Introduction
En matière de stockage, Sony s’est souvent distingué par des solutions propriétaires pas forcément très intéressantes en termes de coût par Mo/Go : pour rester dans l’univers des jeux vidéo, on peut par exemple citer le memory stick de la PSP ou plus récemment les cartes mémoire de la PS Vita. Paradoxalement, le constructeur japonais s’appuie sur des formats courants pour ses consoles de salon, un choix que nous apprécions tout particulièrement du fait des possibilités de mise à jour aussi faciles que rapides. La PS2 acceptait ainsi les disques durs PATA 3,5 pouces, lesquels semblent franchement lointains aujourd’hui. La PS3 est quant à elle passée au SATA 2,5 pouces, choix qui a été reconduit pour la PS4.
D’origine, la PS4 embarque un disque dur de 500 Go (465 Go après formatage) qui octroie environ 57 Go au système d’exploitation ainsi qu’à divers logiciels. Entre le fait que les jeux au format Blu-Ray nécessitent maintenant une installation locale et l’essor des jeux dématérialisés, il nous semble que les 408 Go restants seront assez vite remplis au fur et à mesure que le catalogue de la console s’enrichira. Faut-il donc dès maintenant opter pour une solution de stockage à plus forte capacité, quitte à se contenter d’un autre disque dur ?
Sur le papier, il est tentant d’opter pour un SSD, d’autant plus qu’il est possible d’éviter les gros sacrifices en termes d’espace : on trouve par exemple le Samsung 840 EVO 500 Go à moins de 250 euros aujourd’hui. L’investissement n’est certes pas négligeable, mais si l’expérience utilisateur s’en trouve franchement améliorée, il serait d’autant plus défendable que le cycle de vie de la console devrait s’établir entre 5 et 10 ans.
Ceci étant dit, nous ne sommes pas nombreux à avoir envie de débourser près de 500 euros pour la console puis 250 euros pour un SSD avant même de parler jeux, ce qui nous fait donc revenir à l’arbitrage entre capacité et performances. Nous avons réuni quatre périphériques de stockage 2,5 pouces afin de trouver le meilleur équilibre possible.
Changer le disque dur : un jeu d’enfant
Comme pour n’importe quel remplacement de périphérique de stockage principal, l’ajout d’un disque dur vide suppose que l’on réinstalle le système d’exploitation. Avant cela, mieux vaut ne pas oublier de copier ses sauvegardes ou vérifier que ces dernières sont synchronisées sur le cloud si l’on est abonné PlayStation Plus. Bien entendu, il faut également recréer les installations locales de jeux au format Blu-Ray et/ou télécharger à nouveaux les jeux dématérialisés. Fort heureusement, Sony ne limite pas le nombre de téléchargements sur son service en ligne.
Une clé USB est indispensable pour copier le fichier d’installation du système d’exploitation (environ 900 Mo), lequel est disponible à cette adresse. Il suffit de le télécharger et de le placer dans le dossier PS4/Update/ que l’on crée à la racine de la clé USB. Attention à la version du système d’exploitation : Sony ne permet pas de revenir à une version antérieure à celle utilisée avant le changement de disque dur.
Le remplacement du disque dur n’est franchement pas contraignant d’un point de vue matériel puisqu’un simple tournevis cruciforme suffit (voir notre guide). Dans un premier temps, il faut faire glisser le capot brillant de la console. Sous ce dernier, une unique vis cruciforme maintient la cage du disque dur : Sony est allé jusqu’à reproduire les emblématiques carré, rond, croix et triangle sur la tête de cette vis !
Le disque dur est quant à lui maintenu par quatre vis, sachant que des œillets en caoutchouc permettent de le découpler du châssis. La tolérance maximale est de 9,5 mm en hauteur, ce qui exclut les modèles 2 To et plus, mais laisse tout de même une grande liberté de choix parmi les disques durs et SSD.
Une fois le nouveau périphérique installé, brancher la clé USB et allumer la console : on peut soit appuyer pendant 7 secondes sur le bouton d’alimentation pour accéder au mode sans échec, soit laisser la console démarrer automatiquement en mode sécurisé pour ensuite être guidé étape par étape afin de réinstaller le système d’exploitation depuis la clé USB.
Quatre solutions de stockage sur le grill
Nous avons retenus quatre produits pour cet article: un SSD Kingston E50 240 Go, le SSHD 1 To de Seagate ainsi que le très récent WD Black2, hybride disque dur et SSD. La sélection est complétée par un disque dur WD Scorpio Blue 1 To de 2011 qui permet non seulement de bien situer le modèle d’origine, mais aussi de savoir à quoi s’attendre lorsque l’on a un vieux disque dur sous la main.
Par rapport au disque dur d’origine, le Kingston E50 240 Go propose les débits d’un SSD sans perdre une partie de sa capacité annoncée. Cependant, il augmente le prix de la console nue d’environ 67,5 % (270 €).
Sur le papier, le SSHD de Seagate propose un compromis intéressant en alliant disque dur de 1 To et cache Flash NAND MLC de 8 Go pour 85 euros. Cependant, l’efficacité des algorithmes de mise en cache avec l’OS de la PlayStation 4 reste à voir, ce qui appelle une méthodologie de test légèrement différente.
Le Western Digital Black2 est également un hybride, mais il se distingue du SSHD de Seagate du fait que la partie SSD est directement accessible : on a ainsi un SSD de 120 Go et un disque dur de 1 To regroupés en un seul produit. L’idée est de choisir l’emplacement du système d’exploitation (SSD), des programmes (SSD) et données (disque dur). Malheureusement, la PlayStation 4 ne nous a même pas laissés aller jusque-là puisque nous avons eu un message d’erreur selon lequel l’OS nécessite un minimum de 160 Go. Autrement dit, la conception du produit de Western Digital le rend tout simplement incompatible avec la PS4.
Nous n’attendons pas grand-chose du Western Digital Scorpio Blue 1 To, mais il avait le mérite d’être à portée de mains, de proposer une capacité doublée par rapport au disque dur d’origine et enfin d’être encore disponible dans le commerce (~85 €, c’est-à-dire autant que le SSHD de Seagate). Reste à voir quelles performances peut-on en obtenir.
Protocole de test
Nous avons commencé chaque série de benchmarks sur une nouvelle installation de l’OS. Plutôt que s’embarrasser d’un chronomètre, nous avons enregistré chaque test à l’aide d’une caméra. Les vidéos ainsi obtenues ont été éditées pour obtenir des mesures aussi précises que possible, sachant que chaque test a été répété trois fois pour en dégager une moyenne qui a été retenue comme résultat final.
Benchmarks : temps de chargement
L’époque où il suffisait d’allumer la console pour jouer dans la foulée est loin derrière nous : il faut maintenant l’allumer, démarrer le système d’exploitation pour ensuite naviguer au sein de l’interface utilisateur (c’est à se demander si l’on ne parle pas d’un PC !). Le bon côté des choses, c’est que cette séquence constitue un excellent point de comparaison pour des solutions de stockages franchement différentes.
Sony fournit la PlayStation 4 avec un disque dur assez lent : le temps nécessaire au démarrage de la console s’améliore de 23 % avec le SSD Kingston, 15 % avec le SSHD de Seagate et même 9 % avec notre vieux Western Digital Scorpio Blue 1 To.
Ceci étant dit, les écarts sont aussi conséquents lorsqu’ils sont exprimés en pourcentages que minimes lorsqu’on les traduit en secondes : l’écart maximal est inférieur à 6 secondes, ce qui n’est pas énorme.
Passons maintenant à l’installation des jeux, étape devenue obligatoire pour les versions physiques.
Dans la majorité des cas, le périphérique de stockage n’a pas d’importance vu que les performances sont limitées par le débit du lecteur Blu-Ray : il n’est pas possible de jouer plus rapidement quand bien même on investit plus de 200 € dans un SSD.
Le lancement d’un jeu depuis l’interface utilisateur est très légèrement plus rapide avec le SSD Kingston E50 par rapport au disque dur Spinpoint M8 500 Go d’origine. Il en va de même pour le SSHD de Seagate mais les écarts sont presque imperceptibles en termes d’expérience.
Le disque dur de Western Digital est quant à lui un peu plus lent mais là encore, on ne perçoit quasiment pas la différence. C’est donc du côté de la capacité de stockage que celui-ci présente un véritable intérêt.
Précisons qu’au-delà de ces petits écarts, on est presque systématiquement soumis à une succession d’écrans avant de pouvoir jouer. On apprécierait donc le fait que Sony nous permette de passer outre. Passons aux temps de chargement dans les jeux.
Benchmarks : dans les jeux
Dans les jeux, les écarts les plus importants se manifestent au chargement d’une sauvegarde, action a priori la plus fréquemment répétée.
Pour ce test, nous avons utilisé une sauvegarde avec quelques heures de jeu sur Assassin’s Creed IV: Black Flag (à Tulum pour être précis). Kingston E50 et Seagate SSHD font jeu égal, permettant de diminuer l’attente de 33 % soit environ 10 secondes par rapport au disque dur d’origine. Pas sûr que ce résultat justifie la perte de capacité pour le SSD, mais le SSHD propose le meilleur des deux mondes : capacité et performances supérieures.
Notre Scorpio Blue s’avère être plus lent que le disque dur d’origine : attention au choix du modèle, un changement de disque dur n’est pas forcément bénéfique d’un point de vue performances.
En principe, le SSHD de Seagate est censé mettre en cache dans ses 8 Go de mémoire flash MLC les fichiers auxquels on accède le plus souvent. Afin de voir si le précédent graphique est réellement représentatif des performances du produit lorsqu’il s’agit de charger une sauvegarde, nous avons prolongé le test.
Lorsque l’on charge la même sauvegarde à 10 reprises en redémarrant la PS4 après chaque essai, on constate une variation significative des performances. Même en prenant la moins bonne des 10 tentatives, le SSHD s’en tire mieux que le disque dur d’origine, mais on ne peut pas pour autant affirmer que ce comportement est clairement dû au cache SSD.
Afin de s’assurer que le processus de vérification du Blu-Ray n’influait pas de manière inconstante sur un benchmark qui aurait dû montrer des performances en amélioration continue, nous avons également acheté Assassin’s Creed IV: Black Flag en version dématérialisée. La procédure de test a été répétée à l’identique (10 essais), suite à quoi nous avons obtenu des résultats assez similaires.
Si l’on constate bien un écart sensible en faveur de la version physique sur les trois premiers essais, les 7 tentatives suivantes ont rapporté des résultats quasi identiques.
Le remplacement du disque dur est-il vraiment nécessaire ?
Pour la majorité d’entre nous, il est naturel de vouloir modifier les réglages ou encore la configuration de produits high-tech afin d’en tirer leur plein potentiel. On pourrait presque dire que Sony encourage cette tendance en rendant facile le remplacement du disque dur de la PS4.
Nos benchmarks montrent que l’installation d’un SSD dans la dernière PlayStation apporte des gains de performances, mais ils sont assez faibles. On peut ainsi gagner quelques secondes au démarrage ou lors du chargement d’une sauvegarde mais au final, soit la dépense est déraisonnable, soit il faut faire des sacrifices excessifs en termes de capacité. Les SSD ont beau connaître une démocratisation continue depuis leur lancement, il faut tout de même compter plus de 650 euros pour une PS4 avec un SSD de 500 Go. Pour ce prix, on peut se constituer un PC de jeu entrée de gamme !
En revanche, le SSHD 1 To de Seagate est un choix à considérer. Affiché à 85 €, il a l’avantage d’être accessible, de proposer des performances proches de celles d’un SSD au sein de la PS4 et enfin de doubler la capacité du disque dur d’origine. Le gain en vitesse est difficilement perceptible dans de nombreux cas, mais on a au moins la garantie d’un espace de stockage confortable pour un prix raisonnable.
Notre vieillissant Western Digital Scorpio Blue 1 To s’est quant à lui révélé légèrement plus lent que le Samsung Spinpoint M8 fourni avec la console. Ceci étant dit, la baisse de performances est minime tandis que la capacité passe du simple au double. Pour peu que l’on ait un disque dur 2,5 pouces de cette capacité sous la main, la mise à jour du stockage de la PS4 peut donc être virtuellement gratuite.
S’il fallait retenir un modèle aujourd’hui, ce serait donc le Seagate SSHD 1 To. Cependant, les 500 Go d’origine sont encore suffisants pour le moment compte tenu de la logithèque embryonnaire de la console. D’ici à ce que son catalogue s’enrichisse, on verra probablement débarquer des disques durs 2 To d’une hauteur de 9,5 mm ou moins. C’est peut-être à ce moment que le changement de disque dur deviendra une nécessité.
Globalement, le périphérique de stockage de la PS4 n’est pas suffisamment utilisé pour justifier un gros investissement. La console a été conçue avec un disque dur à l’origine et le fait est que le résultat est bien équilibré compte tenu de son prix de vente. A priori, personne n’achète une voiture neuve pour mettre ensuite la moitié de son prix dans un pot d’échappement afin de gagner 10 chevaux-vapeur supplémentaires. On peut dire exactement la même chose des SSD par rapport à la PS4 : les énormes gains de performances auxquels ils nous ont habitués sur PC ne s’appliquent pas ici.
Pour peu que l’on ait 200/250 euros à investir dans l’univers PlayStation après achat de la PS4, il nous semble que la PS Vita est autrement plus attractive qu’un SSD de par sa fonctionnalité Remote Play, laquelle fera probablement l’objet d’un article à part entière.