Introduction
Que l’on parle d’Eyefinity chez AMD ou bien de Surround chez NVIDIA, le jeu sur trois écrans confirme le PC comme support référence du réalisme et de l’immersion en matière de jeux vidéo, tandis que les partisans des consoles mettent en avant leur coût plus accessible depuis des années. Le fait est que l’on gagne vraiment à voir au-delà de ce qui est en face de nous : voir venir quelque chose ou quelqu’un approcher à pas de velours sur les côtés procure un énorme avantage.
Tout possesseur d’une configuration milieu de gamme taillée pour le jeu est sensé pouvoir profiter d’une installation de ce type grâce aux énormes avancées technologiques des GPU : celles-ci ont notamment permis à des cartes accessibles de devenir des solutions viables pour des résolutions extra larges. Il existe toutefois une contrainte spécifique du côté NVIDIA puisqu’il faut deux GeForce pour pouvoir jouer sur trois écrans. Le SLI de GTX 460 s’impose en matière de rapport performances/prix, d’autant plus qu’il surpasse une GeForce GTX 480.
Dans le souci d’afficher un niveau de détails très élevé, nous avons commencé les tests avec un SLI de GTX 480 avant d’enchainer sur un SLI de GTX 460 déjà plus accessible. Enfin, nous sommes allés jusqu’à réunir quatre GeForce GTX 480 pour faire des tests dans des résolutions extrêmes. Voyons donc quelle puissance graphique est nécessaire pour profiter des jeux en multi-écrans.
Configuration du test
Les cartes mères qui gèrent le Quad-SLI ne sont pas légion, non seulement pour une question de coûts mais aussi d’espace : d’une part le Quad-SLI nécessite deux puces NF200, et d’autre part la présence de quatre cartes double slot risque de s’avérer de trop pour les boitiers qui se limitent généralement à 8 ports arrière. Pourtant, de nombreux fabricants de cartes mères utilisent l’emplacement du premier voir des deux premiers ports PCI Express des modèles haut de gamme pour placer un dissipateur démesuré, ce qui ne va pas sans compliquer la conception des circuits imprimés. La Gigabyte X58A-UD remplit justement tous ces critères, pour le meilleur comme pour le pire.
Heureusement, Foxconn a eu la bonne inspiration en mettant son format Ultra ATX sur le devant de la scène lors du CES 2008. Une douzaine de boitiers à dix ports ont suivi, ce qui a permis d’assurer l’environnement nécessaire à l’Ultra ATX qui n’est pourtant jamais devenu un standard officiel.
Oui, ce sont bien quatre GTX 480 qui sont passées entre nos mains mais nous n’avons malheureusement pas pu en profiter au-delà des tests.
Légèrement overclockées (+25 MHz), les deux GTX 460 en SLI font mieux qu’une GTX 480 pour un coût inférieur. Rappelons que la présence d’un unique connecteur SLI ne permet pas de relier plus de deux cartes.
Le Core i7-980X a beau être le processeur le plus puissant du moment, il s’est montré trop léger à fréquence d’origine pour tirer le meilleur de deux à quatre GTX 480. Malgré le fait que son ventirad d’origine soit tout à fait correct, nous avons opté pour plus performant de manière à l’amener à 4 GHz.
Le Cogage True Spirit est efficace, mais son ventilateur à fréquence moyenne (1000 à 1500 tr/min) ne nous a pas fourni le flux d’air souhaité. Nous l’avons donc remplacé par un NMB 38 mm qui nous a permis d’améliorer la dissipation thermique sans pour autant s’avérer assourdissant.
Le kit de DRAM (Kingston KHX16000D3ULT1K3/6GX) a été amené à 1600 MHz en CAS 7 de manière à obtenir des performances optimales sans toucher à la fréquence de l’Uncore.
Configuration du test (suite)
Composants | |
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Processeur | Intel Core i7 980x (3.33 GHz, 12.0 MB Cache) Overclocké @ 4 GHz (+100mV, BCLK à 160 MHz) |
Carte mère | Gigabyte X58A-UD9 BIOS F3 (28/05/2010) Intel X58 Express, LGA 1366 |
DRAM | Kingston KHX16000D3ULT1K3/6GX (6 Go) DDR3-2000 cadencée à DDR3-1600 CAS 7-7-7-21 |
GTX 480 | MSI GeForce GTX 480 1,5 Go GPU à 700 MHz, GDDR5 à 3696 MHz SLI, tri SLI et Quad-SLI |
GTX 460 | Sparkle GeForce GTX 460 1 Go GPU à 700 MHz, GDDR5 à 3600 MHz SLI |
Disque dur | Western Digital Velociraptor WD3000HLFS, 300 Go 10 000 tr/min, SATA 3 Gb/s, 16 Mo de cache |
Son | Realtek ALC889 intégré |
Réseau | Realtek RTL8111E intégré |
Alimentation | OCZ-Z1000 1000 Watts, modulaire ATX12V v2.2, EPS12V, 80 PLUS Gold |
Logiciels | |
OS | Microsoft Windows 7 Ultimate 64 bits |
Graphiques | ForceWare 258.96 |
Chipset | Intel INF 9.1.1.1020 |
Le choix d’alimentation est particulièrement discutable puisque la connectique ne permet pas de relier plus de 3 cartes graphiques. De plus, 1200 Watts constitue un minimum pour quatre GTX 480.
A l’origine, nous n’avions tablé que sur des combinaisons de deux et trois cartes d’où le choix de cette alimentation qui va passer un sacré test : nous avons donc du recourir à un dédoubleur PCI Express ainsi qu’un adaptateur Molex à PCI Express qu’on ne saurait recommander vu la consommation des quatre GTX 480. Quoi qu’il en soit, le simple fait qu’elle tienne bon pendant les tests nous permettrait de la recommander chaleureusement pour toutes les configurations tri SLI monoprocesseur.
D’après NVIDIA, le Surround nécessite trois moniteurs capables de la même résolution et du même temps de latence, or le minimum requis ne s’arrête pas là. Aucune combinaison parmi les quatre moniteurs que nous avions à disposition ne s’est avérée compatible et ce malgré le fait que tous sont capables d’afficher du 1080p en 60 Hz. Il nous a donc fallu réunir trois moniteurs identiques pour arriver à nos fins, attention donc à ce point.
Après avoir fait le tour des Vépécistes en quête d’écrans à bon rapport qualité/prix, nous nous sommes aperçus du fait qu’une vague d’écrans 1600 x 900 devançaient les modèles en 1280 x 1024 en termes de prix plancher : on en trouve maintenant à 110 euros voir moins. Les moniteurs en 1680 x 1050 et 1920 x 1200 ont quasiment disparu de la circulation au profit du 1920 x 1080 dont le prix d’appel se situe à 120 euros. Vu que les moniteurs actuellement en vente sont à majorité en 16/9, nous avons donc effectué les tests avec des modèles en 1920×1080 (5760×1080), 1600×900 (4800×900) et enfin 1280×720 (3840×720).
Jeux | |
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Aliens Vs. Predator | Version benchmark Test 1: niveau maximum, sans AA Test 2: niveau maximum, AA 4x |
Call of Duty: Modern Warfare 2 | Campagne, 3° acte, Second Sun (45 sec. sous FRAPS) Test 1: niveau maximum, sans AA Test 2: niveau maximum, AA 4x |
Crysis | Patch 1.2.1, DirectX 10, version 64 bits, benchmark tiers Test 1: niveau maximum, sans AA Test 2: niveau maximum, AA 4x |
DiRT 2 | Commande -benchmark example_benchmark.xml Test 1: niveau maximum, sans AA Test 2: niveau maximum, AA 4x |
S.T.A.L.K.E.R.: Call Of Pripyat | Version benchmark Test 1: niveau maximum, sans AA Test 2: niveau maximum, AA 4x |
Tests synthétiques | |
3DMark Vantage | Version: 1.0.1, scores CPU et GPU |
3DMark
Si les jeux risquent d’être bridés par le CPU avant de pouvoir tirer parti de toute la puissance de calcul d’un Quad-SLI, un benchmark synthétique comme 3DMark devrait nous permettre de connaître le gain brut maximum que l’on obtient avec chaque carte graphique supplémentaire.
Même dans ce cas de figure ultra-favorable, le Quad-SLI n’affiche qu’entre 9 % et 19 % au maximum de gain supplémentaire par rapport au tri SLI ! Les choses s’annoncent mal, mais voyons s’il en est de même dans les jeux en 5760×1080.
Alien Vs Predator (DX11)
Sans anti-aliasing, la différence entre Quad et tri SLI est anecdotique ou défavorable à la plus coûteuse des deux solutions, mais une fois ce filtrage activé la hiérarchie est plus cohérente.
Avec un SLI de GTX 460, il faut se limiter aux moniteurs 720p avec anti-aliasing tandis que les performances restent acceptables sur trois moniteurs 1600×900 pourvu que l’on s’en passe. Deux GTX 480 suffiront pour trois moniteurs 1080p mais sans anti-aliasing, puisqu’il faut une troisième carte pour l’activer tout en gardant une moyenne d’ips satisfaisante. L’achat d’une quatrième carte semble revenir à jeter de l’argent par les fenêtres.
Call of Duty : Modern Warfare 2 (DX10)
Même un SLI de GTX460 s’avère disproportionné par rapport aux besoins de CoD : MW2, y compris en 5760×1080. NVIDIA devrait en avoir conscience et mettre en avant la capacité des cartes inférieures à pouvoir faire tourner ce jeu sur trois écrans, comme par exemple un SLI de GTS 450. Quand au Quad-SLI, il s’avère carrément moins performant que le Triple-SLI !
Crysis (DX10)
Avec des résultats comme ceux-ci, il était indispensable de se pencher sur les performances minimum pour voir précisément à quelle résolution maximale chaque solution peut prétendre. Le SLI de GTX 460 affiche 26 ips minimum en 3840×720 avec AA4x et ne descend pas en dessous de 21 ips en 4800×900 pourvu que l’on désactive l’AA. Deux GTX 480 permettent d’atteindre un minimum de 22 ips en 5760×1080 sans AA, sachant que l’activation de ce filtrage nécessite trois ou quatre GTX 480 pour obtenir des performances acceptables dans de telles conditions.
DiRT 2 (DX11)
Le SLI de GTX460 est à l’aise partout sauf en 5760×1080 où les performances s’effondrent lorsque l’anti-aliasing est activé. Une paire de GTX 480 suffit à faire face à toutes les situations ici.
S.T.A.L.K.E.R.: Call of Pripyat (DX11)
Comme c’était le cas avec DiRT 2, le SLI de GTX 460 est suffisant pour toutes les résolutions tant que l’antialiasing est désactivé. Le benchmark intégré a rapporté un minimum de 19 ips pour le tri SLI de GTX480 en 5670×1080 avec AA 4x lors du test « Sun Shafts », signe que les performances seront suffisantes la plupart du temps.
Performances moyennes
Si le Quad-SLI ne s’est avéré réellement utile qu’à deux reprises, le SLI de GTX 460 s’est montré parfaitement suffisant sous CoD : MW2 avec ou sans anti-aliasing et ce quelque soit la résolution. Pourvu que l’on soit donc prêt à renoncer à l’anti-aliasing sous Crysis et S.T.A.L.K.E.R. : Call of Pripyat, les moyennes ci-dessous permettent de se faire une idée précise du potentiel de chaque solution.
Bonne nouvelle pour le SLI de GTX 460, celui-ci est suffisant pour jouer en 3840×720 dans la majorité des cas. Certes l’image sera moins fine que sur un seul écran en 1920×1080, mais l’immersion est très appréciable.
Le passage en 4800×900 est difficile pour le SLI de GTX460 qui s’en sort bien sous DiRT 2 et CoD : MW2 mais s’avère insuffisant pour Alien Vs. Predator et Crysis tandis que S.T.A.L.K.E.R reste jouable sans anti-aliasing.
Si le 5760×1080 est de trop pour le SLI de GTX460, on voit que deux GTX480 constituent un choix viable la plupart du temps. Restent Crysis et S.T.A.L.K.E.R.: CoP qui une fois l’anti-aliasing activé en 5760×1080 constituent les deux cas qui plaident en faveur du Quad-SLI. Sauf qu’en moyenne, le Quad-SLI dégrade toutefois plus souvent les performances qu’il ne les améliore !
Consommation et rendement
Contrairement à ce que l’on recommande, nous avons utilisé une alimentation de « seulement » 1000 Watts pour les tests. A-t-elle tenu le coup ?
Parallèlement au TDP annoncé par NVIDIA, il semble que notre alimentation ait nécessité 282 Watts par GTX. Toutefois, le fait de la pousser au-delà de ses limites officielles a engendré une consommation de 1364 Watts en Quad-SLI et non pas 1316 Watts, ainsi qu’une baisse de rendement avec 85 % contre les 89 % spécifiés. En clair, la puissance maximale de courant continu était de 1164 Watts soit 16 % de plus que la capacité certifiée… bravo OCZ !
La consommation des solutions graphiques est ici normalisée en prenant le SLI de GTX 480 comme base 100.
Certes, il y a eu deux cas de figure où le Quad-SLI s’est montré utile, mais le tri-SLI est globalement plus performant, tout en n’amenant qu’un gain de moins de 30 % par rapport au SLI classique.
Le rendement est calculé en rapportant la consommation aux performances grâce aux graphiques ci-dessus.
Vu que le rendement parfait n’existe pas en informatique, l’indice 100 est devenu 0. Parallèlement à des performances en hausse de 29 %, l’ajout d’une troisième GTX 480 fait aussi baisser le rendement en charge de 6 %.
Conclusion
En regardant les seules performances moyennes, on serait tenté de croire que le Quad-SLI ne vaut rien, mais la situation est en fait moins tranchée puisque Crysis et S.T.A.L.K.E.R. : CoP en tirent réellement parti en 5760×1080 avec AA 4x tandis qu’un tri-SLI constitue déjà un surarmement pour DiRT 2 et CoD : MW2. Le problème est donc la régularité des performances avec le Quad-SLI, sachant que cette solution souffre de limitations processeur quand la charge graphique n’est pas aussi intense qu’avec les deux FPS mentionnés.
De loin le plus accessible du panel, le SLI de GeForce GTX 460 est taillé pour le 3840×720 et le 4800×900 sans anti-aliasing. Quelques jeux permettent même de passer en 1920×1080 sans anti-aliasing ou bien en 4800×900 avec ce filtrage activé.
Le SLI de GeForce GTX 480 est globalement capable d’encaisser le choc en 5760×1080 même s’il faudra parfois faire sans filtrage suplémentaire. Si l’ajout d’une troisième carte impacte bien les performances (modérément : moins de 30 % en moyenne), on ne peut pas affirmer pour autant qu’elle repousse des limites jusque là infranchissables.
La plus grosse déception est en fait venue des moniteurs. Jouer sur trois moniteurs 1080p donne parfois l’impression d’être derrière une meurtrière horizontale. Certains parmi nous préfèreraient un grand écran 4/3, mais il n’en existe pas de suffisamment grands pour séparer la vision périphérique de la vision frontale. Peut-être qu’un trio de moniteurs en 1920×1200 serait le meilleur compromis, mais les moniteurs 16:10 se font de plus en plus rare… l’occasion de s’en procurer avant qu’ils ne disparaissent définitivement est toute trouvée.