N’achetez plus votre GeForce GTX 1080, louez-la ! C’est un peu l’idée derrière le service Shadow que prépare la start-up Blade. Un service de Cloud Gaming ultra performant, qui permettra de jouer en 4K à 60 fps sur n’importe quel écran.
Nous avons pu détecter aucune latence dans Overwatch.
Une box de la taille d’un Raspberry Pi, un écran, un clavier, une souris. Rien de plus. Pourtant, sous nos yeux tourne Overwatch en résolution QHD avec toutes les options poussées au maximum. Qu’est-ce donc que cette diablerie ? Tout simplement le fruit du travail d’une start-up française, Blade. Son service de cloud gaming – Shadow – pourrait bien révolutionner la manière dont on joue sur PC.
Une GTX 1080 dans un Raspberry Pi
Le principe est on ne peut plus simple : pour le prix d’un abonnement mensuel, on loue une machine hébergée dans le data center de Shadow. Une vraie machine de guerre : lors de la démonstration à la presse nous avions à disposition dans le cloud un Core i7 5930K et une GeForce GTX 1080 ! Les jeux sont exécutés sur ce PC distant et le flux vidéo est envoyé via internet au domicile de l’abonné, puis décodé par une mini box dédiée.
Une minuscule carte comme celle-ci suffit à jouer en 4K
À ce stade, vous pensez peut-être « bof, déjà vu tout ça, déjà essayé et c’était pas terrible », et personne ne vous en voudra. Mais par rapport aux services de cloud gaming existants, Shadow innove sur de nombreux points.
Tout d’abord, ce n’est pas du cloud gaming. Enfin, pas que. On n’achète pas un abonnement à un catalogue de jeux, mais l’accès à un PC. Sur ce PC on peut installer des jeux (achetés auparavant), mais aussi n’importe quelle application. Besoin de faire un montage vidéo 4K ? C’est possible. Un gros travail sur Photoshop ou InDesign ? Pas de problème.
Streaming en 4K à 60 fps
Ensuite, Shadow n’a pas été pensé pour le grand public, mais pour les joueurs passionnés et exigeants. Ainsi, quand un service comme Nvidia GeForce Now se limite à diffuser les jeux en 1080p, Shadow peut faire du streaming en 4K à 60 images par seconde. Pas de magie là-dedans : lorsque GeForce Now utilise des cartes Grid dont la puissance est partagée entre plusieurs utilisateurs, Shadow dédie une carte graphique à chacun de ses clients. Chaque serveur Shadow prend ainsi la forme d’un rack 4U, comptant une dizaine de GeForce GTX. Seuls le CPU et l’espace de stockage sont virtualisés et mutualisés entre plusieurs clients. La box de décodage, elle, ne consommera que 7 W.
Autre grande différence : la latence. Nvidia donne le chiffre de 30 ms, Shadow revendique une latence de seulement 9 ms ! Sur une bonne connexion fibre, dont le ping n’est que de 5 ms environ, la latence totale de moins d’une image (à 60 i/s, chaque image reste affichée pendant 16 ms). Il n’y a donc théoriquement aucune latence perceptible – et nos yeux n’en ont pas perçu.
Uniquement pour les fibrés
Oubliez donc l’ADSL, Shadow vise uniquement les abonnés à une offre fibre optique ou FTTLa à haut débit. Les besoins en bande passante ne sont pas très élevés (le flux vidéo 4K60 ne demande que 15 Mbit/s environ) mais il est impératif d’avoir le ping le plus bas et le plus stable possible. Et pour mettre toutes les chances de son côté, Shadow a placé ses serveurs dans un datacenter relié directement aux réseaux des quatre FAI nationaux.
Un des développeurs de Shadow en train de jouer, pardon, de travailler.
Reste une grande inconnue : le prix ! Shadow nous a indiqué être encore en phase de réflexion sur ce point stratégique, mais pourrait proposer un abonnement de 30 à 40 euros mensuels. Une somme conséquente, certes, mais qu’il faut comparer à l’achat régulier d’une configuration de jeu. L’offre commerciale sera finalisée et annoncée à la fin de l’été. En attendant, Shadow va entrer dans une première phase d’alpha-test, puis dans une bêta fermée en juillet, qui sera ouverte à un plus grand nombre au mois d’août.