Présentation du Silent Loop 280 mm
Il y encore quelques années, le watercooling était réservé aux bricoleurs qui aimaient bidouiller et qui n’avaient pas froid aux yeux. Les composants dédiés étaient assez rares et un circuit complet ressemblait à un prototype de la NASA pour les néophytes. Depuis, les choses ont bien évolué et de nombreux fabricants, comme be quiet!, ont rejoint la partie. C’est le nouveau venu de la marque allemande, le Silent Loop 280, que nous allons tester aujourd’hui.
L’AIO sera confronté à deux systèmes de refroidissement liquide haut de gamme, souhaitons lui bonne chance !
Présentation
be quiet! est une marque connue et reconnue pour ses produits de qualité. Nouvelle venue dans le segment des AIO, espérons que ceux-ci seront à la hauteur de nos attentes.
La garantie proposée par le fabriquant s’étend sur une période de 3 ans.
Dimensions
Le Silent Loop est décliné en 3 modèles :
- 280 mm – 149,90 €
- 240 mm – 129,90 €
- 120 mm – 109,90 €
Comme nous n’aimons pas faire dans la demi-mesure, c’est le plus imposant des trois que nous avons choisi pour notre test. Notre processeur Intel Core i7-6950X de test n’a qu’à bien se tenir.
Pompe inversée
La pompe du Silent Loop exploite une technologie d’inversion des flux d’eau : elle aspire l’eau chaude pour l’évacuer, plutôt que de pousser l’eau froide à l’intérieur du waterblock. Un système qui permettrait d’améliorer les performances acoustiques de la pompe, mais qui est surtout imposé par une histoire de brevets que nous avons déjà détaillée dans notre test du watercooling Alphacool GPX-Pro, qui utilise la même astuce.
Compatibilité
Pas de jaloux, que vous soyez équipé en AMD ou en Intel, le Silent Loop devrait se monter sur votre configuration. Avec un potentiel de refroidissement annoncé à 400 W, notre overclocking devrait être une simple formalité pour le modèle 280 mm.
Examen du dissipateur
Waterblock
La plaque de dissipation et la pompe sont montées dans une coque en plastique. Bien qu’aucun défaut n’apparaisse, la qualité de fabrication de cette partie semble un cran en dessous du reste du système. Au moins, l’ensemble est très compact. La partie visible est surmontée d’une plaque en aluminium brossé de couleur noire, déjà beaucoup plus sexy.
Même si le système arrive prêt à l’emploi, à installer sans bricolage, be quiet! a rajouté un orifice de remplissage. Au mieux vous ne l’utiliserez jamais, au pire il sera là, c’est plutôt une bonne idée.
La pompe est directement alimentée par l’intermédiaire d’un connecteur 3 broches. Il suffit donc de la brancher sur la carte mère en lieu et place du dissipateur CPU. Nous apprécions de ne pas avoir besoin de connecteur SATA ou molex, comme c’est parfois le cas. Le câble d’alimentation est camouflé à l’aide d’une gaine noire. La réalisation est propre et il suffit de faire coulisser la gaine pour masquer le petit centimètre de fil à nu.
La plaque de dissipation a été nickelée afin d’éviter l’oxydation du cuivre qui la constitue. Elle semble également avoir été polie, mais comme nous vous le rappelons souvent, tout ce qui brille n’est pas or… Ici nous pouvons voir que le reflet est déformé, preuve que la base n’est pas plate. Là encore nous ne le répéterons jamais assez, la planéité est plus importante que la brillance.
Pour en avoir le cœur net nous avons placé une feuille quadrillée face au Silent Loop et face à un vrai miroir : à gauche les lignes reflétées sont déformées, surtout dans les coins. Le centre semble moins touché, mais il n’est pas parfait non plus. A droite, les reflets restent rectilignes, preuve que le miroir est plat.
Be quiet! explique que cette forme convexe est conçue pour s’adapter aux processeurs Intel, dont la surface de l’IHS est concave. |
Radiateur
Le radiateur fait bonne impression et à part en vous contorsionnant, vous ne trouverez pas de zone avec le cuivre à nu. L’épaisseur de celui-ci est de 30 mm. En regardant les ailettes de plus près vous pouvez voir qu’elles sont assez espacées, be quiet! a donc donné à son dissipateur les armes pour un fonctionnement silencieux.
Note : Des ailettes plus denses offrent plus de surface d’échange et sont donc plus performantes. En revanche elles pénalisent le flux d’air et nécessitent une pression statique plus importante des ventilateurs, ce qui est généralement plus bruyant.
Ventilateurs
Deux ventilateurs PWM Pure Wings de 140 mm sont inclus avec le système. Leur durée de vie est annoncée à 80 000 heures. Les pales du Pure Wings possèdent un design strié qui permet de réduire les nuisances sonores.
- Dimensions du ventilateur : 140 x 140 x 25 mm
- Performances annoncées : 1600 tr/min à 12 V ; 160 m3/h ; 1,82 mm H2O ; 3,6 W ; 37,3 dBA
Les tubes reliant la pompe au radiateur sont plutôt flexibles. Un ressort les recouvre, évitant ainsi qu’ils ne plient ou qu’ils ne soient endommagés trop facilement.
Montage très simple
Comme vous allez le voir, pas besoin d’appeler les renforts pour arriver au bout du montage de ce Silent Loop.
La fixation des ventilateurs sur le radiateur est on ne peut plus simple, une vis à chaque coin et le tour est joué.
Attention : Même si les filetages dans le radiateur sont bien réalisés, la tôle est fine (comme sur la majorité des radiateurs). Nous vous conseillons de bien engager les vis à la main avant de sortir vos outils. Pour les mêmes raisons, serrez avec mesure, les ventilateurs ne vont pas essayer de s’enfuir…
Choisissez le type de fixation, AMD/Intel, dont vous avez besoin. Si vous avez un socket Intel, deux types de vis sont disponibles. Les plus larges se montent sur les cartes mères x99 disposant d’un socket prémonté. Les plus fines iront donc avec la plaque arrière fournie en bundle. Glissez les deux parties de la fixation dans les encoches du waterblock et pousser jusqu’au clipsage.
Côté pratique, une fois les vis prémontées celles-ci resteront bien en place. Finie donc la quincaillerie qui se balade lorsque l’on change de processeur. Petit détail certes, mais de quoi bien faciliter les choses.
Après avoir étalé la pâte thermique, placez l’ensemble sur le processeur et serrez les vis l’une après l’autre. Petit regret, il manque 1 à 2 mm au vis pour pouvoir être engagé facilement sans avoir à appuyer dessus.
Note : N’oubliez pas de serrer petit à petit tour à tour, pour éviter de mettre la waterblock de travers, cela aurait pour effet de chasser la pâte thermique du côté opposé et dégraderait les performances.
Il ne vous reste plus qu’à brancher la pompe et les ventilateurs pour profiter du Silent Loop. C’est facile, efficace, et bien pensé. Rien à redire !
Protocole de test et concurrents
Depuis quelques générations, Intel ne soude plus le die de ses processeurs socket 115x à leur IHS (capsule de répartition thermique et de protection, aussi appelée heatsink). Les températures de ceux-ci sont donc très élevées et la pâte thermique employée par le fondeur crée un véritable goulot d’étranglement au niveau du transfert de chaleur. Ces processeurs ne sont donc pas vraiment adaptés pour tester les performances d’un dissipateur.
En revanche, les processeurs sur socket 2011 sont toujours soudés, c’est donc assez naturellement que nous avons sélectionné l’un d’entre eux pour monter notre plateforme de test. Et pas n’importe lequel : le tout dernier et très haut de gamme Core i7-6950X à 10 coeurs. Ce petit détail permet de tester réellement les performances d’un dissipateur, sans avoir des résultats déformés par un transfert thermique insuffisant au sein du processeur.
Configuration de test
Méthode de test
Dans un premier temps le processeur sera réglé dans une configuration proche de celle prévue par Intel, à savoir 3,4 GHz pour 1 V. Ensuite, afin de mettre en évidence les écarts entre les concurrents, le processeur sera overclocké à 4,2 GHz pour 1,2 V. Le fait d’augmenter la fréquence et la tension fait exploser la consommation et le dégagement de chaleur.
Nous avons relevé la puissance qui transite par le bloc d’alimentation MasterWatt Maker grâce à l’application Cooler Master Connect : plus de 340 W en charge dont une très grosse part pour le processeur. Nous sommes donc très loin des 140 W de base, et pouvons grossièrement estimer que notre overclocking va doubler la quantité de chaleur à évacuer. Nous nous rapprochons donc de la limite de 400 W fixé par be quiet!.
Mesures
Les concurrents étant très proches les uns des autres nous avons revu notre protocole de test afin d’améliorer la précision de nos mesures.
- La température de chacun des 10 cœurs sera enregistrée toutes les 5 secondes. Une fois le test terminé nous ferons la moyenne des 360 derniers relevés. Cela correspond aux trois dernières minutes des tests. Chaque test sera effectué plusieurs fois pour améliorer la précision de la mesure.
- Pour les nuisances sonores un sonomètre a été placé à 1 mètre de la source de bruit (pompe et/ou ventilateur). La pièce vide a été mesurée à 31,2 dB.
Les tests
- IDLE signifie que le processeur est au repos lors de la mesure.
- Prime 95 simulera quant à lui une charge longue et très lourde. Le logiciel sera réglé sur un FFT fixe afin d’avoir une mesure la plus homogène possible.
Comparatif
Comme be quiet! ne fournit pas de logiciel dédié au pilotage et à la régulation des ventilateurs nous avons utilisé celui de la carte mère Rampage V Edition 10. Après une phase d’apprentissage ou la carte mère va tester le ventilateur pour connaitre sa plage de fonctionnement (vitesse de démarrage et vitesse maximum), nous avons établi trois profils.
- Silence : 640 tr/min jusqu’à 40 °C, puis jusqu’à 1120 tr/min à 75 °C, 1600 tr/min au-delà de 75 °C
- Normal : 900 tr/min jusqu’à 40 °C, puis jusqu’à 1280 tr/min à 75 °C, 1600 tr/min au-delà de 75 °C
- Performance : 1600 tr/min constants
Corsair H115i
Pour ce comparatif nous avons sélectionné le H115i de Corsair, un produit au même prix que le Silent Loop 280 et surtout équipé de deux ventilateurs de 140 mm également. Pour piloter la pompe et les ventilateurs, nous utiliserons le logiciel Corsair Link, dans les trois modes proposés. Performance, Normal et Silence.
Watercooling custom EKWB
Pour ceux qui n’ont pas peur de mettre les mains dans le cambouis, la solution fait maison peut être une alternative. Nous avons confronté le Silent Loop à un watercooling composé de pièces provenant de EKWB. Cette solution custom est très onéreuse, plus de 300 euros, mais elle offre l’avantage d’être plus flexible et permet d’intégrer à moindre coût d’autres composants. Les trois ventilateurs de 120 mm seront pilotés par la carte mère.
- Normal : 885 tr/min jusqu’à 40 °C, puis jusqu’à 1160 tr/min à 75 °C, 1450 tr/min au-delà de 75 °C
- Performance : 1450 tr/min
Résultats des tests
Lors de la découverte du Silent Loop dans les pages précédentes nous avons vu plusieurs caractéristiques suggérant qu’il a été conçu avec le silence comme axe prioritaire. Comment va-t-il s’en sortir face au concurrent du jour ?
Processeur à 3,4 GHz
Nous commençons avec une charge de 140 W environ. C’est une valeur assez « faible » au regard des capacités annoncées par be quiet!.
Au repos tous les systèmes de refroidissement parviennent à maintenir le processeur sous la barre des 25 °C. Une fois Prime95 lancé le mercure monte, mais rien d’alarmant. Même en mode Silence, les températures restent excellentes. Le watercooling custom EK mène le bal, suivi de très près par le H115i en mode performance. En mode Normal et Silence, les deux AIO font quasiment jeu égal, mais le Silent Loop est tout de même devancé systématiquement par son concurrent.
Bruit <32 dB
Nous l’attendions au tournant mais il répond présent. En mode Silence l’AIO de be quiet! reste sous le radar de notre sonomètre. La pompe et les ventilateurs sont extrêmement silencieux. Lors de ce test, ceux-ci tournaient à 640 tr/min, mais leur vitesse de démarrage est encore plus faible, évaluée à 311 tr/min par la carte mère.
Bruit de 32 à 33 dB
En mode Normal le Silent Loop est beaucoup plus silencieux que le Corsair H115i, mais il est un peu moins performant. Le compromis performance/bruit est néanmoins à son avantage. Lorsque les ventilateurs tournent lentement le watercooling EK est à la traîne, la faute d’une pompe qui n’est plus de toute première fraicheur et qui vibre. Difficile de rivaliser avec des produits neufs lorsque l’on a plusieurs centaines d’heures de fonctionnement ! Nous attirons donc votre attention sur ce point, un produit, aussi bon soit-il, finira sans doute par être de moins en moins silencieux aux fils des années.
Bruit >40 dB
À pleine vitesse les deux Pure Wings de 140 mm affolent les compteurs : pas moins de 42,6 dB. À moins que vous soyez en pleine session de bench, nous vous déconseillons de faire tourner les ventilateurs à pleine vitesse. Dans ces conditions, le Corsair H115i est à la fois moins bruyant et plus performant.
Processeur à 4,2 GHz
Nous passons à 4,2 GHz pour 1,2 V pour pousser les watercooling dans leurs retranchements.
Les économies d’énergie étant désactivées afin de mieux marquer les écarts, les températures au repos monte d’un cran. Les modes Silence ferment la marche avec un peu plus de 27 °C, alors que les modes Performance mènent avec moins de 24 °C. La hiérarchie est respectées et tout les candidats sont presque au même niveau.
En charge, le watercooling EK est le seul sous la barre de 59 °C. Il est suivi de près par le H115i et le Silent Loop, tous deux en mode Performance. Contrairement aux deux autres, l’AIO de Corsair augmente la vitesse de la pompe en mode Performance. D’après nos tests, cela lui permet de gagner 1 à 2 °C à conditions identiques. Le mode Normal des trois concurrents maintient la température dans la plage 61 à 64°C. Il n’y qu’en mode Silence que le Silent Loop prend l’avantage sur le Corsair H115i.
Avec l’augmentation de la puissance à dissiper, les ventilateurs doivent accélérer, sans quoi la température de l’eau augmente rapidement et le système ne parvient plus à refroidir le processeur correctement. Il est donc normal de trouver ici des niveaux sonores plus importants que dans la partie précédente.
Toujours aussi impressionnant, le Silent Loop porte bien son nom et reste discret, même avec une sollicitation importante. 10 cœurs à 4,2 GHz ça aurait pourtant dû laisser des traces. Côté Corsair, le système est plus bruyant, mais un peu plus performant. Encore une fois, on voit que le Silent Loop ne surpasse clairement le H115i qu’en mode Silence : beaucoup plus silencieux et un peu plus performant. En mode Normal, il est aussi beaucoup plus silencieux en ne perdant qu’un seul degré face au H115i, et son compromis performance/bruit est donc meilleur.
Rapport température / bruit à 4,2 GHz
Faire le yoyo d’un graph à l’autre n’est pas forcément pratique, et d’un autre côté regarder les performances sans tenir compte du bruit n’a aucun intérêt. Nous avons donc ajouté un graphique pour essayer d’y voir plus clair.
- Plus le point et à gauche, plus le système est silencieux.
- Plus le point est bas, plus le système est performant.
On le voit mieux ici : c’est bien le Silent Loop qui se distingue en mode Silence : plus performant et silencieux. Son rapport température/bruit est aussi nettement à son avantage en mode Normal : un seul degré de retard contre 3 précieuses décibels d’avance. En mode Performance en revanche, il est largué par le Corsair H115i.
Conclusion
Le Silent Loop 280 mm est de bonne facture, mais nous regrettons que la partie en contact avec le processeur n’ait pas été plus soignée (pas passez plane).
Côté fonctionnalités, rien d’extravagant. Il n’y a pas de LED RGB ni de… lance missile USB d’ailleurs. Mais nous regrettons surtout l’absence de logiciel de pilotage similaire à celui de Corsair.
Le montage ne nous a posé aucun problème et le fait que les vis soient captives est un réel avantage. Finis les ressorts qui se baladent lorsque l’on change de processeur (c’est à dire à peu près 25 fois par jour !). Pour chipoter, des vis à peine plus longues d’1 à 2 mm faciliteraient encore le montage.
Sur le plan des performances le Silent Loop 280 impressionne : loin d’être ridicule, il se paie le luxe d’offrir un meilleur compromis performance/bruit que le Corsair H115i en fonctionnement normal sur un processeur fortement overclocké. Il tire son épingle du jeu grâce à son silence, même si le H115i est plus performant en refroidissement. En fonctionnement maximal toutefois, le Corsair H115i reprend l’avantage : moins bruyant et plus performant.
- Simplicité d'utilisation
- Tuyaux souples
- Rapport performances/bruit
- Qualité de fabrication
- Performances pures à l'avantage du H115i
- Plaque de contact CPU perfectible
- Vitesse fixe de la pompe
- Pas de logiciel de contrôle
- Vis de fixation un peu courtes
Le Silent Loop 280 mm parvient à remplir sa mission : offrir de très bonnes performances avec des ventilateurs tournant à basse vitesse. Dans ce mode de fonctionnement, il se permet de surpasser le Corsair H115i, référence du secteur. Il perd toutefois son intérêt en mode Performance : il devient alors trop bruyant, sans offrir de meilleures performances que le H115i. Reste que pour les amateurs de discrétion sonore, il est effectivement idéal.
A la lecture de ce test, je me suis posé plusieurs fois la question suivante : Quelle importance cela fait il qu’un CPU soit à 40 ou 42° ou encore 59° ou 63° ? Ce CPU est de toute manière fait pour fonctionner parfaitement à ces températures. De plus je constate que le mode performance ne sauve pas votre CPU de la surchauffe. Alors pourquoi ce soucier de quelques degrés alors qu’en revanche le bruit lui change énormément d’un produit à l’autre. Moralité, je choisirai le Silent Loop, ne le ferai jamais tourner en mode performance même à pleine charge et même OC. Car ca ne semble pas nécessaire au bon fonctionne du CPU et que j’y gagne le silence. Que pensez vous de mon raisonnement ? Ai-je raison ?
Enfin je me demande dans quelle proportion le silence niveau refroidissement d’un CPU impact le bruit général émis par tous les ventilateurs de la tour et de la carte graphique ? (dans mon cas une GTX 1080) et 5x120mm dans la tour … C’est bien beau d’avoir le silence CPU mais si la CG fait un bruit d’enfer à quoi bon ?