Voilà une carte graphique qui saura rester imprimée dans vos rétines, avec un gros refroidissement sur trois slots… Mais que vaut-elle en pratique ?
Intro et caractéristiques
Un logo rétroéclairé multicolore sur le dessus ? Tellement commun. Un autre sur la plaque arrière ? Déjà vu. Et l’illumination des pales des ventilateurs ? On commence à attirer l’attention des esthètes à la recherche de La Carte pour se démarquer du commun des mortels à coups de lumières stroboscopiques paralysantes. La division marketing n’a en effet pas chômé chez Gigabyte et l’Aorus GeForce RTX 2080 Xtreme est une carte de rêve pour tous les afficionados des décorations RVB.
Caractéristiques
La carte est pourvue de deux connecteurs d’alimentation ATX à huit broches nécessaires pour alimenter le GPU Turing à l’appétit gargantuesque. Mais voici pour commencer une copie d’écran des valeurs constructeurs lues par le logiciel GPU-Z.
Nvidia GeForce RTX 2080 Ti FE | Nvidia GeForce RTX 1080 Ti FE | Aorus RTX 2080 Xtreme | Nvidia GeForce RTX 2080 FE | Nvidia GeForce RTX 1080 FE | |
Architecture | Turing (TU102) | Pascal (GP102) | Turing (TU104) | Turing (TU104) | Pascal (GP104) |
Coeurs CUDA | 4352 | 3584 | 2944 | 2944 | 2560 |
Puissance FP32 | 14,2 TFLOPS | 11,3 TFLOPS | 11 TFLOPS | 10,6 TFLOPS | 8,9 TFLOPS |
Coeurs Tensor | 544 | Aucun | 368 | 368 | Aucun |
Coeurs RT | 68 | Aucun | 48 | 48 | Aucun |
Unités de textures | 272 | 224 | 184 | 184 | 160 |
Fréquence GPU base | 1350 MHz | 1480 MHz | 1515 MHz | 1515 MHz | 1607 MHz |
Fréquence GPU Boost | 1635 MHz | 1582 MHz | 1890 MHz | 1800 MHz | 1733 MHz |
VRAM | 11 Go GDDR6 | 11 Go GDDR5X | 8 Go GDDR6 | 8 Go GDDR6 | 8 Go GDDRX5 |
Bus mémoire | 352 bits | 352 bits | 256 bits | 256 bits | 256 bits |
Bande passante mémoire | 616 Go/s | 484 Go/s | 448 Go/s | 448 Go/s | 320 Go/s |
ROP | 88 | 88 | 64 | 64 | 64 |
Cache L2 | 5,5 Mo | 2,75 Mo | 4 Mo | 4 Mo | 2 Mo |
TDP | 260 W | 250 W | 250 W | 225 W | 180 W |
Transistors (milliards) | 18,6 | 12 | 13,6 | 13,6 | 7,2 |
Taille du GPU | 754 mm² | 471 mm² | 545 mm² | 545 mm² | 314 mm² |
Support SLI | x8 NVLink x2 | MIO | x8 NVLink | x8 NVLink | MIO |
Méthode et système de test
Le système de test et la méthodologie employée ont déjà été traités en détail. Vous pouvez tout savoir en consultant notre article sur nos nouvelles méthodes de test des cartes graphiques.
Système | Intel Core i7-8700K @5 GHz MSI Z370 Gaming Pro Carbon AC 2x 8GB KFA2 HoF DDR4 4000 1x 1 To Toshiba OCZ RD400 2x 960 Go Toshiba OCZ TR150 Be Quiet Dark Power Pro 11, 850W Windows 10 Pro à jour |
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Refroidissement | Alphacool Eisblock XPX 5x Be Quiet! Silent Wings 3 PWM (Simulation boîtier fermé) Thermal Grizzly Kryonaut |
Moniteur | Eizo EV3237-BK |
Boîtier | Lian Li PC-T70 modifié (ouvert et fermé) |
Mesures électriques | Point de mesure sans contact sur le slot PCIe, via un riser PCIe Point de mesure sans contact sur les connecteurs PCIe d’alimentation Mesure directe au niveau de l’alimentation 2x oscilloscopes Rohde & Schwarz HMO 3054 multicanaux, 500 MHz avec fonction mémoire 4x pinces ampèremétriques Rohde & Schwarz HZO50 (de 1 mA à 30 A, 100 KHz, courant continu) 4x sondes de test Rohde & Schwarz HZ355 (10:1, 500 MHz) 1x multimètre numérique Rohde & Schwarz HMC 8012, avec fonction mémoire |
Imagerie thermique | Caméra infrarouge Optris PI640 Logiciel PI Connect |
Mesures sonores | Micro NTI Audio M2211 (avec fichier de calibration) Interface Steinberg UR12 (avec alimentation fantôme pour les microphones) Creative X7 Logiciel Smaart v.7 Chambre anéchoïque, 3,5 x 1,8 x 2,2 m (LxlxH) Mesures axiales, à la perpendiculaire du centre de(s) la source(s) sonore(s), distance de 50 cm Nuisances sonores exprimées en dBA (lent), analyse en temps réel (RTA) Spectre de fréquence représenté sous forme de graphique |
La carte en détail
Cette Aorus ne fait pas les choses à moitié et restera probablement un moment la référence sur le segment des cartes illuminées. Les acheteurs peuvent donc dans crainte se ruer sur cet ovni unique en son genre. Cela dit, tout le monde n’aime pas le bling bling et son poids important pourrait rebuter d’autres acheteurs plus pragmatiques. Mais Gigabyte a pensé à tout et inclue une béquille pour soutenir la carte de 1357 grammes.
Les dimensions de la carte expliquent son poids important : elle est longue de 29,7 cm, haute de 13 cm et épaisse de 5,2 cm, sans compter la plaque arrière, qui dépasse d’un demi centimètre supplémentaire. Elle n’entrera qu’à contre gré voire pas du tout dans un petit boitier. La coque du système de refroidissement est en plastique noir mat rehaussé d’applications métalliques façon panzer. Évidemment, Les pales des ventilateurs sont mises en valeur par l’éclairage pour renforcer son côté martial.
L’inhabituelle épaisseur de la carte, qui dépasse les 5 cm, est due à la superposition des ventilateurs : les deux ventilateurs de 9,5 cm placés aux extrémités surmontent celui du milieu, aux pales plus étroites, et qui tourne en sens inverse. Sur chaque ventilateur, une pale est équipée d’une diode lumineuse qui permet les effets de lumière. Tout ce système prend de la place et il a fallu revoir à la baisse l’épaisseur des radiateurs, comme nous le verrons plus loin.
Les sorties vidéo réservent une petite surprise puisqu’on retrouve ici trois sorties HDMI 2.0 et trois DisplayPort. Un switch DP/HDMI est en effet intégré (un PI3WVR13612) avec deux sorties HDMI correspondant à deux sorties DP. C’est une solution très pratique pour qui possède trois écrans avec entrée DisplayPort ou bien ceux équipés d’un casque de réalité virtuelle nécessitant deux sorties HDMI. Comme sur toutes les cartes Nvidia, on peut au maximum utiliser quatre de ces sorties simultanément.
Démontage : PCB et dissipateur
Alimentation
Cette carte Aorus possède un PCB au design spécifique, mais qui reprend en grande partie le schéma de la carte de référence au niveau de l’alimentation électrique. On retrouve donc deux connecteurs d’alimentation ATX qui ravitaillent la carte directement en courant. Ces deux entrées tout comme celle de la carte mère sont équipées d’une bobine de 1μH pour le lissage du courant et sont également pourvues de points de mesure.
Dissipation
Le système de refroidissement est des plus classiques. Un des deux radiateurs est positionné au-dessus du bloc de refroidissement en aluminium. En son centre, les caloducs rassemblés forment une surface relativement plane en contact direct avec le GPU (système DHT, pour Direct Heat Touch). Le cadre de maintien en métal permet le refroidissement de la mémoire via l’application de pads thermiques. L’absence de bloc de refroidissement en cuivre est sûrement due aux contraintes de place engendrées par les trois ventilateurs superposés. Par rapport au modèle précédent, la surface de refroidissement totale a aussi légèrement diminué.
Pour renforcer la stabilité de la carte, Gigabyte a choisi d’ajouter trois vis supplémentaires aux quatre habituelles pour fixer la coque du système de refroidissement au reste de la carte. Les convertisseurs de tension ont droit à une plaque de refroidissement dédiée, une attention louable. Les sept caloducs de 6 mm d’épaisseur transportent la chaleur vers les ailettes des deux radiateurs. Cinq d’entre eux vers le radiateur extérieur et les deux autres vers les bords du radiateur surmontant le bloc de refroidissement. Les trois ventilateurs de 9,5 cm devraient être en mesure de brasser pas mal d’air, comme nous le verrons plus tard.
La plaque arrière en aluminium refroidit la mémoire (des pads thermiques sont placés à leur niveau sur la face arrière du PCB). Pas de pads pour les VRM par contre, laissant de fait la capacité de refroidissement de la plaque arrière à la mémoire, le composant posant le plus souvent problème sur les cartes Turing. L’investissement dans une bonne caméra thermique de Jenoptik aura donc permis aux équipes de développement ce choix judicieux… Les lecteurs de Tom’s Hardware étant depuis longtemps au courant de l’intérêt d’un tel appareil.
Type de refroidissement | Par air |
Bloc de refroidissement | Absent, système DHT |
Radiateur | En aluminium, orientation verticale, lamelles peu espacées |
Caloducs | 7 de 6 mm d’épaisseur en cuivre et matériaux composites, non nickelés |
Refroidissement VRM | 12 VRM GPU via plaque de refroidissement dédiée 2 VRM mémoire via ailettes du radiateur à l’horizontale |
Refroidissement mémoire | Via cadre de stabilisation |
Ventilateurs | 3 ventilateurs de 9,5 cm, 2 de 10 pales et 1 à 9 pales ; mode passif |
Plaque arrière | En aluminium, participe au refroidissement, logo rétroéclairé |
Benchmarks QHD / 4K
Performances QHD
Par rapport à la GeForce RTX 2080 Founders Edition, la carte se montre 2 à 3 % plus rapide. Overclockée, le différentiel augmente avec une fréquence jusqu’à 18 % supérieure pour un gain en jeu allant de 5 à 7 %. On n’observera donc à l’œil nu pas de différence notable de fluidité, mais on se consolera peut-être par un bon score dans les benchmarks. Ce que ces résultats ne disent pas, ce sont les nuisances sonores accrues. Mais à la demande générale, nous incluons désormais dans nos graphiques comparatifs les résultats d’OC.
Performances 4K
Consommation
La consommation au repos de cette carte partenaire est similaire à celle de la Founders Edition, à 11,7 W. En jeu et en test de torture, la consommation est plus élevée en raison du Power Target revu à la hausse. On mesure 265 W en jeu et un tout petit peu plus en test de torture. En poussant la carte dans ses derniers retranchements, on obtient au maximum 290 W, malgré le Power Limit fixé à 112 %. Selon le BIOS en effet, la limite devrait être de 300 W.
Les tensions sont tout à fait normales, et en overclocking, c’est la consommation maximale qui limite la carte, pas sa tension. On voit bien que Nvidia met le holà à une tension trop élevée à son goût.
La répartition de la charge entre les différentes entrées d’alimentation est bien gérée, puisque le slot de la carte mère n’est jamais sollicité à plus de 5,5 A, la limite préconisée. Les connecteurs d’alimentation ATX n’ont en outre jamais à livrer plus de 300 W.
Graphiques détaillés de la consommation et de l’intensité
Comme de coutume, nous incluons les graphiques détaillés de la consommation et de l’intensité électrique obtenus grâce à notre oscillographe. Ils montrent en détail comment la carte réagit sur une période donnée.
Repos
Gaming
Torture
Gaming OC
Températures, fréquences et OC
Overclocking
Commençons pas la bonne nouvelle : il est possible d’overclocker légèrement la carte. La mauvaise, c’est qu’elle consomme alors énormément. À froid, la carte se maintient entre 2040 et 2070 MHz. Pour obtenir ce résultat, il faut pousser les ventilateurs au maximum, le Power Target à 112 % et relever manuellement la fréquence de 110 MHz. Si on laisse les ventilateurs avec le profil de refroidissement par défaut, on atteint tout de même un respectable 1975-1995 MHz. Ce sont à peine 100 MHz de plus que ce que la carte overclockée par défaut offre et pour un overclocking plus important, il faudra passer au refroidissement par eau.
Le Power Target relevé a pour conséquence une consommation de 15 W supplémentaire par rapport à la Founders Edition. Si on la pousse au maximum, ce sont 25 W. Mais pour une carte qui, par défaut, dépasse déjà les 1,8 GHz, cette augmentation n’est pas vraiment souhaitable, à moins bien sûr, de vouloir absolument une carte plus rapide que le voisin.
La mémoire se laisse aussi overclocker, mais attention à ne pas endommager les modules de RAM Micron. Enfin, si le système d’overclocking en un clic a son charme, rien ne faut un réglage manuel pour obtenir une fréquence optimale.
Fréquence et température
Le refroidisseur s’en sort bien et garde la carte à des températures très raisonnables. On mesure 72°C sur banc de test et 75°C boitier fermé. Le Power Target relevé permet à la fréquence de se maintenir à un niveau relativement élevé. La Founders Edition est ici nettement moins rapide et plus chaude.
Aorus RTX 2080 Xtreme (OC + ventilos à 100 %) | Aorus RTX 2080 Xtreme | GeForce RTX 2080 Founders Edition | |
Boîtier ouvert | |||
Température GPU | 34 °C | 75 °C | 75°C |
Fréquence GPU | 2025 MHz | 1935 MHz | 1815 MHz |
Air ambiant | 22 °C | 22 °C | 22°C |
Boîtier fermé | |||
Température GPU | 36 °C | 78 °C | 75°C |
Fréquence GPU | 2010 MHz | 1920/1935 MHz | 1800 MHz |
Air ambiant du boîtier | 25°C | 44°C | 43°C |
Images infrarouges
Les images suivantes montrent la répartition des températures sur le PCB en jeu et test de torture, sur banc de test et boitier fermé. Les différences sont sensibles, et mais dans l’ensemble, les températures restent raisonnables. Comme sur la Founders Edition, la zone à problème est plutôt la mémoire et pas le GPU ou les VRM.
Les modules mémoire étant refroidis via la plaque arrière, ils sont donc un peu moins chauds que sur les images prises ci-dessous sans cette dernière. La différence de température s’élevait à 3°C aux points de mesure effectués avec la plaque remise en place, ce qui ne signifie pas pour autant que l’intégralité de ce gain soit répercutée sur la mémoire.
On voit aussi à l’aide des images infrarouges que les VRM et le contrôleur PWM n’ont pas besoin d’un refroidissement supplémentaire et qu’Aorus a donc bien fait de ne pas appliquer de pads thermiques à leur niveau.
Ventilation et bruit
Le système d’arrêt des ventilateurs au repos fonctionne bien, mais la carte semble avoir besoin d’une double impulsion de départ pour lancer les ventilateurs, comme on le voit sur les courbes suivantes. En overclocking manuel, en poussant les ventilateurs au maximum, les températures diminuent à 57°C, ce qui confirme les réserves de la carte, mais aussi sa capacité à se montrer vraiment bruyante. Dans l’ensemble, la carte est moins discrète que la plupart des modèles concurrents.
Aorus RTX 2080 Xtreme | GeForce RTX 2080 Founders Edition | |
Rotation à chaud, boîtier ouvert | 2083 tpm | 1887 tpm |
Rotation à chaud, boîtier fermé | 2247 tpm | 1942 tpm |
Bruit à chaud | 42,0 dB(A), Boîtier fermé | 39,6 dB(A), Boîtier fermé |
Bruit au repos | 0 dB(A) | 31,3 dB(A) |
Impressions auditives | bruyant, bruit de moteur | assez bruyant, peu de basses fréquences |
Bruit électrique | faible, seulement quand les FPS sont élevés, et pour les changements de charge | faible, seulement quand les FPS sont élevés, et pour les changements de charge |
Spectre sonore
On mesure 42 dB avec des ventilateurs tournant à 2247 tpm, leur vitesse quand la carte est placée dans un boitier (notre mesure est faite sur banc de test, mais en fixant manuellement la vitesse des ventilateurs pour répliquer ce scénario). Le résultat est assez décevant puisque c’est plus que la Founders Edition. Nuançons en rappelant que le refroidissement est tout de même supérieur.
Le bruit émis par la carte est marqué par un fort roulement de moteur, comme on peut le voir sur l’analyse spectrale. Le ronronnement des pales des ventilateurs est dû à leur enchevêtrement. La diminution de la surface à disposition des radiateurs au profit du bling bling des ventilateurs a pour conséquence des nuisances sonores plus élevées.
Conclusion
- Illuminations RVB impressionnantes
- Composants de qualité
- PCB bien pensé
- Six sorties très pratiques
- Finitions soignées
- Power Target difficile à augmenter
- Bruits de roulement des ventilateurs
- Pas discrète en charge
- Refroidissement assez moyen
Cette carte très m’as-tu-vu s’en sort au final plutôt bien, avec une bonne performance, des composants de qualité et des finitions très convenables. Le seul problème, c’est que le système de refroidissement laisse trop de place aux ventilateurs et pas assez aux radiateurs, ce qui se traduit par des nuisances sonores plus élevées que nécessaire sur une carte occupant 3 slots.
On a donc une alternative sérieuse à La Founders Edition de Nvidia, surtout si on est amateur d’illuminations dans son boitier. Le Power Target est assez relevé pour lui assurer un avantage sur la FE en termes de fréquence et performance, sans faire exploser la consommation. Mais il sera difficile d’overclocker davantage sans passer à un refroidissement par eau.