Le site de streaming a utilisé l’Intelligence Artificielle pour recréer des photos d’une criminelle dans le cadre de l’un de ses documentaires. Ce recours pose des questions d’éthiques au sujet de la place de l’IA dans les programmes basés sur des faits réels.
L’IA est dans toutes les conversations. ChatGPT, Gemini, Copilot, Midjourney, DALL-E… Les chatbots et autres générateurs d’images par texte ont investi bon nombre de foyers et sont à la portée de tous. L’une des principales craintes des utilisateurs s’avèrent être le deep fake. Cette méthode consiste à reconstituer le portrait de quelqu’un en utilisant son visage, sa gestuelle et même sa voix.
Netflix y a vraisemblablement eu recours (seulement pour la photographie) pour son film documentaire baptisé Les Vérités de Jennifer. Ce programme retrace l’histoire de Jennifer Pan, qui a commandité le meurtre de ses deux parents en 2010 contre rémunération. Son père a été blessé mais sa mère a succombé à ses blessures. Mais jusqu’où ira l’IA dans le divertissement ?
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Des photos imparfaites bourrées de défauts
Ce sont les grands défauts des IA génératrices d’images. En effet, si vous avez eu l’occasion d’essayer une IA telle que Midjourney, vous avez sans doute pu obtenir des résultats bluffants mais aussi bardés de défauts. Le plus souvent, si vous générez des personnages fictifs, vous pouvez constater six doigts à une main, ou encore des formes anormales au sein du décor. C’est exactement ce qu’il s’est passé dans le film documentaire d’1h27 Les Vérités de Jennifer. La jeune adulte, alors âgée de 24 ans au moment des faits, a été reconnue coupable en 2014 et condamnée à perpétuité.
Vers la 28ème minute du long-métrage, Jennifer Pan apparaît alors sur plusieurs photos montrées à l’écran. Problème, de nombreux défauts dans les photographies ont remis en question leur véracité. Dent anormalement longue, oreilles difformes, décor incompréhensible. Pas de doute pour les internautes avisés : ce n’est pas réel. D’ailleurs, le service de streaming n’a pas cherché à nier l’évidence, et à même expliqué qu’il était impossible d’utiliser de vraies images pour des raisons légales.
Qu’une société de production utilise l’IA n’est pas nouveau. Disney+ a généré les crédits de sa série Secret Invasion à l’aide d’une intelligence artificielle et a utilisé ChatGPT pour l’écriture du scénario de Save The Tigers. HBO a même généré des décors entiers pour True Détective. En revanche, que Netflix l’utilise pour une criminelle en train de sourire et de faire la fête crée quelque peu un malaise. L’utiliser également pour une personne réelle peut ouvrir la voie à de multiples déviances et prouve une fois de plus que ces IA peuvent être utilisées facilement pour tout et n’importe quoi.