On a tenté la box DIY pour Android Khadas, pour voir si un engin de type Raspberry Pi pouvait convenir à un usage quotidien.
Une box pour les bricoleurs
Le Khadas VIM2 souhaite être le Raspberry Pi des amateurs de petites machines de salon 4K HDR à bricoler à outrance. Ce modèle est techniquement bien plus évolué que le Raspberry Pi, mais il est aussi plus cher :
– 63 euros pour 2 Go de RAM et 16 Go de stockage
– 80 euros pour 3 Go de RAM et 32 Go de stockage
– 93 euros pour 3 Go de RAM et 64 Go de stockage
C’est le troisième modèle avec 64 Go de stockage que nous avons testé. Clairement la meilleure offre étant donné son stockage de 32 Go supplémentaires pour seulement 13 euros de plus.
Configuration sympathique
La machine est équipée d’un processeur Amlogic S912, avec 8 coeurs Cortex-A53 à 1,5 GHz, et un circuit graphique ARM MALI-T320MP3 qui va gérer le décodage vidéo H.265 4K 10 bits en HDR10. De quoi gérer les dernières vidéos du moment. Sans oublier 3 Go de RAM DDR4 et 64 Go de stockage. En comparaison, le Raspberry Pi 3 intègre quatre coeurs à 1,2 GHz et 1 Go de RAM seulement, pour du Full HD uniquement.
Démontage sans outil
La machine est livrée dans un petit boîtier assez astucieux, qui peut se démonter facilement sans aucun outil. On pourra ainsi accéder à la carte mère et en faire ce qu’on veut.
Interfaces complètes
C’est la partie la plus intéressante du VIM2 : la générosité de ses interfaces USB, Ethernet, HDMI 2.0a pour la 4K en 60 Hz, sans oublier le gros connecteur 40 broches pour les bricoleurs, l’interface de communication infra-rouge à deux canaux pour les télécommandes, un lecteur de carte mémoire, ou même une petite prise pour brancher un ventilateur (finalement indispensable, on le verra).
Attention surchauffe !
C’est le principal problème de cet appareil : il est livré avec son SoC à nu, sans aucun dispositif de refroidissement. Et il est impossible de le faire fonctionner au moins sans un radiateur ! Le processeur chauffe beaucoup, à tel point qu’il finit par planter dans un bon gros freeze du système. Impossible de laisser le doigt sur le radiateur que nous lui avons ajouté sans se brûler en charge. Nous avons même dû ajouter une ventilation externe pour les jeux vidéo ! C’est assez problématique pour ceux qui pensaient avoir une machine prête à fonctionner, clés en main.
Alimentation USB capricieuse
Autre problème de taille : la machine est livrée avec un simple (mais joli) câble USB Type C pour s’alimenter. Seulement voilà : impossible d’avoir une bonne stabilité à partir d’un simple port USB (d’un PC et surtout d’un téléviseur). Nous n’avons pu obtenir une totale stabilité qu’avec un chargeur USB secteur directement branché sur le VIM2.
Performances correctes
Cette petite machine consomme 1,3 W en veille, 3,5 W au repos, environ 6 W en lecture vidéo (4K HDR 10 bits), et nous n’avons jamais pu dépasser les 7 W en charge. Par exemple, la Shield consomme plutôt 3 W en veille, et entre 8 et 10 W en lecture vidéo 4K, et jusqu’à 20 W en charge, mais elle est beaucoup plus puissante. Autre atout, le Khadas VIM2 profite d’une excellente réception Wi-Fi (meilleure que celle de notre smartphone Galaxy S7).
Côté performances, le processeur n’est pas un monstre, mais il apporte un décodage vidéo très puissant. Les performances CPU sont celles d’un smartphone milieu de gamme de 2015 environ. C’est largement assez pour faire tourner l’interface d’Android TV de manière fluide et réactive, malgré quelques lags, surtout causés par la ROM utilisée, encore peu optimisée. Pour les jeux, c’est plus limité, comme on le verra ensuite.
Logiciel… en développement
Nous avons essayé les différents firmwares disponibles pour le VIM2, on appréciant déjà la facilité et la fiabilité du système de flash de nouvelles ROM. Pour le reste, on est bien dans le monde du développement : aucun système ne s’est révélé parfaitement stable, mais la machine est encore jeune et on approche la perfection à grand pas ! Le système Android TV est notamment bien avancé, LibreElec est sympathique, mais plus limité qu’un Android complet.
Très limite en jeu
Le Khadas VIM2 n’est clairement pas fait pour jouer sérieusement, comme une Shield par exemple. Mais ce n’est pas son objectif ! Attention toutefois, il faudra impérativement avoir un gros radiateur, ou même ajouter un ventilateur sur la machine pour éviter la surchauffe du SoC !
On pourra profiter de jeux très basiques, notamment ceux en 2D, mais en 3D, il ne faut pas espérer aller très loin. Xenowerk saccade même avec les options graphiques au minimum. On pense toutefois que les ROM ne sont pas encore très optimisées pour exploiter le GPU MALI-T820 à 3 coeurs du processeur, et qu’une marge de progression significative subsiste.
Gros potentiel pour les films
C’est clairement son utilisation première : être une machine multimédia de salon, que l’on pourra bricoler pour ajouter des périphériques et autres fonctionnalités matérielles. Et pour les films, aucun problème : tout est parfaitement fluide, de Molotov.tv à Youtube en 4K HDR, en passant par la lecture d’une vidéo H.265 4K HDR 10 bits haut débit sans aucune saccade, en ne consommant qu’environ 6 W. Les gros logiciels du genre, comme KODI, fonctionnent à merveille avec cette machine.
Conclusion
Plus
– Excellent pour les films
– Ouverture logicielle et matérielle
– Configuration généreuse
Moins
– Insuffisant pour les jeux 3D
– Surchauffe et instabilité sans radiateur
– Nécessite un chargeur USB secteur
Le VIM2 de Khadas est une vraie petite machine comme on les aime, rappelant le Raspberry Pi, mais avec une communauté de développement forcément plus petite. Il n’est pas cher, mais il faudra acheter l’équipement manquant (télécommande, etc.).
Nous lui délivrons toutefois un carton jaune pour la nécessité de prendre un chargeur secteur pour correctement l’alimenter, et un bon gros carton rouge pour ne pas fournir un système de refroidissement adapté à son processeur, ce qui le rend totalement inutilisable vendu tel quel. Pour le reste, ce sera un régal pour les bricoleurs fans de petites machines multimédia de salon qui veulent accéder à la 4K HDR, mais à quel prix ?