré au travers des six principales couleurs (rouge, vert, bleu cyan, magenta et jaune) suivant cinq niveaux de saturation (20, 40, 60, 80 et 100 %). Ceci permet de mieux rendre compte de la fidélité des couleurs qu’une série de mesures exclusivement à saturation maximale.

Nous avons essayé de faire des réglages avec le système de gestion des couleurs proposé par le V801, mais seule la teinte est affectée, ce qui ne permet que de légères améliorations sur le cyan et le magenta. Vu le peu d’influence de ces réglages sur le résultat final, nous ne présentons que les résultats post-calibration.

Le V801 s’en tire bien et couvre raisonnablement l’espace RGB. Les teintes rouge et magenta manquent légèrement de saturation, mais l’erreur n’est qu’à peine visible avec un signal supérieur à 80 %. Le graphique dédié à la luminance montre que l’on peut rectifier le tir en augmentant légèrement la luminosité du rouge. Au final, le résultat est aussi bon si ce n’est meilleur qu’avec la plupart des moniteurs ou téléviseurs.

Avec un Delta E de 1,19 en moyenne, la colorimétrie du V801 est tout simplement la meilleure que nous ayons mesurée cette année. Seul le Pioneer PRO-111FD fait mieux avec une valeur incroyable de 0,83, qui plus est avant calibration. Rappelons que nous tenons compte de tous les niveaux de saturation compris entre 20 et 100 %, ce qui rapporte des dérives plus élevées qu’avec une seule et unique mesure à 100 %. La très faible dérive colorimétrique prouve que le V801 a été très bien conçu et légitime son prix élevé.

Gamut Adobe RGB 1998

Il existe deux types d’écrans de nos jours : ceux qui se basent sur le standard sRGB comme les TV HD, et les écrans à gamut étendu qui vont jusqu’à couvrir 100 % de l’espace Adobe RGB 1998. Nous utilisons le logiciel Gamutvision pour calculer cette couverture, à partir d’un profil ICC crée en interne à partir de véritables mesures. Le graphique ci-dessous montre la couverture des espaces sRGB et Adobe 1998.

Le V801 parvient presque à couvrir l’intégralité de l’espace sRGB. En toute logique, les performances sont moins bonnes sur l’espace Adobe 1998, mais nous ne connaissons pas d’écran de cette taille qui soit capable de couvrir intégralement cet espace. Il serait de toute manière difficile d’imaginer à quelle utilisation un tel écran pourrait se destiner.

Au vu de ces résultats et des écarts relevés plus haut, nous considérons que le V801 devient notre écran de référence aussi bien pour la fidélité des couleurs que de l’échelle de gris.

Angles de vue et uniformité

Les angles de vue sont primordiaux pour une dalle de cette taille. Dans un environnement home cinéma, on est susceptible de s’asseoir à environ 3 ou 3,5 mètres de l’écran, ce qui implique que l’angle allant du centre de l’image jusqu’à ses extrémités est d’environ 32°. Nous prenons nos photos avec un angle de 45°, soit à peu près 2,1 mètres depuis le V801. En pratique, le recul doit être supérieur étant donné que l’on voit les pixels à cette distance.

En agrandissant l’image ci-dessus, on peut voir de légères dérives colorimétriques dans les tons gris moyen, aussi bien à l’horizontale qu’à la verticale. La perte de luminosité est presque imperceptible, une amélioration par rapport à ce que l’on constate globalement sur les écrans IPS. Avec des contenus vidéo classiques, la dérive des couleurs est à peine sensible. La dalle du V801 fait partie des meilleures que nous ayons testées pour ce qui est des angles de vue, ce qui en fait donc un écran aussi bien taillé pour le cinéma à domicile que la présentation de contenus. Par ailleurs, nous sommes également impressionnés par la capacité de la dalle à préserver les détails sur les images sombres quand bien même on s’écarte de l’axe central. Autrement dit, le V801 permet de regarder des films à plusieurs sans que personne ne se batte pour être assis au milieu du canapé.

Uniformité de l’écran : luminance

Pour mesurer l’uniformité d’un écran, nous utilisons des mires complètement noire/blanche pour en dégager neuf points de mesure. Les résultats ainsi obtenus sont comparés à ceux des moniteurs déjà passés par le laboratoire.

Dans un premier temps, la valeur de référence est déterminée au centre de l’écran. Les huit mesures suivantes sont exprimées en pourcentage par rapport à cette valeur, en positif ou en négatif. Nous calculons ensuite une moyenne. Notons que les tests ne portent que sur un seul exemplaire d’une référence particulière : il est donc possible que les résultats varient d’un exemplaire à l’autre.

Voyons dans un premier temps l’uniformité du noir.

C’est ici qu’un écran de très grande taille est désavantagé par rapport aux moniteurs de bureau : il y a nécessairement des zones plus claires que d’autres. Le centre du V801 est ainsi légèrement plus lumineux que le reste de l’écran mais étant donné qu’il utilise un rétroéclairage Edge LED, le résultat reste très impressionnant.

Le plasma Pioneer surprend dans la mesure où l’on s’attendait à une meilleure uniformité du noir. L’écran reste toutefois suffisamment sombre pour que les zones les plus claires passent inaperçues à l’œil nu : il faut une sonde pour constater les écarts.

Voici maintenant l’uniformité du blanc.

Le V801 est à nouveau plus lumineux en son centre sans que l’on puisse vraiment constater le phénomène de visu compte tenu de sa taille démesurée. Quoi qu’il en soit, la déviation est supérieure à celle que nous avons relevée sur les autres moniteurs. Le plasma est quant à lui largement au-dessus du lot.

Uniformité de l’écran : couleurs

Nous mesurons donc les variations de la balance des blancs grâce à une mire avec un blanc à 80 %. Les résultats sont exprimés en Delta E, soit l’écart entre la valeur la plus forte et la valeur la plus faible. A défaut d’avoir des données pour d’autres moniteurs, nous abordons directement les résultats du Q2963PM : ce dernier évolue entre un maximum de 2,6 et un minimum de 0,48, ce qui reste invisible à l’œil nu.

Nous n’avons pas encore vu de moniteur souffrir d’une dérive colorimétrique avec une mire blanche à 80 %. Le V801 comme le PRO-111FD sont tous deux en dessous de ce seuil. Notons qu’il s’agit à nouveau d’un test particulièrement difficile pour un écran aussi grand.

Temps de réponse et Input lag

Les tests qui suivent sont réalisés à l’aide d’une caméra filmant à 1000 i/s. L’analyse de la vidéo image par image nous permet de connaitre avec certitude le délai nécessaire pour qu’un moniteur passe d’une image complètement noire à une image complètement blanche.

Le générateur de mires est positionné à la base de chaque moniteur de manière à ce que la caméra puisse capturer le moment précis où les LED s’allument, indiquant qu’un signal vidéo est reçu par l’écran. Ce positionnement permet donc de mesurer facilement le délai nécessaire pour afficher une mire complète à partir du moment où la mire a été lancée. Outre sa précision, cette méthode est aisément reproductible et facilite donc d’autant plus les comparaisons.

Voici l’installation en image.

La zone grise sur l’écran de l’APN est la base de la vidéo utilisée pour le test. En bas du même écran on devine des diodes vertes sur le fond noir qui sont celles du générateur de mires. Ces dernières sont affichées puis désactivées à cinq reprises avant que l’on puisse en calculer une moyenne.

On en prend plein les yeux à jouer sur un écran de cette taille, mais le V801 n’est pas assez réactif pour le jeu en ligne compétitif : nous sommes à un niveau à peu près équivalent à celui des autres moniteurs IPS passés par le laboratoire. Ceci étant dit, la dalle se montre efficace pour réduire au maximum flou de mouvement et trainées.

Nous nous attendions à ce que le plasma affiche un meilleur Input lag, mais il ne fait que légèrement mieux que l’ensemble des moniteurs (exception faite de celui d’Asus, cas à part compte tenu de ses 144 Hz). Le V801 s’est quant à lui montré légèrement en retrait par rapport aux autres écrans IPS.

Nous avons essayé quelques jeux avec une Xbox 360, laquelle est donc limitée à 60 Hz, sans avoir de problème pour tenir le rythme de fps nerveux.

Conclusion

NEC ne s’attendait probablement pas à ce que nous traitions le V801 comme un téléviseur, mais la tentation était tout simplement irrésistible. Ce n’est pas un écran qui se destine à la bureautique, mais plutôt à devenir la pièce maitresse d’un home cinéma. Il y a peu, seul un vidéoprojecteur était capable de provoquer l’immersion tant recherchée par de nombreux cinéphiles. Aujourd’hui, on peut considérer qu’un écran LCD de cette taille constitue au moins une alternative.

Bien entendu, les quelques 9600 € demandés le mettent hors d’atteinte pour l’immense majorité d’entre nous. Sous réserve que le budget suive et que l’on ait envie d’un téléviseur ou moniteur très grand format, le V801 est quasiment sans concurrent à taille égale. Pour aller plus loin, il faut passer au vidéoprojecteur avec les contraintes que cela implique. Dans la plupart des salons ou pièces dédiées, un écran de 80 pouces offre une très grande immersion tout en permettant de ne pas avoir à éteindre la lumière.

Ceci étant dit, NEC positionne son produit comme un produit à usage commercial/professionnel. Force est de constater qu’il a été très bien conçu pour cela : construction solide, connectique pléthorique, possibilités d’intégration au sein de murs d’écrans et autres installations à grande échelle… nous avons du mal à imaginer un moniteur mieux adapté à ce type d’usage, mais nous pensons qu’il a également toute sa place dans une installation home cinéma.

Mesures à l’appui, tout particulièrement celles portant sur le contraste, le V801 se classe parmi les moniteurs et téléviseurs HD de référence. Nous lui avons opposé le pire concurrent qui soit avec le Pioneer PRO-111FD : il s’est bien défendu contre ce qui peut être considéré comme le meilleur téléviseur jamais commercialisé. Le contraste du V801 est nettement supérieur à celui de tous les autres moniteurs testés ainsi que la grande majorité des téléviseurs. La fidélité de ses couleurs, de son échelle de gris et enfin la précision de son gamma impressionnent tout autant. N’oublions pas son incroyable plage dynamique : avec une intensité lumineuse maximale proche de 460 cd/m², le V801 peut délivrer une image lumineuse et saturée dans n’importe quel environnement. Il suffit de baisser l’intensité lumineuse à environ 170 cd/m² pour avoir un écran de home cinéma à fort contraste.

Cependant, nous avons trouvés deux défauts au V801. Premièrement, l’uniformité des noirs n’est pas idéale, ce qui s’explique essentiellement par sa très grande taille. Même le plasma de Pioneer n’affiche pas un bon comportement dans ce domaine. Le second problème, lequel pourrait a priori être corrigé assez facilement, est son incapacité à s’aligner sur la fréquence de rafraîchissement de la source vidéo. Pour des contenus informatiques, ce n’est pas un problème étant donné que tout passe en 60 Hz. En revanche, un écran doit pouvoir afficher un multiple de 24 i/s pour reproduire les Blu-ray de manière fluide. C’est notamment le cas du PRO-111FD qui passe alors en 72 Hz, tandis que la majorité des dalles LCD fonctionnent à 120 Hz. Le V801 est bloqué à 60 Hz et bien qu’il accepte un signal 24 Hz en entrée, le processus de conversion engendre de brèves saccades ou accélérations. Peut-être qu’un nouveau firmware permettrait de régler le problème.

Si l’on cherche à constituer un mur d’écrans, le V801 dispose de toutes les fonctionnalités nécessaires. Bien que nous ayons du mal à imaginer une telle installation, il est possible d’en relier 100 pour leur faire afficher une seule image. A ce niveau, on parle d’un résultat qui pourrait se comparer au tableau d’affichage du Stade de France : 30 mètres de diagonale pour une surface de 457,2 m².

Le V801 peut donc répondre à tout rêve de très grand écran(s). En tant qu’écran pour particulier, on peut sans nul doute parler de produit de luxe. Mais on est rarement déçu lorsque l’on achète un produit reconnu comme étant le meilleur de sa catégorie.